Riche comme Crésus
Le garçon est bluffant. Les « bleus » de la vie de Lamine Faye, petit-fils et garde du corps du président de la république, Me Abdoulaye Wade, ont comme par miracle viré au rose bonbon. Depuis le 19 mars 2000 et l’ascension du parti libéral au pouvoir, ce garçon, échappé de Colobane, un des quartiers difficiles de Dakar, se pavane dans une bulle aux mille enchantements. Sa bouille d’airain et sa stature austère, de bodyguard trop zélé, ne reflètent que les traits bruts d’un homme passé du régime de pain sec et d’eaux aux menus les plus gratinés. De garçon à l’avenir précaire, il est devenu aujourd’hui une ombre du « Sénégalais d’en haut » qui se lève et se couche à l’heure du pouvoir. L’homme qui, naguère, s’est longtemps réveillé avec des poches trouées, a découvert 9 ans l’énergie de la richesse. De chômeur sans vrai horizon hier, on prête aujourd’hui à Lamine Faye un rôle central dans la grande faune libérale. Et de l’Etat actuel. Dans la cacophonie de l’Alternance, il s’y est dégotté, par la force des ses biceps musclés, une partition inespérée et d’incroyables dividendes. Comme dans un vrai tour de « magie ». « A l’époque, il était sans le sous et passait ses interminables journées à faire du thé, avise une de ses anciennes voisines de quartier. Il se tournait les pouces comme beaucoup de jeunes de Colobane. » Hier, il était un rien glandeur. Aujourd’hui, il est en tout bringueur. Joli hold up sur le destin ?
Ce quadra bodybuildé, qui dresse sa grande carcasse comme un pitbull imperturbable derrière Me Wade, confesse un gout immodéré du lucre et s’est découvert, sur le tard, une passion fofolle pour les belles bagnoles, les belles femmes et les belles villas. Comme si l’ancien galérien du populeux quartier de Colobane a touché le jackpot au de l’Alternance. Et s’évertue depuis à prendre une revanche mémorable sur son passé déshérité.
Sur les nouvelles coutures du « Gorille » de son Me, circule une anecdote qui égaie encore les discussions de couloir au Palais de la République. La scène se passe en plein centre-ville de Dakar et digne d’un tournage de film Hollywoodien. Papis Kama, un fils de bonne famille sénégalaise et jeune émigré vivant à Londres, circule en toute décontraction et avec obtention à bord d’un Ford Concorde Chrysler flambant neuf. Le jeune garçon se sent épié par les regards envieux de la rue mais ne se doute pas encore que gout de la flambe va le mener tout droit au Palais. Dans sa virée très show off, il croise bientôt Soukeyna Fall, la seconde épouse de Lamine Faye. La dame, qui faisait des courses en ville, manque de tomber à la renverse en croisant la Ford Concorde Chrysler avec l’inscription « A vendre » et un numéro de portable sur la vitre arrière du véhicule. Soukeyna a les yeux qui pétillent devant la rutilante « américaine ». Elle saisit spontanément le numéro portable barré au vas de l’écriteau « A vendre » et s’en ouvre à son bienfaiteur de mari. Peu après, Lamine Faye câble Papis Kama : « Allô ! C’est Lamine Faye de la Présidence. Je veux que vous veniez le plus rapidement possible au Palais, car je veux acheter votre véhicule. » Papis Kama n’en croit pas ses oreilles et bondit sur le siège de son véhicule. L’émigré ne se fait pas prier et file direct à la Présidence. Sur les lieux, il se retrouve nez à nez avec le petit-fils du président de la République qui lorgne et ausculte dans tous ses recoins le véhicule. Lamine Faye s’exclame, prêt à dégainer au prix fort : « c’est vrai que c’est une belle bagnole. A combien la vendez-vous ? » « 13 millions FCFA ! », avise ferme le propriétaire du véhicule. « J’ai une mallette à l’intérieur qui contient 10 millions FCFA. Je vous paie cash et on n’en parle plus, rétorque le garde du corps.
Le niet du vendeur du véhicule est catégorique, mais cela ne semble pas décourager le très liquide petit-fils du Président. Surpris mais décidé à convaincre le jeune émigré, il retourne sur ses pas, s’engouffre dans une aile au Palais et en ressort balèze : en plus des 10 millions FCFA, il lui propose un million FCFA et rallonge son offre à 11 millions FCFA. Papis Kama reste de marbre : ce sera 13 millions FCFA ou rien ! Dépité par la tournure des événements et vexé, Lamine Faye met fin au marchandage et demande au « gourmand » vendeur de vider les lieux…Les temps ont changé.
