Dans ses éditions du lundi 13, mardi 13 et mercredi 14 mars, 2012, EnQuête évoquait les magouilles relatives à la cession en catimini de l’Aéroport international Léopold Sédar Senghor à la société Daport, filiale sénégalaise de l'allemande Fraport. Nous montrions alors comment Karim Wade a servi sur un plateau d'argent l'aéroport de Dakar à Daport, du fait des retards considérables pris par les travaux de l'Aéroport International Blaise Diagne de Diass dont la livraison est attendue dans ‘’4 ans’’. Cession de l’aéroport qui devrait entraîner la liquidation de l’Agence des aéroports du Sénégal (ADS), la prise par Daport de la plateforme de Dakar à partir du 1er avril et la création l'Agence nationale des aéroports régionaux du Sénégal (ANAR) pour la prise en charge du programme de réhabilitation des aérodromes régionaux.
Une opération qui, outre l’opacité qui l’entoure, cache des visées sur l’assiette foncière de l’aéroport car l'article 9 du décret 2012-176 fixant les modalités de la liquidation de l'Agence des aéroports du Sénégal stipule que les ‘’biens mobiliers et immobiliers de l'Agence dissoute non transférés à AIBD peuvent être affectés, par décret, à titre gracieux ou onéreux à toute entité ou personne morale de droit public investie de tout ou partie des missions dévolues précédemment à l'Agence dissoute’’. Ou encore ‘’vendus à quiconque, en cas de nécessité absolue, la vente est exécutée aux enchères publiques’’.
2,5 milliards payés à Daport pour des prestations ‘’invisibles’’
Ne s’arrêtant pas en si bon chemin, EnQuête s’est intéressé aux dessous du contrat liant les ADS à Daport dans la gestion de l’aéroport de Dakar. Et là, on tombe des nues c'est une véritable opération de spoliation des ressources publiques qui est opérée à la lecture des termes de la ‘’convention relatives à la gestion, l’exploitation, l’entretien et la maintenance de l’aéroport international Léopold Sédar Senghor’’. Ladite convention, signée par la République du Sénégal ‘’représentée et agissant par l’intermédiaire’’ de Mbaye Ndiaye, directeur des ADS, montre en effet que la société allemande est payée à ne rien faire. ‘’ADS sera responsable du financement, de la construction, de la réalisation et du développement’’ de l’aéroport de Dakar, selon le document dont EnQuête détient copie. Qui ajoute que les ADS s’engagent aussi à exécuter ces objectifs ‘’de manière à permettre à Daport d’accomplir de façon permanente ses missions (et d’atteindre ses objectifs)’’.
Ladite convention prévoit également deux phases : une de transition et une de gestion. Dans la phase dite de ‘’transition’’, l’article 11 de la convention renseigne que les ADS doivent payer à Daport des ‘’honoraire de consultance’’ ‘’équivalent à 5% du chiffre d’affaires annuel’’ de l’agence dirigée par Mbaye Ndiaye (le document précise toutefois que pour le calcul du chiffre d’affaires annuel des ADS, les taxes relatives à la RDIA ne sont pas prises en compte). Pis, ces honoraires ‘’seront exprimés hors Tva ou toute autre taxe’’ et ‘’seront payés par mensualités au premier jour ouvrable de chaque mois, la première mensualité devant être payée’’ dès la signature de la convention. Plus grave, la convention prévoit que ‘’si ce montant mensuel devait être inférieur à 125000 euros (près de 82 millions de francs Cfa, NDRL), ADS devra payer à Daport un montant minimum de 125000 euros’’. D’ailleurs, d’après nos informations, au jour d’aujourd’hui, Daport aurait déjà perçu plus de 2,5 milliards de francs Cfa sans avoir produit le moindre document relatif aux prestations qu’elle aurait effectuées sur la plateforme aéroportuaire de Dakar.
