En allant à Dakar, à hauteur du croisement Keur Massar, le passager se trouve en face d’un grand chantier qui barre l’entrée de la forêt. Un grand hangar et un bâtiment surplombent la forêt. Les passants s’arrêtent un moment pour contempler l’ouvrage. Les plus curieux s’approchent pour mieux le voir. ‘C’est une station d’essence que les Chinois construisent à l’intérieur de la forêt. Ils sont là depuis des semaines’, informe le chauffeur de taxi clando. Nous nous sommes approchés de l’enclos et, dedans, une dizaine de Chinois s’affairent, soutenus par des Sénégalais. Un seul parle français, les autres sont des sourds-muets qui miment et gesticulent pour communiquer avec les employés. Pour les Sénégalais, c’est un chantier géré par des Chinois. ‘Nous sommes des prestataires, adressez-vous aux Chinois’, lance un soudeur.
Les travaux de la station d’essence sont presque terminés. Sur place, les soudeurs font les derniers réglages. Les places devant abriter les pompes sont déjà tracées. Un autre bâtiment est construit à l’extrême gauche. Il sert pour le moment de magasin. La station est construite sur une superficie de 300m2. Le Chinois ne nous en dira pas davantage. Le seul mot que comprenons de ce qu’il dit, c’est qu’ils disposent d’autorisation pour bâtir une station dans la forêt. ‘C’est le ministre et la Direction des eaux et forêts qui nous ont autorisé. Nous ne pouvons vous en dire plus. Allez voir le ministre, il vous renseignera davantage’, lance le Chinois.
Les passants sont unanimes sur la question. Personne ne dort plus depuis que la station est sortie de terre. ‘Nous pensons que c’est fini pour cette forêt. Apparemment, elle n’est pas une priorité pour nos dirigeants. La grande question que tous ce posent maintenant est pourquoi le ministre de l’Environnement donne-t-il son accord pour une telle agression ? Combien a coûté le deal pour l’implantation de trois stations dans la forêt ? A qui profite le crime ?’, se demande un passant.
Mystère et boule de gomme du côté des promoteurs chinois
Les Chinois qui travaillent à l’intérieur de la future station sont étonnés qu’ils soient interpellés sur le dossier. Ils ne communiqueront rien sur le nom de la station, mais admettront qu’elle est chinoise. Plus tard, l’on nous apprendra que la société chinoise en question est la Co&Co et elle grignote 4 000 m2 à la forêt. L’on nous informera aussi que la station est mise en place sans que les études environnementales ne soient prises en compte. A part cette station, il y en a deux autres situées à l’entrée de Keur Massar et appartiennent toutes à la Diprom et occupent 6 000 m2. Des infrastructures dont les produits sont nocifs pour les végétaux. Ainsi, au total, ces trois stations d’essence réunies charcutent plus d’un hectare à la forêt. Le tout, avec la bénédiction du ministère de l’Environnement. Les trois stations sont disposées sur les points stratégiques de la forêt. Il s’agit du croisement de Keur Massar sur la route nationale, et à l’entrée de la commune de Keur Massar. ‘Il n’y a jamais eu d’études d’impact environnemental sérieuses’, dira Pouye ‘Parisien’, président de la commission environnement à la mairie de Mbao.
Outre ces installations huilières, la forêt classée de Mbao est aujourd’hui menacée par la présence du centre de transfert et de tri des ordures de la région de Dakar. Ce centre est créé par le ministère de l’Environnement avec la fermeture du dépôt de Mbeubeuss. Les ordures sont supposées passer par ce site qui se trouve en plein cœur de la forêt, pendant 24 heures au plus avant d’être acheminées vers le centre d’enfouissement de Diass. Mais, il se trouve que le concert de protestations qu’avait créé le centre d’enfouissement chez les populations de cette localité, ne s’est pas encore dissipé. Du coup, au lieu de 24 heures comme précédemment annoncé par les autorités du ministère de l’Environnement, les tas d’immondices font beaucoup plus de temps selon les autorités de la ville de Mbao. Ce qui ne manque pas susciter des inquiétudes. Selon le président de la commission environnement du conseil municipal, Momar Pouye, ‘ce centre aura des conséquences sociales et environnementales terribles. Nous risquons d’assister à un deuxième Mbeubeuss parce que dans le protocole, les ordures ne doivent pas rester sur le site plus de 24 heures’, annonce Pouye.
L’autoroute n’est pas en reste dans la destruction du dernier poumon vert de la région de Dakar. En effet, l’infrastructure de communication traverse la zone sur une distance de 14 km. Ainsi, elle retire à la forêt, quatre précieux hectares. Par rapport à la présence de l’autoroute, le premier adjoint au maire de Mbao, Mamadou Diop, exprime ses inquiétudes tout en ne manquant pas de tirer la sonnette d’alarme. Selon lui, ‘avec la traversée de l’autoroute à péage, beaucoup de personnes s’intéressent à la forêt. Elle suscite beaucoup d’appétits. Des mesures doivent être prises dès maintenant et beaucoup de choses se passent dans la forêt sans que nous ne soyons au courant’.