Le garçon est bluffant. Les « bleus » de la vie de Lamine Faye, petit-fils et garde du corps du président de la république, Me Abdoulaye Wade, ont comme par miracle viré au rose bonbon. Depuis le 19 mars 2000 et l’ascension du parti libéral au pouvoir, ce garçon, échappé de Colobane, un des quartiers difficiles de Dakar, se pavane dans une bulle aux mille enchantements. Sa bouille d’airain et sa stature austère, de bodyguard trop zélé, ne reflètent que les traits bruts d’un homme passé du régime de pain sec et d’eaux aux menus les plus gratinés. De garçon à l’avenir précaire, il est devenu aujourd’hui une ombre du « Sénégalais d’en haut » qui se lève et se couche à l’heure du pouvoir. L’homme qui, naguère, s’est longtemps réveillé avec des poches trouées, a découvert 9 ans l’énergie de la richesse. De chômeur sans vrai horizon hier, on prête aujourd’hui à Lamine Faye un rôle central dans la grande faune libérale. Et de l’Etat actuel. Dans la cacophonie de l’Alternance, il s’y est dégotté, par la force des ses biceps musclés, une partition inespérée et d’incroyables dividendes. Comme dans un vrai tour de « magie ». « A l’époque, il était sans le sous et passait ses interminables journées à faire du thé, avise une de ses anciennes voisines de quartier. Il se tournait les pouces comme beaucoup de jeunes de Colobane. » Hier, il était un rien glandeur. Aujourd’hui, il est en tout bringueur. Joli hold up sur le destin ?
Ce quadra bodybuildé, qui dresse sa grande carcasse comme un pitbull imperturbable derrière Me Wade, confesse un gout immodéré du lucre et s’est découvert, sur le tard, une passion fofolle pour les belles bagnoles, les belles femmes et les belles villas. Comme si l’ancien galérien du populeux quartier de Colobane a touché le jackpot au de l’Alternance. Et s’évertue depuis à prendre une revanche mémorable sur son passé déshérité.
Sur les nouvelles coutures du « Gorille » de son Me, circule une anecdote qui égaie encore les discussions de couloir au Palais de la République. La scène se passe en plein centre-ville de Dakar et digne d’un tournage de film Hollywoodien. Papis Kama, un fils de bonne famille sénégalaise et jeune émigré vivant à Londres, circule en toute décontraction et avec obtention à bord d’un Ford Concorde Chrysler flambant neuf. Le jeune garçon se sent épié par les regards envieux de la rue mais ne se doute pas encore que gout de la flambe va le mener tout droit au Palais. Dans sa virée très show off, il croise bientôt Soukeyna Fall, la seconde épouse de Lamine Faye. La dame, qui faisait des courses en ville, manque de tomber à la renverse en croisant la Ford Concorde Chrysler avec l’inscription « A vendre » et un numéro de portable sur la vitre arrière du véhicule. Soukeyna a les yeux qui pétillent devant la rutilante « américaine ». Elle saisit spontanément le numéro portable barré au vas de l’écriteau « A vendre » et s’en ouvre à son bienfaiteur de mari. Peu après, Lamine Faye câble Papis Kama : « Allô ! C’est Lamine Faye de la Présidence. Je veux que vous veniez le plus rapidement possible au Palais, car je veux acheter votre véhicule. » Papis Kama n’en croit pas ses oreilles et bondit sur le siège de son véhicule. L’émigré ne se fait pas prier et file direct à la Présidence. Sur les lieux, il se retrouve nez à nez avec le petit-fils du président de la République qui lorgne et ausculte dans tous ses recoins le véhicule. Lamine Faye s’exclame, prêt à dégainer au prix fort : « c’est vrai que c’est une belle bagnole. A combien la vendez-vous ? » « 13 millions FCFA ! », avise ferme le propriétaire du véhicule. « J’ai une mallette à l’intérieur qui contient 10 millions FCFA. Je vous paie cash et on n’en parle plus, rétorque le garde du corps.
Le niet du vendeur du véhicule est catégorique, mais cela ne semble pas décourager le très liquide petit-fils du Président. Surpris mais décidé à convaincre le jeune émigré, il retourne sur ses pas, s’engouffre dans une aile au Palais et en ressort balèze : en plus des 10 millions FCFA, il lui propose un million FCFA et rallonge son offre à 11 millions FCFA. Papis Kama reste de marbre : ce sera 13 millions FCFA ou rien ! Dépité par la tournure des événements et vexé, Lamine Faye met fin au marchandage et demande au « gourmand » vendeur de vider les lieux…Les temps ont changé.
