Les combattants du FCfa restent d’avis que cette monnaie n’a jamais été celle de l’Afrique. Ils ont fait cette déduction à partir des discours d’Emmanuel Macron, Macky Sall et Alassane Ouattara. « Le Franc Cfa n’a jamais été une monnaie africaine depuis sa création à maintenant et en dépit des modifications, apportées à son sigle. Quand on créait le Franc Cfa en 1945, les pays africains, alors colonisés, n’avaient pas été consultés. Le Franc Cfa était créé pour rétablir la tutelle de la France sur ses colonies après la deuxième guerre mondiale. C’est donc, avant tout, un instrument au service de l’hégémonie économique et politique de la France en Afrique », a signalé l’économiste Moussa Dembélé.
D’après lui, le Franc Cfa est aujourd’hui, l’objet d’une double tutelle française et européenne, dont le sort se décide ailleurs, comme l’a montré la dévaluation de 1994, imposée par la France et le Fonds monétaire international (Fmi). Une autre contrevérité à déconstruire, poursuit-il, est celle de la « stabilité » du franc Cfa, présenté comme « atout » pour les pays africains. A l’en croire, cette stabilité bénéficie sans doute aux investisseurs et favorise la fuite des capitaux. Mais, elle ne constitue nullement un avantage pour les pays africains. « Au nom de cette stabilité, on étouffe les économies africaines, en imposant des politiques monétaires restrictives, donnant la priorité à la lutte contre l’inflation au détriment du développement des capacités productives et de la création d’emplois », dénonce-t-il.
Et, l’économiste indique que l’autre mythe démenti par la réalité est celui du Franc Cfa comme instrument d’intégration des pays africains. Au contraire, le Franc Cfa a favorisé et accentué les relations économiques et financières entre ceux-ci et la France. « Hier, instrument au service du pacte colonial, le Franc Cfa est aujourd’hui, au service du pacte néocolonial », relativise-t-il. Moussa Dembélé, face à ses dysfonctionnements, a invité les Chefs d’Etat africains à soutenir des processus démocratiques de reprise en main des Banques centrales africaines par les africains, en travaillant aux modes démocratiques de désignation des hauts dirigeants avec un contrôle effectif par les Assemblées nationales, appuyées par des experts africains.
O WADE Leral