Tu nous laisses orphelin quand, dans cet embrouillamini du monde, qui s'émeut du toc, par les effets d'illusions d'optique, nos âmes nubiles pour la connaissance ont, aujourd'hui plus que jamais, besoin d'une tutelle aiguillonnante de ta trempe.
Nous voilà à vau-l'eau, à devoir apprendre à naviguer sans disposer de tes tripes, moins encore de ta sagesse.
Ndukur Kacc Essiluwa Ndao, c'est avant tout le courage au service de la justice et de la vérité, quoi que cela puisse coûter. Les quatre vingt-huitards ne me démentiront pas. Pour avoir pris un parpaing sur la tête en provenance des tontons macoute envoyés par Khalifa Sall, secrétaire général du MEES (Mouvement des élèves et étudiants socialistes), ancêtres des calots bleus du régime libéral et des marrons du feu de BBY, alors âgé de 17 ans, il devînt à partir de ce moment notre Don Quichotte qui fît trembler Abdou Diouf.
Mais le plus épatant de tout dans le sens de son sacrifice au service de la communauté, c'est à la suite d'une carrière dans la consultance, qui l'a amené à travailler dans les meilleurs laboratoires de sciences humaines, de l'IFAN à Plan international (nations unies), où les émoluments, s'il n'y prenait garde, allait en faire un bureaucrate bourgeois, bon à pondre des rapports rondement bien payés, opter de consacrer son énergie et sa force au bénéfice de la Casamance longuement meurtrie.
S'accoquiner à Abdou Ndukur Kacc Ndao ne requiert pas seulement de la suite dans les idées. C'est aussi une exigence d'honnêteté, mais par-dessus tout, d'un courage à l'égal d'un lion. Lors mon dernier séjour à Oussouye, nous avions été un peu partout, entre Emmanaye et Youtou. Il m'a fait voir une partie de la zone infréquentable du Parc National de Basse Casamance, qu'il souhaitait voir rouverte pour les pauvres populations déplacées.
Abdou disait à qui voulait l'entendre, y compris en présence des éléments du MFDC, que celui-ci a perdu la bataille idéologique, quant au projet sécessionniste et ce qu'il en reste n'est qu'une horde de brigands et de voyous. Avec lui, j'ai découvert les profondeurs de cette belle et aimante région, victime d'un ostracisme institutionnel et politique préoccupant, mais pour laquelle, il reconnaissait à Macky Sall, d'y avoir fait plus et mieux que tous ses prédécesseurs réunis.
Il m'a confessé vendredi dernier, sa préoccupation à voir les pourparlers déjà engagés avec les différents fronts du MFDC aboutir, aux fins de faciliter le fastidieux travail de déminage du PNBC. Pour ce faire, s'empressait-il de rajouter, il faut impérativement que l'Etat renonce au mandat d'arrêt international lancé à l'encontre du doyen Nkrumah Sané.
D'abord, pour une raison humanitaire qu'il jugeait proprement inapproprié, au regard du vieil âge de ce mandarin du conflit casamançais, longtemps éloigné des siens et qui ressent forcément ce besoin de reconnexion avec le terroir, dont il perçoit les mutations au fil des générations impuissamment. Ensuite, que la frilosité de l’État à renoncer au mandat d'arrêt ne saurait se justifier du fait de la radicalité encore prégnante voire incisive, du sieur Nkrumah par rapport à son discours indépendantiste, dans la mesure où le mouvement a non seulement perdu la bataille militaire, mais surtout défait au plan idéologique.
Ndukur Kacc Ndao enfin, est un amoureux de la Casamance, par delà ses travaux anthropologiques et sa parfaite maîtrise de la géographie de cet écosystème épistémologique, qui lui fournissait un champ infini d'investigation ethnographique.
Deux mois, jour pour jour après le rappel à Dieu de ma belle-mère chérie, que je n'ai pas encore fini de pleurer, me voilà amputé d'une des meilleures parties de moi-même.
Com'rade comme on se plaisait à nous appeler, repose en paix. Mission impossible accomplie. Tu as sauvegardé ton intégrité et préservé ton cœur de la corruption des hommes et de la vie.
Seigneur, nous nous en rendons à Ta Miséricorde infinie et à Ta Mansuétude incommensurable, pour implorer ton pardon et les faveurs de Ta Grâce, sur notre bien-aimé Ndukur Kacc Ndao.