Depuis l’avènement de l’alternance en mars 2000, Lamine Faye, dont l’action quotidienne déborde de sa fonction de garde-corps du Président, est au cœur de bien de turpitudes politico-financières de la galaxie wadienne. L’homme vénère l’argent, court le monde en compagnie de son voyageur de grand-père, collectionne les femmes (il en a trois) et s’empiffre des réjouissances du pouvoir. Il ne prétend point à la réputation de blanche colombe qui épouse l’intégrité éternelle de Bruno Diatta, l’impassible chef du protocole du chef de l’Etat et serviteur muet de la République. Lui est accusé de dépasser trop souvent la ligne jaune, mais sous couvert de la bienveillance de son grand-père de Président. On lui colle l’image d’un intermédiaire qui fait le « link » entre certains hommes d’affaires très influents de la place, comme Serigne Mboup, le patron du Ccbm, et Kader Mbacké, directeur général de Dangote Industries Sénégal, entre autres, et le président de la République. A son plus grand profit. « Des hommes d’affaires connus dans le pays lui mangent dans la main », confirme un de ses amis qui a pris ses distances avec lui.
Le patrimoine personnel de Lamine Faye laissera circonspect plus d’un Sénégalais. L’homme possède aujourd’hui trois demeures grands standings dans des quartiers huppés de Dakar qu’il a fini de partager entre ses trois épouses. Dans un train de vie de petit prince, la famille Faye se ressource aujourd’hui dans du velours et se nourrit de « caviar ». Dans l’ordre de préséance, on retrouve Anta Cissé, sa première femme. Cette fidele épouse avec qui il a eu trois enfants et qui a traversé les années de braise avec lui, habite une villa cossue à Nord Foire.
Sa seconde épouse, la très mondaine Soukeyna Fall, crèche elle dans une villa de rêves dans le coin très chic des Almadies. Soukeyna est une sorte de dame d’intérieur qui aime « la folie de grandeur » et se terre dans son cocon doré avec ses deux petites filles. La troisième épouse, Aminata Kébé, fille du défunt richissime homme d’affaires sénégalais, Ndiouga Kébé, et de feue Marieme Dieng Salla, vit dans une superbe villa de la corniche Ouest, près de chez l’architecte, Pierre Goudiay Atepa. Lamine Faye possède également un « château » très cossu à Sendou (20 kilomètres de Dakar) avec piscine et jardins de rêve qui n’a rien à envier aux palais arabes. Le bonhomme possède également « un nombre incalculable de terrains nus qu’il a pris le soin de mettre sous le nom de ses proches ».
Pour rallier chaque matin le Palais, le petit-fils du Président dispose d’un impressionnant parc automobile où les rutilantes « américaines » côtoient des « françaises » très prisées. Mais, certains de ses proches trouvent légitime que l’assistant du président de la République devenu « plus riche que certains hauts dignitaires de l’Etat », puisse se réclamer d’une subite fortune. Mayacine Diallo, ancien « calot bleu » et garde du corps à l’Assemblée nationale : « La richesse de Lamine Faye ne me surprend pas. Lamine ne reste pas une semaine sans aller en mission. Quand il se déplace avec le Président, il a un perdiem de 100 000 FCFA par jour, sans compter les avantages. Dans certains pays asiatiques, les gens n’hésitent pas aussi à vous offrir gratuitement de l’or. » « Avec ses voyages et tout ce qu’il tire de sa proximité avec son grand-père, Lamine peut se permettre de ne pas toucher un rond de son salaire », renchérit un autre de ses amis « gorilles ». Ces frais de mission suffisent-ils à faire de lui un multimillionnaire au patrimoine aussi impressionnant ?
Comble de la mue incontrôlée du personnage, Lamine Faye est surpris aujourd’hui en plein délit d’arrogance. Ses frasques et ses écarts de conduite font à longueur de colonnes les choux gras de la presse. La dernière affaire en date : le journal Le Quotidien, dans son édition du 24 décembre 2009, faisait état de la situation inédite où le garde du corps du Président Wade narguait tout bonnement la Senelec (Société nationale d’électricité), en refusant de payer une facture de 7 millions FCFA. En juillet 2009, il s’était aussi retrouvé à la une des journaux, en s’invitant dans le retentissant divorce du couple Mansour Guissé-Fabienne Féliho. A travers une déclaration d’honneur, le garde du corps du Président avait fait état de sa sulfureuse relation d’amour avec la Miss Sénégal 87, sans se faire un sans d’encre des conséquences de son acte sur sa réputation de père de famille et de mari et des éclaboussures de l’affaire sur le Palais. Comme si cet homme à l’ascension express pouvait tout se permettre dans la République de Wade.
