Est-il habituel pour un fils fut-il spirituel, de rendre hommage à son père disparu ?
A l’occasion de ce mardi 40ie jour du rappel à Dieu de Serigne Abdoul Fattah Mbacké, j’ai hésité, longuement hésité, beaucoup hésité à prendre mon clavier pour me résoudre à me prêter à l’exercice, celui de partager avec vous quelques enseignements de très dense de teneur en sagesse de mon vécu avec mon vénéré guide, ami, confident et père spirituel (Bay Fattah).
En vérité à la complexe tâche de choisir lesquelles des diverses dimensions de cet homme assurément exceptionnel, j’allais choisir de partager, s’ajoute le fait que depuis cette aube du vendredi 11 août ou mon téléphone sonna vers 4h du matin pour, tel un couperet, m’annoncer la douloureuse nouvelle, une brume a envahi mon esprit, inhibant mes capacités cognitives et tel un anesthésiant, me rendit apathique, me plongeant dans un vide opaque.
Ai-je le droit en tant que musulman de succomber ainsi à une décision Divine de rappeler sa créature auprès de LUI? Je trouve la réponse dans le panégyrique de Cheikhoul Khadim intitulé Huqqal buka u, dans lequel il nous donne les justificatifs de notre droit en tant que croyants de pleurer nos saints disparus.
Oui, de droit, je pleure Bay fattah qui s’est anéanti en Dieu le SUBLIME toute sa vie durant. Il a su immoler toute passion et vanité mondaine sur l’autel de l’adoration de Dieu, faisant du silence et de la solitude ses armes essentielles contre le monde et ses tentations factices. Il a su dompter son âme charnelle grâce aux piliers que sont le silence, la faim patiemment endurée, l’isolement et la veillée méditative tels qu’enseignés par le maître des soufis, son illustre grand-père Cheikhouna Cheikhoul Khadim. Sa conduite fut de viser la face d’Allah dans l’exclusion de toute association ; Geume Yalla, Doy lo Yalla, Wolou Yalla, diamou Yalla té diko ligguèyale si Diamames yi.
Je me demandais toujours comment il parvenait à se contenter du strict nécessaire alors que je savais qu’il pouvait presque tout avoir. Mais lui il restait plongé dans une attrition permanente, louant la puissance infinie d’Allah Soubahanahou wa ta la et laissant de temps en temps s’échapper de sa poitrine, « Ya khayou Ya khayoum », terme qui meublait son silence assourdissant.
Il parvint ainsi, dans une quête transcendante, à toujours se satisfaire de tout ce qui était volonté Du Seigneur, ne se plaignant jamais et gardant en toutes circonstances et en tout lieu, son calme olympien. Ses proches se demandaient s’il distinguait le chaud du froid, le sucré du salé, le bon goût de l’amer. Il ne laissait transparaitre aucune émotion, aucun sentiment. Il réussissait à tout dominer et tout intérioriser afin de dégager la même image.
A l’image des anciens, il était un grand directeur spirituel, un érudit et un probe. Il nous éduquait sans nous parler, faisant de la pédagogie de l’exemple son outil essentiel. Connaisseur sagace, distinguant l'ensemble des vices et maladies spirituelles, il nous en préservait ainsi faisant preuve d’une grande noblesse, d’une générosité immense, d’une dévotion et d’une sagesse légendaires et prodiguant les plus précieux conseils à quiconque venait lui soumettre une question existentielle. Il me confiait : « je ne peux pas garantir de régler chaque sollicitation mais je peux assurer à chaque visiteur, un conseil qui puisse lui servir ».
Ses demeures étaient le point de convergence de tous, religieux, hommes politiques en quête de pouvoir ou le détenant déjà, sportifs surtout ceux qui pratiquaient les sports de combat (je révèle qu’il était Ceinture noire 3e ou 4e DAN de Karaté), hommes d’affaires et entrepreneurs, porteurs de projets, professionnels de tous bords, étudiants, paysans, jeunes et femmes tous venaient s’abreuver dans ce fleuve aux sources intarissables de générosité, de connaissance, de bonté, de sagesse, que représentait cet homme multidimensionnel.
Ma rencontre avec lui eut lieu à Touba Darou Khoudos le vendredi 05 décembre 1986, jour anniversaire dans le calendrier musulman du rappel à Dieu de son défunt père Serigne Cheikh Mbacké Gaindé Fatma. Je lui fis mon acte d’allégeance (djebelou), l’idylle naquit immédiatement et s’intensifiera d’année en année (j’ai besoin de toi à mes côtés me confia-t-il dès le début) jusqu’à ce jour fatidique où le décret divin tomba.
