« Même les aveugles savent que Khondio est pollué. Ce sont des constats qu’on peut faire à l’œil nu. On n’a pas besoin d’être médecin ou expert en environnement pour le savoir », ces mots de Bassirou Fall, ancien président de la communauté rurale (PCR) de Darou Khoudoss (une commune dans le département de Tivaouane) appuient les multiples plaintes des habitants du village de Khondio. Dans ce village, tout le monde se plaint. Les habitants chantent toujours la même antienne : « les ICS nous fatiguent ! ».
A Khondio, village situé sur la côte atlantique, à environ 80 kilomètres au nord-est de Dakar, est érigé un déversoir d’acide par les Industries Chimiques du Sénégal (ICS) depuis 1983. Cette infrastructure destinée à évacuer l’acide fluosilicique, déchet liquide généré lors de la production de l’acide phosphorique par les ICS, est la source des principaux maux dont souffrent les habitants du village de Khondio depuis trente-cinq ans.
18% des déchets acides des ICS versés dans la mer
Sur la plage de Khondio, à quelques mètres des habitations, d’énormes blocs de pierres en latérite, sur lesquels sont fixés deux tuyaux surplombant la mer, attirent l’attention. C’est le déversoir d’acide fluosilicique. Plus on s’en approche, plus une odeur âcre vous pique le nez et les yeux. Une rotation d’une vingtaine voire une trentaine de camions-citernes des ICS d’une capacité de 10 mètres cubes s’y rendent tous les jours pour évacuer l’acide fluosilicique en mer.
« Ici, nous avons noté qu’environ toutes les 30 minutes un camion arrive au point de rejet. Même au-delà de minuit, les camions continuent à déferler sur Khondio perturbant ainsi la quiétude des habitants », renseigne Gorgui Ka, un jeune habitant du village. Une activité devenue banale aux yeux des habitants du village, mais qui peut paraitre invraisemblable pour ceux qui visitent le village et le site pour la première fois.
Invoquant l’article premier du code l’environnement qui stipule que « tout individu a droit à un environnement sain dans les conditions définies par les textes internationaux, le présent code et les autres lois de protection de l’environnement », Demba Fall Diouf se désole du « non-respect de l’application des textes et règlements » au Sénégal.
La pollution marine étant définie dans le code de l’environnement comme une « introduction directe ou indirecte de substances ou d’énergie dans le milieu marin, lorsqu’elle a ou peut avoir des effets nuisibles sur la faune et la flore marines et sur les valeurs d’agrément, lorsqu’elle peut provoquer des risques pour la santé de l’homme ou constituer une entrave aux activités maritimes, y compris la pêche et les autres utilisations normales de la mer », M. Diouf demeure convaincu du caractère polluant de l’acide dans la mer, au regard des multiples complaintes émises par les populations et dit ne jamais se lasser de mener des plaidoyers pour une cessation de cette activité.
En 2012, alors ministre du Commerce, de l’Industrie et de l’Artisanat, Mata Sy Diallo en visite aux ICS, s’était également rendue à Khondio. « Les 18% de déchets acides versés en mer constituent une situation environnementale inquiétante », avait-elle reconnu dans les colonnes du journal EnQuête, avant d’annoncer que « Les ICS envisagent de construire une autre usine afin de récupérer cet acide ». Six ans après, la situation est restée la même si ce n’est même pire avec les complaintes récurrentes des habitants du village de Khondio.
A en croire Alpha Ousmane Touré qui a fait sa thèse sur la valorisation de l’acide fluosilicique, ce produit est un intéressant réactif qui peut être utilisé pour produire tout une gamme de produits chimiques. « On peut également l’utiliser pour produire de l’acide chlorhydrique qui, en retour, permet de produire de la soude et d’autres liants utilisables dans l’industrie cimentière », argue M. Touré, enseignant-chercheur au département Génie Chimique de l’Ecole Supérieure Polytechnique de Dakar. « On peut avoir d’autres industries chimiques de la taille des ICS à partir de ce déchet seulement, d’autant plus que le Sénégal ne dispose pas d’unités de production d’acide chlorhydrique », renchérit-il.
Ce ne sont surement pas des solutions qui manquent pour récupérer et valoriser l’acide qui est en train d’être déversée en mer mais certainement, un manque de volonté de la part des ICS qui fait de Khondio, aujourd’hui, un village dont les habitants souffrent au quotidien.
