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Vendredi 3 Avril 2009

Les dessous financiers d’un marché


Loin de se justifier par une simple préoccupation d’économie d’énergie, la campagne des ampoules basse consommation lancée par la Senelec est une opération inventée pour satisfaire des intérêts particuliers.



Les dessous financiers d’un marché
Dans sa première édition, La Gazette révélait les menaces environnementales et sanitaires liées aux lampes basse consommation que le gouvernement a décidé d’introduire à grande échelle dans les foyers de ce pays. Après cette publication, des cadres de la société d’Etat (la Société nationale d’électricité du Sénégal) à qui les autorités ont confié la charge d’équiper les ménages sénégalais de ces ampoules nous ont saisi pour nous révéler un autre aspect de cette opération.

Selon ces cadres qui ont désiré garder l’anonymat, le coût global de l’opération est estimé entre quatre et six milliards de FCFA. Ce coût sera entièrement supporté par le consommateur qui recevra une facture majorée du coût des ampoules qui ont été installées chez lui. A en croire nos informateurs, le marché a été conclu avec un opérateur en dehors des procédures légales prévues à cet effet, sur la base d’un népotisme et d’un copinage dont on ne se cache même pas. Cette opération a été décidée non point en fonction d’un besoin d’économie d’énergie ressentie mais plutôt d’un calcul froid basé sur la poursuite d’intérêts particuliers.

Le groupe de cadres qui a choisi de nous parler a décidé de transmettre une lettre au président de la Commission des Finances de l’Assemblée nationale et aux bailleurs de fonds qui accompagnent la politique de redressement du secteur de l’électricité. Par ailleurs, ces mêmes cadres ont décidé de saisir le chef de l’Etat pour l’informer de façon exacte sur les tenants et aboutissants de ce marché. Les consommateurs devraient enrichir des individus dont le seul mérite aura été de connaître des circuits officiels qui leur auront permis de proposer des marchés bidon qui leur permettent de se faire de l’argent sans cause sur le dos du citoyen, si, toutefois, ces derniers acceptent de se plier à la volonté de la Senelec qui est décidée, sur injonction, de les doter de ces lampes basse consommation.

Qu’attendent les associations de consommateurs, pour engager une campagne appelant au boycott des ampoules basse consommation, se demandent les cadres de la Senelec qui nous ont parlé. Le chef de l’Etat se pose la question de savoir pourquoi le Pds a-t-il pu subir une défaite aussi cinglante au cours des dernières élections locales. La réponse est facile à trouver, explique, une source proche de la présidence de la République : « quand on laisse se développer autour de soi et dans les ministères un affairisme d’une ampleur sans précédent conjugué à une arrogance sans limite, on ne doit pas être surpris de la victoire de l’opposition ». Selon des sources bien informées le premier ministre Adjibou Soumaré bien qu’ayant approuvé les termes du marché sur les ampoules basse consommation, indiquent dans son entourage qu’un tel marché ne se justifie pas.

Dommage que le chef du gouvernement se limite à faire, en privé, une telle observation, tout en se gardant de s’opposer à la conclusion de ce marché bidon. Même les responsables de la direction de la Senelec expliquent qu’ils sont contraints à la signature du contrat qui leur a été livré clef en main. Les populations devront elles-mêmes prendre en charge le combat contre la politique consistant à leur imposer les ampoules à basse consommation. Elles sont d’autant plus fondées à engager un tel combat que nous avons attiré leur attention, dans une de nos précédentes éditions, sur les dangers de ces ampoules. Nous écrivions à ce sujet que : « une fois que la lampe basse consommation casse, le mercure gazeux qu’elle contient est libéré et peut pénétrer dans l’organisme par les voies respiratoires ou par absorption cutanée. De là il est transporté vers le cerveau et vers les organes de filtration comme les reins où il s’accumule. Occasionnant ainsi chez l’homme, des troubles nerveux et respiratoires, voire une insuffisance rénale. Et pis, avec la contrefaçon qui met sur le marché des ampoules de moins en moins résistantes, donc facilement cassables, on peut alors imaginer le danger que représente ces produits pour la santé des consommateurs et pour l’environnement ».

Dans ces conditions, se faire imposer ces ampoules, sous le prétexte de favoriser une économie d’énergie, alors que le but non avoué est d’enrichir des amis ayant bénéficié sans appel d’offres de la faveur de l’administration pour fournir la Senelec, est inacceptable. Sachons dire non, alors qu’il est encore temps de refuser.

La Gazette.sn
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