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Vendredi 18 Décembre 2015

Les incroyables aveux de Lamine Diack pour la destitution de Wade


Le journal Le Monde s'est procuré les déclarations de Lamine Diack, l'ancien président de la fédération internationale, mis en examen pour corruption, auprès des enquêteurs. Le dirigeant sénégalais y explique comment il a reçu de l'argent de la part de la fédération russe à des fins politiques.



Le journal Le Monde, daté de ce samedi, révèle les aveux  passés par Lamine Diack, l’ancien président de la fédération internationale (IAAF), mis en examen  pour ''corruption passive'' et ''blanchiment aggravé'', face aux enquêteurs de l’Office central de lutte contre les infractions financières et fiscales. Le Sénégalais, 82 ans, explique dans le détail la procédure qui lui a permis de recevoir de fortes sommes d’argent de la part de la fédération russe.

Au départ, il s’agissait pour Diack de s’opposer à Abdoulaye Wade, le président du Sénégal, lors des élections présidentielles et législatives de 2012. «Je vous ai dit qu’il fallait à cette période gagner la ''bataille de Dakar'', c’est-à-dire renverser le pouvoir en place, a-t-il raconté. Il fallait pour cela financer notamment le déplacement des jeunes afin de battre campagne, sensibiliser les gens à la citoyenneté. (…) J’avais donc besoin de financements pour louer les véhicules, des salles de meetings, pour fabriquer des tracts dans tous les villages et tous les quartiers de la ville.»
 
«C'est (Valentin) Balakhnichev (le président de la fédération russe) qui a organisé tout ça»
 
Au même moment se pose le problème d’athlètes russes  aux passeports biologiques anormaux et donc sous la menace de suspension pour dopage. Avec Habib Cissé, son conseiller juridique, et Gabriel Dollé, le responsable du département médical et antidopage de l’IAAF, tous deux également mis en examen pour ''corruption passive'', Lamine Diack couvre les pratiques dopantes et retarde les suspensions, en échange d’argent.

«Nous nous sommes entendus, la Russie a financé, déclare-t-il au juge Van Ruymbeke, chargé de l'instruction. C’est (Valentin) Balakhnichev (le président de la fédération russe)qui a organisé tout ça. Papa Massata Diack (l’un des fils de Lamine Diack) s’est occupé du financement avec Balakhnichev. (...) Quand j’ai sollicité une aide de la part de Balakhnichev, je lui ai dit que pour gagner les élections, il me faudrait environ 1,5 million d’euros. (...) Il m'a dit : ''On va essayer de les trouver, il n’y a pas de problème''.» Ce que Valentin Balakhnichev a démenti, toujours dans Le Monde : «Ni moi ni ma fédération n’avons été impliqués dans une telle discussion ou affaire avec M. Diack. Ce type de business n’est pas de notre intérêt et pouvoir. Nous ne pouvons pas interférer dans les affaires intérieures du Sénégal.»
 
 
 

«Il fallait reporter la suspension (d'athlètes russes)»

En 2012, Abdoulaye Wade a perdu les élections présidentielles au Sénégal au profit de Macky Sall. El Hadj Kassé, le ministre chargé de la communication de la présidence, a déclaré n’avoir reçu «aucun financement de Lamine Diack et a fortiori de la Russie». Concernant la suspension des athlètes russes, Lamine Diack a reconnu que l’IAAF était au même moment en négociation pour ses droits de sponsoring, avec notamment deux entreprises russes, la chaîne de télévision RTR et la banque publique VTB.

Donc il «fallait reporter la suspension (…) après les championnats du monde de 2013 (organisés  Moscou). (...) S’il n’y avait pas eu de droits de télévision, de droits marketing, et si des athlètes avaient été suspendus, c’était la catastrophe.» Diack a alors expliqué que Habib Cissé avait été «chargé de remettre personnellement les courriers de notification des passeports biologiques anormaux à Balakhnichev», opération qui ralentissait la procédure de suspension. Ce que Habib Cissé a nié.
 
«J'ai accepté de ralentir la procédure la concernant (Lilya Shobukhova, la marathonienne)»
 
Et, pour que les passeports douteux soient traités le plus tard possible, Lamine Diack a rencontré Gabriel Dollé en janvier 2012 à Monaco, de l’aveu même du médecin français. «Il m’a été suggéré pour le cas de dopage de (la marathonienne) Lilya Shobukhova d’être accommodant afin de ralentir la procédure, dit-il, lui aussi dans Le MondeA cette époque-là, il y avait des discussions avec un sponsor et Papa Massata Diack, et il m’avait dit qu’une mauvaise publicité nuirait aux négociations avec ce sponsor, dans la perspective des Jeux de Londres. J’ai accepté de ralentir la procédure la concernant.» Selon Le Monde, Dollé a d’abord touché 50 000 euros puis 140 000 euros (dont 90 000 des mains de Lamine Diack).

Au sein de l’IAAF, on a toutefois commencé à s’interroger sur la participation de certains athlètes russes aux JO de Londres, sur le fait que Gabriel Dollé fermait régulièrement sa porte quand il recevait des appels téléphoniques ou qu’il demandait des infos supplémentaires sur Lilya Shobukhova. Lamine Diack a déclaré à ce sujet que «Papa Massata Diack a donné de l’argent (à certains membres de l’IAAF) pour les faire taire et qu’ils ne s’opposent pas». Notamment cités, Cheikh Thiaré, le directeur de cabinet de Diack, et Nick Davies, le chef de presse, ont démenti avoir reçu de l’argent. Gabriel Dollé, lui, a regretté «de s’être laissé entraîner». Papa Massata Diack, de son côté, est toujours recherché par les enquêteurs.