Plus de 700 millions d’honoraires à 3 cabinets sénégalais
Dans la phase dite de ‘’gestion’’, il est prévu, selon l’article 11 du protocole, le paiement d’un montant d’honoraire de près de 440 millions de francs Cfa par les ADS à Daport. Mais d’après nos sources, ce montant n’est pas encore décaissé. Et dans cette phase de ‘’gestion’’, ‘’en rémunération des services qu’elle rend’’ aux usagers de l’aéroport, Daport ‘’est autorisée (…) à collecter et conserver pour son propre compte tous les revenus générés par l’exploitation de l’aéroport (de Dakar) en ce compris tous les honoraires, taxes d’atterrissage et autres revenus similaires ainsi que ceux correspondant à toute prestation de service qu’elle serait amenée à fournir dans le cadre de ses missions’’. En d’autres termes, mis à part la RDIA qui finance la construction de l’aéroport de Diass et les taxes revenant à l’ASECNA, toutes redevances payées à l’aéroport de Dakar deviennent la propriété de Daport. Parmi celles-ci, on peut citer les redevances d’atterrissage et de décollage des aéronefs, de balisage, de stationnement, …
Par ailleurs, des cabinets d’affaires sénégalais sont se bien sucrés dans la cession de l’aéroport de Dakar. EnQuête a appris que le cabinet François Sarr (proche de la famille Wade, le même qui a empoché plus de 266 millions d’honoraires dans la vente de la licence de téléphonie à SUDATEL et qui fait partie des 6 cabinets qui se sont partagés 1,4 milliard de francs Cfa dans l’audit du secteur de l’énergie avec Karim Wade) a reçu plus de 100 millions de francs Cfa des ADS dans le cadre de cette cession. D’après nos informations, elle aurait aidé à l’élaboration des décrets 2012-174 portant création et fixant les règles d’organisation et de fonctionnement de l’Agence nationale des aéroports régionaux du Sénégal (ANAR), du décret 2012-175 portant dissolution des ADS et du décret 2012-176 fixant les modalités de la liquidation des ADS. Deux autres cabinets (Me Aloyse Ndong et Me Jean Baptiste Kamaté) ont aussi travaillé dans cette cession en procédant au ‘’recensement du patrimoine’’ des ADS. Pour ce travail, le premier a empoché plus de 368 millions et le second plus de 256 millions. En tout, plus de 700 millions de francs Cfa ont été payés à ces trois cabinets.
BACHIR FOFANA journal enquête
Une opération qui, outre l’opacité qui l’entoure, cache des visées sur l’assiette foncière de l’aéroport car l'article 9 du décret 2012-176 fixant les modalités de la liquidation de l'Agence des aéroports du Sénégal stipule que les ‘’biens mobiliers et immobiliers de l'Agence dissoute non transférés à AIBD peuvent être affectés, par décret, à titre gracieux ou onéreux à toute entité ou personne morale de droit public investie de tout ou partie des missions dévolues précédemment à l'Agence dissoute’’. Ou encore ‘’vendus à quiconque, en cas de nécessité absolue, la vente est exécutée aux enchères publiques’’.
2,5 milliards payés à Daport pour des prestations ‘’invisibles’’
Ne s’arrêtant pas en si bon chemin, EnQuête s’est intéressé aux dessous du contrat liant les ADS à Daport dans la gestion de l’aéroport de Dakar. Et là, on tombe des nues c'est une véritable opération de spoliation des ressources publiques qui est opérée à la lecture des termes de la ‘’convention relatives à la gestion, l’exploitation, l’entretien et la maintenance de l’aéroport international Léopold Sédar Senghor’’. Ladite convention, signée par la République du Sénégal ‘’représentée et agissant par l’intermédiaire’’ de Mbaye Ndiaye, directeur des ADS, montre en effet que la société allemande est payée à ne rien faire. ‘’ADS sera responsable du financement, de la construction, de la réalisation et du développement’’ de l’aéroport de Dakar, selon le document dont EnQuête détient copie. Qui ajoute que les ADS s’engagent aussi à exécuter ces objectifs ‘’de manière à permettre à Daport d’accomplir de façon permanente ses missions (et d’atteindre ses objectifs)’’.