C’est ce qui m’a valu le surnom de Morfattah ; je ne sais plus d’ailleurs de qui cela était venu (Me Cheikh Mbacké Diop ?). Bay Fattah plaçait en ma modeste personne, une confiance presque aveugle, me couvrit d’un amour filial et me témoignait d’une affection qui touchait aussi bien mes proches que toute personne que j’eus à lui présenter.
Méticuleux, ordonné, méthodique, élégant, d’une rigueur déconcertante, il a su achever le titanesque chantier de construction de la grande mosquée de Taif en exactement trois ans, sans aucun retard dans quelque corps d’état que ce soit et ce, dans une approche de gestion de projet qui donne des complexes aux meilleurs spécialistes en la matière.
Après un état des lieux exhaustif des corps d’état du chantier, il procéda au paiement de toutes les dettes y liées avant de relancer les travaux. Aux ouvriers qui faisaient du bénévola,t il adressa de vifs remerciements et leur signifia que lui il voulait avoir des droits sur quiconque était engagé dans le chantier et que par conséquent, ils devaient dorénavant convenir avec les responsables du chantier (Cheikh Diop Bara et Bassirou Dieng) du coût de leur prestation et du mode de règlement (journalier, hebdomadaire ou mensuel) qu’ils préféraient.
L’assistant dans cette tâche, je le voyais jour après jour superviser personnellement les échéanciers de réalisation de chaque aspect, contrôler les approvisionnements, assurer les paiements réguliers de tous les prestataires, procéder avec l’architecte aux visites et réunions de chantier, organiser quasiment des DRP, étudier et comparer les offres, etc.
Aux innombrables et surréalistes supputations des gens sur ses sources de financement que j’eus à lui rapporter, il me répondit « c’est Dieu à travers vos contributions vous autres talibés amis et sympathisants ; aucune autre source serait-elle étatique, ou extérieure n’a été utilisée dans ce chantier». Il continua en m’affirmant, « je l’ai démarré non parce que j’étais sûr de pouvoir l’achever mais simplement parce que je savais que c’était un devoir qui m’incombe, sachant que si Dieu dans sa mansuétude me gratifiait de son achèvement, je l’en remercierais et s’il me rappelait à Lui avant, je serais mort dans mon devoir. Mais Alhamdoulilah, je n’ai jamais eu à contracter une dette où à faire attendre un décaissement et aujourd’hui, il n’y a pas le moindre franc d’encours de paiement».
Pourrais-je ne pas souffrir jusqu’à pleurer la perte d’un tel homme sous l’ombre de qui j’ai passé 31 ans de ma courte vie ? Assurément non. Devrais-je m’attendre à ce que cet immense vide qu’il laisse en moi, en nous tous, soit un jour comblé ? La réponse est tout aussi négative mais il nous a laissé, mes frères et sœurs (ses fils de sang ; Serigne Moustapha et ses frères, Sokhna Seynabou et ses soeurs), de même que mes condisciples et compagnons (Cheikh Bass, Cheikh Cissé, Fattah Sylla, Ousseynou Ngom, Bara Kane, Baye Lo, Aziz kandji, Sanoussi Diakhaté, Ndiek Sarre, Bassirou Sarr, Tapha Niang UNICEF, Pr Cheikh Mbacké Lo, Youssou Mbaye, les jumeaux Serigne et Abdou Fattah Ndiaye, etc.) et toutes les personnes qui l’ont approché, suffisamment de nourriture spirituelle et d’enseignements qui nous permettront de porter stoïquement et dignement son deuil, tout en nous attelant à perpétuer son héritage.
Serigne Mountakha Bachir, dans sa sagesse infinie, formulant ses prières et recommandations après la mise sous la terre sainte de Taif du défunt à côte de son illustre frère, ami et wassila, Serigne Mbacké Sokhna Lo, nous invite à nous rappeler de ceux qui l’ont précédé à l’au-delà.
Ses conseils constituent pour nous tous une grande source d’atténuation de notre chagrin, notre désarroi, notre tristesse. Cela a fini de nous rappeler qu’ainsi va la vie ; Ina lilahi wa ina iley raadjioune, à Dieu nous appartenons, à LUI nous retournerons. Que Dieu soit satisfait de lui et qu’IL lui réserve une place auprès de son illustre grand- père Khadimou Rassoul!
