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Mercredi 20 Janvier 2021

Dialogue national, nouveau gouvernement, retrouvailles… au menu




 

25 points d’accord sur les 27 à discuter

La Commission politique du Dialogue national (Cdpn), qui a pu enregistrer des avancées notables durant 10 mois de travaux, a enterré l’année 2020 sur une note de tristesse. La disparition du général Mamadou Niang, président de cette Commission, a suscité la consternation chez les membres de cette entité. Celle-ci a toujours réclamé son indépendance depuis le lancement de ses activités, le 06 mai 2019, suspendues le 12 mars avant d’être reprises le 19 août 2020.

Grâce à une médiation efficace et à son entregent, le général Niang a pu aider les parties prenantes à dégager des voies consensuelles et à taire leurs divergences tout en ayant à l’esprit l’intérêt national. La Commission politique a pu enregistrer 25 accords sur les 27 points abordés. Dans cette dynamique, elle a soumis un rapport spécial, le 26 août 2020, au Chef de l’État par le biais du président du Comité de pilotage du Dialogue national.

Le Président de la République s’était d’ailleurs engagé à veiller à la mise en œuvre des recommandations contenues dans ce document, lequel met en exergue les points d’accords, ceux qui doivent être rediscutés et ceux qui n’ont pas encore été abordés. Il avait institué ce cadre d’échanges en lançant un appel au dialogue le 28 mai 2019, créant ainsi un climat favorable à des échanges fructueux.

Les acteurs ont convenu, d’un commun accord, du report des élections locales en raison du nécessaire audit du fichier électoral et de l’évaluation du processus électoral. Ils ont pu également harmoniser leurs positions sur l’élection au suffrage universel direct des maires et des présidents de Conseil départemental à la tête d’une liste majoritaire. Il est en de même pour l’élection de la tête de liste proportionnelle comme maire de ville (55 % sur la liste proportionnelle et 45 % issus des conseillers élus sur les listes majoritaires dans l’ordre d’inscription). La suppression du parrainage aux élections locales constitue aussi un point positif pour les acteurs du jeu politique.

Un état de fait qui a poussé certains à souligner que le Dialogue national, piloté par le président Famara Ibrahima Sagna, a produit des résultats tangibles, surtout que la Commission politique en est une partie intégrante. Ils en veulent pour preuve l’élargissement de la majorité présidentielle qui est en passe de modifier la configuration de l’espace politique.

L’adhésion du leader de Rewmi à la mouvance présidentielle semble constituer un signal positif pour le pouvoir qui dit opter pour une synergie d’actions en vue de prendre en charge les préoccupations du peuple dans un climat de paix.

Par ailleurs, c’est le 14 janvier dernier que le Cdpn a démarré ses activités. Le Comité qui a installé huit commissions thématiques s’est évertué, par la suite, à examiner les recommandations de ses différents membres pour répondre aux exigences de développement.

Matel BOCOUM


GOUVERNEMENT

Macky Sall nomme une équipe élargie à l’opposition

Le 1er novembre 2020, le Président de la République, Macky Sall, a nommé un nouveau Gouvernement composé de 33 ministres et quatre secrétaires d’État. La particularité de cette nouvelle équipe est qu’elle est élargie à l’opposition, principalement le parti de l’ancien Premier ministre Idrissa Seck et « And Suxali Sopi » d’Oumar Sarr.

La stratégie d’élargissement choisie par le Chef de l’État pour la composition de la nouvelle équipe gouvernementale est matérialisée par l’entrée de Yankhoba Diattara, de Rewmi, au poste de ministre de l’Économie numérique et des Télécommunications et d’Aly Saleh Diop, ministre de l’Élevage et des Productions animales pour le compte du parti Rewmi. C’est aussi le cas avec l’entrée d’Oumar Sarr, leader de « And suxali Sopi », au poste de ministre des Mines et de la Géologie. « C’est une équipe marquée par l’ouverture politique dans la dynamique des consensus issus du Dialogue national élargi et inclusif », avait déclaré Seydou Guèye, ministre chargé de la Communication de la Présidence. Avant d’ajouter : « C’est un Gouvernement engagé, d’ouverture et d’unité. Un Gouvernement de combats et de résultats qui entre en fonction au service de la Nation ».

