Accumuler la richesse de façon licite ou illicite n’est donc pas l’enjeu. Cela importe peu. Le tout étant d’être un chat performant capable d’attraper des souris (ici l’argent). Et généralement les politiques ne vont pas chercher midi à 14h pour entretenir et fidéliser leur clientèle. Ils vont puiser dans la caisse. Une situation rendue possible parce que l’Etat est lui-même corrupteur, se servant de cette situation pour exercer une pression et un chantage.
D’ailleurs le pouvoir politique ne se gène pas d’agiter, en cas de besoin, le chiffon rouge des dossiers compromettants, des audits, genre : « je sais beaucoup de choses sur vous. Vous avez intérêt à vous mettre à carreaux, sinon je vous mets en prison ». La prison est ainsi brandie comme une sorte d’épouvantail pour faire peur et dominer. Et ce qu’il y a de frustrant, de révulsant, de violent et d’attentatoire à la morale et à l’éthique dans ce maillage corruptogène, c‘est de constater qu’à côté de cette impunité à col blanc le glaive de la justice s’abat avec une rare sévérité sur les voleurs de poules. Elle se montre sans pitié sur les forfaits commis à la sauvette, par les petites gens souvent contraints par la faim et le besoin. Des années de prison pour des menus larcins là où on ferme les yeux ou absout ceux et celles qui soustraient frauduleusement des milliards de FCFA (c’est l’unité de mesure monétaire en période libérale).
On fermera d’autant plus les yeux si cette prédation se transforme en rétro commission clientéliste, faisant en sorte que les centaines et les milliers de gens qui ont bénéficié de ces largesses inconvenantes soient transformés en chair électorale taillable et corvéable à merci, au service du règne du prince. Cette pratique qui avait déjà cours sous le règne socialiste a été, il est vrai, portée à son summum sous la gouvernance libérale.
Une manière de faire scandaleuse qui en dit long sur la moralité de leurs initiateurs et qui est révélatrice de leur probité. C’est en cela que l’affaire Modibo Diop et compagnie interpelle car remettant au cœur du débat citoyen la problématique de la bonne gouvernance, de l’Etat de droit et de l’éthique en politique.
Comment penser mettre un Etat sur de bons rails lorsque l’accès ou la proximité au pouvoir est un moyen d’enrichissement personnel, familial et clanique ? Comment peut-il prospérer si dès son élection à la magistrature suprême, le chef de l’Etat, comme l’a révélé son premier directeur de cabinet, anticipe avec délectation sur la fin prochaine de ses soucis d’argent ?
Le problème du Sénégal, de l’Afrique et du reste du monde en général se trouve dans la capacité ou non à contenir ou à juguler la corruption dans des proportions acceptables tout en la traquant sans complaisance et en sévissant à chaque fois que de besoin, quel que soit le rang du coupable. Plus spécifiquement le problème du Sénégal et de l’Afrique ne se trouve pas dans la dénonciation des horreurs de l’esclavage et du mépris colonial servie à longueur de journée, surtout en cette période de Festival mondial des Arts nègres. A l’évidence, un développement n’est pas possible sans un sens aigu du service public, sans l’engagement à assumer correctement la mission qui vous incombe, en rapport avec le cahier de charges auquel vous avez souscrit.
Aussi, Barack Obama avait-il raison de faire remarquer que « l’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts mais d’institutions fortes ». La Renaissance africaine devra par conséquent se jouer à ce niveau de réévaluation de nos pratiques et partant des valeurs qu’elles ont secrétées durant ces cinquante dernières années post indépendance. Il y a d’autant plus urgence qu’au Sénégal le vice prospère, la vertu croule. Contrairement à toute attente, sévit depuis la survenue de la première alternance politique, une kyrielle de médiocres. Ils ne savent pas se tenir et croient que leur statut ou la proximité entretenue avec le prince leur donne toute latitude pour basculer dans l’ostentatoire. Hier, fauchés comme des rats, aujourd’hui, comme par enchantement, riches comme Crésus, dénués de tout sens de la mesure, ils piétinent souvent sans s’en rendre compte les règles de la République. Accéder au pouvoir ou profiter de sa manne est donc bien souvent une des rares voies d’ascension sociale ou de maintien du statut social.
Tout ce spectacle a un coût. La population perd en effet confiance dans le gouvernement et, de manière plus générale dans l’avenir collectif du pays. Se développe alors une mentalité du sauve-qui-peut et une perception de l’Etat devenu un simple moyen d’enrichissement sans cause, un pur enjeu de domination entre les différentes factions de l’élite. C’est cette réalité qui est actualisée par l’affaire Modibo Diop et tous ceux et toutes celles qui se pensent intouchables du fait de leurs relations de proximité avec le pouvoir. Aussi, convient-il de mettre un terme à cette arrogance des « thiounés » si préjudiciable au développement social et économique du Sénégal. En un mot, à son émergence !
