La Sentinelle : Aujourd’hui, le débat porte sur la légalité de la candidature de Maître Wade tel que posé par le professeur Pape Demba Sy. Quelle est la lecture que vous faites de cette position ?
Maître Ousmane Sèye : Les constitutionnalistes ont posé le débat. C’est vrai que ce sont des universitaires. Mais en posant le débat, ils ne l’ont pas fait en tant de juristes ou en tant que constitutionnalistes, mais ils l’ont fait en tant qu’hommes politiques. Et ils ne s’en cachent pas. Ces juristes appartiennent tous à des partis politiques. L’un même est le secrétaire général d’un parti. Ce dernier a eu l’honnêteté de dire qu’il revendique sa position politique. C’est dire donc que le débat a été posé par les constitutionnalistes en des termes politiques. Ils savent pertinemment qu’aussi bien la lettre que l’esprit de la constitution, permettent au Président de la République de briguer un second mandat.
Si l’esprit de la nouvelle constitution du 22 Janvier 2001 est de limiter le mandat du Président de la République, cet esprit là est respecté. Le président ne peut pas briguer deux mandats sur la base de cette constitution de 2001. C’est clair et net. Mais, avant l’adoption de cette constitution, le Président de la République était élu sur la base de l’ancienne constitution de 1963 modifiée. Cette constitution posait le principe de l’illimité du mandat de 7 ans. Il a été élu sur cette base. Et c’est un an plus tard que la nouvelle constitution a été adoptée qui pose le principe de la limitation du mandat. Mais il ya un nouvel article 104 qui se trouve dans les dispositions transitoires, et qui dit dispositions transitoires, dit dispositions dérogatoires. Parmi les constitutionnalistes qui parlent il y en a un qui a été rédacteur. Soit il a mal écrit son texte et il faut qu’il l’admette, qu’il l’avoue, qu’il fasse son méa culpa, parce qu’il a écrit le contraire de ce qu’il voulait écrire. Cet article 104 est clair. Il dit que le Président termine son mandat en cours c’est-à-dire son mandat de 7 ans, obtenu sur la base de l’ancienne constitution de 1963 modifiée et sur un autre alinéa il y est stipulé « toutes les dispositions de la constitution lui sont applicables ». C’est du français, c’est clair. Cela veut dire que toutes les dispositions de la constitution du 22 Janvier 2001 sont applicables au Présidant sauf le mandat qu’il a obtenu sur la base de la constitution de 1963. Cela veut dire que l’esprit et la lettre de la constitution de 2001 seront applicables au Président de la République après l’expiration de son mandat de 2000 obtenu sur la base de la constitution de 1963, c’est-à-dire en 2007.
« L’opposition a utilisé différents subterfuges. Elle essaie de contrarier la candidature du Président de la République. Ils ont essayé d’avoir un candidat unique, ils ne peuvent pas l’avoir. Maintenant, ils le savent. Ils n’ont pas de programme. Ils ont fait des Assises nationales auxquelles le peuple n’a pas adhéré »
L-S : Donc, selon vous, c’est un faux débat ?
M. O. S : Oui c’est un faux débat. C’est un débat vraiment inutile. Personne ne pourra empêcher le Président, s’il le veut, de se représenter en 2012 parce que la constitution lui en donne la possibilité. L’opposition a utilisé différents subterfuges. Elle essaie de contrarier la candidature du Président de la République. Ils ont essayé d’avoir un candidat unique, ils ne peuvent pas l’avoir. Maintenant, ils le savent. Ils n’ont pas de programme. Ils ont fait des Assises nationales auxquelles le peuple n’a pas adhéré. Et maintenant, leur dernière trouvaille est d’empêcher le président de la République de se présenter. Je crois que c’est anti démocratique. Quand on a un adversaire politique, il faut le combattre sur le terrain politique avec l’arbitrage des électeurs. Mais, dénier à un candidat le droit de se présenter… Ils viennent de démontrer que ce sont vraiment des antidémocrates.
L-S : Le professeur Mounirou Sy de l’université de Thiès, un des rédacteurs de la constitution, a dit que le Président ne voulait pas se présenter plus de 2 fois.