Petit-fils chéri
La montée en puissance de Lamine Faye ne s’arrête pas seulement aux pièces sonnantes et trébuchantes. Le plus célèbre « gorille » du Palais ne cesse de gravir les échelons de la Police nationale, depuis un an (2008), ses subalternes lui servent du « Mon commandant ». En l’an 2000, juste après l’alternance, Lamine Faye et Ismaila Mbaye ont été les seuls « calots bleus » à bénéficier d’une promotion de grade de lieutenant par la grâce confondante d’un décret présidentiel. Trois ans plus tard (2003), ils ont été élevés au grade de capitaine, après sessions de formation accélérées au Gign (Groupement d’intervention de la gendarmerie nationale) et à la Bip (brigade d’intervention polyvalente). Hier simple « calot bleu », Lamine Faye est officiellement aujourd’hui un Commandant de la police. Par la grâce d’un grand-père qui ne refuse rien à son petit-fils chéri.
Depuis toujours, Lamine a veillé sur son grand-père Me Wade comme si sa vie en dépendait. Il a toujours « joué un rôle de vigie prêt à mourir pour son politicien de grand-père ». Pourtant, c’est un pur hasard qu’il se retrouve aux cotés de Me Wade. Un jour, ayant remarqué que son petit-fils ne faisait rien de ses journées, sa grand-mère Awa Wade, sœur utérine de Abdoulaye Wade et génitrice de sa maman, Lala Diop, le pousse « à s’occuper de son grand-père ». À cette époque, au milieu des années 80, Lamine Faye est déjà un homme attiré par le sport de contact. Il passe ses journées à bander les muscles et à se mesurer aux jeunes de Niary Tally dans des salles lugubres de Taekwondo et de boxe française Savate. Quand sa grand-mère paternelle l’interpelle, il se découvre enfin une activité salutaire : il rejoint les « calots bleus », la milice chargée de veiller sur la sécurité de l’opposant Wade dans les années 80. Lamine Faye a la vingtaine et toute la fougue de sa jeunesse, un tempérament enflammé qui transparait à travers un physique déjà impressionnant. Mayacine Diallo se rappelle sa première rencontre avec Lamine Faye : « C’était vers la fin de l’année 1988, car je suis arrivé chez les calots bleus le 16 février 1989. J’ai trouvé Lamine Faye sur place. Il dégageait par sa présence, parce que c’était un sportif. Il avait environ 20 ans, mais il dégageait déjà une certaine prestance. Il pratiquait les arts martiaux, notamment le Taekwondo. » Bientôt le fougueux jeune homme s’impose parmi les « calots bleus » par sa force de caractère. Il ne rechigne jamais à aller au front et s’installe rapidement comme l’une des fortes têtes de la milice « bleue ». Il gagne aussi la confiance de son grand-père qui le nomme dans la foulée, comme son « garde du corps personnel ». Pendant les années de braise du Pds dans l’opposition sénégalaise, c’est lui qui s’assied devant le véhicule de Wade quand l’opposant d’alors se déplaçait à l’intérieur du pays. Celui lui conférait un rang auprès des autres « calots bleus ». « Wade savait que son petit-fils était prêt à mourir pour lui. De 1993 à nos jours, Lamine a toujours joué ce rôle d’assistant auprès du président de la République », renseigne Mayacine Diallo. Lamine est de tous les combats, de tous les deplacements de l’opposant Wade. Quand un jour de tournée électorale, dans les années 90, le socialiste Pape Lô dégaine son arme et équipe de gros bras pour interdire au candidat Wade l’accès au village de Ndande, c’est Lamine Faye qui s’interpose « brillamment » lors des échauffourées. Finalement, Pape Lô et sa clique finiront par rebrousser chemin et lâcher prise.
