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Mercredi 9 Janvier 2019

Comportement pathologique, perte de contrôle, conduite excessive, dépendance affective, déséquilibre… : L’amour est-il une addiction ?


L’addiction renvoie à une idée d’un comportement pathologique. Il s’agit dans ce cadre d’une personne qui perd le contrôle de ses consommations ou de ses pratiques comportementales ou lorsque cette pratique « incontrôlée » devient nuisible dans sa vie. Selon les spécialistes en addictologie, toutes sortes de conduites pourraient devenir une addiction, c’est-à-dire basculer d’un usage ordinaire à un usage excessif et pathologique. Décryptage…



Les plus connues des addictions sont les consommations d’alcool, de médicaments, les drogues et les aliments. Le même constat est fait pour les conduites excessives dans les pratiques de jeux, d’internet, du sport, du travail, des achats etc.

L’amour, révèle-t-on, semble aussi essentiel que l’eau, l’air ou la nourriture. Certains spécialistes s’accordent pourtant à dire qu’il peut y avoir une dépendance à l’amour ou plus précisément, une pathologie dans la manière d’établir certains liens. Ces derniers, parlent dans ce cas de dépendance affective. Cette dépendance se caractérise par le fait d’établir une relation déséquilibrée, devenant nuisible pour l’évolution et l’épanouissement de la personne et peut-être même, source de souffrance.

Lorsqu’une personne aime exclusivement une autre qui ne l’aime pas du tout ou l’aime peu, elle est dans le sacrifice ou dans l’attente d’un retour en vain. Et, il en est de même, lorsqu’une personne, malgré elle, répète des rencontres amoureuses passionnelles sans lendemain et sans engagement.

L’amour, une drogue légale et moins chère

L'amour a sur notre organisme des effets qu'on croyait réservés à certaines substances en vente. Il offre un sentiment d'extase, un effet de manque et parfois de dérives. L’avantage en est que l'amour est tout à fait légal, tout en coûtant beaucoup moins cher.

« Quand j'ai rencontré mon amoureux, il n'était pas libre. Il me disait ne plus aimer sa femme et être sur le point de la quitter. Irrésistiblement attirée par lui, je l'ai cru. S'en sont suivis trois mois euphoriques, puis neuf mois de douleur. Moins il était disponible, plus je le désirais. Je ne vivais plus que pour nos retrouvailles, le portable toujours allumé pour le cas où il se manifesterait. C'était pathétique », se souvient la jeune femme, Astou Ndiaye, 33 ans révolus.

Cette dernière, très charmante, passait son temps à se torturer pour savoir avec qui son amoureux a déjeuné et parlé durant sa journée. Ayant des soucis de contrôle sur son homme, elle a même piraté sa boîte mail. Mais elle peine à se rassurer.

Ailleurs, il a été constaté que les sujets les plus vulnérables se sont souvent construits vis-à-vis de leurs parents, sur un mode ambivalent. Angoissés, ils ou elles ne sont absolument pas sûrs de la relation. « On tombe amoureux, mais, on glisse dépendant. ». Comme pour la drogue, trois facteurs entrent en jeu : sujet, produit, environnement. Mais, pour certaines, rompre est aussi difficile que décrocher en matière de drogue. « Tout comme un seul verre peut faire replonger l'alcoolique, tout retour dans les bras de l'autre comporte un risque lourd pour l’amoureux dépendant », avertit le psychiatre, Michel Reynaud.

« J'ai eu peu d'histoires dans ma vie, et sans jamais me laisser suffisamment prendre au jeu pour que cela dure. Mes partenaires me reprochent d'être trop sur la défensive. Pourtant, je rêve au prince charmant. Mais quelque chose me bloque. Peut-être le souvenir des disputes parentales ? », explique Fary Diouf, une sérère des îles du Saloum. Assise à ses côtés, une vraie « bombe », Arame Dione s’estime être une croqueuse d’hommes, adepte de l’amour « shoot », c’est-à-dire de consommatrice occasionnelle ou frénétique. « Je ne suis jamais restée plus de six mois en couple. Ce que j'aime, c'est picorer, multiplier les relations pour découvrir de nouvelles sensations et changer d'horizon. »
L’amour, découvre-t-on, est une sensation à fuir ou à rechercher. Et, c'est dans la petite enfance que se forge cette perception de l'attachement.

« Les deux tiers des enfants développent un mode d'attachement sécurisant. Ils pourront vivre le manque amoureux sans détresse excessive ni douleur insupportable. Mais, pour 20 %, l'attachement sera "évitant". Et pour eux, jouissance et souffrance vont de pair. Si on veut éviter l'une, mieux vaut renoncer à l'autre », rappelle le psychiatre, qui prévient qu’au même titre que les drogues, l'amour fait peur. Et d’après lui, on se l’interdit pour mieux se protéger. Parfois, en mettant fin aux histoires à peine commencées de peur qu'elles ne virent au désastre.

« Quand je vois tant de mes amies s'ennuyer dans une vie bien rangée avec leurs petits maris, je préfère rompre avant de m'enliser », indique Arame Dione, bien enveloppée avec un body serré, sourire mordant avec ses lèvres charnues, couvertes d’un rouge à lèvres assez évocateur de son appétit de croqueuse d’hommes.

Les abonnés de la passion ne font que jouir d'elles-mêmes. Et, l'homme à défaut d’être digne de confiance, n'est jamais jugé à la hauteur de ses actes. À force de se dire qu'il y a mieux ailleurs, on se contente de petites poussées d'adrénaline.







O. WADE Leral
 






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