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La Déclaration de Politique Générale (DPG) du PM Ousmane Sonko : Une Fausse Obligation


Rédigé par leral.net le Dimanche 30 Juin 2024 à 02:32 | | 0 commentaire(s)|

La notion de Déclaration de Politique Générale (DPG) résulte d'une double légitimité : une légitimité populaire obtenue par le biais d’élections, et une légitimité juridique fondée sur le droit.

Observations sur la Répartition des Sièges à l'Assemblée Nationale

Une simple observation de la répartition des sièges à l'Assemblée nationale montre que seuls 23 députés sur 155 sont favorables au Premier Ministre (PM). Cette Assemblée, disposant d'une légitimité quasi caduque, pourrait ne servir qu'à des fins de manœuvres politiques telles que des motions de censure, des amendements ciblés, et autres blocages.

Posture Politique du PM Ousmane Sonko
Politiquement, la posture de Ousmane Sonko, axée sur la transparence ("jub", "jubal", "jubanti"), son refus de la langue de bois, et son discours antisystème, sont incompatibles avec une Assemblée composée de "vaincus revanchards". La dénonciation de la gouvernance du régime sortant à l'Assemblée risquerait de créer des contradictions violentes.

De plus, le profil des députés siégeant à l'Assemblée, souvent perçus comme provocateurs et manipulables, ne favorise pas un débat serein et responsable.

Précédents Historiques

Tous les précédents PM ont fait leur déclaration devant une Assemblée acquise. Par exemple, Abdoul Mbaye, nommé le 3 avril 2012, ne s'est présenté à l'Assemblée que le 12 septembre, après l'installation de la 12e législature. Il n'est pas "politiquement correct" de présenter une DPG devant une Assemblée a priori hostile.

Cadre Juridique

La Constitution prévoit la DPG mais sans contrainte spécifique. Le délai de 90 jours a été supprimé par les députés de Benno Bokk Yakkar après la révision constitutionnelle de 2019. La suppression du poste de PM par Macky Sall n’a pas été suivie d’une actualisation des textes. Tout ce bruit autour de la DPG semble être une manœuvre politique pour piéger le PM à l'hémicycle.

Un fait coutumier ne constitue pas nécessairement une règle de droit. Ousmane Sonko a raison d’invoquer le droit de déroger à une simple coutume, même si elle est républicaine.

Révision du Calendrier Républicain

La question essentielle est la révision du calendrier républicain, qui pourrait se faire par deux actes de gouvernance :

Dissolution de cette Assemblée à la légitimité désuète, susceptible de devenir une arme politique.
Organisation d’élections locales couplées aux législatives, pour éviter de convoquer les électeurs tous les deux ans et permettre au gouvernement élu de disposer de quatre ans pour mettre en œuvre une nouvelle gouvernance attendue par les Sénégalais. Cela corrigerait également l’incongruité d'un président élu disposant de la confiance des Sénégalais avec une Assemblée hétéroclite.
Le PM Ousmane Sonko a rendez-vous avec l’histoire pour écrire une nouvelle page du Sénégal, celle de "Jub", "Jubbal", "Jubbanti". Cette Assemblée ne peut et ne doit pas être le témoin de cette rupture, car elle symbolise l'échec d'un régime.