« Les Faye avaient du mal à payer l’eau et l’électricité » Ce caractère téméraire et impulsif, le petit-fils de Me Wade l’a nourri dans les difficiles quartiers dakarois de Niary Tally et Colobane. Élevé à la dure, le jeune Lamine Faye apprend à se tirer d’affaires très tôt au contact « de la rue et des gros coups durs ». A Colobane, la réputation de « dur à cuire » lui colle encore à la peau. Ndeye Warkha Dieng, femme chétive au teint clair aujourd’hui âgée de 46 ans, regardait souvent Lamine jouer avec ses jeunes frères, Bousso Teuw et Lamine Ndiaye. Et c’est dans un éclat de rires qu’elle lance sans ciller : « Quand il s’agissait de bagarre, il prenait les dessus sur tout le monde. » Sous ses dehors d’homme refrogné, se cache un « grand timide » qui, jadis, était un gamin « horriblement têtu ». Élève médiocre, qui a arrêté ses études en classe de 5eme secondaire, il a découvert le pouvoir de la parole petit à petit au contact de ses amis avec qui il aime se lâcher. Dont feu Ismaila Mbaye, l’ancien calot bleu et garde du corps de Me Wade, décédé brutalement dans un accident de voiture en 2003. Un ami : « Ismaila Mbaye était l’un de ses plus fideles amis et souvent quand il était avec lui, il se permettait toute sorte de plaisanterie. » aujourd’hui, sa mort a laissé un grand vide dans sa vie. « Lamine Faye a été tres marqué par la mort de Ismaila Mbaye. Il ne le dit pas, mais intérieurement il souffre jusqu’à présent de l’absence de son ami. Car, on ne pouvait pas apercevoir l’un sans voir l’autre », explique Mayacine Diallo.
Fils de Lala Diop, femme au foyer devenue par le miracle de l’Alternance une grande commerçante, Lamine Faye a perdu son père tres tot, à l’âge de six ans. Il pousse aux cotés de ses trois grands frères, Alassane (l’entrepreneur), Assane (le chef de service de maintenance de l’hôpital général de Grand-Yoff) et Omar (le « fêtard » de la famille). Et de ses deux sœurs, Mamy qui travaille aujourd’hui à l’Ambassade du Sénégal aux Etats-Unis et Fama, la commerçante. Sans compter une foultitude de cousines qui habitaient la maison de Colobane. La famille Faye, qui a perdu tres tot son chef, n’a jamais eu des têtes d’œuf pour assurer la relève. « Aucun des membres de la famille n’a le niveau du bac », raille-t-on à Colobane. Maman Lala Diop se débrouillait à gauche et à droite et il lui arrivait de demander de l’aide à son frère, Abdoul Aziz Diop, directeur d’hôpital à Thiès et ensuite à Fann, qui avait une bonne situation. Pour la petite histoire, le jeune Lamine Faye a fait même quelques piges comme vigile à l’hôpital régional de Thiès, aidé en cela par son oncle maternel. Dans l’entourage immédiat de la famille, l’on ébruite que chez les Faye, dans les années 90, l’eau et l’électricité étaient constamment coupées pour cause d’arriérés de factures. « Ils avaient du mal à payer l’eau et l’électricité. La famille ne devait son salut qu’à un puits qui était à l’intérieur de la maison et qui permettait de s’approvisionner en eau », souffle une ancienne voisine des Faye. Souvent, quand il revenait de ses entrainements, Lamine Faye squattait la famille d’à coté pour manger à sa faim. Souvent chez Feu Djibril Fall, un ancien professeur de Mathématiques à la Faculté des Sciences de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, dont l’un des fils était son ami et lui gardait le fameux « Bolou Dod » (reste du diner).
Le patrimoine personnel de Lamine Faye laissera circonspect plus d’un Sénégalais. L’homme possède aujourd’hui trois demeures grands standings dans des quartiers huppés de Dakar qu’il a fini de partager entre ses trois épouses. Dans un train de vie de petit prince, la famille Faye se ressource aujourd’hui dans du velours et se nourrit de « caviar ». Dans l’ordre de préséance, on retrouve Anta Cissé, sa première femme. Cette fidele épouse avec qui il a eu trois enfants et qui a traversé les années de braise avec lui, habite une villa cossue à Nord Foire.
Sa seconde épouse, la très mondaine Soukeyna Fall, crèche elle dans une villa de rêves dans le coin très chic des Almadies. Soukeyna est une sorte de dame d’intérieur qui aime « la folie de grandeur » et se terre dans son cocon doré avec ses deux petites filles. La troisième épouse, Aminata Kébé, fille du défunt richissime homme d’affaires sénégalais, Ndiouga Kébé, et de feue Marieme Dieng Salla, vit dans une superbe villa de la corniche Ouest, près de chez l’architecte, Pierre Goudiay Atepa. Lamine Faye possède également un « château » très cossu à Sendou (20 kilomètres de Dakar) avec piscine et jardins de rêve qui n’a rien à envier aux palais arabes. Le bonhomme possède également « un nombre incalculable de terrains nus qu’il a pris le soin de mettre sous le nom de ses proches ».