M. O. S : Non je l’ai lu Mounirou. Je crois qu’il a été assez honnête. Il n’a pas dit ça. Effectivement, je crois qu’il a dit après analyse que l’esprit du texte ne permet pas au Président de se présenter pour un second mandat. Mais, je crois qu’il a dit que la rédaction le lui permet. Il a été assez honnête pour reconnaître que la rédaction lui permet de présenter. Tous les juristes doivent reconnaître que le libellé des articles 27 et 104 de la constitution du 22 Janvier 2001 permettent au Président de se présenter s’il le veut.
LS : Maître en tant que juriste, qui est-ce qui, selon vous prime dans l’application d’une loi, est-ce la lettre ou l’esprit ?
M. O. S : Normalement, la lettre doit traduire l’esprit du texte. Les juristes pertinents qui rédigent un article doivent faire traduire en même temps dans cet article la lettre et l’esprit. Vous savez, c’est la première fois que j’entends des juristes qui essaient de faire la dichotomie entre la lettre et l’esprit. Quand la lettre est claire on n’a même pas besoin de se référer à l’esprit du texte. C’est quand le texte n’est pas bien écrit que l’on se réfère à l’esprit. Or, les rédactions des articles 27 et 104 de la constitution sont tellement claires. Elles traduisent l’esprit du texte. Il ne faut pas faire la confusion entre l’esprit et le texte de la constitution de 1963 modifiée et l’esprit et le texte de la constitution de 2001. Ce sont deux esprits et deux textes totalement différents. La constitution de 1963 est une constitution qui pose le principe de l’illimitation du mandat présidentiel. C’est sur la base de cette constitution que le Président a été élu en Mars 2000. Il a été élu sur la base d’une constitution qui ne limitait pas le mandat présidentiel. C’est le président lui-même qui a proposé un an après un projet de constitution adopté par le peuple Sénégalais, le 22 Janvier 2001. C’est dans cette constitution qu’il a proposé qu’il dit qu’il faut maintenant limiter le mandat présidentiel à deux mandats de 5 ans renouvelables une seule fois. Donc la lettre traduit l’esprit c’est quoi la limitation du mandat. Le constituant ne s’arrête pas là comme le président a été déjà élu sur la base d’une constitution qui ne limite pas le mandat et dont la durée est de 7 ans. Le constituant a ainsi essayé de régler le problème de la transition entre le mandat obtenu par le Président sur la base de l’ancienne constitution et la limitation du mandat prévu par le nouveau constituant. C’est en ce sens que le constituant a pris l’article 104.
« En un an je crois qu’il y a un réel problème d’expression au sein du PDS. Il y a un problème démocratique qui se pose parce que les militants de base ne sont pas associés aux prises de décision »
L-S : Avec quel statut défendez-vous la candidature de Maître Wade en tant qu’avocat ou en tant que président de la Sentinelle bleue ?
M. O. S : Moi je ne suis pas même pas un politicien. Tout le monde le sait. Actuellement, je fais la politique, je le revendique. Mais, quand j’analyse les textes de loi, j’ai une formation de praticien du droit je ne suis pas un universitaire, je ne suis pas un théoricien du droit. Un avocat, un magistrat sont des praticiens du droit. Ils ne sont pas des théoriciens mais ils pratiquent le droit quotidiennement.
L-S : Vous n’êtes pas politicien mais vous êtes dans le champ politique et vous venez de créer un mouvement la sentinelle bleue. Pourquoi un courant au sein du PDS ?
M. O. S : Quand vous êtes dans une organisation et qu’à un moment vous étouffez dans cette organisation et que vous ne pouvez plus vous exprimez librement parce qu’il faut aussi être loyal vous ne pouvez pas participez à une chose et dénoncer cette chose-là. J’ai pratiquement milité au PDS en 2009 pendant les élections locales.
En un an je crois qu’il y a un réel problème d’expression au sein du PDS. Il y a un problème démocratique qui se pose parce que les militants de base ne sont pas associés aux prises de décision. Je me considère comme un grand militant politique. J’ai fait un parcours très important en tant que militant citoyen depuis que je suis élève jusqu’à présent. Je ne milite pas dans un parti pour être une statue. Il faut que je sente la vie, je ne l’ai pas senti, j’ai créé un courant « la Sentinelle bleue » qui dépasse aujourd’hui le Parti Démocratique Sénégalais parce que non seulement il y a des militants et des membres fondateurs du PDS dans la section de Thiès, des cadres, des ingénieurs, des étudiants, des GIE de femmes qui constituent le mouvement de la Sentinelle. Ce mouvement travaille pour la réélection de Wade en 2012. nous avons constaté que le président a un grand parti le PDS qui est un instrument de conquête et de conservation du pouvoir, certes, mais qui n’est pas suffisant pour le réélire. Je crois que Sentinelle Bleue travaille pour capter les alliés du Président de la République pour avoir un électorat sûr pour sa réélection.
