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Jeudi 12 Octobre 2017

Croissance modeste pour l’Afrique subsaharienne : Le rapport met en garde contre la mollesse persistante


La croissance économique en Afrique subsaharienne devrait ressortir à 2,4 % en 2017, contre 1,3 % en 2016. Selon la dernière édition d’Africa’s Pulse, un rapport semestriel de la Banque mondiale qui analyse l’état des économies africaines, la croissance reste encore modérée et inférieure aux anticipations d’avril dernier, qui tablaient sur une progression de 2,6 %. Enquête Leral…



Les deux principales locomotives du continent, Afrique du Sud et le Nigéria ont renoué au 2e trimestre avec la croissance après deux et cinq mois de performances négatives, entraînant dans leur sillage la croissance régionale.

Ainsi, l’amélioration de la conjoncture internationale, à la faveur de la hausse des cours des produits issus des industries extractives et du retour des flux de capitaux, lit-on, a contribué à ce relèvement. Malgré des perspectives positives, le rapport met en garde contre la mollesse persistante de cette embellie, insuffisante pour accroître le revenu par habitant en 2017.

De plus, la région connaît une reprise à plusieurs vitesses. Dans les économies les moins tributaires des matières premières, comme l’Éthiopie et le Sénégal, la croissance est restée globalement stable, toujours soutenue par les investissements dans les infrastructures et une meilleure productivité agricole. Les pays exportateurs de métaux, indique-t-il, profitent du redressement des cours internationaux sur fond de rebond de la production minière et des investissements. 

L’inflation globale a marqué le pas dans la région en 2017. Et, la stabilité des taux de change et la hausse de la production vivrière ont atténué la flambée des prix des produits alimentaires. Les mesures d’ajustement budgétaire, restées partielles, n’ont pas permis de réduire significativement les déficits. Cette situation, insiste ledit rapport, rejaillit sur l’endettement public, toujours élevé. Les pays de la région doivent redoubler d’efforts pour remédier à l’insuffisance des recettes et contenir les dépenses afin d’atteindre l’équilibre budgétaire.

« La plupart des pays africains n’ont pas de marge de manœuvre suffisante pour faire face à la volatilité de la conjoncture et doivent s’efforcer d’élargir un espace budgétaire, souvent restreint, grâce à des politiques de finances publiques judicieuses. Ils doivent également mettre en place des mesures structurelles pour résister aux chocs, stimuler la productivité, renforcer les investissements et favoriser la diversification de l’économie », explique l’économiste en chef de la Banque mondiale pour l’Afrique, Albert Zeufack.

Reprise modérée de l’activité économique

L’Afrique subsaharienne devrait à terme, bénéficier d’une reprise modérée de l’activité économique, avec une projection de croissance estimée à 3,2 % en 2018 et 3,5 % en 2019. Compte tenu de la stabilisation des cours des matières premières et de la hausse progressive de la demande intérieure, sur fond d’atténuation de l’inflation et de politiques monétaires accommodantes.

Mais, les perspectives restent difficiles pour les pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), contraints de s’ajuster à la faiblesse des cours du pétrole qui diminue leurs recettes et augmente leurs dettes.

D’après le rapport, l’essor économique des pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), porté par de solides investissements publics, surtout en Côte d’Ivoire et au Sénégal, devrait en revanche s’accélérer. L’Éthiopie devrait rester la première économie de la Communauté d’Afrique de l’Est (Cae), malgré la baisse attendue des investissements publics. La croissance devrait aussi, bénéficier de l’atténuation des pressions inflationnistes au Kenya et se stabiliser en Tanzanie, grâce à un rebond des investissements.

« Les perspectives de la région restent néanmoins difficiles. La croissance n’a pas renoué avec le rythme moyen d’avant la crise. En outre, ces performances modérées ne pourront entraîner qu’une hausse modeste du revenu par habitant, qui a cédé du terrain en 2016-17. Et, sera nettement insuffisante pour promouvoir une prospérité généralisée et accélérer la réduction de la pauvreté », a insisté l’économiste principale à la banque mondiale, Punam Chuhan qui a dirigé le rapport.

Perte d’efficacité des dépenses d’investissement

Il a été constaté également dans le document que la hausse de l’accumulation du capital s’est accompagnée d’une perte d’efficacité des dépenses d’investissement dans les pays, dont l’économie est moins résiliente. Contrairement, à ceux où l’activité a bien résisté aux chocs.

Si les pays veulent profiter pleinement du rebond des investissements, ils vont devoir s’atteler aux causes de leur inefficacité, à savoir l’insuffisance des compétences et autres capacités à adopter les nouvelles technologies, les effets de distorsion de certaines politiques et des problèmes d’allocation des ressources.

Alors qu’ils sont en quête de nouveaux moteurs de croissance garants d’un essor économique durable et partagé, les pays africains s’intéressent de plus en plus à la question du renforcement des compétences. Avec la taille de sa population en âge de travailler, la région possède en théorie une carte maîtresse pour réduire la pauvreté, pour favoriser une meilleure répartition des richesses.

Néanmoins, le niveau de qualification de la main-d’œuvre, le plus faible du monde, renseignent les experts, est un sérieux obstacle à la croissance. Tout cela, en dépit d’investissements publics considérables dans l’éducation.

Selon le rapport, la meilleure stratégie pour favoriser simultanément l’accroissement de la productivité, l’insertion de tous et l’adaptabilité, consiste à investir dans les compétences fondamentales des enfants, des jeunes et des adultes. Les pays, relève-t-on, doivent donc privilégier le renforcement des compétences de base de leur main-d’œuvre active et celles des prochaines générations.

Pour y parvenir, estime-t-on, la plupart des pays doivent améliorer la qualité de leurs dépenses afin de les rendre plus efficaces et efficientes. Cela passe par deux arbitrages difficiles : trouver le juste équilibre entre, d’une part, les investissements qui favorisent une hausse globale de la productivité et l’inclusion. Et d’autre part, entre les investissements axés sur les compétences de la population active d’aujourd’hui et ceux orientés vers la main-d’œuvre de demain.




O WADE Leral
 






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