Banques au Sénégal : ces gentlemen arnaqueurs qui "sucent" les clients sans défense
Les clients des banques au Sénégal souffrent. Laissés à la merci de ces banques qui leur imposent leur loi, ils ne savent plus à quel saint se vouer. Pour cause, l’Etat regarde faire ces banques, qui ne respectent même pas les directives de la Banque centrale de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) qui, pourtant, procède à la baisse de ses taux directeurs.
Face à la situation, les clients des banques ne peuvent que protester. «Tous les usagers des banques constatent avec amertume, depuis quelques années, une détérioration inacceptable de la qualité déplorable des services bancaires. Et pis, inversement et dans le même temps, elles ont eu le culot de créer non seulement de nouvelles taxes, en plus de majorer celles déjà existantes », constatent avec amertume, des clients de banques interrogés par le site Leral.net lors d’un reportage mené et paru le 31 octobre 2017.
Les banques procèdent régulièrement et, de façon unilatérale et délibérée, à la hausse de leurs frais de service sans tenir compte des intérêts du client. Pour certains : « C’est assurément, un vol organisé des banques sénégalaises, légalisé tacitement par l’Etat. Dans la mesure où les clients étaient des laissés-pour-compte sans défense entre les mains des banques usurières. Elles s’enrichissent illicitement sur le dos de leurs clients, totalement désarmés ». Ils en veulent pour preuve la taxe trimestrielle de tenue de compte qui englobe en général tous les services rendus par une banque. Dès lors, les clients des banques ne peuvent comprendre la création de nouvelles taxes ou la majoration de celles déjà en cours.
Des experts du système bancaire s’offusquent : « Aujourd’hui, en toute liberté et hors des lois en vigueur qui protègent les clients, les taxes sont créées selon les humeurs ou l’imagination fertile des seuls banquiers. Et, ces pratiques bancaires usurières qu’appliquent les filiales des banques étrangères, n’ont cours qu’en Afrique. Lesdites pratiques sont impensables dans l’Hexagone. Là-bas, les clients sont au moins, protégés et défendus par l’Etat. Les droits et intérêts des clients sont scrupuleusement respectés par les banques. A défaut, ce sont des sanctions sévères qui les frapperaient ».
Les banques sont accusées de passer maîtres dans l’art de créer de nouvelles taxes, rien que pour pomper leur clientèle. Des taxes créées sur des services bancaires pourtant gratuits. C’est la taxe sur chèque de guichet ; la taxe sur retrait dans une agence autre que celle où votre compte est domicilié ; la taxe sur les demandes de chéquier ; la taxe sur la tenue des comptes d’épargne et la taxe d’interrogation de votre compte par Vocalia. Les taxes majorées constituent également un véritable scandale. C’est ainsi que la taxe de tenue de compte est passée dans le courant de l’année 2017, de 4000 FCFA à 10 500 CFA, et cela selon le solde du compte.
C’est une taxe variable. Seulement, ce sont les banquiers, eux seuls, qui connaissent et déterminent les critères de la variation. Un expert de banque interrogé par Leral.net s’en désole : « En tout état de cause, on ne peut que subir par-là les contre-coups. On constate ainsi que les agios sont plus importants pour les soldes en dessous de 200 000 FCfa, que pour ceux qui leur sont supérieurs.
En conséquence, les plus pauvres paient toujours plus cher que les nantis. Comme dans le cas présent où les agios sont inversement proportionnels par rapport aux soldes. Vous conviendrez que c’est une logique vraiment bizarre et difficilement explicable ». Selon lui, dans ces conditions, il est difficile d’encourager les Sénégalais à la bancarisation de leur épargne avec des taux prohibitifs. Il s’interroge légitimement : « Comment de telles banques usurières peuvent prétendre logiquement accompagner et participer au développement économique et social d’un pays » ? Pour lui, « ce n’est rien d’autre qu’un leurre ». Il y a encore un autre paradoxe.
La BCEAO a baissé les taux d’intérêt pour les banques devenues surliquides actuellement. Malgré tout, les clients ne ressentent aucune contrepartie en leur faveur, si ce ne sont les agios qui augmentent et les taxes qui se multiplient. Les banques sont en surliquidité tel qu’elles semblent même ne plus vouloir des clients de faibles bourses, qui ne disposent que de simples comptes courants.