L’acide fluosilicique, un produit chimique dangereux
A Khondio, village situé sur la côte atlantique, à environ 80 kilomètres au nord-est de Dakar, est érigé un déversoir d’acide par les Industries Chimiques du Sénégal (ICS) depuis 1983. Cette infrastructure destinée à évacuer l’acide fluosilicique, déchet liquide généré lors de la production de l’acide phosphorique par les ICS, est la source des principaux maux dont souffrent les habitants du village de Khondio depuis trente-cinq ans.
18% des déchets acides des ICS versés dans la mer
Sur la plage de Khondio, à quelques mètres des habitations, d’énormes blocs de pierres en latérite, sur lesquels sont fixés deux tuyaux surplombant la mer, attirent l’attention. C’est le déversoir d’acide fluosilicique. Plus on s’en approche, plus une odeur âcre vous pique le nez et les yeux. Une rotation d’une vingtaine voire une trentaine de camions-citernes des ICS d’une capacité de 10 mètres cubes s’y rendent tous les jours pour évacuer l’acide fluosilicique en mer.
« Ici, nous avons noté qu’environ toutes les 30 minutes un camion arrive au point de rejet. Même au-delà de minuit, les camions continuent à déferler sur Khondio perturbant ainsi la quiétude des habitants », renseigne Gorgui Ka, un jeune habitant du village. Une activité devenue banale aux yeux des habitants du village, mais qui peut paraitre invraisemblable pour ceux qui visitent le village et le site pour la première fois.
Des journalistes et environnementalistes belges et allemands n'en croyaient pas à leurs yeux« Les journalistes et environnementalistes en provenance de l’Allemagne et de la Belgique que j’ai eus à accompagner sur le site, ont été ébahis et étonnés en se demandant comment une chose pareille pouvait se faire en plein air », raconte Demba Fall Diouf, président du réseau national des personnes affectées par les opérations minières et en même temps, le point focal de la coalition ‘’Publiez Ce Que Vous Payez/Sénégal’’ dans la Zone Mboro-Darou Khoudoss.
Invoquant l’article premier du code l’environnement qui stipule que « tout individu a droit à un environnement sain dans les conditions définies par les textes internationaux, le présent code et les autres lois de protection de l’environnement », Demba Fall Diouf se désole du « non-respect de l’application des textes et règlements » au Sénégal.
La pollution marine étant définie dans le code de l’environnement comme une « introduction directe ou indirecte de substances ou d’énergie dans le milieu marin, lorsqu’elle a ou peut avoir des effets nuisibles sur la faune et la flore marines et sur les valeurs d’agrément, lorsqu’elle peut provoquer des risques pour la santé de l’homme ou constituer une entrave aux activités maritimes, y compris la pêche et les autres utilisations normales de la mer », M. Diouf demeure convaincu du caractère polluant de l’acide dans la mer, au regard des multiples complaintes émises par les populations et dit ne jamais se lasser de mener des plaidoyers pour une cessation de cette activité.
En 2012, alors ministre du Commerce, de l’Industrie et de l’Artisanat, Mata Sy Diallo en visite aux ICS, s’était également rendue à Khondio. « Les 18% de déchets acides versés en mer constituent une situation environnementale inquiétante », avait-elle reconnu dans les colonnes du journal EnQuête, avant d’annoncer que « Les ICS envisagent de construire une autre usine afin de récupérer cet acide ». Six ans après, la situation est restée la même si ce n’est même pire avec les complaintes récurrentes des habitants du village de Khondio.
A en croire Alpha Ousmane Touré qui a fait sa thèse sur la valorisation de l’acide fluosilicique, ce produit est un intéressant réactif qui peut être utilisé pour produire tout une gamme de produits chimiques. « On peut également l’utiliser pour produire de l’acide chlorhydrique qui, en retour, permet de produire de la soude et d’autres liants utilisables dans l’industrie cimentière », argue M. Touré, enseignant-chercheur au département Génie Chimique de l’Ecole Supérieure Polytechnique de Dakar. « On peut avoir d’autres industries chimiques de la taille des ICS à partir de ce déchet seulement, d’autant plus que le Sénégal ne dispose pas d’unités de production d’acide chlorhydrique », renchérit-il.
Ce ne sont surement pas des solutions qui manquent pour récupérer et valoriser l’acide qui est en train d’être déversée en mer mais certainement, un manque de volonté de la part des ICS qui fait de Khondio, aujourd’hui, un village dont les habitants souffrent au quotidien.
