A l’époque, c’est le Parti socialiste qui était au pouvoir, et avait, semble-t-il, étouffé l’affaire et bloqué le dossier. Pour éviter que cela ne fasse échos dans la presse ? Zac aurait aimé en savoir plus, autant qu’il aurait souhaité qu’on lui éclairât la lanterne, sur ce que faisait cette grenade à la portée d’un enfant. Il confie : « çà s’est passé dans le bureau de mon père, où je révisais mes cours pendant la récréation. L’école se trouvait à quelque pâté de maisons du poste de police. J’avais douze ans à l’époque. Je cherchais mon cahier, j’ai ouvert le tiroir et j’ai vu la grenade qui était posée dessus. Je l’ai soulevée et j’ai pris le cahier avant de remettre l’engin là où je l’avais trouvé.» Mais, Zaccaria se rendra compte, que l’engin est resté coincé dans le tiroir lorsqu’il l’a refermé. C’est en essayant de le ressortir, que l’irréparable s’est produit.
« Une de mes mains est complètement foutue après l’explosion», s’indigne Zaccaria, qui jusqu’ici, était borgne, suite à une intervention chirurgicale qu’il a subie alors qu’il avait quatre ans. « J’ai été opéré de l’œil gauche, à l’hôpital Le Dantec ; on m’avait enlevé le globe oculaire. Depuis, je ne voyais que d’un seul œil. Là, à l’heure où je vous parle, je ne vois plus rien, j’ai perdu l’usage de mes yeux », révèle le jeune homme, qui redoute que le cancer, qui l’avait déjà privé d’un œil, finisse un jour par le défigurer totalement. « Si vous regardez bien les photos, précise-t-il, vous pouvez remarquer une déformation au niveau de la joue, sous l’œil gauche. Cela m’affecte jusqu’au niveau des mâchoires.»
Qu’en est-il de son père ? Zac ne l’a plus revu depuis ce fameux accident, qui a fait basculer la vie de son fils. Un père qui culpabilise encore, rongé par le remords. Au point de s’exiler, loin des siens ? Zaccaria n’a pas l’air de lui en vouloir : « il a abandonné la police et a émigré en Italie. J’ai de ses nouvelles de temps à autre. » Mais pour l’instant, ce qui compte, c’est sa propre vie, ou plutôt sa survie, que Zaccaria envisage difficilement, parce que les médicaments, il faut bien les acheter, ne serait-ce pour calmer les douleurs fréquentes, et qui font de ses nuits un cauchemar. Et lorsqu’on ne travaille pas, quand on n’a personne sur qui compter, pas même un père à ses côtés, ce n’est point évident. Sa seule consolation, c’est un de ses amis, qui ne l’a pas laissé tomber. Et l’amour d’une mère, qui s’en remet au Seigneur. « Je vis avec ma mère, elle ne travaille pas, mais elle se débrouille au quotidien pour subvenir à nos besoins. Là, je suis chez un ami, où je peux me connecter à internet pour pouvoir vous parler. C’est lui qui me sert de guide quand j’ai des courses à faire ou des rendez-vous », confie Zaccaria, qui, aujourd’hui, a beaucoup de mal à passer inaperçu.
« Je ne supporte plus le regard des gens, j’évite de sortir le jour »
Dire que Zaccaria connaît le parcours du combattant dans les ministères, où il est envoyé à plusieurs reprises sans que son cas soit résolu. Sans doute, pour les autorités, l’urgence est …ailleurs. Ce qui l’a poussé à s’adresser au Président de la République et à son épouse : « j’ai écrit une lettre à Mme Wade, et j’en ai envoyé deux au Président Wade même. » Mais jusqu’ici, rien, c’est encore le statu quo. Comme en 2003, lorsque Zaccaria s’en est ouvert au ministre de la Jeunesse de l’époque, Modou Diagne Fada, qui, dit-il, lui a fait des promesses devant les caméras de la télévision nationale. « Il m’a par la suite mis en rapport avec un médecin, mais ce dernier m’a écrit pour me faire comprendre qu’ils n’ont aucun moyen de m’évacuer en France. » Mais, Zaccaria reste patient, et ne doute pas une seule fois de la bonne foi du ministre, à qui il a fait une piqûre de rappel. « Ma sœur lui a remis une autre lettre, main à main, il y a deux mois, mais je n’ai toujours pas de nouvelles. », se résigne le jeune homme.