« Rien n’empêche au parti de prendre en compte les alliés et de s’organiser pour que ces alliés soient un renfort et non le contraire. Je crois que c’est l’addition qui fait gagner et non la soustraction. Il faut que le parti le comprenne aussi ».
L.S. - Est-ce que ce ne serait pas superflu à coté de l’Alliance Sopi pour toujours (Ast)
M.O.S – L’Ast est une coalition de partis et de mouvements. Le mouvement que j’ai créé peut faire partie de l’Ast. Rien n’empêche à Sentinelle Bleue d’être membre allié de l’Ast. C’est pour la renforcer. C’est tout.
L.S. – La Sentinelle bleue d’un coté, la Génération du Concret de l’autre, cela ne contribue –t-elle à affaiblir davantage le PDS ?
M.O.S – Je ne crois pas, cela va renforcer le parti. Le parti est là et tous. Les Mouvements que vous venez de citer sont des alliés du PDS. Ils travaillent pour le renforcement du PDS. Ce sont des mouvements de veille comme le nom, la Sentinelle l’indique. Nous sommes une alerte pour le parti, « en disant, il faut vous réveiller. Il est temps de vous réveiller ». Rien n’empêche au parti de prendre en compte les alliés et de s’organiser pour que ces alliés soient un renfort et non le contraire. Je crois que c’est l’addition qui fait gagner et non la soustraction. Il faut que le parti le comprenne aussi.
L. S. – Est-ce que c’est pour jouir d’une autonomie que vous avez lancé la Sentinelle Bleue ?
M. O. S. – Oui bien sûr. Mois je ne suis prisonnier de qui que ce soit. Etre membre d’un parti, ne veut pas dire être prisonnier du parti. Applaudir même si ce qui est fait n’est pas bien. Nous ne sommes pas des laudateurs. Ce qui nous préoccupe, c’est d’abord l’intérêt des Sénégalais, car nous estimons que l’intérêt du président de la République coïncide avec ceux des Sénégalais. Il est notre candidat. Je crois que dans la marche d’un parti, dans le comportement d’un individu, il y a des erreurs, des manquements. Nous ne sommes pas là pour applaudir, mais pour dénoncer ces erreurs et ces manquements afin qu’ils soient rectifiés. Si on ne peut pas le dire dans le parti, on sort pour le dire en tant que courant. Je crois que ça aussi, c’est un avantage pour le parti d’avoir des Sentinelles, des mouvements de veille, pour dénoncer des déviations afin qu’elles soient rectifiées.
L.S. Vous avez dit tantôt que vous avez créé votre mouvement parce qu’il y a une absence de démocratie interne au PDS, si cela persistait, qu’elle serait votre position finale ?
M.O.S. – Je crois que quelqu’un qui va en guerre, n’y va pas pour mourir. Il y va pour gagner. Si nous mettons le doigt sur les insuffisances, les manquements du parti, c’est pour que cela soit corrigé. Ce serait suicidaire pour le parti. Sinon, on saura que ceux qui sont dans le parti, les responsables du parti, n’y sont que pour leurs propres intérêts. Il faut savoir que si le parti perd, tout le monde perd. Le parti lutte pour les intérêts du peuple sénégalais, puisque c’est lui qui est pouvoir. Le peuple sénégalais a des exigences des demandes qu’il faut satisfaire ; sinon lui expliquer pourquoi on ne peut pas le faire. C’est ma conception de la politique et le fondement de la démarche de Sentinelle bleue. Il faut respecter le peuple qui a élu ses dirigeants à travers le parti au pouvoir. Alors il est normal d’attirer l’attention du parti sur la demande sociale. Maintenant, il appartient au parti de se conformer pour satisfaire cette demande, sinon, il sera sanctionné négativement.
L.S. – Certains prétendent qu’il y a des possibilités pour vous de vous allier avec Serigne Modou Kara Mbacké.