La nouvelle équipe est également marquée par le départ de plusieurs cadres de l’Apr. Il s’agit d’Aly Ngouille Ndiaye, Amadou Bâ, Me El Hadji Oumar Youm, Mahammed Boun Abdallah Dionne, etc. Ministre de l’Intérieur depuis septembre 2017, Aly Ngouille Ndiaye a été remplacé par Antoine Félix Diome, agent judiciaire de l’État. Le maire de Linguère avait succédé à Abdoulaye Daouda Diallo. Amadou Bâ, un autre ténor de l’Apr, n’est plus membre du Gouvernement, il a été remplacé par Me Aïssata Tall Sall à la tête du ministère des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’Extérieur. Me El Hadji Oumar Youm, ministre des Infrastructures et des Transports terrestres, cède son fauteuil à Mansour Faye. Mahammed Boun Abdallah Dionne, ministre d’État, secrétaire général de la Présidence de la République, a également été démis de ses fonctions. Il a été remplacé par Oumar Samba Bâ. Mouhamadou Makhtar Cissé, un autre ténor de la mouvance présidentielle, a été démis de ses fonctions de ministre du Pétrole et de l’Énergie.

Babacar DIONE


FAMILLE LIBÉRALE

Retrouvailles sans le père, dissidences au Pds

Le Président Macky Sall, un ancien du Parti démocratique sénégalais (Pds), est-il en train d’œuvrer pour les retrouvailles de la famille libérale ? Une question qui est soulevée depuis qu’il a fait appel à ses anciens camarades de parti. Sa rencontre avec le secrétaire général du Pds, Me Abdoulaye Wade, lors de l’inauguration de la mosquée Massalikoul Jinaan, en 2019, sous la houlette du Khalife général des mourides, semble avoir été déterminante dans ses choix d’ouverture.

Macky Sall a tendu la main à beaucoup de ses anciens « frères » du Pds et « camarades » de divers partis et coalitions ; ce que la plupart d’entre eux ont accepté en rejoignant la mouvance présidentielle. Après Me Ousmane Ngom, Modou Diagne Fada, Abdoulaye Baldé, Souleymane Ndéné Ndiaye, Farba Senghor, Pape Samba Mboup, d’autres ont récemment fait leur entrée dans le Gouvernement. C’est le cas de l’ancien numéro 2 du Pds, Idrissa Seck, et de ses fidèles dont Yankhoba Diattara nommé ministre de l’Économie numérique, et Aly Saleh Diop, ministre de l’Élevage et de la Production animale.

Des dissidents du Pds, anciens membres des premiers cercles de Me Abdoulaye Wade, ont intégré aussi la majorité présidentielle. Parmi eux figurent Oumar Sarr, ancien n° 2 du Pds qui, entre temps, a mis sur pied « And Suqqali Sopi » après ses divergences de vue avec « le Pape du Sopi ». Le nouveau ministre des Mines et de la Géologie avait ramé à contre-courant de Me Wade en participant aux travaux du Dialogue national. D’autres figures libérales, telles que Me Amadou Sall (un des anciens avocats de Karim Wade) et Babacar Gaye, lui ont emboîté le pas, tout comme Mamadou Bamba Ndiaye.

Les fils spirituels de Me Abdoulaye Wade, sans le père, se sont donc retrouvés. Mais, le patron du Pds s’est plutôt employé à restructurer son parti et en lançant, par la même occasion, la vente des cartes. Une initiative pilotée par Doudou Wade et Saliou Dieng. Dans cette entreprise, le Pds s’est rajeuni avec la nomination des jeunes et des proches de Karim Wade, à l’exception notoire de Bara Gaye, présentement en disgrâce.

Matel BOCOUM


MAJORITÉ ÉLARGIE

Idrissa Seck aux commandes du Cese

C’est lors du remaniement ministériel du 1er novembre 2020 ayant entraîné plusieurs changements qu’a été officialisée la nomination d’Idrissa Seck au poste de président du Conseil économique, social et environnemental (Cese), en remplacement de Mme Aminata Touré. Cette nomination par Macky Sall de son « redoutable challenger », arrivé deuxième lors de l’élection présidentielle du 24 février 2019, avec 20,5 % des voix, a surpris beaucoup d’observateurs. L’événement peut être considéré comme l’un des faits politiques marquants de 2020 au Sénégal.

