Au cours d’une vie, l’évolution physique et mentale se dégroupe en plusieurs périodes selon l’âge. L’âge de raison se situe en moyenne autour de 7 ans. En France, l’âge légal pour monter sur le siège passager à l’avant d’une voiture est fixé à 10 ans, quand la majorité civile naît le jour de nos 18 ans. Là où la question devient plus complexe, c’est au moment de définir le fameux âge d’or. Certains le placent à 20 ans, où la fougue de la jeunesse et les frontières du possible sont si éloignées que tout semble accessible. Pour Lionel Messi, ce fameux âge est passé depuis maintenant 10 ans.
Sa jeunesse, l’Argentin l’a dédiée au football, depuis ses premiers pas au sein des Newell’s Old Boys jusqu’à aujourd’hui, où La Pulga repousse toujours plus loin les limites de l’impossible au FC Barcelone. Avec 100 buts inscrits en compétitions européennes (98 en Ligue des champions, 2 en supercoupe d’Europe), le statut de meilleur buteur de l’histoire du Barça (523 buts), de la Liga (361 buts) et de sa sélection nationale (61 buts), Messi appuie la phrase de La Cage Aux Follesd’Édouard Molinaro : "C'est bien joli d'avoir 20 ans et la cuisse longue, mais ça ne suffit pas pour vous donner du talent !" Dans l’idée, Messi est même en train de prouver que l’âge d’or se situe bel et bien à 30 ans.
Le mariage avant la tornade
Une semaine après avoir passé le cap de la trentaine, Leo se mariait avec sa compagne Antonella Roccuzzo dans sa ville natale de Rosario , entouré de sa famille et ses meilleurs amis, parmi lesquels les stars du football Xavi Hernández, Cesc Fàbregas , Carles Puyol , Samuel Eto’o, Jordi Alba , Luis Suárez , Ezequiel Lavezzi ou Sergio Agüero .
Tous réunis pour une belle fête organisée à l'hôtel City Center, les amis du génie argentin – Lavezzi en tête de liste – lui ont sûrement offert un moment de bonheur immense. De quoi bien remplir les batteries avant de se lancer dans une saison 2017-2018 qui s’annonce charnière dans la carrière du jeune marié.
En football, il est aussi coutumier de dire que le pic de forme d’un joueur est atteint entre 23 et 30 ans, une fois les notions tactiques, techniques et le dosage des efforts assimilés. Pour cette année où il est donc censé se trouver au sommet de son art, Messi confirme les impressions données à travers les statistiques.
Muet contre l’Olympiakos Le Pirée mardi dernier en Ligue des champions, la faute à un match énorme de Silvio Proto, Leo Messi totalise un but en deux matches de supercoupe d’Espagne, douze buts et quatre passes décisives en dix matches de Liga, puis trois buts et une passe décisive en quatre matches de C1.
Lionel Messi Getty Images
2012, l’année légendaire
Dans l’Europe entière, seul Ciro Immobile, buteur de la Lazio Rome et de l’Italie, auteur de 19 buts en 18 matchs toutes compétitions confondues, tient la dragée haute à l’Argentin. Cependant, Messi a aussi inscrit un triplé décisif pour la qualification au mondial avec l’Albiceleste contre la Bolivie, ce qui porte son total de buts à 19. En revanche, ce que les statistiques des buts et des passes décisives ne disent pas, c’est que Messi cumule aussi les poteaux depuis le début de l’exercice 2017-2018. En vingt matches, Messi a touché les montants à dix reprises. Avec une réussite maximale, Leo en serait donc à… 26 buts en 20 rencontres. Sa forme est exceptionnelle, sans aucun doute possible.
Mais Leo est-il pour autant dans la plus grande forme de sa vie depuis le début de sa carrière professionnelle ? Sur la période de fin août à fin octobre, soit deux mois complets, le crack s’est bien montré à son avantage, et les bénéficiaires que sont le Barça et l’Argentine peuvent l’en remercier. Pourtant, une année civile vient bousculer cette théorie : 2012. Si le mois de décembre était censé enclencher la fin du monde pour les Mayas, c’est plutôt Messi qui a mis fin au "game"le 31 au soir. 91 buts toutes compétitions confondues en 68 rencontres (1,33 but par match), de quoi battre l’ancien record détenu par Gerd Müller, même si Der Bomber reste cependant plus efficace avec 85 buts en 60 matchs (1,4 but par match).
Lionel Messi lors de FC Barcelone-Malaga, le 21 octobre 2017 au Camp Nou.Getty Images
Drogba : "On s’est tous mis à éclater de rire"
Un record phénoménal qui tient toujours, et qui prendra du temps avant d’être à nouveau battu. Au cours de cette fameuse année 2012, Didier Drogba avait d’ailleurs croisé le chemin de Lionel Messi en Ligue des champions. Les Blues étaient parvenus à vaincre la machine barcelonaise en demi-finale, mais l’Ivoirien se rappelle très bien de la préparation avant l’opposition, qu’il raconte dans son autobiographie.
"Di Matteo, notre entraîneur à Chelsea, a fait comme d’habitude et nous a dressé une liste des meilleurs buteurs de l’équipe adverse. Normalement, la liste était du genre à voir Wayne Rooney à 22 buts, puis Robin van Persie à 15, et ainsi de suite… Quand il a mis la liste du FC Barcelone, le troisième meilleur buteur était Xavi avec 14 buts, les deuxièmes Cesc et Alexis Sánchez ex-aequo avec 15 buts. Ensuite, on s’est tous mis à éclater de rire quand le dernier buteur est apparu à l’écran. C’était Lionel Messi, avec 63 buts, dont 14 en Ligue des champions ! (…) C’était un chiffre si fou qu’on s’est tous regardé incrédules, et on s’est mis à rire… Qu’est-ce qu’on pouvait faire de plus ? J’ai carrément fait une photo du chiffre affiché, tellement c’était scandaleux !"
La vraie réponse en 2018 ?
Certes, les statistiques actuelles de Messi ne sont pas aussi poussées que celles de 2012, mais elles suivent le même rythme sur une période plus courte. Si l’exercice actuel venait à se poursuivre sous les mêmes auspices pour Leo, il s’agirait là encore d’une saison à graver dans le marbre pour la star du Barça. Une saison qui, cerise sur le gâteau, sera ponctuée d’un Mondial où l’Argentine partira avec le statut d’outsider en Russie, étant donné son niveau de jeu actuel.
L’occasion pour Lionel Messi de surprendre la planète dans le tournoi international et mener son pays à un troisième sacre mondial, après les épopées menées d’une main de leader par Mario Kempes en 1978, puis Diego Maradona en 1986. Voir Messi soulever le trophée à Moscou, ce serait un moyen de démontrer non seulement la forme de sa vie, mais aussi justifier un peu plus son statut de meilleur joueur du monde.