M.O.S. – Quand le mouvement a été créé, il a été le premier leader à nous ouvrir ses portes. Aucun candidat ne peut se présenter aujourd’hui à la présidentielle en sous estimant la force de Kara Mbacké, ou de Cheikh Béthio Thioune ou de Serigne Moustapha Sy. Je parle des mouvements à caractère religieux qui ont proliféré dans le pays et qui s’occupent d’une certaine jeunesse. Ce sont des personnes qui apportent beaucoup sur le plan social. Ils encadrent des jeunes dont certains étaient en déperdition. Je crois qu’il faut les écouter et même les associer sur la conduite de la politique du pays. Moi j’ai beaucoup discuté avec Kara Mbacké, il a une proposition géniale qu’il essaie de mettre sur pied un conseil de la République qui regrouperait les cités religieuses, coutumières et sociales de ce pays pour réguler la vie sociale et culturelle parce qu’il a constaté une perte des valeurs. C’est une contribution essentielle que notre mouvement la Sentinelle bleue va prendre en charge et va proposer cela à notre candidat pour avoir le soutien de Kara Mbacké. Quand on dirige un pays, il faut écouter tout le monde. Il y des idées géniales que les gens ont et il faut les mettre en œuvre. Ne serait-ce que que sur ce point là, nous sommes d’accord avec Kara Mbacké. Ce pays manque de valeurs, des valeurs fondamentales telles que le jom, la dignité. Les chefs coutumiers et les chefs religieux autre que les Khalifes généraux, font partie de cette partie de cet organe. Les Khalifes généraux ont leur mission et ne peuvent pas faire partie de cet organe. Dans quelques temps, nous allons organiser un méga meeting pour fédérer tous ces mouvements, toutes ces associations et toutes ces personnalités et tous ces partis qui veulent adhérer à Sentinelle. On va vers une Alliance bleue.
L.S. – Une alliance bleue pour faire réélire Me Wade en 2012
M. O. S. (il coupe) – Oui, oui, en 2012 et poser les perspectives, les débats sur l’avenir politique du pays.
L.S. - Poser les perspectives, les débats sur l’avenir politique du pays. Est-ce qu’on peut s’attendre à ce que Me Sèye soit candidat à la présidence de la République après Me Wade ?
M. O. S. – Après Abdoulaye Wade ? Je l’ai dis. Aujourd’hui, je ne suis candidat à rien du tout tant qu’Abdoulaye Wade est là. Wade est un leader politique incontesté. Il a une ambition démesurée pour le Sénégal. Il a les connaissances, les capacités techniques, morales et physiques. Il faut simplement que ceux qui se regroupent autour de lui, soit mus par des intérêts généraux. C’est le meilleur candidat. Mais après Wade, rien n’empêche que je me présente face un autre ou qu’on nous choisisse un autre candidat. Les choses sont ouvertes.
L.S. – Donc un jour Me Sèye sera candidat à la présidentielle ?
M. O.S. – Mais pourquoi pas. Tous ceux qui sont là « tek seen ni ndeund * », il y en a qu’on ne connaît qu’à partir de 2000. Moi j’ai commencé à lutter quand j’étais élève. J’ai mon expérience dans le mouvement national démocratique de ce pays. Il y a certains se déclarent candidat pour diriger ce pays peut être qu’ils ont plus d’argent mais ils n’ont pas plus d’idées plus d’ambitions, plus de générosité, plus de compétence que moi. Ce qui m’intéresse c’est l’intérêt général. Maintenant, si le Sénégal doit tomber dans des mains inexpertes simplement parce qu’ils sont aisés, on doit se poser la question de savoir où est-ce qu’ils ont pris leur argent ? Je n’ai jamais assumé de fonction gouvernementale pour puiser mon argent dans les ressources nationales. Tout comme Abdoulaye Wade je suis un avocat, une profession libérale, nous ne sommes pas passés par l’appareil d’Etat pour avoir de l’argent et faire de la politique. Nous avons des ambitions pour notre pays, nous faisons des sacrifices pour notre pays. Maintenant, il y a des gens, des personnalités qui ont occupé des responsabilités gouvernementales et qui ont puisé leur argent là bas et qui veulent nous gouverner. Cet argent ne leur appartient pas, nous nous dresserons sur leur chemin pour proposer aux Sénégalais et aux Sénégalaises autre chose. Ce n’est pas l’argent qui dirige un pays ou qui fait élire un président de la République. C’est un programme ce sont des idées. Le président de la République du Sénégal sera choisi démocratiquement par le peuple Sénégalais. Tout autre débat instauré est un débat démagogique.