Soutenant comprendre les critiques de ses anciens compagnons de l’opposition, l’ancien Premier ministre a indiqué, lors d’un point de presse, le 1er novembre 2020, juste après l’annonce de sa nomination, que son choix de répondre positivement à l’appel du Président Macky Sall a été fait par devoir. Le contexte mondial de crise sanitaire et sécuritaire est passé aussi par là. « Après plusieurs mois d’échanges dans le cadre du Dialogue, j’ai décidé de choisir le chemin d’une implication directe et personnelle pour participer aux efforts qui nous incombent à tous pour redresser la situation de notre pays », a confié Idrissa Seck dont le parti a bénéficié aussi de deux portefeuilles ministériels (Élevage et Économie numérique), lors du remaniement du 1er novembre 2020.

Selon le président du parti Rewmi, au regard des difficultés engendrées par la pandémie de coronavirus mais aussi des risques liés au péril jihadiste, « il est nécessaire de nous unir pour mieux relever les défis d’un Sénégal de paix et de développement ». Même avis chez le Président Macky Sall qui a affirmé qu’avec l’arrivée d’Idrissa Seck et d’autres opposants dans la majorité présidentielle, plus de 85 % de l’électorat sont de son côté « pour mieux prendre en charge les urgences du moment ».

Les effets collatéraux de l’entrée d’Idrissa Seck dans la majorité présidentielle ont consisté en des soubresauts au niveau dans la coalition qui l’a soutenu lors de la présidentielle de 2019. Si Malick Gakou et le Grand parti ont préféré prendre leur distance par rapport à cette coalition, la fissure est, en revanche, beaucoup plus remarquable avec « Taxawu Sénégal » de Khalifa Ababacar Sall. L’ancien maire de Dakar a multiplié, par la suite, les audiences, cherchant à fédérer autour de lui le maximum de forces politiques hostiles au régime.

Oumar KANDÉ


RIPOSTE CONTRE LA COVID-19

Macky Sall engage le combat avec toutes les forces vives de la Nation

Le Chef de l’État, Macky Sall, a réussi, au mois de mars dernier, juste après l’apparition de la Covid-19, à créer une dynamique unitaire avec toutes les forces vives de la Nation. En perspective de la mise en place du fonds « Force Covid-19 », doté de 1000 milliards de FCfa, il a tenu à se concerter avec les acteurs politiques, les représentants de la société civile et des différents secteurs d’activités pour dégager les meilleures stratégies de lutte contre la crise sanitaire.

Il a saisi l’occasion pour soumettre à leur appréciation les axes majeurs de l’état d’urgence décrété à cet effet. Le leader de Rewmi, qui a été récemment nommé à la tête du Conseil économique, social et environnemental (Cese), Idrissa Seck, a été le premier à être reçu par le Chef de l’État. Les présidents d’institutions mais aussi les personnalités de la société civile ont répondu à l’appel du Président Sall. D’autres leaders de l’opposition qui leur ont emboité le pas ont aussi manifesté leur adhésion à la démarche du Chef de l’État. Que ce soit Malick Gakou, Khalifa Sall, Ousmane Sonko ou Issa Sall, ces figures de l’opposition ont tenu à répondre à l’appel de Macky Sall et à s’engager dans ce combat national.

À la suite des audiences qui ont eu lieu pendant la seconde quinzaine du mois de mars, le Président de la République a tenu à remercier toutes les forces vives du pays qui ont répondu à son appel d’unité nationale autour de la gestion de la pandémie de coronavirus. Cette synergie des forces a permis au Sénégal d’être cité en exemple au niveau mondial, particulièrement l’efficacité de sa gestion de la pandémie.

Matel BOCOUM


ALLIANCE DANS L’OPPOSITION

La coalition « Jotna » mise à mal par plusieurs démissions

En début novembre 2020, juste après le remaniement ministériel, la coalition « Jotna » a subi plusieurs secousses. Cette structure de l’opposition, qui avait soutenu la candidature de Ousmane Sonko lors de la présidentielle du 24 février 2019, a noté plusieurs démissions. En premier lieu, on a assisté au retrait du Dr Boubacar Camara qui a été reçu par le Chef de l’État quelques jours auparavant. Le président de la coalition, Bruno d’Erneville, avait regretté que ce dernier soit allé voir le Président Macky Sall sans en informer les membres de la coalition. Le Parti républicain et citoyen (Prc), dirigé par Amadou Moctar Ndiaye, a ensuite quitté la coalition. Ousmane Sonko, le leader le plus représentatif de « Jotna », a aussi claqué la porte. C’était le 09 novembre 2020. Dans une déclaration, le parti Pastef/Les Patriotes de Sonko « a pris la décision de se retirer de la coalition Jotna ». Il a indiqué que « les coalitions ont une vocation électoraliste et, par conséquent, doivent se nouer en perspective et à la veille d’élections, sur la base de convergences programmatiques solides et d’apport militant mutuel ». Selon le communiqué signé par l’administrateur de Pastef/Les Patriotes, en dehors de ces périodes (élections), les formations politiques doivent normalement reprendre leur liberté d’action et de ton et se consacrer à la consolidation de leur base militante par un travail de terrain, une communication et un échafaudage programmatique propres à chacune d’elles.

