Mon oncle, mon futur mari, me connaît depuis toute petite, il est à des années-lumière d’incarner l’homme idéal. | Photo DR
Un soir de décembre 1999, je suis en seconde année de BEP secrétariat. Seule dans ma chambre, je révise. Soudain, mon père frappe à la porte, un large sourire aux lèvres, il m’annonce qu’il vient de gagner un séjour au Sénégal, le pays de mes racines. Mon papa précise qu’il ne peut s’y rendre... et me cède sa place ! Il tient dans ses mains un billet d’avion. Impossible de comprendre sur l’instant qu’il s’agit d’un aller simple...
Je saute de joie. Très vite, me voici à l’aéroport. Le vol s’effectue sans problèmes. Mon père m’a confié une lettre qu’il m’est interdit d’ouvrir, ordre que je respecte. Paraphées dans ce document, en vérité, les instructions de mon père pour les jours à venir. C’est un cousin qui m’accueille à l’aéroport de Dakar. Il me demande mon passeport. Confiante, je le lui tends sans aucune méfiance...
Je réside chez ma tante. Le premier soir, le téléphone sonne. C’est mon père. Il m’annonce qu’il m’a en fait envoyée là-bas car il « en a marre » des « bêtises » que je fais en France. Entre autres, sortir avec un Camerounais non musulman. Le sol se dérobe sous mes pieds quand il ajoute que je suis mariée religieusement à mon oncle !
JE ME SENS
TRAHIE PAR MA FAMILLE
Ce mariage a été arrangé en mon absence, l’été précédent. Une parodie de noces plutôt ! Car seule la présence des parents suffit. Prochaine étape, le mariage civil avec cet oncle, de vingt ans mon aîné. L’argument de mon père ? Protéger son honneur. Groggy, je lui raccroche au nez. Il n’y a pas pire que de se sentir trahie par sa famille. Le comble est que je ressens de la culpabilité. Commencent sept mois de conditionnement avant l’arrivée de mon « mari », qui va attendre de me « consom mer », puis faire en sorte que je tombe enceinte pour que, lors de mon retour en France, je devienne une femme soumise à 100 %.
Non, je refuse un tel destin ! Je dois trouver une solution pour me dépêtrer de ce traquenard. Mais je reste coincée dans cette maison, mes papiers français ont disparu ! Durant cette séquestration, une personne me surveille en permanence. Mais je finis par rencontrer une anima-trice de radio, à qui je raconte ma mésaventure. Selon elle, si je parviens à me rendre au consulat de France, je serai sauvée ! Sous le prétexte de m’inviter à assister à une de ses émissions, elle me propose d’organiser ma fuite. Elle me fait rencontrer un homme chargé des relations publiques au consulat.
Nous sommes le 10 juillet 2000. Il faut que je me rende chez ce contact pour qu’il me ramène en France. Problème, je ne suis pas maîtresse de mes mouvements. La nuit, j’entends ma tante entrouvrir les portes de la maison. Je guette... Puis je fuis, dans l’obscurité ! Je parviens à attraper un taxi, direction le consulat. Je prends contact avec une assistante sociale, adhérente de l’association Femmes solidaires au Havre. Le consulat me paie mon aller simple vers la liberté.
Deux jours après, mes pieds foulent à nouveau ma terre natale. Je suis hébergée par la maman de mon ex-copain. Je ne recroise le regard de mon père que trois mois après. La rencontre s’effectue dans une ambiance tendue. Il assure qu’il a accompli tout cela pour « mon bien ». Je vide mon sac, il finit par me présenter ses excuses. Quant à mon mari, je l’ai brièvement revu : entre-temps, il a divorcé religieusement.
Aujourd’hui, je m’acharne pour préserver ma petite sœur au travers de l’association Femmes solidaires, pour la prévention dans les collèges. Je suis pessimiste, la tâche s’annonce immense...
Je saute de joie. Très vite, me voici à l’aéroport. Le vol s’effectue sans problèmes. Mon père m’a confié une lettre qu’il m’est interdit d’ouvrir, ordre que je respecte. Paraphées dans ce document, en vérité, les instructions de mon père pour les jours à venir. C’est un cousin qui m’accueille à l’aéroport de Dakar. Il me demande mon passeport. Confiante, je le lui tends sans aucune méfiance...
Je réside chez ma tante. Le premier soir, le téléphone sonne. C’est mon père. Il m’annonce qu’il m’a en fait envoyée là-bas car il « en a marre » des « bêtises » que je fais en France. Entre autres, sortir avec un Camerounais non musulman. Le sol se dérobe sous mes pieds quand il ajoute que je suis mariée religieusement à mon oncle !
JE ME SENS
TRAHIE PAR MA FAMILLE
Ce mariage a été arrangé en mon absence, l’été précédent. Une parodie de noces plutôt ! Car seule la présence des parents suffit. Prochaine étape, le mariage civil avec cet oncle, de vingt ans mon aîné. L’argument de mon père ? Protéger son honneur. Groggy, je lui raccroche au nez. Il n’y a pas pire que de se sentir trahie par sa famille. Le comble est que je ressens de la culpabilité. Commencent sept mois de conditionnement avant l’arrivée de mon « mari », qui va attendre de me « consom mer », puis faire en sorte que je tombe enceinte pour que, lors de mon retour en France, je devienne une femme soumise à 100 %.
Non, je refuse un tel destin ! Je dois trouver une solution pour me dépêtrer de ce traquenard. Mais je reste coincée dans cette maison, mes papiers français ont disparu ! Durant cette séquestration, une personne me surveille en permanence. Mais je finis par rencontrer une anima-trice de radio, à qui je raconte ma mésaventure. Selon elle, si je parviens à me rendre au consulat de France, je serai sauvée ! Sous le prétexte de m’inviter à assister à une de ses émissions, elle me propose d’organiser ma fuite. Elle me fait rencontrer un homme chargé des relations publiques au consulat.
Nous sommes le 10 juillet 2000. Il faut que je me rende chez ce contact pour qu’il me ramène en France. Problème, je ne suis pas maîtresse de mes mouvements. La nuit, j’entends ma tante entrouvrir les portes de la maison. Je guette... Puis je fuis, dans l’obscurité ! Je parviens à attraper un taxi, direction le consulat. Je prends contact avec une assistante sociale, adhérente de l’association Femmes solidaires au Havre. Le consulat me paie mon aller simple vers la liberté.
Deux jours après, mes pieds foulent à nouveau ma terre natale. Je suis hébergée par la maman de mon ex-copain. Je ne recroise le regard de mon père que trois mois après. La rencontre s’effectue dans une ambiance tendue. Il assure qu’il a accompli tout cela pour « mon bien ». Je vide mon sac, il finit par me présenter ses excuses. Quant à mon mari, je l’ai brièvement revu : entre-temps, il a divorcé religieusement.
Aujourd’hui, je m’acharne pour préserver ma petite sœur au travers de l’association Femmes solidaires, pour la prévention dans les collèges. Je suis pessimiste, la tâche s’annonce immense...