u[[EXCLUSIF] La star détenait une société offshore dans les îles Vierges Britanniques gérée depuis Singapour. Révélations.
]uA Cannes, en mai dernier, ce fut le retour d'une icône. Pour la première fois depuis 2009, Isabelle Adjani a de nouveau gravi les marches du Festival. On l'a vue saluant le public et les paparazzis, apparaissant dans les gazettes, prodiguant ses conseils beauté à la télé...
Retrouver les flashs et l'ambiance survoltée de la Croisette... Un peu de baume au coeur pour l'actrice aux cinq césars, deux fois sacrée à Cannes, qui fait face depuis la fin de l'année 2016 à des soupçons dont elle se serait probablement bien passée : une enquête préliminaire pour "blanchiment de fraude fiscale", menée par le Parquet national financier (PNF) et restée secrète jusqu'à ce que L'Express la révèle aujourd'hui. La procédure a été lancée après la publication des "Panama Papers". Eh oui, le nom de la star apparaît en clair dans la base de données sur les montages offshore, constituée par les centaines de milliers de dossiers recueillis dans plusieurs paradis fiscaux et consultable par le grand public sur Internet.
Des îles Vierges à Singapour
On ne fait pas plus simple : une société immatriculée en juillet 2014 dans les îles Vierges britanniques, Deckert Investments Limited, dont Adjani est l'actionnaire - en nom propre, s'il vous plaît. Son adresse, déclarée au moment de sa création, est le 70, rue Cardinet, à Paris (XVIIe), un immeuble qu'elle n'habite plus depuis. Fondée avec l'aide du fameux cabinet Mossack Fonseca, au coeur des "Panama Papers", Deckert elle-même est administrée depuis une fiduciaire à Singapour, qui visiblement représente au moins 44 autres structures du même type. Bref, un montage exotique des plus classiques, pas forcément illégal. Mais qui intrigue suffisamment pour motiver une enquête du PNF.
Entendue en mars 2018 à Nanterre, Isabelle Adjani a pu s'expliquer devant les enquêteurs, en compagnie de son avocat David Lepidi. Son conseil suisse de l'époque, dit-elle, lui avait suggéré de créer la fameuse structure dans un paradis fiscal afin de produire un film et de recevoir les cachets afférents. Un projet qui, selon la star, "n'a jamais abouti", le dispositif "n'a donc jamais servi", précise à L'Express son avocat. Selon lui, cette dernière souhaitait "cacher son identité, pas son argent": "Isabelle Adjani, comme nombre de personnes célèbres, a souhaité constituer une société offshore pour protéger son anonymat et sa sécurité, laquelle a été compromise par le passé suite à la diffusion publique d'informations privées. C'est parfaitement légal." Et d'assurer : "Isabelle n'a bénéficié d'aucun avantage financier mais avait comme simple objectif de préserver sa confidentialité."
Après l'audition, David Lepidi, qui explique encore qu'aucun compte n'aurait été ouvert par la société offshore, a adressé aux enquêteurs deux courriers de Mossack Fonseca, datés de novembre 2015 et de mars 2016, certifiant que Deckert n'a jamais été utilisée. Isabelle l'artiste, Adjani la nomade n'aurait pas forcément été au courant des détails de cette tuyauterie antillaise, assure son entourage. En tout cas, rideau sur les îles Vierges !
Résidente au Portugal
Confiées à l'Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF), les investigations se sont néanmoins recentrées sur le train de vie et les habitudes de l'actrice. Voyageant en permanence, elle assure habiter principalement au Portugal depuis mai 2017 et séjourne chez les uns ou chez les autres quand elle est de passage en France. Pour les tournages ou les shootings réalisés à Paris, elle demeure parfois dans un hôtel de Saint-Germain-des-Prés, le plus souvent aux frais de la production. Isabelle Adjani se déclare aujourd'hui résidente fiscale du Portugal, comme Mediapart l'avait raconté. Un pays où elle entretient nombre d'amitiés et où elle a créé une société de production. Elle a demandé à y bénéficier depuis le 23 avril 2015 du statut privilégié de "résident non habituel", grâce auquel le taux d'imposition sur le revenu est fixé forfaitairement à 20% avec, en sus, dans l'optique d'une éventuelle retraite, une exonération d'impôt pendant dix ans sur ses pensions françaises.
