Quand le griot dans Soundjata ou l’épopée mandingue de Djibril Tamsir Niane disait « Nous sommes les sacs à parole, nous sommes les sacs qui renferment des secrets plusieurs fois séculaires [….] sans nous les noms des rois tomberaient dans l’oubli, nous sommes la mémoire des hommes ; par la parole nous donnons vie aux faits et gestes des rois devant les jeunes générations », il rappelait là, la fonction cruciale que le griot joue dans nos sociétés africaines, de la conservation du savoir ancestral et sa transmission aux génération futures. C’est un de ces griots, symbole du pont entre les générations et dépositaire de cette magie qui jaillit des multiples cordes de la kora, qui a cessé de chanter la semaine dernière.
Et pourtant, dans un pays comme le Sénégal, cette culture fondée sur la puissance agissante de la parole, a tout le temps été le socle qui unit le peuple, malgré les difficultés qu’il traverse. S’il devient alors évident que le capital social, celui-là même que la parole du griot construit et valorise, est un substitut central à la difficulté d’existence entretenue par la pauvreté et le désœuvrement, les pouvoirs en place devraient au moins avoir l’intelligence de lui donner crédit.
Il n’est point normal que la culture soit malmenée au Sénégal au point que l’État ne manifeste souvent aucune reconnaissance à l’endroit ces grands créateurs, qui la nourrissent de leur savoir. Il n’est également pas élégant que dans un pays de tradition orale, aucune tribune sérieuse ne soit dédiée à ces producteurs de bien-être pour valoriser leur travail et encourager les nouvelles générations qui veulent s’engager dans l’aventure. La réussite dans l’art est tellement difficile en Afrique que ceux qui s’en sortent malgré tout, doivent mériter notre respect et notre considération.
De ce qui précède, j’ai juste l’intention de dire que de grands talents comme Solo Cissokho, nous en produirons certainement d’autres dans le Sénégal si des politiques sérieuses d’accompagnement soutiennent leur profession et facilitent l’émergence de leur talent. Après tout, c’est l’image du Sénégal qui rayonnera dans le monde et fera en sorte que le reste du monde aimerait le découvrir en raison de sa culture vivante et agissante.
Comme le griot lui-même le disait « la mort n’épargnera personne », alors il appartient à notre société de faire en sorte que, malgré cette réalité immuable de la vie, que la voix du griot soit pérenne. La gouvernance de cette continuité passe avant tout par la valorisation des métiers de la culture, mais aussi par la création d’une industrie qui crée des moyens de subsistance à l’artiste créateur.
Mes remarques sur la survie difficile de l’industrie culturelle en Afrique ne doivent pas occulter le fait que de jeunes talents se battent au jour le jour, pour nous faire oublier le quotidien. Par la force de leurs paroles et de leurs initiatives purement individuelles, ils parviennent à être des ambassadeurs du Sénégal. Il reste alors à prier pour tous ces jeunes talents du pays, afin que l’œuvre intarissable de Solo Cissokho puisse les inspirer, tout espérant qu’un jour nos politiques publiques seront plus agissantes pour leur donner la place qu’ils méritent dans le concert des nations.
Ibrahima Gassama, Ph.D Sciences économiques
Économiste du développement durable au gouvernement du Québec
Contact : igassamana@gmail.com
Et pourtant, dans un pays comme le Sénégal, cette culture fondée sur la puissance agissante de la parole, a tout le temps été le socle qui unit le peuple, malgré les difficultés qu’il traverse. S’il devient alors évident que le capital social, celui-là même que la parole du griot construit et valorise, est un substitut central à la difficulté d’existence entretenue par la pauvreté et le désœuvrement, les pouvoirs en place devraient au moins avoir l’intelligence de lui donner crédit.
Il n’est point normal que la culture soit malmenée au Sénégal au point que l’État ne manifeste souvent aucune reconnaissance à l’endroit ces grands créateurs, qui la nourrissent de leur savoir. Il n’est également pas élégant que dans un pays de tradition orale, aucune tribune sérieuse ne soit dédiée à ces producteurs de bien-être pour valoriser leur travail et encourager les nouvelles générations qui veulent s’engager dans l’aventure. La réussite dans l’art est tellement difficile en Afrique que ceux qui s’en sortent malgré tout, doivent mériter notre respect et notre considération.
De ce qui précède, j’ai juste l’intention de dire que de grands talents comme Solo Cissokho, nous en produirons certainement d’autres dans le Sénégal si des politiques sérieuses d’accompagnement soutiennent leur profession et facilitent l’émergence de leur talent. Après tout, c’est l’image du Sénégal qui rayonnera dans le monde et fera en sorte que le reste du monde aimerait le découvrir en raison de sa culture vivante et agissante.
Comme le griot lui-même le disait « la mort n’épargnera personne », alors il appartient à notre société de faire en sorte que, malgré cette réalité immuable de la vie, que la voix du griot soit pérenne. La gouvernance de cette continuité passe avant tout par la valorisation des métiers de la culture, mais aussi par la création d’une industrie qui crée des moyens de subsistance à l’artiste créateur.
Mes remarques sur la survie difficile de l’industrie culturelle en Afrique ne doivent pas occulter le fait que de jeunes talents se battent au jour le jour, pour nous faire oublier le quotidien. Par la force de leurs paroles et de leurs initiatives purement individuelles, ils parviennent à être des ambassadeurs du Sénégal. Il reste alors à prier pour tous ces jeunes talents du pays, afin que l’œuvre intarissable de Solo Cissokho puisse les inspirer, tout espérant qu’un jour nos politiques publiques seront plus agissantes pour leur donner la place qu’ils méritent dans le concert des nations.
Ibrahima Gassama, Ph.D Sciences économiques
Économiste du développement durable au gouvernement du Québec
Contact : igassamana@gmail.com