Bruno d’Erneville, responsable du Parti pour l’action citoyenne et président de la coalition Jotna, n’avait pas bien apprécié la manière dont le Dr Boubacar Camara et Ousmane Sonko ont démissionné. Il avait rétorqué que « Jotna » n’était pas une coalition électorale mais politique qui entend fédérer « tous ceux qui partagent les mêmes idées ». Pastef n’est cependant pas catégorique et « reste ouvert à une collaboration plus souple et sans contrainte avec les autres parties prenantes » de la coalition.

Oumar KANDÉ


Le coronavirus n’a pas empêché la diplomatie de s’exprimer

Malgré la pandémie qui a entrainé une limitation des déplacements dans le monde, la diplomatie sénégalaise a montré son dynamisme dans le courant de l’année 2020.

La Covid-19 qui a secoué le monde en 2020 a entrainé une limitation du déplacement des dirigeants du monde, mais elle n’a pas empêché la diplomatie sénégalaise de s’exprimer. Ainsi, en plus des visioconférences auxquelles Macky Sall a pris part, le Sénégal a maintenu son attractivité et son influence comme en atteste la visite de plusieurs dirigeants du monde. Le Président de la République, Macky Sall, a reçu, dans le courant de l’année 2020, Recep Tayyip Erdogan, Président de la République de Turquie, Justin Trudeau, Premier ministre du Canada, Mike Pompeo, secrétaire d’État américain, entre autres personnalités.

Ces visites ont été des moments d’échanges et de renforcement de la coopération entre le Sénégal et ses partenaires. Le Président Macky Sall n’a pas manqué de faire l’apologie du partenariat gagnant-gagnant devant ses hôtes. De 2013 à 2020, le Président turc a effectué quatre visites au Sénégal. Son séjour à Dakar, en janvier 2020, a été l’occasion pour les deux pays de réaffirmer leurs affinités et leur partenariat économique marqué notamment par une forte participation de la Turquie dans la réalisation des projets du Plan Sénégal émergent avec comme point d’orgue la finition de l’Aéroport international Blaise Diagne (Aibd) de Diass. En février 2020, le Premier ministre canadien Justin Trudeau a été accueilli à Dakar. Au pays de la Téranga, il a participé à une série d’évènements pour renforcer les liens déjà solides entre le Sénégal et le Canada. Cela, à travers la Francophonie. Ce fut l’occasion pour le Président Macky Sall, en réponse à une question d’une journaliste canadienne, de réaffirmer avec force sa position sur l’homosexualité, contraire à nos mœurs.

La diplomatie sénégalaise s’est aussi distinguée dans la résolution des conflits en Afrique, en particulier au Mali où le Président Ibrahim Boubacar Keïta a été renversé par une junte militaire le 18 août 2020. Tout en condamnant le coup d’État au Mali, il avait appelé la Cedeao à réapprécier l’embargo décidé par les Chefs d’État pour pousser les militaires à donner le pouvoir aux civils. Face à ses pairs réunis en visioconférence, Macky Sall avait demandé à ce que la Cedeao tienne compte des impératifs humanitaires. Selon le Président de la République, les denrées de première nécessité, les produits pétroliers et les produits pharmaceutiques ne devaient pas être concernés par l’embargo. Cet amendement a été accepté pour être intégré dans la déclaration finale. Il avait également prôné la même lucidité concernant le recours à la force qui nécessiterait un mandat de l’Onu.

Par ailleurs, c’est avec un grand intérêt que Dakar a suivi, pour s’en satisfaire, les scrutins présidentiels en Guinée-Bissau, qui a donné vainqueur Umaro Sissaco Emballo, en Côte d’Ivoire et au Burkina Faso marqués par les réélections respectives des Présidents Alassane Ouattara et Roch Marc Christian Kaboré.