L’acide fluosilicique, un produit chimique dangereux
« L’acide fluosilicique ou jus fluo (H2SiF6) est le principal effluent sous forme liquide généré lors de la production de l’acide phosphorique. Cet effluent directement déchargé en mer, est une source de pollution marine », explique Alpha Ousmane Touré. Quotidiennement, pas moins d’une trentaine de camions-citernes contenant cet acide quittent les ICS et rallient le point de rejet sis à
Khondio, afin de déverser ce produit en mer.
site. « C’est en période d’hivernage où nous souffrons le plus, car le vent souffle en direction des champs et des habitations. Quand les camionneurs déversent leur produit, quel que soit le lieu où l’on se trouve dans le village on le ressent», ajoute-t-il, peiné.
Pourtant, un des responsables du service de sécurité des ICS qui requiert l’anonymat, minimise les dégâts de leur activité sur la plage du village de Khondio. Il considère que l’effluent versé en mer cause moins de dégâts car conservé sur place, (sur le site de production), il pourrait être la cause d’infiltration de la nappe phréatique. Alors que, « quand c’est déversé en mer, l’acide forme avec l’eau de mer des blocs de sel appelé fluo silicate de sodium. Donc ça se neutralise aussitôt. Et en général, contrairement à ce que pensent les gens, dans les points de rejet, on note la présence de beaucoup de poissons », affirme-il, avant de reconnaître qu’il y a meilleure pratique, notamment l’engagement de la part des ICS à une piste de valorisation de cet acide.
Aussi reconnait-il que les tuyaux surplombant la mer auraient dû normalement aller jusqu’à 50 mètres en mer pour éviter les nuisances chez les riverains. « En tous les cas, l’impact sur l’environnement n’est pas significatif car la teneur en fluor de cette acide valse entre 20% et 22% », nous a-t-il fait savoir.
Une information en déphasage avec celle recueillie auprès de l’enseignant-chercheur en chimie et biologie appliquée au département de Génie Chimique de l’ESP. Selon M. Touré, pour une production de 600 tonnes de phosphate par an, on retrouve près de 276 000 mètres cubes d’acide fluocilicique, avec une teneur en fluor qui avoisine 25%, dépassant ainsi les limites des normes de rejet en effluent fluoré. Ce sont donc des quantités importantes de ce déchet qui vont en mer.
En effet, la teneur en fluor dépasse largement la norme sénégalaise qui est de 20%. Cela peut causer beaucoup de conséquences néfastes sur la population marine. « Le mélange du jus fluo avec le chlorure de sodium présent dans la mer, donne l’acide chlorhydrique. Un produit qui n’est pas bon pour la population marine et même pour la population humaine », soutient M. Touré. « Les poissons que nous consommons vont se nourrir du phytoplancton affecté par l’acide chlorhydrique. A la longue, la consommation de ces poissons, par l’homme, cause des maladies telles que les fluoroses dentaires ou osseuses », ajoute-t-il.
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), environ 5,5 tonnes de sulfate de calcium brut (phosphogypse) sont produites pour chaque tonne de pentoxyde de phosphore et jusqu’à 1,5% de fluorure d’hydrogène. Et « c’est exactement ce phosphogypse contenant des niveaux de radioactivité, qui est déversé sur la plage de Khondio où il est solidifié. L’environnement est donc
affecté durablement par ces rejets qui contiennent beaucoup de produits toxiques », soutient Mariètou Ndao, chercheur en géographie de l’environnement.
Le village nostalgique de la belle époque
Khondio, afin de déverser ce produit en mer.
« Nous éprouvons toutes les peines du monde pour respirer convenablement à chaque fois que l’acide est en train d’être versé en mer. C’est une odeur insoutenable ! Voyez-vous ceux qui ont des maladies respiratoires comme l’asthme, sont obligés de s’enfermer dans les chambres malgré la chaleur », se désole Djiby Ka, un des maraîchers qui tient son champ à quelques mètres du
Les asthmatiques sont obligés de s'enfermer dans leurs chambres chaque fois que le camion des ICS arrive
site. « C’est en période d’hivernage où nous souffrons le plus, car le vent souffle en direction des champs et des habitations. Quand les camionneurs déversent leur produit, quel que soit le lieu où l’on se trouve dans le village on le ressent», ajoute-t-il, peiné.
