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Mardi 8 Août 2017

Hospitalité ou "Téranga": La générosité sénégalaise ou legs résistant au temps





 
La générosité sénégalaise, appelée « téranga », fait du Sénégalais un prototype vertueux des traditions ancestrales. Tant chantée par les hôtes et étrangers, cette « téranga », reste légendaire. Désignée, comme une hospitalité, elle est un concept, chargé de sens dans un pays, tel que le nôtre. L’équipe de Leral a découvert qu’il s’agit en fait, d’un état d’esprit, d'une manière d’être, caractérisée par une générosité à toute épreuve. Reportage…
 
L'étranger qui débarque pour une première fois au Sénégal, réalise très souvent  qu’il est dans un autre univers, un environnement chaleureux et accueillant. Ses réflexes d’étranger, le propulsent à une existence nouvelle, une sorte de renaissance.

Dès ses premiers contacts avec les résidents, l’étranger tombe de manière subite, sous le charme de cette hospitalité. Généralement, l’étranger est appelé à partager le repas, le thé, etc. A la limite, les Sénégalais l’invitent à s’associer à eux, l’aident à satisfaire sans contrepartie, ses besoins.
 
Expression d’une gentillesse
 
Certains, confrontés à cette réalité, éprouvent du mal à quitter le pays ou à retourner de sitôt, dans leurs pays d’origines. Ils succombent, adorent cette façon d’être, pratiquée jusque dans les plus éloignées des localités du pays. 

Ainsi, les Sénégalais trouvent une meilleure façon d’exprimer leurs sentiments de gentillesse à l’égard des étrangers. Le lien de solidarité, tissé entre les étrangers et les résidents, installe ou harmonise la cohabitation entre frères africains et d’ailleurs.
 
« Le sourire fait revivre notre âme et apporte une réflexion à nos pensées mortes », nous disait la Bruyère. « Un bonjour est le signe de la politesse, être sujet de tout cela, apporte en notre être, une considération de soi-même. Mais aussi, à l’égard des autres », constate Henriette, une étudiante étrangère résidente au Sénégal, depuis 6 ans. Celle-ci, en fin de cycle dans une école de formation à Dakar, ne tarit pas d’éloges sur le pays de la « Téranga ».
 
 « Je ne regrette nullement ma venue au Sénégal. J’ai fait une découverte merveilleuse de la manière de vivre des communautés. Les résidents sont accueillants et très chaleureux. Ils aiment partager, discuter. Ils nous acceptent facilement dans leurs foyers », soutient-elle, avant de confirmer à Leral, qu’elle avait des idées préconçues, lorsqu’elle arrivait fraîchement au Sénégal. Une certaine appréhension qui s’est vite dissipée à partir de son contact avec les populations autochtones.
 
La réalité sénégalaise, concernant cette hospitalité, est ancrée dans la mentalité d’une bonne partie des personnes, croisées dans la rue. Elles n’hésitent pas à s’arrêter pour simplement, dire un petit bonjour. 

« J’éprouve une grande joie en pratiquant cette hospitalité. Souvent, je me sens aigri lorsque les autres ne s’intéressent pas à moi. La meilleure manière de se préoccuper des autres, est de leur adresser de longues salutations », explique Pape Thioune, étudiant sénégalais à l’Université de Dakar, qui suggère que les longues salutations illustrent toute l’affection, portée sur la personne et souvent, sur sa famille. 
 
Les signes de sympathie
 
« Salam Alékum, naka journée bi, naka liguéye bi », « naka sa diabar, naka sa yaye, sa dom etc. », évoque Francisca, une étudiante gabonaise qui se sent acceptée et considérée des Sénégalais.

L’étudiante lie l’hospitalité à la succulente cuisine sénégalaise. Ce sont les femmes, dira-t-elle, qui cuisinent le meilleur « Tiébou diène ». Un plat national, préparé pour le repas du jour et qui est accompagné de condiments, de légumes, de sauce et d’épices …
 
« Ces repas très appétissants et agréables à déguster avec plaisir, nous attirent très souvent lorsque nos poches sont vides. Heureusement pour nous, la Téranga trouve sa place dans les repas en famille.

Très souvent,  le repas se prend en communauté dans un grand plat (parents,  famille et amis, etc). Et, si vous passez à proximité d’une maison, une invitation vous est réservée, « Kaye lek ou venez mangez », 
décrit la jeune et charmante gabonaise, toute souriante et bien dans un accoutrement typiquement sénégalais.
 
 « Munie de fourchette ou simplement de la main, le cœur joyeux et le ventre vide, vous courez vers un bon plat de « tiébou diène » à dévorer gratuitement avec la bénédiction des familles », retrace-t-elle.
 
  «Inviter une personne à manger, c’est avoir de l’estime pour cette dernière. Le repas, ce n’est rien. Donner est le signe du bon cœur, tout en sachant qu’un jour viendra, tu seras en manque. Et, ce sont les autres qui vont se préoccuper de toi », théorise Mame Diarra, une femme sénégalaise, retrouvée devant sa maison, en train de s’atteler à la préparation de son repas du jour.
 
Un legs qui résiste au temps
 
"Je prends du plaisir à donner, dit-elle, même lorsque je n’en ai pas assez.  Cette attitude, prévient-elle, nous laisse comprendre que la « téranga », n’a pas vu le jour avec notre ère.

Bien au contraire, elle remonte au temps de nos ancêtres. Ces derniers ont appris à cultiver des valeurs socio-culturelles, telles que vivre en communauté, manger en famille et s’imprégner des réalités des autres. Un legs qui résiste au temps et, se pérennise de génération en génération.
 
« La Téranga est le sens  du partage et de la charité. Donner aux autres, c’est une coutume que nous avons héritée de nos ancêtres et nous nous sentons heureux en la pratiquant », estime Eric Diatta, tout en rappelant, du bien-fondé de cette hospitalité ancestrale.
 
« A l’époque de nos arrière grands parents, ils se réunissaient tous autour d’un plat. Si petit qu’il soit, ils partageaient, s’entraidaient et s’encourageaient mutuellement», se souvient le vieux Diatta, loin d’être seul à penser de la sorte, puisqu'entouré de ses trois femmes qui confirment par des hochements de la tête, la véracité de son discours.
 
Le regroupement familial rendu possible par la fraternité parentale ou amicale, faisait que les gens partageaient tout. « Les gens étaient toujours ensemble, soit autour d’un repas, soit autour du thé, le soir. Ils se racontaient des légendes, des histoires entre familles, ainsi que de la politique. Ils étaient dotés d’une connaissance extraordinaire. Même si certains d’entre eux n’avaient pas été à l’école. Ils étaient appréciés de tous », regrette le vieux Diatta, nostalgique de la vielle époque.

Pratiquer la « Téranga » est une manière de faire revivre les ancêtres, à travers les valeurs traditionnelles.
 
O. WADE Leral
 






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