Par ailleurs, il faut inclure dans les phénomènes nuisibles à la forêt de Mbao, l’abattage des arbres par certaines populations, à la recherche de combustible. Une pratique qui risque de détruire le peuplement végétal.
Najib SAGNA
Walf
Les travaux de la station d’essence sont presque terminés. Sur place, les soudeurs font les derniers réglages. Les places devant abriter les pompes sont déjà tracées. Un autre bâtiment est construit à l’extrême gauche. Il sert pour le moment de magasin. La station est construite sur une superficie de 300m2. Le Chinois ne nous en dira pas davantage. Le seul mot que comprenons de ce qu’il dit, c’est qu’ils disposent d’autorisation pour bâtir une station dans la forêt. ‘C’est le ministre et la Direction des eaux et forêts qui nous ont autorisé. Nous ne pouvons vous en dire plus. Allez voir le ministre, il vous renseignera davantage’, lance le Chinois.
Les passants sont unanimes sur la question. Personne ne dort plus depuis que la station est sortie de terre. ‘Nous pensons que c’est fini pour cette forêt. Apparemment, elle n’est pas une priorité pour nos dirigeants. La grande question que tous ce posent maintenant est pourquoi le ministre de l’Environnement donne-t-il son accord pour une telle agression ? Combien a coûté le deal pour l’implantation de trois stations dans la forêt ? A qui profite le crime ?’, se demande un passant.
Mystère et boule de gomme du côté des promoteurs chinois
Les Chinois qui travaillent à l’intérieur de la future station sont étonnés qu’ils soient interpellés sur le dossier. Ils ne communiqueront rien sur le nom de la station, mais admettront qu’elle est chinoise. Plus tard, l’on nous apprendra que la société chinoise en question est la Co&Co et elle grignote 4 000 m2 à la forêt. L’on nous informera aussi que la station est mise en place sans que les études environnementales ne soient prises en compte. A part cette station, il y en a deux autres situées à l’entrée de Keur Massar et appartiennent toutes à la Diprom et occupent 6 000 m2. Des infrastructures dont les produits sont nocifs pour les végétaux. Ainsi, au total, ces trois stations d’essence réunies charcutent plus d’un hectare à la forêt. Le tout, avec la bénédiction du ministère de l’Environnement. Les trois stations sont disposées sur les points stratégiques de la forêt. Il s’agit du croisement de Keur Massar sur la route nationale, et à l’entrée de la commune de Keur Massar. ‘Il n’y a jamais eu d’études d’impact environnemental sérieuses’, dira Pouye ‘Parisien’, président de la commission environnement à la mairie de Mbao.
Outre ces installations huilières, la forêt classée de Mbao est aujourd’hui menacée par la présence du centre de transfert et de tri des ordures de la région de Dakar. Ce centre est créé par le ministère de l’Environnement avec la fermeture du dépôt de Mbeubeuss. Les ordures sont supposées passer par ce site qui se trouve en plein cœur de la forêt, pendant 24 heures au plus avant d’être acheminées vers le centre d’enfouissement de Diass. Mais, il se trouve que le concert de protestations qu’avait créé le centre d’enfouissement chez les populations de cette localité, ne s’est pas encore dissipé. Du coup, au lieu de 24 heures comme précédemment annoncé par les autorités du ministère de l’Environnement, les tas d’immondices font beaucoup plus de temps selon les autorités de la ville de Mbao. Ce qui ne manque pas susciter des inquiétudes. Selon le président de la commission environnement du conseil municipal, Momar Pouye, ‘ce centre aura des conséquences sociales et environnementales terribles. Nous risquons d’assister à un deuxième Mbeubeuss parce que dans le protocole, les ordures ne doivent pas rester sur le site plus de 24 heures’, annonce Pouye.
L’autoroute n’est pas en reste dans la destruction du dernier poumon vert de la région de Dakar. En effet, l’infrastructure de communication traverse la zone sur une distance de 14 km. Ainsi, elle retire à la forêt, quatre précieux hectares. Par rapport à la présence de l’autoroute, le premier adjoint au maire de Mbao, Mamadou Diop, exprime ses inquiétudes tout en ne manquant pas de tirer la sonnette d’alarme. Selon lui, ‘avec la traversée de l’autoroute à péage, beaucoup de personnes s’intéressent à la forêt. Elle suscite beaucoup d’appétits. Des mesures doivent être prises dès maintenant et beaucoup de choses se passent dans la forêt sans que nous ne soyons au courant’.
Par ailleurs, il faut inclure dans les phénomènes nuisibles à la forêt de Mbao, l’abattage des arbres par certaines populations, à la recherche de combustible. Une pratique qui risque de détruire le peuplement végétal.
Najib SAGNA
Walf