* « tek seen ni ndeund * » : expression wolof qui veut dire fanfaronner
Fatou Sagar DIOP , Souleymane KANE
Source Senesport.info
Maître Ousmane Sèye : Les constitutionnalistes ont posé le débat. C’est vrai que ce sont des universitaires. Mais en posant le débat, ils ne l’ont pas fait en tant de juristes ou en tant que constitutionnalistes, mais ils l’ont fait en tant qu’hommes politiques. Et ils ne s’en cachent pas. Ces juristes appartiennent tous à des partis politiques. L’un même est le secrétaire général d’un parti. Ce dernier a eu l’honnêteté de dire qu’il revendique sa position politique. C’est dire donc que le débat a été posé par les constitutionnalistes en des termes politiques. Ils savent pertinemment qu’aussi bien la lettre que l’esprit de la constitution, permettent au Président de la République de briguer un second mandat.
Si l’esprit de la nouvelle constitution du 22 Janvier 2001 est de limiter le mandat du Président de la République, cet esprit là est respecté. Le président ne peut pas briguer deux mandats sur la base de cette constitution de 2001. C’est clair et net. Mais, avant l’adoption de cette constitution, le Président de la République était élu sur la base de l’ancienne constitution de 1963 modifiée. Cette constitution posait le principe de l’illimité du mandat de 7 ans. Il a été élu sur cette base. Et c’est un an plus tard que la nouvelle constitution a été adoptée qui pose le principe de la limitation du mandat. Mais il ya un nouvel article 104 qui se trouve dans les dispositions transitoires, et qui dit dispositions transitoires, dit dispositions dérogatoires. Parmi les constitutionnalistes qui parlent il y en a un qui a été rédacteur. Soit il a mal écrit son texte et il faut qu’il l’admette, qu’il l’avoue, qu’il fasse son méa culpa, parce qu’il a écrit le contraire de ce qu’il voulait écrire. Cet article 104 est clair. Il dit que le Président termine son mandat en cours c’est-à-dire son mandat de 7 ans, obtenu sur la base de l’ancienne constitution de 1963 modifiée et sur un autre alinéa il y est stipulé « toutes les dispositions de la constitution lui sont applicables ». C’est du français, c’est clair. Cela veut dire que toutes les dispositions de la constitution du 22 Janvier 2001 sont applicables au Présidant sauf le mandat qu’il a obtenu sur la base de la constitution de 1963. Cela veut dire que l’esprit et la lettre de la constitution de 2001 seront applicables au Président de la République après l’expiration de son mandat de 2000 obtenu sur la base de la constitution de 1963, c’est-à-dire en 2007.
« L’opposition a utilisé différents subterfuges. Elle essaie de contrarier la candidature du Président de la République. Ils ont essayé d’avoir un candidat unique, ils ne peuvent pas l’avoir. Maintenant, ils le savent. Ils n’ont pas de programme. Ils ont fait des Assises nationales auxquelles le peuple n’a pas adhéré »
L-S : Donc, selon vous, c’est un faux débat ?
M. O. S : Oui c’est un faux débat. C’est un débat vraiment inutile. Personne ne pourra empêcher le Président, s’il le veut, de se représenter en 2012 parce que la constitution lui en donne la possibilité. L’opposition a utilisé différents subterfuges. Elle essaie de contrarier la candidature du Président de la République. Ils ont essayé d’avoir un candidat unique, ils ne peuvent pas l’avoir. Maintenant, ils le savent. Ils n’ont pas de programme. Ils ont fait des Assises nationales auxquelles le peuple n’a pas adhéré. Et maintenant, leur dernière trouvaille est d’empêcher le président de la République de se présenter. Je crois que c’est anti démocratique. Quand on a un adversaire politique, il faut le combattre sur le terrain politique avec l’arbitrage des électeurs. Mais, dénier à un candidat le droit de se présenter… Ils viennent de démontrer que ce sont vraiment des antidémocrates.
L-S : Le professeur Mounirou Sy de l’université de Thiès, un des rédacteurs de la constitution, a dit que le Président ne voulait pas se présenter plus de 2 fois.
M. O. S : Non je l’ai lu Mounirou. Je crois qu’il a été assez honnête. Il n’a pas dit ça. Effectivement, je crois qu’il a dit après analyse que l’esprit du texte ne permet pas au Président de se présenter pour un second mandat. Mais, je crois qu’il a dit que la rédaction le lui permet. Il a été assez honnête pour reconnaître que la rédaction lui permet de présenter. Tous les juristes doivent reconnaître que le libellé des articles 27 et 104 de la constitution du 22 Janvier 2001 permettent au Président de se présenter s’il le veut.