Mor Nd. Mbaye
DC/MEDER
morfattah@gmail.com
morfattah.blogspot.com
A l’occasion de ce mardi 40ie jour du rappel à Dieu de Serigne Abdoul Fattah Mbacké, j’ai hésité, longuement hésité, beaucoup hésité à prendre mon clavier pour me résoudre à me prêter à l’exercice, celui de partager avec vous quelques enseignements de très dense de teneur en sagesse de mon vécu avec mon vénéré guide, ami, confident et père spirituel (Bay Fattah).
En vérité à la complexe tâche de choisir lesquelles des diverses dimensions de cet homme assurément exceptionnel, j’allais choisir de partager, s’ajoute le fait que depuis cette aube du vendredi 11 août ou mon téléphone sonna vers 4h du matin pour, tel un couperet, m’annoncer la douloureuse nouvelle, une brume a envahi mon esprit, inhibant mes capacités cognitives et tel un anesthésiant, me rendit apathique, me plongeant dans un vide opaque.
Ai-je le droit en tant que musulman de succomber ainsi à une décision Divine de rappeler sa créature auprès de LUI? Je trouve la réponse dans le panégyrique de Cheikhoul Khadim intitulé Huqqal buka u, dans lequel il nous donne les justificatifs de notre droit en tant que croyants de pleurer nos saints disparus.
Oui, de droit, je pleure Bay fattah qui s’est anéanti en Dieu le SUBLIME toute sa vie durant. Il a su immoler toute passion et vanité mondaine sur l’autel de l’adoration de Dieu, faisant du silence et de la solitude ses armes essentielles contre le monde et ses tentations factices. Il a su dompter son âme charnelle grâce aux piliers que sont le silence, la faim patiemment endurée, l’isolement et la veillée méditative tels qu’enseignés par le maître des soufis, son illustre grand-père Cheikhouna Cheikhoul Khadim. Sa conduite fut de viser la face d’Allah dans l’exclusion de toute association ; Geume Yalla, Doy lo Yalla, Wolou Yalla, diamou Yalla té diko ligguèyale si Diamames yi.
Je me demandais toujours comment il parvenait à se contenter du strict nécessaire alors que je savais qu’il pouvait presque tout avoir. Mais lui il restait plongé dans une attrition permanente, louant la puissance infinie d’Allah Soubahanahou wa ta la et laissant de temps en temps s’échapper de sa poitrine, « Ya khayou Ya khayoum », terme qui meublait son silence assourdissant.
Il parvint ainsi, dans une quête transcendante, à toujours se satisfaire de tout ce qui était volonté Du Seigneur, ne se plaignant jamais et gardant en toutes circonstances et en tout lieu, son calme olympien. Ses proches se demandaient s’il distinguait le chaud du froid, le sucré du salé, le bon goût de l’amer. Il ne laissait transparaitre aucune émotion, aucun sentiment. Il réussissait à tout dominer et tout intérioriser afin de dégager la même image.
A l’image des anciens, il était un grand directeur spirituel, un érudit et un probe. Il nous éduquait sans nous parler, faisant de la pédagogie de l’exemple son outil essentiel. Connaisseur sagace, distinguant l'ensemble des vices et maladies spirituelles, il nous en préservait ainsi faisant preuve d’une grande noblesse, d’une générosité immense, d’une dévotion et d’une sagesse légendaires et prodiguant les plus précieux conseils à quiconque venait lui soumettre une question existentielle. Il me confiait : « je ne peux pas garantir de régler chaque sollicitation mais je peux assurer à chaque visiteur, un conseil qui puisse lui servir ».
Ses demeures étaient le point de convergence de tous, religieux, hommes politiques en quête de pouvoir ou le détenant déjà, sportifs surtout ceux qui pratiquaient les sports de combat (je révèle qu’il était Ceinture noire 3e ou 4e DAN de Karaté), hommes d’affaires et entrepreneurs, porteurs de projets, professionnels de tous bords, étudiants, paysans, jeunes et femmes tous venaient s’abreuver dans ce fleuve aux sources intarissables de générosité, de connaissance, de bonté, de sagesse, que représentait cet homme multidimensionnel.
Ma rencontre avec lui eut lieu à Touba Darou Khoudos le vendredi 05 décembre 1986, jour anniversaire dans le calendrier musulman du rappel à Dieu de son défunt père Serigne Cheikh Mbacké Gaindé Fatma. Je lui fis mon acte d’allégeance (djebelou), l’idylle naquit immédiatement et s’intensifiera d’année en année (j’ai besoin de toi à mes côtés me confia-t-il dès le début) jusqu’à ce jour fatidique où le décret divin tomba.