Pour rallier chaque matin le Palais, le petit-fils du Président dispose d’un impressionnant parc automobile où les rutilantes « américaines » côtoient des « françaises » très prisées. Mais, certains de ses proches trouvent légitime que l’assistant du président de la République devenu « plus riche que certains hauts dignitaires de l’Etat », puisse se réclamer d’une subite fortune. Mayacine Diallo, ancien « calot bleu » et garde du corps à l’Assemblée nationale : « La richesse de Lamine Faye ne me surprend pas. Lamine ne reste pas une semaine sans aller en mission. Quand il se déplace avec le Président, il a un perdiem de 100 000 FCFA par jour, sans compter les avantages. Dans certains pays asiatiques, les gens n’hésitent pas aussi à vous offrir gratuitement de l’or. » « Avec ses voyages et tout ce qu’il tire de sa proximité avec son grand-père, Lamine peut se permettre de ne pas toucher un rond de son salaire », renchérit un autre de ses amis « gorilles ». Ces frais de mission suffisent-ils à faire de lui un multimillionnaire au patrimoine aussi impressionnant ?
Comble de la mue incontrôlée du personnage, Lamine Faye est surpris aujourd’hui en plein délit d’arrogance. Ses frasques et ses écarts de conduite font à longueur de colonnes les choux gras de la presse. La dernière affaire en date : le journal Le Quotidien, dans son édition du 24 décembre 2009, faisait état de la situation inédite où le garde du corps du Président Wade narguait tout bonnement la Senelec (Société nationale d’électricité), en refusant de payer une facture de 7 millions FCFA. En juillet 2009, il s’était aussi retrouvé à la une des journaux, en s’invitant dans le retentissant divorce du couple Mansour Guissé-Fabienne Féliho. A travers une déclaration d’honneur, le garde du corps du Président avait fait état de sa sulfureuse relation d’amour avec la Miss Sénégal 87, sans se faire un sans d’encre des conséquences de son acte sur sa réputation de père de famille et de mari et des éclaboussures de l’affaire sur le Palais. Comme si cet homme à l’ascension express pouvait tout se permettre dans la République de Wade.
Petit-fils chéri
La montée en puissance de Lamine Faye ne s’arrête pas seulement aux pièces sonnantes et trébuchantes. Le plus célèbre « gorille » du Palais ne cesse de gravir les échelons de la Police nationale, depuis un an (2008), ses subalternes lui servent du « Mon commandant ». En l’an 2000, juste après l’alternance, Lamine Faye et Ismaila Mbaye ont été les seuls « calots bleus » à bénéficier d’une promotion de grade de lieutenant par la grâce confondante d’un décret présidentiel. Trois ans plus tard (2003), ils ont été élevés au grade de capitaine, après sessions de formation accélérées au Gign (Groupement d’intervention de la gendarmerie nationale) et à la Bip (brigade d’intervention polyvalente). Hier simple « calot bleu », Lamine Faye est officiellement aujourd’hui un Commandant de la police. Par la grâce d’un grand-père qui ne refuse rien à son petit-fils chéri.