Mis à part le choc psychologique, Zaccaria se rend compte, que son œil gauche a beaucoup rétréci, « j’ai l’impression qu’il s’enfonce de plus en plus. Je ne peux pas porter des lunettes, parce que du côté gauche, la monture ne tient pas. »
S’il y a une chose que Zaccaria redoute encore plus, c’est le procès que lui fait la société : « je ne supporte plus le regard des gens, j’évite de sortir le jour ; je porte même une casquette, pour passer inaperçu. » Aujourd’hui, si Zac a décidé de parler à visage découvert, c’est parce qu’il n’a plus le choix, et espère que cela fera fléchir et réfléchir les autorités, le ministère de la Santé en particulier. Ou à défaut, les organismes internationaux, et les bonnes volontés de ce pays, dont la solidarité et l’entre-aide sont des valeurs auxquelles il veut croire encore. D’où son cri de détresse, un SOS qu’il lance à l’endroit des associations, médecins, etc. Aujourd’hui, tout ce dont a envie Zaccaria, c’est de se battre pour s’en sortir, recouvrer sa santé, qui demeure sa seule priorité, ou aller à l’étranger s’il le faut pour se procurer les meilleurs soins.
Quant à ses proches, ils ont tout fait, mais ont fini par se résigner, et se faire une raison. Lorsqu’on a des moyens modestes, la santé devient un ‘luxe’, on n’a pas le droit de tomber malade, ou de se retrouver en situation de handicap. Et cela, Zaccaria l’a compris. « Ma mère a remué ciel et terre pour me trouver de l’aide. Je lui ai dit que maintenant, il faut que je me débrouille seul, tout seul. »
Momar Mbaye
mbayemomar@yahoo.fr
http://mbayemomar.over-blog.net
Ceux qui souhaitent venir en aide à Zaccaria peuvent envoyer un e-mail, ou s’adresser à l’association Ndenkané Partage.
Téléphone : +221 77 453 91 46 pour le Sénégal, et +33 610 48 85 26 pour la France.
« Une de mes mains est complètement foutue après l’explosion», s’indigne Zaccaria, qui jusqu’ici, était borgne, suite à une intervention chirurgicale qu’il a subie alors qu’il avait quatre ans. « J’ai été opéré de l’œil gauche, à l’hôpital Le Dantec ; on m’avait enlevé le globe oculaire. Depuis, je ne voyais que d’un seul œil. Là, à l’heure où je vous parle, je ne vois plus rien, j’ai perdu l’usage de mes yeux », révèle le jeune homme, qui redoute que le cancer, qui l’avait déjà privé d’un œil, finisse un jour par le défigurer totalement. « Si vous regardez bien les photos, précise-t-il, vous pouvez remarquer une déformation au niveau de la joue, sous l’œil gauche. Cela m’affecte jusqu’au niveau des mâchoires.»