Pourtant, un des responsables du service de sécurité des ICS qui requiert l’anonymat, minimise les dégâts de leur activité sur la plage du village de Khondio. Il considère que l’effluent versé en mer cause moins de dégâts car conservé sur place, (sur le site de production), il pourrait être la cause d’infiltration de la nappe phréatique. Alors que, « quand c’est déversé en mer, l’acide forme avec l’eau de mer des blocs de sel appelé fluo silicate de sodium. Donc ça se neutralise aussitôt. Et en général, contrairement à ce que pensent les gens, dans les points de rejet, on note la présence de beaucoup de poissons », affirme-il, avant de reconnaître qu’il y a meilleure pratique, notamment l’engagement de la part des ICS à une piste de valorisation de cet acide.
Aussi reconnait-il que les tuyaux surplombant la mer auraient dû normalement aller jusqu’à 50 mètres en mer pour éviter les nuisances chez les riverains. « En tous les cas, l’impact sur l’environnement n’est pas significatif car la teneur en fluor de cette acide valse entre 20% et 22% », nous a-t-il fait savoir.
Une information en déphasage avec celle recueillie auprès de l’enseignant-chercheur en chimie et biologie appliquée au département de Génie Chimique de l’ESP. Selon M. Touré, pour une production de 600 tonnes de phosphate par an, on retrouve près de 276 000 mètres cubes d’acide fluocilicique, avec une teneur en fluor qui avoisine 25%, dépassant ainsi les limites des normes de rejet en effluent fluoré. Ce sont donc des quantités importantes de ce déchet qui vont en mer.
En effet, la teneur en fluor dépasse largement la norme sénégalaise qui est de 20%. Cela peut causer beaucoup de conséquences néfastes sur la population marine. « Le mélange du jus fluo avec le chlorure de sodium présent dans la mer, donne l’acide chlorhydrique. Un produit qui n’est pas bon pour la population marine et même pour la population humaine », soutient M. Touré. « Les poissons que nous consommons vont se nourrir du phytoplancton affecté par l’acide chlorhydrique. A la longue, la consommation de ces poissons, par l’homme, cause des maladies telles que les fluoroses dentaires ou osseuses », ajoute-t-il.
Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), environ 5,5 tonnes de sulfate de calcium brut (phosphogypse) sont produites pour chaque tonne de pentoxyde de phosphore et jusqu’à 1,5% de fluorure d’hydrogène. Et « c’est exactement ce phosphogypse contenant des niveaux de radioactivité, qui est déversé sur la plage de Khondio où il est solidifié. L’environnement est donc
affecté durablement par ces rejets qui contiennent beaucoup de produits toxiques », soutient Mariètou Ndao, chercheur en géographie de l’environnement.
Le village nostalgique de la belle époque
KHONDIO D’HIER ET D’AUJOURD’HUI
Longtemps terre à potentialités diverses avec son campement rural touristique, sa terre fertile pour le maraîchage et sa plage attrayante, Khondio a aujourd’hui perdu de son charme, cessant d’être ce village où il faisait bon vivre pour ses habitants, avant que les ICS ne viennent changer le cours des choses.
« Avant l’érection du déversoir d’acide, beaucoup de touristes venaient passer le week-end dans le village. C’était des moments de bonheur pour tout le monde car sur le plan économique, chacun y trouvait son compte. Nos mamans, par exemple, pouvaient facilement écouler leurs productions agricoles », raconte Gorgui Ba, un maraîcher du village.
Le village a également perdu les avantages d’une escale des automobilistes du rallye Paris-Dakar ,avec l’érection du déversoir d’acide des ICS. « Le passage des automobilistes du rallye à Khondio suscitait beaucoup d’intérêt chez de nombreux amateurs qui venait de Tivaouane et de Thiès. Cela contribuait pour beaucoup à l’économie du village », informe Abou Sow, Imam du village.
Au-delà des apports liés au tourisme, les maraîchers aussi n’avaient rien à n’envier à personne. Mais « les rendements de nos productions ont fortement baissé depuis l’avènement des ICS dans notre village », souligne Ousseynou Sow, l’un d’eux. Cette baisse des rendements s’explique, selon lui, par l’effet néfaste de l’acide versé en mer. « La qualité de l’eau des puits utilisée pour
l’arrosage des cultures est affectée et cela a un impact considérable sur la qualité mais également sur la quantité des productions agricoles », révèle le président de l’Association pour le développement agro-pastoral et de la protection de l’environnement.