En examinant les relevés bancaires de l'actrice, les enquêteurs sont tombés sur les fonds reçus d'un conseiller du président du Sénégal : Diagna Ndiaye. La presse locale le présente comme l'un des Sénégalais "les plus respectés à l'étranger", l'affublant de l'adjectif "multidimensionnel" : banquier, l'homme est à la fois membre du CIO et président du Comité olympique sénégalais, tout en étant lié au groupe Mimran, un géant de l'agroalimentaire africain. Alors qu'il accompagnait le président Macky Sall lors d'un voyage à Paris, Anne Hidalgo avait dit de lui : "Diagna est l'ami de la France." Il est surtout l'ami d'Adjani : en 2013, l'intéressé, qui vit autant à Genève qu'à Dakar, a versé 2 millions d'euros sur le compte français de la star. La même année, le conseiller "multidimensionnel" avait convié sa grande amie à sa remise de la Légion d'honneur dans les salons du Quai d'Orsay.
Prêt de 2 millions
Isabelle Adjani a dû révéler qu'elle avait signé, le 4 février 2013, un contrat de prêt avec Diagna Ndiaye. Selon le document consulté par L'Express, ce contrat réalisé "dans un cadre amical" et "dans un souci de confort financier de Mademoiselle Isabelle Adjani" matérialise un prêt sur dix ans de 2 millions d'euros, sans intérêts, payable au plus tard à l'échéance du 31 décembre 2022. La transaction a été enregistrée par le prêteur au service des impôts des particuliers non résidents "le 1er mars 2013 sous le bordereau 2013/60", précise son avocat. "Ce prêt est donc parfaitement connu du fisc, qui en détient un exemplaire dans ses fichiers". Selon le conseil de la star, la somme n'avait pas à être déclarée dans ses revenus: "Dans l'hypothèse où le prêt procure des revenus, ces derniers sont à déclarer. Dans le cas inverse, si le prêt n'alimente pas de revenus, il n'y a pas de déclaration de revenus proprement dite à remplir. Ce prêt amical ne procure pas de revenus".
A-t-il été néanmoins déclaré formellement via le formulaire 2062 des impôts ? Par le prêteur ou par Adjani ? Le déterminer est l'un des enjeux de l'enquête préliminaire. Sollicité à son bureau, à Dakar, par téléphone et par mail, l'ami de la star n'a pas souhaiter commenter nos informations.
En tout cas, la volonté de l'actrice de migrer vers des cieux plus doux ressemble à une constante. Déjà, en 1996, Isabelle Adjani s'était installée avec ses deux garçons en Suisse, comme nombre de riches Français désireux d'adoucir la facture des impôts. Elle avait assuré à un magazine qu'une "très vieille loi helvétique" protégeant les mères et qui "empêche le père de demander la garde" avait été la raison de son déménagement. En 2014, pour démentir la rumeur d'exil fiscal qui lui collait à la peau, l'actrice avait également assuré à propos de son départ vers la Suisse : "Cela ne m'a jamais coûté aussi cher !" Elle y est finalement restée moins de deux ans.
Arnaques dont elle est la victime
Afin de rassurer les policiers sur la destination des 2 millions, il lui a fallu détailler ses soucis financiers, revenir sur ses déboires avec son ex-compagnon Stéphane Delajoux, remuer le souvenir des arnaques dont elle a été la victime et qui lui auraient coûté 750 000 euros au moment où elle sollicite la faveur de son ami Ndiaye. Selon son autre avocate, Léa Forestier, Adjani a également réglé une dette fiscale d'environ 900 000 euros. Depuis, c'est l'une de ses sociétés, Isia Films, qui a été victime d'agissements ayant entraîné la liquidation en justice. Et voilà, du coup, quelque 700 000 euros supplémentaires à débourser - elle était caution solidaire. Elle qui avait autrefois soutenu Françoise Sagan dans ses démêlés avec le fisc se bagarre désormais pour tourner la page de ses derniers embarras.