« N’est-ce pas là, un véritable paradoxe, si l’on se réfère à l’expression affichée d’une certaine volonté de bancarisation le plus largement possible, prônée par l’Etat ? En fait, c’est comme si, l’Etat voulait une chose et son contraire ».
L’expert du système bancaire s’indigne : « Depuis belle lurette, les relevés de compte ne sont plus envoyés aux clients avec régularité. Et même parfois, ce ne l’est pas du tout. Et pourtant, le service est déjà payé. Une autre remarque très grave qui prouve que les banques volent effectivement leurs clients, c’est le fait qu’elles ne remboursent jamais aux ayants-droit, les frais indûment encaissés ».
Quand les banques de crédit s’opposent à la BCEAO
La Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) procède régulièrement à la baisse de ses taux directeurs. Ce qui signifie le pourcentage auquel elle loue l’argent aux banques de crédit. C’est ainsi, qu’en juin 2012, elle annonçait la baisse de ses taux directeurs de 25 points de base fondée sur l’appréciation de la balance des risques et invitait ses huit Etats membres à des mesures de baisse des taux d’intérêt.
La BCEAO n’a ainsi jamais caché son désir de voir les banques de crédit répercuter ses efforts de baisse de ses taux directeurs sur les taux d’intérêt appliqués à la clientèle. Mieux, la BCEAO s’était même, en son temps, réunie avec les représentants des Associations professionnelles et établissements financiers de l’UEMOA (APBEF).
Elle demandait aux représentants des Associations professionnelles de demander aux établissements de crédit de revoir à la baisse leur marge d’intérêt. Les discussions n’avaient pu aboutir. Et le communiqué sorti par la BCEAO, à l’issue de cette rencontre avortée, indiquait que son gouverneur M. Tié- moko Meyliet Koné a appelé les banques de crédit à « renforcer les règles de transparence de l’accès de la clientèle à l’information et à appliquer un juste prix des services bancaires ».
Les APBEF se contentant tout juste de déclarer avoir « pris acte de la nécessité d’adapter rapidement leur stratégie de tarification des services bancaires aux mutations ayant affecté l’environnement interne et externe de leurs activités ». Les APBEF réclamaient la mise en place de dispositifs de maîtrise des profils d’emprunteurs, mais aussi la nécessité d’améliorer l’environnement des affaires, notamment en reconnaissance de leurs droits de créanciers, d’équité fiscale et de visibilité sur les orientations économiques d’ensemble. Déjà le 30 novembre 2012, elle s’était réunie avec les responsables des Apbef qui ont juste « pris acte de la nécessité d’adapter rapidement leur stratégie de tarification des services bancaires aux mutations ayant affecté l’environnement interne et externe de leurs activités ».
Les professionnels des banques et établissements financiers n’avaient pas caché leurs appréhensions en émettant des préoccupations. Ils demandaient la mise en place de dispositifs de maîtrise des profils d’emprunteurs, mais aussi la nécessité d’améliorer l’environnement des affaires, notamment en reconnaissance de leurs droits de créanciers, d’équité fiscale et de visibilité sur les orientations économiques d’ensemble. Malgré donc les efforts initiés par la BCEAO en baissant ses taux directeurs, les banques de crédit continuent à appliquer des taux d’intérêt élevés.
Un mépris qui pousse certains à s’interroger. C’est quoi les taux directeurs La baisse des taux directeurs adoptée par la BCEAO vise pourtant à permettre aux banques de se refinancer à des coûts plus allégés, ainsi qu’à donner l’opportunité aux particuliers, confrontés à des besoins de financement, d’accéder aux crédits à des taux d’intérêt plus souples. Une note de la Direction de la prévision des études économiques (DPEE) rapporte, qu’au quatrième trimestre 2013, les conditions appliquées par les établissements de crédit à la clientèle sont marquées par une progression du taux débiteur moyen estimé à 0,7 point. Ce qui amène le taux d’intérêt à 6,45%. Ce qui est contraire à la volonté de la BCEAO de rendre plus bas les coûts de crédits.
