[Enquête] PROSTITUTION MASCULINE – Bill Diakhou : « Celui qui ne s’accoquine pas avec Satan n’est pas riche ! »

Que pensez-vous de la prostitution masculine ?

C’est une pratique qui ne devrait pas avoir sa place dans notre société, parce que l’homme a pour tâche d’aider la femme, d’être l’homme de la maison. Alors il est inconcevable que celui-ci se retourne pour se prostituer. C’est scandaleux.

Qu’est ce qui selon vous, peut expliquer le fait pour un homme de vendre ses charmes ?

Je pense que c’est la faiblesse. Ces prostitués sont généralement des hommes qui se soucient beaucoup trop de leur apparence, de leur « beauté ». Ils ne se préoccupent que de leur bien-être, ils soignent leur mise et sont toujours sur leur trente et un. Ce narcissisme peut conduire à la prostitution et à l’homosexualité. Ces hommes ne travaillent pas, n’ont pas de salaire et pourtant ils sont riches. Ils sont toujours en quête d’argent et, pour cela tous les moyens sont bons. Ils sont très intelligents et savent comment ferrer leurs proies.

Quelle(s) explication(s) donnez-vous à ce phénomène ?

Je trouve que nous vivons dans un monde satanique où l’on perd facilement nos valeurs. Tout cela, c’est l’œuvre de Satan. Sinon comment expliquer le fait qu’un homme puisse se détourner de la norme pour de l’argent et des futilités ? Je constate maintenant que celui qui ne s’accoquine pas avec Satan n’est pas riche.

La prostitution masculine peut aussi s’expliquer par la pratique de la pédophilie. Vous constatez comme moi que, de plus en plus, les enfants sont envoyés dans les « daaras ». Or plutôt que de les aider à acquérir de la connaissance, des « marabouts » ont tendance à abuser d’eux sexuellement. Mais arrivés à un certains âge, ces enfants ne pourront plus satisfaire leur « pères adoptifs » ; ils sont alors abandonnés par ces derniers, et c’est là une porte ouverte à la prostitution. Dans certaines places huppées de Dakar, vous verrez ces jeunes se prostituer. C’est un ballet incessant de voitures luxueuses, conduites par des personnes aisées en quête de prostitués. Et parmi ces derniers, j’en connais plusieurs dont le plus âgé n’a pas plus de 16 ans. Il est impossible de les voir le jour. Ils ne sortent que la nuit pour soit disant vendre des cartes de crédit. Je sais que cela n’est pas de leur activité principale. J’ai même un fan qui a tenté de jouer l’entremetteur entre ses amies et moi. Il est entretenu par des femmes, et il mène un train de vie assez élevé pour quelqu’un qui ne travaille pas. Son principal souci, c’est son image. Sa mise est toujours bien soignée.

Qu’est ce qui, à votre avis, peut motiver une femme à recourir aux « services » de prostitués ?

Il y a le cas des femmes étrangères. Lassées de leurs maris ou veuves, elles financent en douce de jeunes hommes pour leurs prestations sexuelles. Ce financement passe par l’habillement, les appartements et va même jusqu’à l’achat de restaurants ou de boutiques gérés par le prostitué.

Comment abordez-vous la prostitution dans vos chansons ?

Je dénonce toujours les maux de la société et dans mon nouvel album, il a un titre qui a attrait justement au « mbaraan » ou le fait pour les jeunes filles d’avoir plusieurs amants qui les entretiennent ; mais cela vaut également pour les hommes. Dans ce titre il est question de ces personnes qui monnayent leurs charmes. Je parle d’eux dans presque chaque album parce que c’est une des plaies de notre société.

Par Ndeye Magatte Ndiaye

Source : Dakar Life Magazine juillet 2009 / galsentv