]uA Cannes, en mai dernier, ce fut le retour d'une icône. Pour la première fois depuis 2009, Isabelle Adjani a de nouveau gravi les marches du Festival. On l'a vue saluant le public et les paparazzis, apparaissant dans les gazettes, prodiguant ses conseils beauté à la télé...
Retrouver les flashs et l'ambiance survoltée de la Croisette... Un peu de baume au coeur pour l'actrice aux cinq césars, deux fois sacrée à Cannes, qui fait face depuis la fin de l'année 2016 à des soupçons dont elle se serait probablement bien passée : une enquête préliminaire pour "blanchiment de fraude fiscale", menée par le Parquet national financier (PNF) et restée secrète jusqu'à ce que L'Express la révèle aujourd'hui. La procédure a été lancée après la publication des "Panama Papers". Eh oui, le nom de la star apparaît en clair dans la base de données sur les montages offshore, constituée par les centaines de milliers de dossiers recueillis dans plusieurs paradis fiscaux et consultable par le grand public sur Internet.
Des îles Vierges à Singapour
On ne fait pas plus simple : une société immatriculée en juillet 2014 dans les îles Vierges britanniques, Deckert Investments Limited, dont Adjani est l'actionnaire - en nom propre, s'il vous plaît. Son adresse, déclarée au moment de sa création, est le 70, rue Cardinet, à Paris (XVIIe), un immeuble qu'elle n'habite plus depuis. Fondée avec l'aide du fameux cabinet Mossack Fonseca, au coeur des "Panama Papers", Deckert elle-même est administrée depuis une fiduciaire à Singapour, qui visiblement représente au moins 44 autres structures du même type. Bref, un montage exotique des plus classiques, pas forcément illégal. Mais qui intrigue suffisamment pour motiver une enquête du PNF.
Entendue en mars 2018 à Nanterre, Isabelle Adjani a pu s'expliquer devant les enquêteurs, en compagnie de son avocat David Lepidi. Son conseil suisse de l'époque, dit-elle, lui avait suggéré de créer la fameuse structure dans un paradis fiscal afin de produire un film et de recevoir les cachets afférents. Un projet qui, selon la star, "n'a jamais abouti", le dispositif "n'a donc jamais servi", précise à L'Express son avocat. Selon lui, cette dernière souhaitait "cacher son identité, pas son argent": "Isabelle Adjani, comme nombre de personnes célèbres, a souhaité constituer une société offshore pour protéger son anonymat et sa sécurité, laquelle a été compromise par le passé suite à la diffusion publique d'informations privées. C'est parfaitement légal." Et d'assurer : "Isabelle n'a bénéficié d'aucun avantage financier mais avait comme simple objectif de préserver sa confidentialité."
Après l'audition, David Lepidi, qui explique encore qu'aucun compte n'aurait été ouvert par la société offshore, a adressé aux enquêteurs deux courriers de Mossack Fonseca, datés de novembre 2015 et de mars 2016, certifiant que Deckert n'a jamais été utilisée. Isabelle l'artiste, Adjani la nomade n'aurait pas forcément été au courant des détails de cette tuyauterie antillaise, assure son entourage. En tout cas, rideau sur les îles Vierges !
Résidente au Portugal
Confiées à l'Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF), les investigations se sont néanmoins recentrées sur le train de vie et les habitudes de l'actrice. Voyageant en permanence, elle assure habiter principalement au Portugal depuis mai 2017 et séjourne chez les uns ou chez les autres quand elle est de passage en France. Pour les tournages ou les shootings réalisés à Paris, elle demeure parfois dans un hôtel de Saint-Germain-des-Prés, le plus souvent aux frais de la production. Isabelle Adjani se déclare aujourd'hui résidente fiscale du Portugal, comme Mediapart l'avait raconté. Un pays où elle entretient nombre d'amitiés et où elle a créé une société de production. Elle a demandé à y bénéficier depuis le 23 avril 2015 du statut privilégié de "résident non habituel", grâce auquel le taux d'imposition sur le revenu est fixé forfaitairement à 20% avec, en sus, dans l'optique d'une éventuelle retraite, une exonération d'impôt pendant dix ans sur ses pensions françaises.
