Vous avez déjà votre héritage pour vous…
Je vais vous dire une chose. Quand j’avais 22 ans, j’ai débarqué à Paris au Lycée Condorcet. J’étais le premier Noir. On me demandait mon âge et j’étais choqué. Demandez à tous les Africains qui vont en Europe, ils sont choqués parce qu’on leur demande leur âge. Ici, cela n’a pas d’importance. C’est une question culturelle. [xalimasn.com à Jamais un Africain regardant un Africain ne va lui demander son âge. Les Américains c’est pire encore que les Européens. Quand ils commencent un article, ils écrivent : Aboulaye Wade, 86 ans. Il y a autre chose que l’âge. Il y a la longévité, il y a la santé. Mon père est mort à 101 ans.
Vous étiez un jeune homme fâché et vous aviez des raisons d’être fâché, contre le colonialisme notamment. Est-ce que vous ne ressentez pas un tout petit peu de tendresse pour ces jeunes qui sont fâchés aujourd’hui ?
Oui, je les comprends, je les comprends. Je suis très humain. Je comprends un jeune qui a son diplôme, qui veut fonder une famille et qui n’a pas d’emploi. Je comprends les revendications. C’est pourquoi j’ai autorisé les marches sans violence. L’époque est devenue difficile. Moi, quand je faisais mes études, j’avais le choix. [ xalimasn.com] Je savais que de toute façon, après avoir terminé mes études, je trouverais une belle place au soleil. J’ai fait du droit, je sortais avocat, j’avais un grand cabinet. Je faisais des sciences économiques, je suis sorti professeur. Pour nous, les opportunités étaient là. Maintenant, tout le monde est demandeur. J’ai développé l’éducation, même dans les plus petits villages et aujourd’hui, ces jeunes-là ont des problèmes. Notre mission, malgré tout, c’est de tout gérer dans l’ordre. sans dire que nous pouvons éviter les impulsions. Ce n’est pas évident : essayer de trouver des solutions. C’est ce que nous sommes en train de faire en réussissant plus ou moins. Je dis bien : plus ou moins. Ça ne veut pas dire que nous pouvons tout transformer en donnant des emplois à tout le monde.
Vous savez, j’ai passé près de 15 jours au Maroc. Il y a eu des problèmes au Maroc. Je disais à Sa Majesté : la particularité entre le Maroc et le Sénégal, c’est que l’irruption s’est produite dans les deux pays, mais les deux gouvernements ont pu la gérer. Le problème n’est pas qu’il n’y ait pas d’irruption de violence. Le problème est que le gouvernement soit capable de gérer ces crises pour qu’elles ne soient que passagères. Si le gouvernement n’est pas capable, alors cela peut déboucher sur une révolution. Les pays arabes ont été incapables de gérer. Au Maroc, le roi a réussi. Ici, j’ai réussi. Au Sénégal, c’était artificiel. L’opposition a tout arrangé. Vous savez comment j’ai géré ? J’ai simplement fait une manifestation où 3 millions de personnes sont venues me soutenir. L’opposition a compris que les gens étaient toujours avec moi. C’est pourquoi vous ne verrez plus de manifestations importantes. J’ai démontré qu’ils étaient minoritaires et que c’est un jeu auquel il ne faut pas s’amuser.
Un mot sur M. Bourgi, qu’est-ce que vous avez changé de la Françafrique depuis que vous êtes arrivé au pouvoir ?
Il n’y a pas de Françafrique ici. Quand j’étais dans l’opposition, cherchant à attaquer Abdou Diouf, je n’ai jamais trouvé une brèche. J’ai lu les publications sur la Françafrique parue chez L’Harmattan. J’ai tout acheté et j’ai dépouillé ça d’un bout à l’autre. Je n’ai rien trouvé contre Abdou Diouf. C’est pour cela que ces histoires, ce n’est pas sérieux. C’est du roman, de la littérature. On fabrique des gens qui entrent dans le bureau du Président pour saisir des mallettes. Je suis désolé : Pierre Péan peut entendre cela, ça ne me fait ni chaud ni froid. Il ne faut pas donner à ces affaires une importance qu’elles n’ont pas. Affirmer que Blaise Compaoré, un président aussi fauché que moi, va prendre une valise et la donner à Chirac pour financer sa campagne, c’est le monde à l’envers. La seule chose qui me déplaise, c’est que Bourgi me mette avec des présidents riches, moi un président pauvre, pour dire qu’on a financé des campagnes françaises. (……..)
Pourquoi pensez-vous être le meilleur ?