*Incompétents, nuls
Vieux SAVANÉ
LaGazette.sn
D’ailleurs le pouvoir politique ne se gène pas d’agiter, en cas de besoin, le chiffon rouge des dossiers compromettants, des audits, genre : « je sais beaucoup de choses sur vous. Vous avez intérêt à vous mettre à carreaux, sinon je vous mets en prison ». La prison est ainsi brandie comme une sorte d’épouvantail pour faire peur et dominer. Et ce qu’il y a de frustrant, de révulsant, de violent et d’attentatoire à la morale et à l’éthique dans ce maillage corruptogène, c‘est de constater qu’à côté de cette impunité à col blanc le glaive de la justice s’abat avec une rare sévérité sur les voleurs de poules. Elle se montre sans pitié sur les forfaits commis à la sauvette, par les petites gens souvent contraints par la faim et le besoin. Des années de prison pour des menus larcins là où on ferme les yeux ou absout ceux et celles qui soustraient frauduleusement des milliards de FCFA (c’est l’unité de mesure monétaire en période libérale).
On fermera d’autant plus les yeux si cette prédation se transforme en rétro commission clientéliste, faisant en sorte que les centaines et les milliers de gens qui ont bénéficié de ces largesses inconvenantes soient transformés en chair électorale taillable et corvéable à merci, au service du règne du prince. Cette pratique qui avait déjà cours sous le règne socialiste a été, il est vrai, portée à son summum sous la gouvernance libérale.
Une manière de faire scandaleuse qui en dit long sur la moralité de leurs initiateurs et qui est révélatrice de leur probité. C’est en cela que l’affaire Modibo Diop et compagnie interpelle car remettant au cœur du débat citoyen la problématique de la bonne gouvernance, de l’Etat de droit et de l’éthique en politique.
Comment penser mettre un Etat sur de bons rails lorsque l’accès ou la proximité au pouvoir est un moyen d’enrichissement personnel, familial et clanique ? Comment peut-il prospérer si dès son élection à la magistrature suprême, le chef de l’Etat, comme l’a révélé son premier directeur de cabinet, anticipe avec délectation sur la fin prochaine de ses soucis d’argent ?
Le problème du Sénégal, de l’Afrique et du reste du monde en général se trouve dans la capacité ou non à contenir ou à juguler la corruption dans des proportions acceptables tout en la traquant sans complaisance et en sévissant à chaque fois que de besoin, quel que soit le rang du coupable. Plus spécifiquement le problème du Sénégal et de l’Afrique ne se trouve pas dans la dénonciation des horreurs de l’esclavage et du mépris colonial servie à longueur de journée, surtout en cette période de Festival mondial des Arts nègres. A l’évidence, un développement n’est pas possible sans un sens aigu du service public, sans l’engagement à assumer correctement la mission qui vous incombe, en rapport avec le cahier de charges auquel vous avez souscrit.
Aussi, Barack Obama avait-il raison de faire remarquer que « l’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts mais d’institutions fortes ». La Renaissance africaine devra par conséquent se jouer à ce niveau de réévaluation de nos pratiques et partant des valeurs qu’elles ont secrétées durant ces cinquante dernières années post indépendance. Il y a d’autant plus urgence qu’au Sénégal le vice prospère, la vertu croule. Contrairement à toute attente, sévit depuis la survenue de la première alternance politique, une kyrielle de médiocres. Ils ne savent pas se tenir et croient que leur statut ou la proximité entretenue avec le prince leur donne toute latitude pour basculer dans l’ostentatoire. Hier, fauchés comme des rats, aujourd’hui, comme par enchantement, riches comme Crésus, dénués de tout sens de la mesure, ils piétinent souvent sans s’en rendre compte les règles de la République. Accéder au pouvoir ou profiter de sa manne est donc bien souvent une des rares voies d’ascension sociale ou de maintien du statut social.
Tout ce spectacle a un coût. La population perd en effet confiance dans le gouvernement et, de manière plus générale dans l’avenir collectif du pays. Se développe alors une mentalité du sauve-qui-peut et une perception de l’Etat devenu un simple moyen d’enrichissement sans cause, un pur enjeu de domination entre les différentes factions de l’élite. C’est cette réalité qui est actualisée par l’affaire Modibo Diop et tous ceux et toutes celles qui se pensent intouchables du fait de leurs relations de proximité avec le pouvoir. Aussi, convient-il de mettre un terme à cette arrogance des « thiounés » si préjudiciable au développement social et économique du Sénégal. En un mot, à son émergence !
*Incompétents, nuls
Vieux SAVANÉ
LaGazette.sn