Qu’en est-il de son père ? Zac ne l’a plus revu depuis ce fameux accident, qui a fait basculer la vie de son fils. Un père qui culpabilise encore, rongé par le remords. Au point de s’exiler, loin des siens ? Zaccaria n’a pas l’air de lui en vouloir : « il a abandonné la police et a émigré en Italie. J’ai de ses nouvelles de temps à autre. » Mais pour l’instant, ce qui compte, c’est sa propre vie, ou plutôt sa survie, que Zaccaria envisage difficilement, parce que les médicaments, il faut bien les acheter, ne serait-ce pour calmer les douleurs fréquentes, et qui font de ses nuits un cauchemar. Et lorsqu’on ne travaille pas, quand on n’a personne sur qui compter, pas même un père à ses côtés, ce n’est point évident. Sa seule consolation, c’est un de ses amis, qui ne l’a pas laissé tomber. Et l’amour d’une mère, qui s’en remet au Seigneur. « Je vis avec ma mère, elle ne travaille pas, mais elle se débrouille au quotidien pour subvenir à nos besoins. Là, je suis chez un ami, où je peux me connecter à internet pour pouvoir vous parler. C’est lui qui me sert de guide quand j’ai des courses à faire ou des rendez-vous », confie Zaccaria, qui, aujourd’hui, a beaucoup de mal à passer inaperçu.
« Je ne supporte plus le regard des gens, j’évite de sortir le jour »
Dire que Zaccaria connaît le parcours du combattant dans les ministères, où il est envoyé à plusieurs reprises sans que son cas soit résolu. Sans doute, pour les autorités, l’urgence est …ailleurs. Ce qui l’a poussé à s’adresser au Président de la République et à son épouse : « j’ai écrit une lettre à Mme Wade, et j’en ai envoyé deux au Président Wade même. » Mais jusqu’ici, rien, c’est encore le statu quo. Comme en 2003, lorsque Zaccaria s’en est ouvert au ministre de la Jeunesse de l’époque, Modou Diagne Fada, qui, dit-il, lui a fait des promesses devant les caméras de la télévision nationale. « Il m’a par la suite mis en rapport avec un médecin, mais ce dernier m’a écrit pour me faire comprendre qu’ils n’ont aucun moyen de m’évacuer en France. » Mais, Zaccaria reste patient, et ne doute pas une seule fois de la bonne foi du ministre, à qui il a fait une piqûre de rappel. « Ma sœur lui a remis une autre lettre, main à main, il y a deux mois, mais je n’ai toujours pas de nouvelles. », se résigne le jeune homme.
Mis à part le choc psychologique, Zaccaria se rend compte, que son œil gauche a beaucoup rétréci, « j’ai l’impression qu’il s’enfonce de plus en plus. Je ne peux pas porter des lunettes, parce que du côté gauche, la monture ne tient pas. »
S’il y a une chose que Zaccaria redoute encore plus, c’est le procès que lui fait la société : « je ne supporte plus le regard des gens, j’évite de sortir le jour ; je porte même une casquette, pour passer inaperçu. » Aujourd’hui, si Zac a décidé de parler à visage découvert, c’est parce qu’il n’a plus le choix, et espère que cela fera fléchir et réfléchir les autorités, le ministère de la Santé en particulier. Ou à défaut, les organismes internationaux, et les bonnes volontés de ce pays, dont la solidarité et l’entre-aide sont des valeurs auxquelles il veut croire encore. D’où son cri de détresse, un SOS qu’il lance à l’endroit des associations, médecins, etc. Aujourd’hui, tout ce dont a envie Zaccaria, c’est de se battre pour s’en sortir, recouvrer sa santé, qui demeure sa seule priorité, ou aller à l’étranger s’il le faut pour se procurer les meilleurs soins.
Quant à ses proches, ils ont tout fait, mais ont fini par se résigner, et se faire une raison. Lorsqu’on a des moyens modestes, la santé devient un ‘luxe’, on n’a pas le droit de tomber malade, ou de se retrouver en situation de handicap. Et cela, Zaccaria l’a compris. « Ma mère a remué ciel et terre pour me trouver de l’aide. Je lui ai dit que maintenant, il faut que je me débrouille seul, tout seul. »
Momar Mbaye
mbayemomar@yahoo.fr
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Ceux qui souhaitent venir en aide à Zaccaria peuvent envoyer un e-mail, ou s’adresser à l’association Ndenkané Partage.
Téléphone : +221 77 453 91 46 pour le Sénégal, et +33 610 48 85 26 pour la France.