Le jour où je ne penserai plus être le meilleur, je serai heureux de trouver quelqu’un qui pourra faire aussi bien que moi. Je ne dis pas mieux que moi, ce n’est pas possible. Ce n’est pas possible. Ma formation, je suis le seul à l’avoir. Je suis désolé : mon métier, c’est de trouver de l’argent, c’est de faire des projets. Ce que je fais ici, ça étonne tout le monde. Mon ministre des finances vient de recevoir une distinction, le prix du meilleur ministre des finances de l’Afrique, au sud du Sahara. Vous croyez que tout cela est un hasard ? C’est vrai qu’il a beaucoup de mérite. Je ne vais pas faire comme le professeur qui affirme, quand l’étudiant réussit, que c’est lui qui l’a fabriqué. Non, c’est Dieu qui l’a fabriqué. Mais enfin, mon ministre a pu me comprendre, écouter et accepter mes orientations. Je souhaite que celui qui me remplacera fasse mieux que moi. S’il fait comme moi, alors ce n’est pas la peine. Le problème, c’est que je doute fort que, parmi les gens de l’opposition, ils aient la formation suffisante. Ce sont des bavards qui n’ont aucune formation. Aujourd’hui, il faut une formation pour gouverner. Il faut être économiste, il faut être financier ou quelque chose dans ce goût-là. Mais pas baratineur, faiseur de poèmes ou de romans. Je suis désolé : je n’ai pas de préjugés, contre les poètes mais…
Plusieurs de vos opposants à la présidentielle sont vos anciens premiers ministres. Vous n’aviez pas nommé des gens sans formation, tout de même ?
(…….) Quand Macky est venu chez moi, il était en deuxième année de licence de géologie. Il doit avoir au moins un niveau de maîtrise. Idrissa Seck à fait un stage à Princeton, il n’est pas bête. Tous les deux sont intelligents, mais ils sont partis. C’est un choix qui leur incombe. Moi, je parlais de l’opposition Benno Siggil. Ils ne savent rien faire. S’ils venaient à mon conseil des ministres, ils plieraient bagages avant la fin. Ils ne se retrouveraient pas dans le langage qu’on leur parle. C’est un langage technique. Ce n’est pas n’importe qui qui puisse suivre le conseil des ministres du Sénégal. Ce n’est pas une séance de causeries. Quant à ceux dont vous me parlez, vous savez : je suis un peu triste. Mais voilà, c’est la vie. En France aussi, les gens vont et viennent. Sarkozy perd ses amis. C’est la politique.
PAR ARNAUD ROBERT,
RADIO SUISSE ROMANDE lagazette.sn
Je vais vous dire une chose. Quand j’avais 22 ans, j’ai débarqué à Paris au Lycée Condorcet. J’étais le premier Noir. On me demandait mon âge et j’étais choqué. Demandez à tous les Africains qui vont en Europe, ils sont choqués parce qu’on leur demande leur âge. Ici, cela n’a pas d’importance. C’est une question culturelle. [xalimasn.com à Jamais un Africain regardant un Africain ne va lui demander son âge. Les Américains c’est pire encore que les Européens. Quand ils commencent un article, ils écrivent : Aboulaye Wade, 86 ans. Il y a autre chose que l’âge. Il y a la longévité, il y a la santé. Mon père est mort à 101 ans.
Vous étiez un jeune homme fâché et vous aviez des raisons d’être fâché, contre le colonialisme notamment. Est-ce que vous ne ressentez pas un tout petit peu de tendresse pour ces jeunes qui sont fâchés aujourd’hui ?
Oui, je les comprends, je les comprends. Je suis très humain. Je comprends un jeune qui a son diplôme, qui veut fonder une famille et qui n’a pas d’emploi. Je comprends les revendications. C’est pourquoi j’ai autorisé les marches sans violence. L’époque est devenue difficile. Moi, quand je faisais mes études, j’avais le choix. [ xalimasn.com] Je savais que de toute façon, après avoir terminé mes études, je trouverais une belle place au soleil. J’ai fait du droit, je sortais avocat, j’avais un grand cabinet. Je faisais des sciences économiques, je suis sorti professeur. Pour nous, les opportunités étaient là. Maintenant, tout le monde est demandeur. J’ai développé l’éducation, même dans les plus petits villages et aujourd’hui, ces jeunes-là ont des problèmes. Notre mission, malgré tout, c’est de tout gérer dans l’ordre. sans dire que nous pouvons éviter les impulsions. Ce n’est pas évident : essayer de trouver des solutions. C’est ce que nous sommes en train de faire en réussissant plus ou moins. Je dis bien : plus ou moins. Ça ne veut pas dire que nous pouvons tout transformer en donnant des emplois à tout le monde.