C’est visiblement pour louer ce rôle joué dans le conflit que le Président de la transition malienne, Bah N’Daw, a passé deux jours dans la capitale sénégalaise en novembre, lors de sa tournée en Afrique de l’Ouest. Ce déplacement traduisait « la volonté des deux Chefs d’État d’œuvrer au raffermissement des excellentes relations d’amitié fraternelle, de bon voisinage et de coopération multiforme qui unissent les deux pays ».

Babacar DIONE


Ces hommes politiques qui nous ont quittés en 2020

L’année 2020 a été marquée par la pandémie de coronavirus qui n’a pas épargné la classe politique sénégalaise. On peut citer le Professeur Iba Der Thiam, décédé, le 31 octobre, à l’Hôpital Principal de Dakar, à 83 ans. Le Président Macky Sall avait présenté ses condoléances à cet « historien de notoriété mondiale » et « figure capitale du Sénégal contemporain ». Iba Der Thiam a été coordonnateur du projet d’écriture de « L’Histoire générale du Sénégal » à partir de 2013. Leader syndical pendant près de 20 ans, il est aussi connu pour son rôle politique et a été ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur de 1983 à 1988. Fondateur du parti politique Convention des démocrates et des patriotes (Cdp-Garab Gi) en 1992, Iba Der Thiam a également été député, puis vice-président de l’Assemblée nationale où il s’est fait remarquer jusqu’à être désigné député du peuple. En 2000, il s’est présenté à l’élection présidentielle. Impliqué dans la vie politique, il était proche des Présidents Abdou Diouf et Abdoulaye Wade, ensuite de Macky Sall.

Cette même année, Cheikh Sadibou Fall, ancien ministre de l’Intérieur dans le Gouvernement du Président Abdoulaye Wade, a été rappelé à Dieu, à Toulouse, le 21 juillet, à l’âge de 69 ans. Le défunt a été aussi ambassadeur du Sénégal en Italie. Mouhamadou Bamba Ndiaye, né le 4 avril 1949, a perdu la vie à 71 ans, le 3 juillet 2020. Ce journaliste, islamologue et homme politique était ministre des Affaires religieuses sous le magistère de Me Abdoulaye Wade. Bamba Ndiaye avait dirigé aussi le quotidien privé « Le Messager ». Après la perte du pouvoir des libéraux, il avait rejoint les rangs du Grand parti d’El Hadji Malick Gackou avant de quitter cette formation politique pour aller soutenir le candidat sortant Macky Sall lors de la dernière élection présidentielle de 2019.

C’est également au cours de 2020 que l’ancien ministre de l’Éducation nationale Moustapha Sourang a quitté ce monde, le 04 août, à Dakar, à l’âge de 71 ans. « Un homme de foi et un homme d’État d’une discrétion exemplaire », témoignait à son endroit le Président Sall. Ancien recteur et ancien doyen de la Faculté de Droit de l’Ucad, le Pr Sourang a occupé les fonctions de Garde des Sceaux, ministre de la Justice, puis ministre des Forces armées sous le régime d’Abdoulaye Wade. En 2014, il a été nommé, par le Chef de l’État, président de la Commission nationale de la réforme foncière (Cnrf).

En plein marathon budgétaire, l’Assemblée nationale a été frappée et endeuillée par la Covid-19, provoquant la poursuite des travaux à huis clos. Le député Marie-Louise Diouf ayant perdu la vie le mercredi 9 décembre. La défunte était  membre de la Coalition Benno Bokk Yaakaar (Bby) et militait dans le quartier dakarois de Grand Yoff.  L’homme politique et écrivain Ibrahima Masseck Diop est décédé aussi le mardi 8 décembre 2020. Né en 1944, M. Diop était le secrétaire général du Rassem­blement démocratique et populaire (Rdp). Il a publié un roman politico-syndical sur Mai 68, une pièce de théâtre intitulée « La bataille de Guilé », etc.

L’autre figure emportée vers la fin de l’année 2020 est le général Mamadou Niang. Le président de la Commission politique du Dialogue national est rappelé à Dieu le 28 décembre. Il a été ambassadeur, ministre de l’Intérieur, président de l’Observatoire national des élections (Onel), etc.

Oumar KANDÉ


PR BABALY SALL DE L’UGB

« On va vers l’émergence d’un nouveau combat patriotique avec une dimension transversale »

Le Pr Babaly Sall, de l’Université Gaston Berger (Ugb) de Saint-Louis, par ailleurs coordonnateur du laboratoire Carrefour d’études et de recherche action pour le développement et la démocratie (Ceradd), estime qu’en 2021 on ira vers l’émergence d’un nouveau combat patriotique avec une dimension transversale.