LS : Maître en tant que juriste, qui est-ce qui, selon vous prime dans l’application d’une loi, est-ce la lettre ou l’esprit ?
M. O. S : Normalement, la lettre doit traduire l’esprit du texte. Les juristes pertinents qui rédigent un article doivent faire traduire en même temps dans cet article la lettre et l’esprit. Vous savez, c’est la première fois que j’entends des juristes qui essaient de faire la dichotomie entre la lettre et l’esprit. Quand la lettre est claire on n’a même pas besoin de se référer à l’esprit du texte. C’est quand le texte n’est pas bien écrit que l’on se réfère à l’esprit. Or, les rédactions des articles 27 et 104 de la constitution sont tellement claires. Elles traduisent l’esprit du texte. Il ne faut pas faire la confusion entre l’esprit et le texte de la constitution de 1963 modifiée et l’esprit et le texte de la constitution de 2001. Ce sont deux esprits et deux textes totalement différents. La constitution de 1963 est une constitution qui pose le principe de l’illimitation du mandat présidentiel. C’est sur la base de cette constitution que le Président a été élu en Mars 2000. Il a été élu sur la base d’une constitution qui ne limitait pas le mandat présidentiel. C’est le président lui-même qui a proposé un an après un projet de constitution adopté par le peuple Sénégalais, le 22 Janvier 2001. C’est dans cette constitution qu’il a proposé qu’il dit qu’il faut maintenant limiter le mandat présidentiel à deux mandats de 5 ans renouvelables une seule fois. Donc la lettre traduit l’esprit c’est quoi la limitation du mandat. Le constituant ne s’arrête pas là comme le président a été déjà élu sur la base d’une constitution qui ne limite pas le mandat et dont la durée est de 7 ans. Le constituant a ainsi essayé de régler le problème de la transition entre le mandat obtenu par le Président sur la base de l’ancienne constitution et la limitation du mandat prévu par le nouveau constituant. C’est en ce sens que le constituant a pris l’article 104.
« En un an je crois qu’il y a un réel problème d’expression au sein du PDS. Il y a un problème démocratique qui se pose parce que les militants de base ne sont pas associés aux prises de décision »
L-S : Avec quel statut défendez-vous la candidature de Maître Wade en tant qu’avocat ou en tant que président de la Sentinelle bleue ?
M. O. S : Moi je ne suis pas même pas un politicien. Tout le monde le sait. Actuellement, je fais la politique, je le revendique. Mais, quand j’analyse les textes de loi, j’ai une formation de praticien du droit je ne suis pas un universitaire, je ne suis pas un théoricien du droit. Un avocat, un magistrat sont des praticiens du droit. Ils ne sont pas des théoriciens mais ils pratiquent le droit quotidiennement.
L-S : Vous n’êtes pas politicien mais vous êtes dans le champ politique et vous venez de créer un mouvement la sentinelle bleue. Pourquoi un courant au sein du PDS ?
M. O. S : Quand vous êtes dans une organisation et qu’à un moment vous étouffez dans cette organisation et que vous ne pouvez plus vous exprimez librement parce qu’il faut aussi être loyal vous ne pouvez pas participez à une chose et dénoncer cette chose-là. J’ai pratiquement milité au PDS en 2009 pendant les élections locales.
En un an je crois qu’il y a un réel problème d’expression au sein du PDS. Il y a un problème démocratique qui se pose parce que les militants de base ne sont pas associés aux prises de décision. Je me considère comme un grand militant politique. J’ai fait un parcours très important en tant que militant citoyen depuis que je suis élève jusqu’à présent. Je ne milite pas dans un parti pour être une statue. Il faut que je sente la vie, je ne l’ai pas senti, j’ai créé un courant « la Sentinelle bleue » qui dépasse aujourd’hui le Parti Démocratique Sénégalais parce que non seulement il y a des militants et des membres fondateurs du PDS dans la section de Thiès, des cadres, des ingénieurs, des étudiants, des GIE de femmes qui constituent le mouvement de la Sentinelle. Ce mouvement travaille pour la réélection de Wade en 2012. nous avons constaté que le président a un grand parti le PDS qui est un instrument de conquête et de conservation du pouvoir, certes, mais qui n’est pas suffisant pour le réélire. Je crois que Sentinelle Bleue travaille pour capter les alliés du Président de la République pour avoir un électorat sûr pour sa réélection.