Depuis toujours, Lamine a veillé sur son grand-père Me Wade comme si sa vie en dépendait. Il a toujours « joué un rôle de vigie prêt à mourir pour son politicien de grand-père ». Pourtant, c’est un pur hasard qu’il se retrouve aux cotés de Me Wade. Un jour, ayant remarqué que son petit-fils ne faisait rien de ses journées, sa grand-mère Awa Wade, sœur utérine de Abdoulaye Wade et génitrice de sa maman, Lala Diop, le pousse « à s’occuper de son grand-père ». À cette époque, au milieu des années 80, Lamine Faye est déjà un homme attiré par le sport de contact. Il passe ses journées à bander les muscles et à se mesurer aux jeunes de Niary Tally dans des salles lugubres de Taekwondo et de boxe française Savate. Quand sa grand-mère paternelle l’interpelle, il se découvre enfin une activité salutaire : il rejoint les « calots bleus », la milice chargée de veiller sur la sécurité de l’opposant Wade dans les années 80. Lamine Faye a la vingtaine et toute la fougue de sa jeunesse, un tempérament enflammé qui transparait à travers un physique déjà impressionnant. Mayacine Diallo se rappelle sa première rencontre avec Lamine Faye : « C’était vers la fin de l’année 1988, car je suis arrivé chez les calots bleus le 16 février 1989. J’ai trouvé Lamine Faye sur place. Il dégageait par sa présence, parce que c’était un sportif. Il avait environ 20 ans, mais il dégageait déjà une certaine prestance. Il pratiquait les arts martiaux, notamment le Taekwondo. » Bientôt le fougueux jeune homme s’impose parmi les « calots bleus » par sa force de caractère. Il ne rechigne jamais à aller au front et s’installe rapidement comme l’une des fortes têtes de la milice « bleue ». Il gagne aussi la confiance de son grand-père qui le nomme dans la foulée, comme son « garde du corps personnel ». Pendant les années de braise du Pds dans l’opposition sénégalaise, c’est lui qui s’assied devant le véhicule de Wade quand l’opposant d’alors se déplaçait à l’intérieur du pays. Celui lui conférait un rang auprès des autres « calots bleus ». « Wade savait que son petit-fils était prêt à mourir pour lui. De 1993 à nos jours, Lamine a toujours joué ce rôle d’assistant auprès du président de la République », renseigne Mayacine Diallo. Lamine est de tous les combats, de tous les deplacements de l’opposant Wade. Quand un jour de tournée électorale, dans les années 90, le socialiste Pape Lô dégaine son arme et équipe de gros bras pour interdire au candidat Wade l’accès au village de Ndande, c’est Lamine Faye qui s’interpose « brillamment » lors des échauffourées. Finalement, Pape Lô et sa clique finiront par rebrousser chemin et lâcher prise.
« Les Faye avaient du mal à payer l’eau et l’électricité » Ce caractère téméraire et impulsif, le petit-fils de Me Wade l’a nourri dans les difficiles quartiers dakarois de Niary Tally et Colobane. Élevé à la dure, le jeune Lamine Faye apprend à se tirer d’affaires très tôt au contact « de la rue et des gros coups durs ». A Colobane, la réputation de « dur à cuire » lui colle encore à la peau. Ndeye Warkha Dieng, femme chétive au teint clair aujourd’hui âgée de 46 ans, regardait souvent Lamine jouer avec ses jeunes frères, Bousso Teuw et Lamine Ndiaye. Et c’est dans un éclat de rires qu’elle lance sans ciller : « Quand il s’agissait de bagarre, il prenait les dessus sur tout le monde. » Sous ses dehors d’homme refrogné, se cache un « grand timide » qui, jadis, était un gamin « horriblement têtu ». Élève médiocre, qui a arrêté ses études en classe de 5eme secondaire, il a découvert le pouvoir de la parole petit à petit au contact de ses amis avec qui il aime se lâcher. Dont feu Ismaila Mbaye, l’ancien calot bleu et garde du corps de Me Wade, décédé brutalement dans un accident de voiture en 2003. Un ami : « Ismaila Mbaye était l’un de ses plus fideles amis et souvent quand il était avec lui, il se permettait toute sorte de plaisanterie. » aujourd’hui, sa mort a laissé un grand vide dans sa vie. « Lamine Faye a été tres marqué par la mort de Ismaila Mbaye. Il ne le dit pas, mais intérieurement il souffre jusqu’à présent de l’absence de son ami. Car, on ne pouvait pas apercevoir l’un sans voir l’autre », explique Mayacine Diallo.
Fils de Lala Diop, femme au foyer devenue par le miracle de l’Alternance une grande commerçante, Lamine Faye a perdu son père tres tot, à l’âge de six ans. Il pousse aux cotés de ses trois grands frères, Alassane (l’entrepreneur), Assane (le chef de service de maintenance de l’hôpital général de Grand-Yoff) et Omar (le « fêtard » de la famille). Et de ses deux sœurs, Mamy qui travaille aujourd’hui à l’Ambassade du Sénégal aux Etats-Unis et Fama, la commerçante. Sans compter une foultitude de cousines qui habitaient la maison de Colobane. La famille Faye, qui a perdu tres tot son chef, n’a jamais eu des têtes d’œuf pour assurer la relève. « Aucun des membres de la famille n’a le niveau du bac », raille-t-on à Colobane. Maman Lala Diop se débrouillait à gauche et à droite et il lui arrivait de demander de l’aide à son frère, Abdoul Aziz Diop, directeur d’hôpital à Thiès et ensuite à Fann, qui avait une bonne situation. Pour la petite histoire, le jeune Lamine Faye a fait même quelques piges comme vigile à l’hôpital régional de Thiès, aidé en cela par son oncle maternel. Dans l’entourage immédiat de la famille, l’on ébruite que chez les Faye, dans les années 90, l’eau et l’électricité étaient constamment coupées pour cause d’arriérés de factures. « Ils avaient du mal à payer l’eau et l’électricité. La famille ne devait son salut qu’à un puits qui était à l’intérieur de la maison et qui permettait de s’approvisionner en eau », souffle une ancienne voisine des Faye. Souvent, quand il revenait de ses entrainements, Lamine Faye squattait la famille d’à coté pour manger à sa faim. Souvent chez Feu Djibril Fall, un ancien professeur de Mathématiques à la Faculté des Sciences de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, dont l’un des fils était son ami et lui gardait le fameux « Bolou Dod » (reste du diner).