Par Aguibou Diallo
Nous voilà à vau-l'eau, à devoir apprendre à naviguer sans disposer de tes tripes, moins encore de ta sagesse.
Ndukur Kacc Essiluwa Ndao, c'est avant tout le courage au service de la justice et de la vérité, quoi que cela puisse coûter. Les quatre vingt-huitards ne me démentiront pas. Pour avoir pris un parpaing sur la tête en provenance des tontons macoute envoyés par Khalifa Sall, secrétaire général du MEES (Mouvement des élèves et étudiants socialistes), ancêtres des calots bleus du régime libéral et des marrons du feu de BBY, alors âgé de 17 ans, il devînt à partir de ce moment notre Don Quichotte qui fît trembler Abdou Diouf.
Mais le plus épatant de tout dans le sens de son sacrifice au service de la communauté, c'est à la suite d'une carrière dans la consultance, qui l'a amené à travailler dans les meilleurs laboratoires de sciences humaines, de l'IFAN à Plan international (nations unies), où les émoluments, s'il n'y prenait garde, allait en faire un bureaucrate bourgeois, bon à pondre des rapports rondement bien payés, opter de consacrer son énergie et sa force au bénéfice de la Casamance longuement meurtrie.
S'accoquiner à Abdou Ndukur Kacc Ndao ne requiert pas seulement de la suite dans les idées. C'est aussi une exigence d'honnêteté, mais par-dessus tout, d'un courage à l'égal d'un lion. Lors mon dernier séjour à Oussouye, nous avions été un peu partout, entre Emmanaye et Youtou. Il m'a fait voir une partie de la zone infréquentable du Parc National de Basse Casamance, qu'il souhaitait voir rouverte pour les pauvres populations déplacées.
Abdou disait à qui voulait l'entendre, y compris en présence des éléments du MFDC, que celui-ci a perdu la bataille idéologique, quant au projet sécessionniste et ce qu'il en reste n'est qu'une horde de brigands et de voyous. Avec lui, j'ai découvert les profondeurs de cette belle et aimante région, victime d'un ostracisme institutionnel et politique préoccupant, mais pour laquelle, il reconnaissait à Macky Sall, d'y avoir fait plus et mieux que tous ses prédécesseurs réunis.
Il m'a confessé vendredi dernier, sa préoccupation à voir les pourparlers déjà engagés avec les différents fronts du MFDC aboutir, aux fins de faciliter le fastidieux travail de déminage du PNBC. Pour ce faire, s'empressait-il de rajouter, il faut impérativement que l'Etat renonce au mandat d'arrêt international lancé à l'encontre du doyen Nkrumah Sané.
D'abord, pour une raison humanitaire qu'il jugeait proprement inapproprié, au regard du vieil âge de ce mandarin du conflit casamançais, longtemps éloigné des siens et qui ressent forcément ce besoin de reconnexion avec le terroir, dont il perçoit les mutations au fil des générations impuissamment. Ensuite, que la frilosité de l’État à renoncer au mandat d'arrêt ne saurait se justifier du fait de la radicalité encore prégnante voire incisive, du sieur Nkrumah par rapport à son discours indépendantiste, dans la mesure où le mouvement a non seulement perdu la bataille militaire, mais surtout défait au plan idéologique.
Ndukur Kacc Ndao enfin, est un amoureux de la Casamance, par delà ses travaux anthropologiques et sa parfaite maîtrise de la géographie de cet écosystème épistémologique, qui lui fournissait un champ infini d'investigation ethnographique.
Deux mois, jour pour jour après le rappel à Dieu de ma belle-mère chérie, que je n'ai pas encore fini de pleurer, me voilà amputé d'une des meilleures parties de moi-même.
Com'rade comme on se plaisait à nous appeler, repose en paix. Mission impossible accomplie. Tu as sauvegardé ton intégrité et préservé ton cœur de la corruption des hommes et de la vie.
Seigneur, nous nous en rendons à Ta Miséricorde infinie et à Ta Mansuétude incommensurable, pour implorer ton pardon et les faveurs de Ta Grâce, sur notre bien-aimé Ndukur Kacc Ndao.
Par Aguibou Diallo