« Rien n’empêche au parti de prendre en compte les alliés et de s’organiser pour que ces alliés soient un renfort et non le contraire. Je crois que c’est l’addition qui fait gagner et non la soustraction. Il faut que le parti le comprenne aussi ».
L.S. - Est-ce que ce ne serait pas superflu à coté de l’Alliance Sopi pour toujours (Ast)
M.O.S – L’Ast est une coalition de partis et de mouvements. Le mouvement que j’ai créé peut faire partie de l’Ast. Rien n’empêche à Sentinelle Bleue d’être membre allié de l’Ast. C’est pour la renforcer. C’est tout.
L.S. – La Sentinelle bleue d’un coté, la Génération du Concret de l’autre, cela ne contribue –t-elle à affaiblir davantage le PDS ?
M.O.S – Je ne crois pas, cela va renforcer le parti. Le parti est là et tous. Les Mouvements que vous venez de citer sont des alliés du PDS. Ils travaillent pour le renforcement du PDS. Ce sont des mouvements de veille comme le nom, la Sentinelle l’indique. Nous sommes une alerte pour le parti, « en disant, il faut vous réveiller. Il est temps de vous réveiller ». Rien n’empêche au parti de prendre en compte les alliés et de s’organiser pour que ces alliés soient un renfort et non le contraire. Je crois que c’est l’addition qui fait gagner et non la soustraction. Il faut que le parti le comprenne aussi.
L. S. – Est-ce que c’est pour jouir d’une autonomie que vous avez lancé la Sentinelle Bleue ?
M. O. S. – Oui bien sûr. Mois je ne suis prisonnier de qui que ce soit. Etre membre d’un parti, ne veut pas dire être prisonnier du parti. Applaudir même si ce qui est fait n’est pas bien. Nous ne sommes pas des laudateurs. Ce qui nous préoccupe, c’est d’abord l’intérêt des Sénégalais, car nous estimons que l’intérêt du président de la République coïncide avec ceux des Sénégalais. Il est notre candidat. Je crois que dans la marche d’un parti, dans le comportement d’un individu, il y a des erreurs, des manquements. Nous ne sommes pas là pour applaudir, mais pour dénoncer ces erreurs et ces manquements afin qu’ils soient rectifiés. Si on ne peut pas le dire dans le parti, on sort pour le dire en tant que courant. Je crois que ça aussi, c’est un avantage pour le parti d’avoir des Sentinelles, des mouvements de veille, pour dénoncer des déviations afin qu’elles soient rectifiées.
L.S. Vous avez dit tantôt que vous avez créé votre mouvement parce qu’il y a une absence de démocratie interne au PDS, si cela persistait, qu’elle serait votre position finale ?
M.O.S. – Je crois que quelqu’un qui va en guerre, n’y va pas pour mourir. Il y va pour gagner. Si nous mettons le doigt sur les insuffisances, les manquements du parti, c’est pour que cela soit corrigé. Ce serait suicidaire pour le parti. Sinon, on saura que ceux qui sont dans le parti, les responsables du parti, n’y sont que pour leurs propres intérêts. Il faut savoir que si le parti perd, tout le monde perd. Le parti lutte pour les intérêts du peuple sénégalais, puisque c’est lui qui est pouvoir. Le peuple sénégalais a des exigences des demandes qu’il faut satisfaire ; sinon lui expliquer pourquoi on ne peut pas le faire. C’est ma conception de la politique et le fondement de la démarche de Sentinelle bleue. Il faut respecter le peuple qui a élu ses dirigeants à travers le parti au pouvoir. Alors il est normal d’attirer l’attention du parti sur la demande sociale. Maintenant, il appartient au parti de se conformer pour satisfaire cette demande, sinon, il sera sanctionné négativement.
L.S. – Certains prétendent qu’il y a des possibilités pour vous de vous allier avec Serigne Modou Kara Mbacké.