Vous savez, j’ai passé près de 15 jours au Maroc. Il y a eu des problèmes au Maroc. Je disais à Sa Majesté : la particularité entre le Maroc et le Sénégal, c’est que l’irruption s’est produite dans les deux pays, mais les deux gouvernements ont pu la gérer. Le problème n’est pas qu’il n’y ait pas d’irruption de violence. Le problème est que le gouvernement soit capable de gérer ces crises pour qu’elles ne soient que passagères. Si le gouvernement n’est pas capable, alors cela peut déboucher sur une révolution. Les pays arabes ont été incapables de gérer. Au Maroc, le roi a réussi. Ici, j’ai réussi. Au Sénégal, c’était artificiel. L’opposition a tout arrangé. Vous savez comment j’ai géré ? J’ai simplement fait une manifestation où 3 millions de personnes sont venues me soutenir. L’opposition a compris que les gens étaient toujours avec moi. C’est pourquoi vous ne verrez plus de manifestations importantes. J’ai démontré qu’ils étaient minoritaires et que c’est un jeu auquel il ne faut pas s’amuser.
Un mot sur M. Bourgi, qu’est-ce que vous avez changé de la Françafrique depuis que vous êtes arrivé au pouvoir ?
Il n’y a pas de Françafrique ici. Quand j’étais dans l’opposition, cherchant à attaquer Abdou Diouf, je n’ai jamais trouvé une brèche. J’ai lu les publications sur la Françafrique parue chez L’Harmattan. J’ai tout acheté et j’ai dépouillé ça d’un bout à l’autre. Je n’ai rien trouvé contre Abdou Diouf. C’est pour cela que ces histoires, ce n’est pas sérieux. C’est du roman, de la littérature. On fabrique des gens qui entrent dans le bureau du Président pour saisir des mallettes. Je suis désolé : Pierre Péan peut entendre cela, ça ne me fait ni chaud ni froid. Il ne faut pas donner à ces affaires une importance qu’elles n’ont pas. Affirmer que Blaise Compaoré, un président aussi fauché que moi, va prendre une valise et la donner à Chirac pour financer sa campagne, c’est le monde à l’envers. La seule chose qui me déplaise, c’est que Bourgi me mette avec des présidents riches, moi un président pauvre, pour dire qu’on a financé des campagnes françaises. (……..)
Pourquoi pensez-vous être le meilleur ?
Le jour où je ne penserai plus être le meilleur, je serai heureux de trouver quelqu’un qui pourra faire aussi bien que moi. Je ne dis pas mieux que moi, ce n’est pas possible. Ce n’est pas possible. Ma formation, je suis le seul à l’avoir. Je suis désolé : mon métier, c’est de trouver de l’argent, c’est de faire des projets. Ce que je fais ici, ça étonne tout le monde. Mon ministre des finances vient de recevoir une distinction, le prix du meilleur ministre des finances de l’Afrique, au sud du Sahara. Vous croyez que tout cela est un hasard ? C’est vrai qu’il a beaucoup de mérite. Je ne vais pas faire comme le professeur qui affirme, quand l’étudiant réussit, que c’est lui qui l’a fabriqué. Non, c’est Dieu qui l’a fabriqué. Mais enfin, mon ministre a pu me comprendre, écouter et accepter mes orientations. Je souhaite que celui qui me remplacera fasse mieux que moi. S’il fait comme moi, alors ce n’est pas la peine. Le problème, c’est que je doute fort que, parmi les gens de l’opposition, ils aient la formation suffisante. Ce sont des bavards qui n’ont aucune formation. Aujourd’hui, il faut une formation pour gouverner. Il faut être économiste, il faut être financier ou quelque chose dans ce goût-là. Mais pas baratineur, faiseur de poèmes ou de romans. Je suis désolé : je n’ai pas de préjugés, contre les poètes mais…
Plusieurs de vos opposants à la présidentielle sont vos anciens premiers ministres. Vous n’aviez pas nommé des gens sans formation, tout de même ?
(…….) Quand Macky est venu chez moi, il était en deuxième année de licence de géologie. Il doit avoir au moins un niveau de maîtrise. Idrissa Seck à fait un stage à Princeton, il n’est pas bête. Tous les deux sont intelligents, mais ils sont partis. C’est un choix qui leur incombe. Moi, je parlais de l’opposition Benno Siggil. Ils ne savent rien faire. S’ils venaient à mon conseil des ministres, ils plieraient bagages avant la fin. Ils ne se retrouveraient pas dans le langage qu’on leur parle. C’est un langage technique. Ce n’est pas n’importe qui qui puisse suivre le conseil des ministres du Sénégal. Ce n’est pas une séance de causeries. Quant à ceux dont vous me parlez, vous savez : je suis un peu triste. Mais voilà, c’est la vie. En France aussi, les gens vont et viennent. Sarkozy perd ses amis. C’est la politique.
PAR ARNAUD ROBERT,
RADIO SUISSE ROMANDE lagazette.sn