« 25% des patients en consultation souffrent d’infections respiratoires aiguës (IRA) »
« Avant l’érection du déversoir d’acide, beaucoup de touristes venaient passer le week-end dans le village. C’était des moments de bonheur pour tout le monde car sur le plan économique, chacun y trouvait son compte. Nos mamans, par exemple, pouvaient facilement écouler leurs productions agricoles », raconte Gorgui Ba, un maraîcher du village.
La pollution a tué notre tourisme économiqueLe caractère hideux et nocif de l’infrastructure permettant à l’industrie minière d’éliminer l’acide fluosilicique a, non seulement, fait fuir les nombreux touristes mais aussi, donné un coup de frein à l’épanouissement économique de Khondio.
Le village a également perdu les avantages d’une escale des automobilistes du rallye Paris-Dakar ,avec l’érection du déversoir d’acide des ICS. « Le passage des automobilistes du rallye à Khondio suscitait beaucoup d’intérêt chez de nombreux amateurs qui venait de Tivaouane et de Thiès. Cela contribuait pour beaucoup à l’économie du village », informe Abou Sow, Imam du village.
Au-delà des apports liés au tourisme, les maraîchers aussi n’avaient rien à n’envier à personne. Mais « les rendements de nos productions ont fortement baissé depuis l’avènement des ICS dans notre village », souligne Ousseynou Sow, l’un d’eux. Cette baisse des rendements s’explique, selon lui, par l’effet néfaste de l’acide versé en mer. « La qualité de l’eau des puits utilisée pour
l’arrosage des cultures est affectée et cela a un impact considérable sur la qualité mais également sur la quantité des productions agricoles », révèle le président de l’Association pour le développement agro-pastoral et de la protection de l’environnement.
« 25% des patients en consultation souffrent d’infections respiratoires aiguës (IRA) »
PROLIFERATION DES MALADIES RESPIRATOIRES
S’il est difficile de mettre en rapport l’implantation des ICS à Khondio et l’apparition de certaines maladies, l’évidence montre cependant que 25% des patients en consultation, souffrent d’infections respiratoires aiguës. Selon Amadou Ba, l’infirmier en poste à la Case de santé de Khondio, les principales causes de consultation constituent les infections respiratoires aiguës (IRA). « 25% des patients en consultation souffrent d’infections respiratoires aiguës (IRA), 15% pour cause de lombalgie ou douleur lombaire, 10% pour cause de maladies gastriques, 10% pour cause d’hypertension artérielle et les 40% restant constituent les différentes pathologies courantes », déclare-t-il.
Par rapport à un éventuel lien direct entre l’activité des Industries Chimiques du Sénégal (élimination des déchets dans la mer) et la récurrence de ces maladies respiratoires, l’infirmier se veut prudent. Car selon lui, aucune étude spécifique allant dans ce sens n’a été faite. Mais ce qui est sûr, c’est qu’il y a de fortes probabilités que la piste en latérite traversant le cœur du village et qu’empruntent les camions citernes des ICS pour aller déverser leurs produits toxiques en mer, soit à l’origine de ces maladies.
En effet, ce sont les mêmes camions-citernes contenant les déchets toxiques, qui sont en retour remplis d’eau pour arroser la piste en latérite. « Les risques sont énormes. L’eau utilisée est affectée par les résidus du déchet liquide et la route étant en latérite, la poussière qui en émane peut considérablement affecter les riverains et surtout les enfants », explique l’infirmier.
De plus, les enfants sont la frange la plus touchée par ces infections respiratoires aiguës, car constituant plus de 90% des patients selon Amadou Ba. Et cette situation impacte considérablement sur leur avenir scolaire.
« Depuis mon arrivée dans cette école, pas un seul jour ne passe sans que je ne vois des camions des ICS emprunter cette piste en latérite à un rythme soutenu, pour aller déverser leur chargement en mer », note-il. L’instituteur ajoute que « rien que la poussière qui se dégage lors des passages des camions, peut affecter les enfants et même les adultes, l’école étant au bord de la piste ».
Dans la grande cour de la maison, sous l’ombre des arbres, la famille Sow sacrifie à son rituel de l’après-midi: le regroupement autour du thé. Un moment de partage et de joie qui réunit les membres de la maisonnée après une dure journée de labeur dans les champs ou au marché. Sauf que trois des membres de cette famille ne peuvent profiter de ces moments, car étant souffrants.