M.O.S. – Quand le mouvement a été créé, il a été le premier leader à nous ouvrir ses portes. Aucun candidat ne peut se présenter aujourd’hui à la présidentielle en sous estimant la force de Kara Mbacké, ou de Cheikh Béthio Thioune ou de Serigne Moustapha Sy. Je parle des mouvements à caractère religieux qui ont proliféré dans le pays et qui s’occupent d’une certaine jeunesse. Ce sont des personnes qui apportent beaucoup sur le plan social. Ils encadrent des jeunes dont certains étaient en déperdition. Je crois qu’il faut les écouter et même les associer sur la conduite de la politique du pays. Moi j’ai beaucoup discuté avec Kara Mbacké, il a une proposition géniale qu’il essaie de mettre sur pied un conseil de la République qui regrouperait les cités religieuses, coutumières et sociales de ce pays pour réguler la vie sociale et culturelle parce qu’il a constaté une perte des valeurs. C’est une contribution essentielle que notre mouvement la Sentinelle bleue va prendre en charge et va proposer cela à notre candidat pour avoir le soutien de Kara Mbacké. Quand on dirige un pays, il faut écouter tout le monde. Il y des idées géniales que les gens ont et il faut les mettre en œuvre. Ne serait-ce que que sur ce point là, nous sommes d’accord avec Kara Mbacké. Ce pays manque de valeurs, des valeurs fondamentales telles que le jom, la dignité. Les chefs coutumiers et les chefs religieux autre que les Khalifes généraux, font partie de cette partie de cet organe. Les Khalifes généraux ont leur mission et ne peuvent pas faire partie de cet organe. Dans quelques temps, nous allons organiser un méga meeting pour fédérer tous ces mouvements, toutes ces associations et toutes ces personnalités et tous ces partis qui veulent adhérer à Sentinelle. On va vers une Alliance bleue.
L.S. – Une alliance bleue pour faire réélire Me Wade en 2012
M. O. S. (il coupe) – Oui, oui, en 2012 et poser les perspectives, les débats sur l’avenir politique du pays.
L.S. - Poser les perspectives, les débats sur l’avenir politique du pays. Est-ce qu’on peut s’attendre à ce que Me Sèye soit candidat à la présidence de la République après Me Wade ?
M. O. S. – Après Abdoulaye Wade ? Je l’ai dis. Aujourd’hui, je ne suis candidat à rien du tout tant qu’Abdoulaye Wade est là. Wade est un leader politique incontesté. Il a une ambition démesurée pour le Sénégal. Il a les connaissances, les capacités techniques, morales et physiques. Il faut simplement que ceux qui se regroupent autour de lui, soit mus par des intérêts généraux. C’est le meilleur candidat. Mais après Wade, rien n’empêche que je me présente face un autre ou qu’on nous choisisse un autre candidat. Les choses sont ouvertes.
L.S. – Donc un jour Me Sèye sera candidat à la présidentielle ?
M. O.S. – Mais pourquoi pas. Tous ceux qui sont là « tek seen ni ndeund * », il y en a qu’on ne connaît qu’à partir de 2000. Moi j’ai commencé à lutter quand j’étais élève. J’ai mon expérience dans le mouvement national démocratique de ce pays. Il y a certains se déclarent candidat pour diriger ce pays peut être qu’ils ont plus d’argent mais ils n’ont pas plus d’idées plus d’ambitions, plus de générosité, plus de compétence que moi. Ce qui m’intéresse c’est l’intérêt général. Maintenant, si le Sénégal doit tomber dans des mains inexpertes simplement parce qu’ils sont aisés, on doit se poser la question de savoir où est-ce qu’ils ont pris leur argent ? Je n’ai jamais assumé de fonction gouvernementale pour puiser mon argent dans les ressources nationales. Tout comme Abdoulaye Wade je suis un avocat, une profession libérale, nous ne sommes pas passés par l’appareil d’Etat pour avoir de l’argent et faire de la politique. Nous avons des ambitions pour notre pays, nous faisons des sacrifices pour notre pays. Maintenant, il y a des gens, des personnalités qui ont occupé des responsabilités gouvernementales et qui ont puisé leur argent là bas et qui veulent nous gouverner. Cet argent ne leur appartient pas, nous nous dresserons sur leur chemin pour proposer aux Sénégalais et aux Sénégalaises autre chose. Ce n’est pas l’argent qui dirige un pays ou qui fait élire un président de la République. C’est un programme ce sont des idées. Le président de la République du Sénégal sera choisi démocratiquement par le peuple Sénégalais. Tout autre débat instauré est un débat démagogique.
* « tek seen ni ndeund * » : expression wolof qui veut dire fanfaronner
Fatou Sagar DIOP , Souleymane KANE
Source Senesport.info