C’est ce qui m’a valu le surnom de Morfattah ; je ne sais plus d’ailleurs de qui cela était venu (Me Cheikh Mbacké Diop ?). Bay Fattah plaçait en ma modeste personne, une confiance presque aveugle, me couvrit d’un amour filial et me témoignait d’une affection qui touchait aussi bien mes proches que toute personne que j’eus à lui présenter.
Méticuleux, ordonné, méthodique, élégant, d’une rigueur déconcertante, il a su achever le titanesque chantier de construction de la grande mosquée de Taif en exactement trois ans, sans aucun retard dans quelque corps d’état que ce soit et ce, dans une approche de gestion de projet qui donne des complexes aux meilleurs spécialistes en la matière.
Après un état des lieux exhaustif des corps d’état du chantier, il procéda au paiement de toutes les dettes y liées avant de relancer les travaux. Aux ouvriers qui faisaient du bénévola,t il adressa de vifs remerciements et leur signifia que lui il voulait avoir des droits sur quiconque était engagé dans le chantier et que par conséquent, ils devaient dorénavant convenir avec les responsables du chantier (Cheikh Diop Bara et Bassirou Dieng) du coût de leur prestation et du mode de règlement (journalier, hebdomadaire ou mensuel) qu’ils préféraient.
L’assistant dans cette tâche, je le voyais jour après jour superviser personnellement les échéanciers de réalisation de chaque aspect, contrôler les approvisionnements, assurer les paiements réguliers de tous les prestataires, procéder avec l’architecte aux visites et réunions de chantier, organiser quasiment des DRP, étudier et comparer les offres, etc.
Aux innombrables et surréalistes supputations des gens sur ses sources de financement que j’eus à lui rapporter, il me répondit « c’est Dieu à travers vos contributions vous autres talibés amis et sympathisants ; aucune autre source serait-elle étatique, ou extérieure n’a été utilisée dans ce chantier». Il continua en m’affirmant, « je l’ai démarré non parce que j’étais sûr de pouvoir l’achever mais simplement parce que je savais que c’était un devoir qui m’incombe, sachant que si Dieu dans sa mansuétude me gratifiait de son achèvement, je l’en remercierais et s’il me rappelait à Lui avant, je serais mort dans mon devoir. Mais Alhamdoulilah, je n’ai jamais eu à contracter une dette où à faire attendre un décaissement et aujourd’hui, il n’y a pas le moindre franc d’encours de paiement».
Pourrais-je ne pas souffrir jusqu’à pleurer la perte d’un tel homme sous l’ombre de qui j’ai passé 31 ans de ma courte vie ? Assurément non. Devrais-je m’attendre à ce que cet immense vide qu’il laisse en moi, en nous tous, soit un jour comblé ? La réponse est tout aussi négative mais il nous a laissé, mes frères et sœurs (ses fils de sang ; Serigne Moustapha et ses frères, Sokhna Seynabou et ses soeurs), de même que mes condisciples et compagnons (Cheikh Bass, Cheikh Cissé, Fattah Sylla, Ousseynou Ngom, Bara Kane, Baye Lo, Aziz kandji, Sanoussi Diakhaté, Ndiek Sarre, Bassirou Sarr, Tapha Niang UNICEF, Pr Cheikh Mbacké Lo, Youssou Mbaye, les jumeaux Serigne et Abdou Fattah Ndiaye, etc.) et toutes les personnes qui l’ont approché, suffisamment de nourriture spirituelle et d’enseignements qui nous permettront de porter stoïquement et dignement son deuil, tout en nous attelant à perpétuer son héritage.
Serigne Mountakha Bachir, dans sa sagesse infinie, formulant ses prières et recommandations après la mise sous la terre sainte de Taif du défunt à côte de son illustre frère, ami et wassila, Serigne Mbacké Sokhna Lo, nous invite à nous rappeler de ceux qui l’ont précédé à l’au-delà.
Ses conseils constituent pour nous tous une grande source d’atténuation de notre chagrin, notre désarroi, notre tristesse. Cela a fini de nous rappeler qu’ainsi va la vie ; Ina lilahi wa ina iley raadjioune, à Dieu nous appartenons, à LUI nous retournerons. Que Dieu soit satisfait de lui et qu’IL lui réserve une place auprès de son illustre grand- père Khadimou Rassoul!
Mor Nd. Mbaye
DC/MEDER
morfattah@gmail.com
morfattah.blogspot.com