Ladite convention prévoit également deux phases : une de transition et une de gestion. Dans la phase dite de ‘’transition’’, l’article 11 de la convention renseigne que les ADS doivent payer à Daport des ‘’honoraire de consultance’’ ‘’équivalent à 5% du chiffre d’affaires annuel’’ de l’agence dirigée par Mbaye Ndiaye (le document précise toutefois que pour le calcul du chiffre d’affaires annuel des ADS, les taxes relatives à la RDIA ne sont pas prises en compte). Pis, ces honoraires ‘’seront exprimés hors Tva ou toute autre taxe’’ et ‘’seront payés par mensualités au premier jour ouvrable de chaque mois, la première mensualité devant être payée’’ dès la signature de la convention. Plus grave, la convention prévoit que ‘’si ce montant mensuel devait être inférieur à 125000 euros (près de 82 millions de francs Cfa, NDRL), ADS devra payer à Daport un montant minimum de 125000 euros’’. D’ailleurs, d’après nos informations, au jour d’aujourd’hui, Daport aurait déjà perçu plus de 2,5 milliards de francs Cfa sans avoir produit le moindre document relatif aux prestations qu’elle aurait effectuées sur la plateforme aéroportuaire de Dakar.
Plus de 700 millions d’honoraires à 3 cabinets sénégalais
Dans la phase dite de ‘’gestion’’, il est prévu, selon l’article 11 du protocole, le paiement d’un montant d’honoraire de près de 440 millions de francs Cfa par les ADS à Daport. Mais d’après nos sources, ce montant n’est pas encore décaissé. Et dans cette phase de ‘’gestion’’, ‘’en rémunération des services qu’elle rend’’ aux usagers de l’aéroport, Daport ‘’est autorisée (…) à collecter et conserver pour son propre compte tous les revenus générés par l’exploitation de l’aéroport (de Dakar) en ce compris tous les honoraires, taxes d’atterrissage et autres revenus similaires ainsi que ceux correspondant à toute prestation de service qu’elle serait amenée à fournir dans le cadre de ses missions’’. En d’autres termes, mis à part la RDIA qui finance la construction de l’aéroport de Diass et les taxes revenant à l’ASECNA, toutes redevances payées à l’aéroport de Dakar deviennent la propriété de Daport. Parmi celles-ci, on peut citer les redevances d’atterrissage et de décollage des aéronefs, de balisage, de stationnement, …
Par ailleurs, des cabinets d’affaires sénégalais sont se bien sucrés dans la cession de l’aéroport de Dakar. EnQuête a appris que le cabinet François Sarr (proche de la famille Wade, le même qui a empoché plus de 266 millions d’honoraires dans la vente de la licence de téléphonie à SUDATEL et qui fait partie des 6 cabinets qui se sont partagés 1,4 milliard de francs Cfa dans l’audit du secteur de l’énergie avec Karim Wade) a reçu plus de 100 millions de francs Cfa des ADS dans le cadre de cette cession. D’après nos informations, elle aurait aidé à l’élaboration des décrets 2012-174 portant création et fixant les règles d’organisation et de fonctionnement de l’Agence nationale des aéroports régionaux du Sénégal (ANAR), du décret 2012-175 portant dissolution des ADS et du décret 2012-176 fixant les modalités de la liquidation des ADS. Deux autres cabinets (Me Aloyse Ndong et Me Jean Baptiste Kamaté) ont aussi travaillé dans cette cession en procédant au ‘’recensement du patrimoine’’ des ADS. Pour ce travail, le premier a empoché plus de 368 millions et le second plus de 256 millions. En tout, plus de 700 millions de francs Cfa ont été payés à ces trois cabinets.
BACHIR FOFANA journal enquête