C’est avec l’éclatement de la crise financière en 2008 dans les pays de la zone euro que la baisse des taux directeurs, considérée comme solution à cette situation financière instable, a été au cœur des débats. Les taux directeurs sont des taux auxquels les banques centrales accordent des crédits à court terme aux banques commerciales. Ils sont constitués par le taux des opérations sur le guichet de prêt marginal et par le taux de soumission aux opérations d’open market. Le taux de refinancement est le principal taux directeur utilisé par ces institutions d’émission. Une banque commerciale, qui obtient du crédit avec un taux de refinancement moins cher, pourra, de ce fait, octroyer des financements aux particuliers mais aussi aux particuliers mais aussi aux entreprises à des coûts moins chers.
Services bancaires : Les mesures de la BCEAO sur la gratuité en vigueur depuis 2014
Voici, un communiqué de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) listant les services bancaires à offrir à titre gratuit par les établissements de crédit de l’UEMOA. Une directive que les banques sénégalaises ont vite fait de « déchirer » dans le but tout simplement d’imposer leur diktat aux clients, sous l’œil complice de l’Etat qui observe sans rien faire
Dans le cadre des actions visant à renforcer l’inclusion financière des populations, l’accélération de la bancarisation et le financement bancaire des Etats membres de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), des concertations ont été engagées entre la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) et la profession bancaire, représentée par la Fédé- ration des Associations Professionnelles des Banques et Etablissements Financiers (FAP- BEF) de l’UEMOA.
L’objectif visé est de parvenir à une réduction et à une rationalisation graduelle des conditions de banque appliquées à la clientèle, dans le strict respect du principe de libéralisation desdites conditions en vigueur dans l’Union. Ainsi, au titre de la première phase de ce processus, il est porté à la connaissance du public que les services bancaires énumérés, ci-après, seront offerts à titre gratuit par l’ensemble des établissements de crédit exerçant leurs activités dans les pays membres de l’UEMOA, à compter du 1er octobre 2014.
Liste des services bancaires à offrir à titre gratuit par les établissements de crédit de l’UEMOA
- Ouverture, fonctionnement et suivi de compte - Ouverture de compte ; - Délivrance de livret d’épargne ; - Tenue de compte sur livret d’épargne ; - Transmission de relevé de compte (une fois par mois) ; - Relevé récapitulatif des frais annuels ; - Dépôt d’espèces dans la banque du client quel que soit le guichet (hors acquittement de frais de timbre fiscal) ; - Retrait d’espèces dans la banque du client quel que soit le guichet, à l’exception des opérations par chèques de guichet ; - Domiciliation de salaire ; - Changement d’éléments constitutifs du dossier du client, notamment d’identification ; - Mise en place d’une autorisation de prélèvement (ordre de prélèvement à partir du compte) ou de virement permanent (création du dossier) ; - Clôture de compte.
- Moyens et opérations de paiement - Retrait auprès d’un guichet automatique (GAB/DAB) de la banque du client ; - Paiement par carte bancaire au sein de l’UMOA ; - Consultation de solde et édition du relevé de solde au GAB/DAB dans la banque du client ; - Virement de compte à compte dans la même banque ; - Encaissement de chèques tirés sur une banque de l’Union ; - Encaissement de virements nationaux, communautaires et internationaux.
3- Banque à distance -Avis de débit et de crédit par voie électronique ; - Consultation et édition du solde et de l’historique du compte à travers le GAB/DAB de la banque du client.
Un taux d’intérêt plus bas entraîne l’investissement
Le 5 mars 2014, le Comité de politique monétaire de la Banque centrales des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), qui se réunissait, notait la poursuite de la détente des taux d’intérêt sur les différents compartiments du marché monétaire
Ce qui se traduisait par le taux moyen pondéré des appels d’offres d’injection de liquidités à une semaine et celui des transactions sur le compartiment à une semaine du marché interbancaire qui a connu des baisses respectives de 21,5 et de 17,0 points de base entre le troisième et le quatrième trimestre 2013. Sur le marché des titres publics, les émissions de bons par les Trésors ont été réalisées au taux moyen pondéré de 5,14 % au quatrième trimestre 2013, après un niveau de 4,59 % au trimestre précédent.
En se basant sur ces analyses, le Comité de politique monétaire a décidé de maintenir inchangés les taux directeurs à leurs niveaux en vigueur depuis le 16 septembre 2013, reprenait le quotidien national Le Soleil qui se fondait sur un bulletin de la DPEE. « En se basant sur ces analyses, le Comité de politique monétaire a décidé de maintenir inchangés les taux directeurs à leurs niveaux en vigueur depuis le 16 septembre 2013.
