Jean Claude Darmon, Alexandre Arcady, Diagna Ndiaye et Karim Wade lors de la Premiere Party For 'Africa 24'. (Photo par Bertrand Rndoff Petroff/Getty Images)
Ou les hommes d’affaires sénégalais n’aiment pas beaucoup les jets privés ou ils n'ont pas les moyens de s’en procurer. Excepté un petit avion dont dispose Latfallah Layousse sur le tarmac de l’aéroport de Cotonou, aucun businessman sénégalais ne possède actuellement son avion personnel.
Le Libanais, propriétaire des ciments du Sahel, a également une cimenterie au Bénin et utilise cet aéronef pour relier la capitale et son usine. Dans les temps, l’homme d’affaires, Yerim Sow possédait un jet, mais on ignore ce que l’appareil est devenu. Abass Jaber, l’ex-patron de Suneor disposait également d’un jet privé, celui-là même que prenait Karim Wade, mais ledit avion a été vendu suite au départ de Wade du gouvernement.
On connait surtout l’ambiance électrique dans laquelle, le fils de Wade avait utilisé cet avion, un tel comportement a fait partie des griefs qui ont fait voler en éclats le pouvoir de son père. Question de culture, les riches Sénégalais se méfient de tout ce qui est "mauvaises langues et mauvais oeil". « Au Nigéria, en Côte d’Ivoire, dans les pays d’Afrique centrale et presque partout au Maghreb, c’est très normal d’avoir un jet quand l’on détient des affaires prospères. Ici, c’est le contraire ».
Cependant, il faut souligner également, que les Sénégalais qui ont les moyens de se payer un tel avantage, sont peu nombreux. Car un jet en bon état coûte minimum 5 milliards. Sans compter les frais de vol, de stationnement et les salaires des pilotes. Aussi, du fait que peu d’entreprises sénégalaises ont une envergure internationale, la nécessité ne se pose pas souvent.
Mamadou Diagna Ndiaye est l’un des rares sénégalais à débarquer régulièrement dans la capitale sénégalaise à bord d’un jet. Celui-ci appartient au groupe Mimran. Qui est l’un des rares magnats à pouvoir se payer un tel luxe. «L’envergure du groupe Mimran qui fait près de 500 milliards de chiffre d’affaires entre le Sénégal et la Côte d’Ivoire peuvent permettre à ce groupe, de disposer d’un avion privé, ce n’est pas le cas des autres ».
Alors qu’en Côte d’Ivoire, le gouvernement dispose d’une flotte présidentielle, les ministres se déplaçant à bord des nombreux jets de l’Etat ivoirien, au Sénégal, les ministres se déplacent à bord de vols commerciaux. «L’opinion publique est très vivace au Sénégal, c’est la raison pour laquelle, c’est difficile pour le gouvernement d’envisager une telle démarche. Pourtant, c’est une nécessité pour l’Etat car on ne peut aller négocier des milliards et se déplacer avec des vols normaux ».
L’histoire raconte la plaisanterie des officiels ivoiriens qui se moquent des délégations sénégalaises quand les ministres ivoiriens constatent que leurs homologues se bousculent dans des vols réguliers et perdent beaucoup de temps. «Ce n’est pas la même culture, si un ministre sénégalais prend un jet privé, le lendemain c’est un débat dans la presse », dit cet officiel.
Aussi bien chez les hommes d’affaires que chez les politiques, la nécessite est ressentie mais question de coûts et d’environnement social, c’est difficilement envisageable.
Avec LE SOIR, le quotidien numérique