Professeur, vous êtes enseignant-chercheur à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis. Sur le plan politique, quel bilan tirez-vous de l’année 2020 ?

Je ne sais pas s’il faut l’appeler l’homme de l’année ou la femme de l’année, mais c’est en tout cas la Covid-19. Au-delà de la leçon de la relativité de la primauté de la science et de la technique dans la vie de l’homme, il y a une autre leçon à tirer : le mode de gouvernance des sociétés humaines. Cette leçon, c’est tout simplement l’appel à la spiritualité. La base de la vie humaine, c’est l’humilité et la solidarité. C’est la principale leçon qu’on peut retenir d’abord de cette pandémie. Maintenant, relativement au mode de gouvernance des sociétés humaines et les rapports entre les États, il y a un certain nombre de leçons qu’on devrait en tirer. D’abord, il y a le mode de gouvernance politique. Dans chaque communauté, il est du devoir des gouvernants de planifier les affaires publiques. Autrement dit, il est nécessaire de ramener la planification au premier plan dans la politique gouvernementale. Dans les rapports avec les États, relativement à la gouvernance mondiale, la pandémie aura fini de nous convaincre que la hiérarchie dans l’ordre politique mondial n’est pas définitivement établie en défaveur de l’Afrique. On a, aujourd’hui, tout pour retourner les choses à notre faveur. Nos dirigeants politiques doivent s’en convaincre et œuvrer pour, contre vents et marées. Cela veut dire que l’Afrique n’est pas ce continent de la déshérence, de la pauvreté et de l’absence d’avenir tel qu’on l’entend ou on le suggère.

Sur le plan interne, il y a de très grandes figures de notre histoire comme le Professeur Iba Der Thiam qui ont disparu. S’agissant des retrouvailles autour du Président de la République, il faut rappeler que le jeu politique et bouillant ; on est toujours à la recherche de stratégies et de cadrages qui permettent de conquérir le pouvoir ou bien de le conserver.

Ce qui importe au citoyen, c’est véritablement que les politiques arrivent à mettre en œuvre quelque chose qui puisse leur donner satisfaction. Les schémas politiques ne sont pertinents que lorsqu’ils ont des retombés politiques pour les citoyens sur le plan de la stabilité du jeu politique mais également sur celui des conquêtes économiques et sociales. C’est là où l’on attend les politiques.

Au vue de ce que vous venez de souligner, quelles sont les perspectives pour 2021 ?

Je dessine les perspectives sur la reconstruction des espaces politico-institutionnelles. Il y a le niveau national et celui sous-régional et régional. Dans les États, ce à quoi on assiste un peu partout, c’est le déroulement d’un certain nombre de stratégies pour conquérir ou pour conserver le pouvoir. Les appareils gouvernementaux vont chercher à expérimenter ou dérouler des voies et moyens pour continuer à exister. On aura donc des jeux politiques plus ou moins ouverts selon la culture du milieu. On voit les degrés de fermeture, juste pour ouvrir quelques parenthèses. On le voit dans des pays comme la Guinée ou la Côte d’Ivoire. Au Mali et au Niger, on en est à des discussions. Au Sénégal, les choses se mettent en place pour des discussions plus ou moins ouvertes ou des combats.

Maintenant, sur le plan économique, il y a un déroulement des stratégies des multinationales qui vont chercher à se reconstruire et en pesant encore plus sur les économies des pays faibles. Ce qui se pointe, c’est un risque d’accroissement de la pauvreté. Les économies d’un certain nombre de pays développés, les multinationales ont subi les contrecoups de la Covid-19. Ils vont essayer de se rattraper, et çà, ils ne peuvent le faire que sur le marché international, notamment dans les pays sous-développés.

En économie comme en politique, on va assister à une résistance de plus en plus forte avec la montée en puissance des organisations de la société civile dont la combativité va être plus ou moins accrue. L’opinion publique mondiale va être de plus en plus présente. Et dans l’opinion publique nationale, on va assister à l’émergence d’un certain nombre de groupements. De nouveaux mouvements civiques et politiques vont émerger. On risque d’avoir de nouvelles formes de mobilisations politiques et sociales qui vont aider à transformer positivement nos sociétés ou nos États. Je vois l’émergence d’un nouveau combat patriotique avec une dimension transversale. Il va concerner tous les secteurs et les acteurs.

Propos recueillis par Aly DIOUF

 

 

 
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