Non loin des siens, trois femmes avachies sont couchées sur une natte, toutes souffrant de maladies respiratoires accompagnées de toux. « Personne n’est en bonne santé ici, tout le monde se plaint de douleurs articulaires, de problèmes respiratoires ou bien d’une irritation des yeux », s’empresse de dire Diariètou Sow.
Les rapports des journées de consultation confirment la tendance La prolifération des cas d’infection respiratoire aiguë est également notée dans les différents rapports des journées de consultation générale gratuite organisées chaque année par l’association Pro Sénégal Mboro en collaboration avec des associations européennes œuvrant dans le domaine de la santé comme Pro Sénégal (Suisse), Sénégal Santé (Belgique) et Projeto Sénégal (Italie).
En 2017, par exemple, sur 247 patients consultés les médecins de Pro Sénégal Suisse avaient décelé 47 cas d’infection respiratoire aiguë. Comme chaque année lors de ces journées de consultations, ce sont les mêmes constats et remarques qui sont émis de la part des médecins : à savoir la présence de maladies respiratoires, de dermatoses et de gastralgies (douleurs vives de l’estomac, et généralement symptomatiques de cet organe). Ces journées de consultations gratuites sont une aubaine pour les habitants du village comme le note Aliou Ka, chauffeur de taxi ‘’clando’’, qui en a profité.
Souffrant de douleurs thoraciques et de difficultés respiratoires, il a cru qu’il était asthmatique car les symptômes correspondaient à cette maladie. « C’est grâce au diagnostic fiable des médecins généralistes suisses que j’ai su que je ne souffrais pas d’asthme mais d’une infection respiratoire aiguë », souligne Aliou Ka, qui continue toujours de partager la fameuse piste latéritique avec les
camions-citernes des ICS.
Une structure sanitaire sans âme
Par rapport à un éventuel lien direct entre l’activité des Industries Chimiques du Sénégal (élimination des déchets dans la mer) et la récurrence de ces maladies respiratoires, l’infirmier se veut prudent. Car selon lui, aucune étude spécifique allant dans ce sens n’a été faite. Mais ce qui est sûr, c’est qu’il y a de fortes probabilités que la piste en latérite traversant le cœur du village et qu’empruntent les camions citernes des ICS pour aller déverser leurs produits toxiques en mer, soit à l’origine de ces maladies.
En effet, ce sont les mêmes camions-citernes contenant les déchets toxiques, qui sont en retour remplis d’eau pour arroser la piste en latérite. « Les risques sont énormes. L’eau utilisée est affectée par les résidus du déchet liquide et la route étant en latérite, la poussière qui en émane peut considérablement affecter les riverains et surtout les enfants », explique l’infirmier.
De plus, les enfants sont la frange la plus touchée par ces infections respiratoires aiguës, car constituant plus de 90% des patients selon Amadou Ba. Et cette situation impacte considérablement sur leur avenir scolaire.
Les élèves du village souvent absents pour causes de maladiesSelon M. Seck, directeur de l’école primaire de Khondio, « l’année scolaire a été fortement marquée par les absences de beaucoup d’élèves pour cause de maladies ». Très au fait de ce que se passe dans le village malgré sa récente affectation, le nouveau directeur semble se ranger du côté des habitants, pointant un doigt accusateur à l’endroit des ICS.
« Depuis mon arrivée dans cette école, pas un seul jour ne passe sans que je ne vois des camions des ICS emprunter cette piste en latérite à un rythme soutenu, pour aller déverser leur chargement en mer », note-il. L’instituteur ajoute que « rien que la poussière qui se dégage lors des passages des camions, peut affecter les enfants et même les adultes, l’école étant au bord de la piste ».
Dans la grande cour de la maison, sous l’ombre des arbres, la famille Sow sacrifie à son rituel de l’après-midi: le regroupement autour du thé. Un moment de partage et de joie qui réunit les membres de la maisonnée après une dure journée de labeur dans les champs ou au marché. Sauf que trois des membres de cette famille ne peuvent profiter de ces moments, car étant souffrants.
