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Insalubrité à Dakar et banlieue : L'Etat des ordures

Dakar est sale. Le constat est le même partout à travers ses rues. Difficile d’emprunter une artère sans tomber sur un dépôt d’ordures. Cette situation est décriée par les populations, qui ne savent plus à quelle autorité se fier pour sortir de cette saleté ambiante. Front de Terre, Castors et Hlm 5 comptent leurs dépôts d’ordures en attendant le passage des éboueurs.


Rédigé par leral.net le Mardi 16 Septembre 2008 à 22:09 | | 0 commentaire(s)|

Insalubrité à Dakar et banlieue : L'Etat des ordures
Elles ont «envie de vomir». Elles se tiennent là devant leurs étals à quelques centimètres d’un tas d’immondices, à observer le décor qui s’offre à elles. La tête emmitouflée dans leurs cols en soie, Aminata et Sokhna discutent à voix basse. Soudain, une odeur nauséabonde se dégage de ces ordures qui s’entassent juste à la hauteur du collège Notre Dame du Liban, sur les deux voies qui longent le populeux quartier du Front de Terre. «Ouhou ! Vous avez senti cette mauvaise odeur-là», pouffent-elles, en jetant un regard de mépris sur le dépôt d’ordures en face d’elles. «Nous respirons tous les jours cette odeur insupportable», s’empresse de dire Sokhna.
Le long de la route du Front de Terre, on retrouve tous les 50 mètres, des tas d’immondices qui s’entassent. Un décor qui vient rappeler que ce ne sont pas seulement les inondations qui constituent un calvaire pour les dakarois. Les alentours des quartiers et le long des rues sont devenus de vrais dépotoirs d’ordures. «Nous avons, nous aussi, nos inondations. Vous avez vu toutes ces ordures», lance le vieux Abdoulaye Fall. Pour ce septuagénaire, leurs vies sont aujourd’hui menacées par ces immondices qui, selon lui, peuvent être à l’origine de toutes sortes de maladies. «Nous sommes exposés à l’heure même où l’on annonce le retour du choléra. Nous ne pouvons pas mener une vie saine dans ces conditions. L’Etat est responsable de tout cela. A voir ça, on dirait qu’il ne respecte pas les citoyens», peste-t-il.
Le même cri du cœur est poussé par Zeyna Diop. A en croire cette habitante de la Cité Bastos du Front de Terre, cela fait plus d’une semaine que les camions de ramassage d’ordures ne sont pas venus. «On nous dit qu’ils sont en grève. Dans nos maisons, c’est pire. Nous ne pouvions pas attendre un camion de ramassage qui tarde toujours à se pointer. Pour cela, nous avons préféré déverser ces ordures sur la rue pour attirer l’attention des autorités», se justifie-t-elle.
Partout presque, à travers les rues de Dakar, l’environnement est particulièrement dominé par les ordures. Castors présente aussi le même décor. Juste à côté des stations Total qui jouxtent le croisement, des tas d’immondices s’entassent, dégageant une odeur difficilement supportable. Les passants sont même obligés de se boucher les narines.
Plus loin encore, le constat est le même. Des ordures qui s’entassent, une odeur pestilentielle qui se dégage, Hlm 5 offre lui aussi ce décor et bien plus encore. Ici, les ordures jonchent même les maisons, débordant jusqu’à occuper la rue. Une odeur insupportable se dégage de ces débris sales. C’est dans ce décor et cette ambiance qu’évolue Abdourahmane Sow. Casquette vissée à la tête, habits sales, ce «boudiouman» se réjouit de cette situation. Comme pour dire que le calvaire des riverains fait son bonheur. «Plus les ordures augmentent, plus ça fait mon affaire. J’y gagne ma vie, que les autres se plaignent ce n’est pas mon problème. Moi, je n’ai pas peur des maladies», tonne M. Sow, qui sillonne toutes les artères de Dakar à la recherche d’ordures.
Le jeune Assane Niang, qui observe ce spectacle un peu désolant, n’a pas manqué de souligner tous ses regrets face à une telle situation. «Cela fait plus de six jours que les éboueurs ne sont pas venus. Le camion de ramassage était là il y a trois jours, mais il n’a pas pris les ordures. La nuit, nous ne dormons pas à cause des moustiques qui sortent de ces saletés. Il y a même certains enfants du quartier qui ont attrapé le paludisme, parce qu’ils jouaient à côté de ces ordures-là», dit-il, après s’être raclé bruyamment la gorge pour donner de la tonalité à sa voix. Selon son compagnon, ces ordures sont déposées la nuit par les habitants. «Certains ne se soucient même pas de nous. Souvent, ces ordures débordent jusque devant les portes de nos maisons», fait savoir Adja, une riveraine. Pour elle, les autorités doivent leur venir en aide. «C’est bon de s’occuper des sinistrés des inondations, mais il ne faut pas qu’elles (les autorités) nous oublient. Nous attendons qu’on nous enlève les ordures de ce terrain devenu une vraie poubelle», soutient-elle.

source le quotidien

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