Aujourd’hui, à Colobane, quand la maman de Lamine Faye, Lala Diop, multiplie les va-et-vient à la Mecque et se proclame à cor et cri « commerçante de grande renommée », ou que ses grands frères roulent dans des bagnoles tout en plastronnant, certains voisins s’étouffent de rire ou se crispent de rage. « Depuis belle lurette, je n’ai plus aucun lien avec les membres de cette famille. Ils se croient les nouveaux maitres du monde alors que rien dans le passé ne nous est inconnu », peste une voisine. Juste ou envieuse ? Plus loin, de l’autre coté de la rue, Pape Mbaye Ndoye, un jeune homme de 23 ans, prend lui la défense de la famille Faye. « J’entre et je sors comme je veux au domicile de la famille Faye, ils gardent encore d’excellents rapports avec les voisins. C’est faux, l’argent ne les a pas changés. Certains tiennent des propos à leur égard parce qu’ils sont juste jaloux », argue le jeune homme. » « il y a des gens qui tiennent des propos sévères envers Lamine Faye, c’est parce qu’ils sont juste jaloux, embraie Cheikh Diallo, un homme à la mine patibulaire, vice-président des jeunes pour le développement de Colobane. Lamine Faye a aidé beaucoup de jeunes du quartier qui passaient leur temps à jouer aux délinquants ou qui fumaient de l’herbe. Il a aidé et continue de soutenir beaucoup de gens du quartier. Financièrement, il nous aide beaucoup dans nos activités. Il lui arrive d’aider l’Asc Colobane en achetant des jeux d’équipements. » Selon les dires de quelques voisins, Lamine Faye, quand il est à Dakar, ne peut pas rester une semaine sans venir rendre visite à sa mère. « Il aime beaucoup sa mère, c’est pourquoi il vient la voir fréquemment », confie le voisinage. Aujourd’hui, la villa des Faye, peinte en jaune ocre, paie de mine désormais avec des fleurs à l’entrée qui ornent la façade. Un gendarme veille même à la devanture. Autre temps, autres réalités. Aujourd’hui, Lamine Faye est célébré comme l’impayable bienfaiteur des Faye. Seul, un de ses frères, Oumar Faye, s’obstine à lui chercher noise. C’est même un secret de polichinelle qu’ils ne sont pas en bon termes. Une voisine : « Oumar lui reproche d’être Samba Alaar. Il s’occupe des autres et oublie quand il distribue à tour de bras des postes. Ce qui fait que les deux frères ne sont pas en odeur de sainteté. » Par contre, Lamine est réputé tres proche de ses deux autres frères, Assane Faye, chef du service maintenance de l’hôpital Grand-Yoff qui l’a initié aux pratiques des arts martiaux notamment le Taekwondo et la boxe française Savate. « Lamine a un respect viscéral envers son grand-frère qui l’a beaucoup soutenu dans ses années de galère. Je pense qu’il a su jouer pour lui le rôle de père et de grand frère à merveille », annonce un ami de la famille. Alassane Faye, l’entrepreneur de la famille et aussi tres lié au garde du corps de Me Wade. « Lamine est tres fidele, tient à souligner un proche. Il a toujours été sérieux et appliqué dans tout ce qu’il faisait. Et s’il est toujours avec Wade, c’est qu’il a su lui montrer du sérieux et de l’amour au fil des ans. » Une loyauté à toute épreuve qu’il s’emploie coute que coute à rentabiliser au prix fort. Lamine Faye avait misé, il est en train de gagner…
Par Mor Talla Gaye, magaye@weekend.sn
Source : Weekend Magazine
Photos : Weekend Mag’ galsentv.com
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