Non loin des siens, trois femmes avachies sont couchées sur une natte, toutes souffrant de maladies respiratoires accompagnées de toux. « Personne n’est en bonne santé ici, tout le monde se plaint de douleurs articulaires, de problèmes respiratoires ou bien d’une irritation des yeux », s’empresse de dire Diariètou Sow.
Les rapports des journées de consultation confirment la tendance La prolifération des cas d’infection respiratoire aiguë est également notée dans les différents rapports des journées de consultation générale gratuite organisées chaque année par l’association Pro Sénégal Mboro en collaboration avec des associations européennes œuvrant dans le domaine de la santé comme Pro Sénégal (Suisse), Sénégal Santé (Belgique) et Projeto Sénégal (Italie).
En 2017, par exemple, sur 247 patients consultés les médecins de Pro Sénégal Suisse avaient décelé 47 cas d’infection respiratoire aiguë. Comme chaque année lors de ces journées de consultations, ce sont les mêmes constats et remarques qui sont émis de la part des médecins : à savoir la présence de maladies respiratoires, de dermatoses et de gastralgies (douleurs vives de l’estomac, et généralement symptomatiques de cet organe). Ces journées de consultations gratuites sont une aubaine pour les habitants du village comme le note Aliou Ka, chauffeur de taxi ‘’clando’’, qui en a profité.
Souffrant de douleurs thoraciques et de difficultés respiratoires, il a cru qu’il était asthmatique car les symptômes correspondaient à cette maladie. « C’est grâce au diagnostic fiable des médecins généralistes suisses que j’ai su que je ne souffrais pas d’asthme mais d’une infection respiratoire aiguë », souligne Aliou Ka, qui continue toujours de partager la fameuse piste latéritique avec les
camions-citernes des ICS.
Une structure sanitaire sans âme
CASE DE SANTE DE KHONDIO
S’il y a une chose dont tous les habitants du village de Khondio s’accordent à reconnaître l'utilité et ayant un rapport avec les ICS, c’est bien la construction de la Case de santé de Khondio par les ICS. Construite par l’entreprise minière dans le cadre de la Responsabilité Sociétale de l’Entreprise (RSE), elle a été inaugurée en 2007. « De 2007 à 2015, celle-ci est restée fermée faute de personnel soignant, de médicaments et d’équipements. Nous étions obligés de faire plusieurs kilomètres parfois à pied pour nous rendre à Mboro ou à Tivaouane et parfois même à Thiès, pour nos soins de santé », se désole Cheikh Ka, frère cadet et bras droit du chef du village de Khondio.
Il aura fallu, cependant, que l’association des jeunes du village, en collaboration avec une association locale établie à Mboro et œuvrant dans le domaine de la santé du nom de Pro Sénégal, s’attache les services d’un infirmier pour que la case de santé devienne fonctionnelle. Malgré cela bon nombre de malades ne font pas confiance à la structure sanitaire et préfèrent aller au distri,ct sanitaire de Mboro.
« L’infirmier s’absente assez souvent. Il peut rester des jours sans mettre les pieds dans la Case de santé. Il arrive des fois le matin vers 9h et rentre à 13h. Imaginez que quelqu’un ait besoin de soins d’urgence en pleine nuit ou bien qu’une femme enceinte soit sur le point d’accoucher ! », s’exclame Mamadou Sow, un jeune du village. Selon ce dernier, les patients ne font pas confiance aux services de l’infirmier qui, s’il ne s’absente pas, peine à accomplir convenablement sa mission faute de moyens.
Source : Pressaafrik.com
Il aura fallu, cependant, que l’association des jeunes du village, en collaboration avec une association locale établie à Mboro et œuvrant dans le domaine de la santé du nom de Pro Sénégal, s’attache les services d’un infirmier pour que la case de santé devienne fonctionnelle. Malgré cela bon nombre de malades ne font pas confiance à la structure sanitaire et préfèrent aller au distri,ct sanitaire de Mboro.
« L’infirmier s’absente assez souvent. Il peut rester des jours sans mettre les pieds dans la Case de santé. Il arrive des fois le matin vers 9h et rentre à 13h. Imaginez que quelqu’un ait besoin de soins d’urgence en pleine nuit ou bien qu’une femme enceinte soit sur le point d’accoucher ! », s’exclame Mamadou Sow, un jeune du village. Selon ce dernier, les patients ne font pas confiance aux services de l’infirmier qui, s’il ne s’absente pas, peine à accomplir convenablement sa mission faute de moyens.
Source : Pressaafrik.com