Athlétisme : comment la Russie a été invitée à financer la campagne électorale au Sénégal

Le Monde |  • Mis à jour le  | Par 

 


Dans l’enquête que « Le Monde » s’est procurée, Lamine Diack, le président de l’IAAF, a avoué avoir, de son côté, fermé les yeux sur le dopage des athlètes russes.

 

C’est un coup de tonnerre dans le milieu du sport  mondial et de la politique  sénégalaise. Selon les déclarations de Lamine Diack aux enquêteurs français, des fonds russes auraient contribué en 2012 au financement de la campagne de Macky Sall contre le président sortant, Abdoulaye Wade.

Mis en examen pour « corruption passive » et « blanchiment aggravé » par les autorités françaises, le Sénégalais de 82 ans, président de la fédération internationale d’athlétisme  (IAAF) de décembre 1999 à août 2015, a lâché une bombe que révèle Le Monde.

« C’est Balakhnichev qui a organisé tout ça »

En échange d’1,5 million d’euros pour la campagne de Macky Sall, M.Diack, ancien maire de Dakar et ancien vice-président de l’assemblée nationale, est soupçonné d’avoir couvert des pratiques dopantes et retardé les suspensions d’athlètes russes. Un accord conclu fin 2011, à trois mois de l’élection présidentielle sénégalaise, avec Valentin Balakhnichev, alors président de la fédération russe d’athlétisme et trésorier de l’IAAF.

« Je vous  ai dit qu’il fallait à cette période gagner  la “bataille de Dakar”, c’est-à-dire renverser  le pouvoir  en place dans mon pays, le Sénégal  », explique-t-il aux enquêteurs de l’Office central de lutte contre les infractions financières et fiscales, dans une allusion aux élections présidentielle et législatives, en février et juillet 2012.

« Il fallait pour cela financer  notamment le déplacement des jeunes afin de battre  campagne, sensibiliser  les gens à la citoyenneté. (…) J’avais donc besoin de financements pour louer  les véhicules, des salles de meetings, pour fabriquer  des tracts dans tous les villages et tous les quartiers de la ville. M. Balakhnichev [président de l’ARAF, la Fédération russe d’athlétisme] faisait partie de l’équipe Poutine et à ce moment il y avait ces problèmes de suspension des athlètes russes à quelques mois des championnats du monde  en Russie. Nous nous sommes entendus, la Russie  a financé. C’est Balakhnichev qui a organisé tout ça. Papa Massata Diack [l’un des fils de Lamine Diack] s’est occupé du financement avec Balakhnichev. »

Contacté par Le Monde, la présidence sénégalaise dément ces affirmations : « Nous n’avons reçu aucun financement de M. Lamine Diack et a fortiori de la Russie, assure El Hadj Kassé, ministre sénégalais chargé de la communication de la présidence. Notre campagne, nous l’avons financée à partir  de nos propres ressources, de nos militants. Nous n’avons pas mené une campagne à l’américaine, tous les Sénégalais peuvent entémoigner. »

Selon M.Diack, il n’y avait « aucun accord écrit » entre lui et Valentin Balakhnichev. «  Quand j’ai sollicité une aide  de la part de Balakhnichev, ajoute M. Diack, je lui ai dit que pour gagner les élections, il me faudrait environ 1,5 million d’euros. » « Quelle a été sa réaction ? », demandent les enquêteurs de l’OCLCIFF. « Il (Balakhnichev) m’a dit  : “On va essayer  de les trouver, il n’y a pas de problème” », répond Lamine Diack.

« Ni moi  ni ma fédération n’avons été impliqués dans une telle discussion ou affaire avec M. Diack, assure au Monde Valentin Balakhnichev. Ce type de business n’est pas de notre intérêt et pouvoir. Nous ne pouvons pas interférer  dans les affaires intérieures du Sénégal. Pour moi, c’est clair. »


En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/sport/article/2015/12/18/athletisme-comment-la-russie-a-ete-invitee-a-financer-la-campagne-electorale-au-senegal_4834736_3242.html#vLw7go4OrT9wvoma.99

Fadel Baro de y'en à marre

«Aucun centime possédé par le mouvement Y’en A Marre n’émane du gouvernement». C’est la précision faite par Fadel Barro, dans l’émission Sen Jotay de la Sen TV. Le coordonnateur a profité de l’occasion pour lever un coin du voile sur le financement du mouvement Y’en A Marre. Selon Fadel Baro, le gouvernement n’a jamais soutenu le mouvement. Au contraire ! Il semble l’ignorer et c’est réciproque.



« Il arrive parfois qu’on nous entende en Europe, surtout à Berlin. C’est une invitation de la Maison de la culture du monde, une conférence que j’ai animée avec Awadi. C’est le mouvement Y’en A Marre, basé en Europe, qui a cotisé pour ses frais », soutient le coordonnateur. Ainsi, parmi les souteneurs du mouvement qui en a marre, figure Lamine Diack, qui était le parrain de leurs activités. Ce dernier, selon Fadel Barro, les soutenait dans l’ombre pour les billets d’avion, ainsi que d’autres entreprises sénégalaises, à l’image de la SEDIMA. « Sur le plan de la sonorisation, Youssou Ndour nous soutenait », ajoute Barro, qui a également évoqué le soutien de Bougane Guèye Dany lors de leurs manifestations post-électorales.

( Les News )






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