En examinant les relevés bancaires de l'actrice, les enquêteurs sont tombés sur les fonds reçus d'un conseiller du président du Sénégal : Diagna Ndiaye. La presse locale le présente comme l'un des Sénégalais "les plus respectés à l'étranger", l'affublant de l'adjectif "multidimensionnel" : banquier, l'homme est à la fois membre du CIO et président du Comité olympique sénégalais, tout en étant lié au groupe Mimran, un géant de l'agroalimentaire africain. Alors qu'il accompagnait le président Macky Sall lors d'un voyage à Paris, Anne Hidalgo avait dit de lui : "Diagna est l'ami de la France." Il est surtout l'ami d'Adjani : en 2013, l'intéressé, qui vit autant à Genève qu'à Dakar, a versé 2 millions d'euros sur le compte français de la star. La même année, le conseiller "multidimensionnel" avait convié sa grande amie à sa remise de la Légion d'honneur dans les salons du Quai d'Orsay.
Prêt de 2 millions
Isabelle Adjani a dû révéler qu'elle avait signé, le 4 février 2013, un contrat de prêt avec Diagna Ndiaye. Selon le document consulté par L'Express, ce contrat réalisé "dans un cadre amical" et "dans un souci de confort financier de Mademoiselle Isabelle Adjani" matérialise un prêt sur dix ans de 2 millions d'euros, sans intérêts, payable au plus tard à l'échéance du 31 décembre 2022. La transaction a été enregistrée par le prêteur au service des impôts des particuliers non résidents "le 1er mars 2013 sous le bordereau 2013/60", précise son avocat. "Ce prêt est donc parfaitement connu du fisc, qui en détient un exemplaire dans ses fichiers". Selon le conseil de la star, la somme n'avait pas à être déclarée dans ses revenus: "Dans l'hypothèse où le prêt procure des revenus, ces derniers sont à déclarer. Dans le cas inverse, si le prêt n'alimente pas de revenus, il n'y a pas de déclaration de revenus proprement dite à remplir. Ce prêt amical ne procure pas de revenus".
A-t-il été néanmoins déclaré formellement via le formulaire 2062 des impôts ? Par le prêteur ou par Adjani ? Le déterminer est l'un des enjeux de l'enquête préliminaire. Sollicité à son bureau, à Dakar, par téléphone et par mail, l'ami de la star n'a pas souhaiter commenter nos informations.
En tout cas, la volonté de l'actrice de migrer vers des cieux plus doux ressemble à une constante. Déjà, en 1996, Isabelle Adjani s'était installée avec ses deux garçons en Suisse, comme nombre de riches Français désireux d'adoucir la facture des impôts. Elle avait assuré à un magazine qu'une "très vieille loi helvétique" protégeant les mères et qui "empêche le père de demander la garde" avait été la raison de son déménagement. En 2014, pour démentir la rumeur d'exil fiscal qui lui collait à la peau, l'actrice avait également assuré à propos de son départ vers la Suisse : "Cela ne m'a jamais coûté aussi cher !" Elle y est finalement restée moins de deux ans.
Arnaques dont elle est la victime
Afin de rassurer les policiers sur la destination des 2 millions, il lui a fallu détailler ses soucis financiers, revenir sur ses déboires avec son ex-compagnon Stéphane Delajoux, remuer le souvenir des arnaques dont elle a été la victime et qui lui auraient coûté 750 000 euros au moment où elle sollicite la faveur de son ami Ndiaye. Selon son autre avocate, Léa Forestier, Adjani a également réglé une dette fiscale d'environ 900 000 euros. Depuis, c'est l'une de ses sociétés, Isia Films, qui a été victime d'agissements ayant entraîné la liquidation en justice. Et voilà, du coup, quelque 700 000 euros supplémentaires à débourser - elle était caution solidaire. Elle qui avait autrefois soutenu Françoise Sagan dans ses démêlés avec le fisc se bagarre désormais pour tourner la page de ses derniers embarras.