En termes plus clairs, le taux d’intérêt minimum de soumission aux opérations d’appels d’offres d’injection de liquidités et le taux d’intérêt du guichet de prêt marginal restent respectivement à 2,50 % et 3,50 % », écrit le quotidien national. La DPEE constatait en même temps dans sa publication que, « malgré l’assouplissement de ces conditions de refinancement opéré par la Bceao, qui avait baissé de 25 points de base de ses taux directeurs, le taux débiteur reste élevé. »
Dès lors, aux yeux des spécialistes de la finance, « une baisse des taux directeurs doit, par conséquent, entraîner une diminution des taux d’intérêt des banques commerciales ». Pourtant, il est généralement admis, qu’en situation de taux d’intérêt plus bas, on relance facilement l’économie puisque les opérateurs économiques auront la capacité d’investir dans le pays.
Les associations des usagers des banques dénoncent
Les associations de consommateurs et usagers sont mécontentes des services rendus par les banques. Elles ne manquent de le manifester à chaque fois que l’occasion leur est donnée. Dans les colonnes du quotidien Enquête du jeudi 12 février 2015, Momar Ndao, le Président de l’Association des consommateurs du Sénégal (ASCOSEN), dénonçait les abus des banques.
Parmi ceux-ci, le « conditionnement » qui n’est pas clairement donné aux consommateurs dans les publicités et l’application par les banques de l’entrave à la mobilité bancaire alors que « le droit au choix de la banque est garanti ». Le Président de l’Association des consommateurs et sociétaires des institutions financières (ACSIF) lui aussi, s’en prend aux banques.
Constatant d’emblée « le non-respect et le manque de considération vis-à-vis des clients », Famara Cissé de dire lister dans les colonnes du quotidien Enquête : « Les longues files d’attente dans les agences où un guichet sur 3 fonctionne, le non-respect des mesures de gratuité édictées par la Banque centrale, la lenteur dans les octrois de prêts avec un réel problème de désinformation autour des taux d’intérêts et la prime d’assurance aux emprunteurs qui n’est jamais rétrocédée ». M. Cissé déplorait également l’insécurité dans les Guichets automatiques à banque (GAB) qui ne disposent pas de caméra de surveillance.
Même son de cloche chez le Secrétaire général de l’Association des usagers de l’eau, de l’électricité, des télécommunications et des services (ADEETELS) qui est d’avis que les banques « n’ont pas une très bonne presse auprès des populations malgré leur nécessité et leur indispensabilité dans la société ». Il dénonçait également le manque de transparence à travers le système bancaire. Me Massokhna Kane, le Président de SOS Consommateurs enfonçait le clou. Selon lui, « la banque est un problème au Sénégal, un vrai problème pour les consommateurs ».
A ses yeux, « les clients ont l’impression d’être traités comme des usagers et non comme des clients ». C’est pourquoi il invite les banques à faire en sorte que cette perception que les usagers ont, change.
Au cours d’une manifestation de protestation organisée par l’ACSIF en août 2015, son Président Famara Cissé s’indignait : « Nous sommes là pour alerter et interpeller l’opinion publique sur une injustice. Les clients sont victimes du vol et de l’arnaque organisés à grande échelle par les institutions bancaires. Les clients sont pris en otage ». Non sans accuser les banques d’organiser elles-mêmes, « la paralysie de la mobilité bancaire ».
Une pratique qui durcit les conditions de départ des clients désireux de changer de banque. « Désormais, tout client désireux de quitter une banque doit s’acquitter du paiement de la faramineuse somme de 177 500 francs CFA ».
Les clients des banques s’indignent également de la façon dont celles-ci poussent leurs usagers à s’endetter. Selon les périodes (rentrées scolaires, fêtes de fin d’année, fêtes religieuses), elles proposent aux clients des prêts. Des prêts dont les taux de remboursement varient entre 6 et 7%. Seulement, une fois le prêt contracté, d’autres taxes et frais supplémentaire viennent s’y greffer. Et le client est obligé de payer beaucoup plus qu’il n’a emprunté. Tout un stratagème utilisé pour ruiner le client.
Source Kritik Hebdo