Aux nombreux chroniqueurs et autres observateurs de la politique étrangère sénégalaise qui se sont, au cours des dernières semaines, époumonés de l’immixtion d’Abdoulaye Wade dans l’élection du président de la République de Côte d’Ivoire, en portant explicitement son choix sur le fils de Dramane Ouattara, j’aimerais dire ceci: Wade n’est en rien fautif, c’est Alassane le coupable. Il s’est allié avec le diable, alors qu’il paye le prix de son pacte. Abdoulaye Wade ne convoite plus rien dans ce monde en dehors du Prix Nobel qui lui passe tous les ans sous le nez et la main de Barack Obama qu’il cherche, comme un obsédé, à serrer; il n’a rien à perdre et je ne vois pas pourquoi il changerait quoi que ce soit dans sa vie. Il a enterré tous ses congénères, détruit tous ceux qui s’affichaient à ses côtés et tous ceux qu’il a fait paraitre il les a aussitôt, comme un illusionniste, fait disparaitre: Boubacar Sall le lion du Cayor, Sérigne Diop le juriste, le faux dévot Landing Savané, Idrissa Ndioublang Seck, le symbole de la tortuosité et de la manipulation, Macky Sall…Et ne soyons pas étonnés de voir Alassane dans la tourmente au lendemain de la publication des résultats de ce deuxième tour qui était, pourtant, largement à sa portée; à cause du rejet massif, par les populations, de la politique xénophobe et ethnocentrique du président sortant. Si, partout ailleurs, les erreurs politiques se payent cash, dans les urnes, en Eburnie elles se soldent toujours en palabres dans les rues d’Adjamé, de Yopougon, d’Anémembo, de Treichville et de Koumassi.
«Le pouvoir se gagne dans la rue, c’est dans la rue qu’il faut aller le chercher pour s’y installer», a-t-on coutume de dire ici. Et le fils de Dramane est mieux placé que quiconque pour savoir combien ses compatriotes ont la fierté à fleur de peau, le caractère, trop, bien trempé, sont têtus dans l’adversité, teigneux dans la palabre, jaloux de leur indépendance, rancuniers et sans pitié envers leurs ennemis. Friands de colportages et de rumeurs, les Ivoiriens le sont aussi. Djéni Kobéna Georges, le fondateur du RDR, l’a expérimenté à ses dépends, lui qui a été insulté, conspué et dénigré toute sa vie. Aussi, même après son départ de ce monde, Adja Nabintou Cissé, la mère d’Alassane, n’a pas échappé à l’outrage suprême de ses compatriotes. Pour mémoire, pour avoir donné naissance à un «mossi», Adja a été insultée toute sa vie. Morte et enterrée, les ivoiriens l’ont poursuivi jusque dans sa tombe, ont déterré son corps de sa tombe du cimetière mixte de Williamsville et l’ont livré aux intempéries; pour se venger de son fils «coupable d’avoir pactisé avec les porteurs de boubou et financé la rébellion des Forces Nouvelles.»
L’ivoirien aime Bang-bang –les histoires- et Abdoulaye Wade ne l’ignore pas. Mais, le vieil homme qu’on a élu à la tête de notre cher pays n’a rien à cirer de ce que peuvent ressentir les Ivoiriens; ni lui ni ses enfants n’ont besoin de ce pays frère pour mener leur vie de nouba avec l’argent du contribuable sénégalais. Cette vérité est tellement ancrée en lui, qu’il s’est permis, après avoir dénigré Gbagbo en déclarant :«le burkinabé subit en Côte d’Ivoire ce qu’un Africain ne subit en Europe», d’avoir l’ubuesque idée de croire qu’il avait le pouvoir de le dégager loin des lambris du palais. Ayant été à ce moment-là à Abidjan –d’où j’ai vécu cette crise dans mon cœur et dans ma chair-, je puis vous assurer que, pour cette simple phrase, les Sénégalais, partout où ils se trouvaient sur le territoire ivoirien, ont pendant plus d’une semaine vécu terrorisés et terrés comme des termites. L’ambassadeur Ousmane Camara, en poste à l’immeuble Nabil de la rue du Commerce, s’était, lui aussi, calfeutré chez lui, des jours durant. En représailles, le marché du plateau, fief des commerçants Sénégalais, est parti en flammes et les propriétaires n’ont, à ma connaissance, jamais été dédommagés. Gbagbo n’a jamais pardonné à Wade d’avoir fait du kpakpatoya –fumisterie- sur son dos au moment où lui, «l’élu dans des conditions calamiteuses», avait besoin d’une tribune internationale pour se faire accepter par ses pairs. Après avoir «gâté le nom de la Côte d’Ivoire», le vieux s’est fait le parrain des rebelles ivoiriens, a fait venir Guillaume Soro et sa cohorte à Dakar et les a habillés chez Amy Boutique.
À en croire les autorités d’Abidjan comme le doyen Ahmath Dansokho, il les a aidés à blanchir, dans la capitale sénégalaise, l’argent volé à la BCEAO de Bouaké et leur a fourgué des passeports diplomatiques sénégalais. En réponse, le Boulanger –nom donné par Gueï Robert à Gbagbo, parce qu’il ne respecte jamais ses engagements et cherche toujours à rouler tout le monde dans la farine- a armé Abiboullah Touré, un jeune compatriote originaire de la Sicap Liberté 6, pour monter une armée qui devait liquider notre Gorgui national. L’apprenti putschiste a raté son coup. Il vit depuis lors à Abidjan; c’est l’un des nombreux exilés politiques du régime Wade. «L’ivoirien est doux et amer», et il ne faut jamais chercher son coté pimenté. Koudou Laurent Gbagbo ne s’est pas arrêté en si bon chemin, suite à l’échec du boy-town, il a fait appel à Salif Sadio, le guérilléro du MFDC. Et jusqu’aujourd’hui personne ne sait ce qu’il a réellement donné à «ce rebelle de chez Wade.»
Ce n’est pas par simple méchanceté, par mécontentement ou par envie de paraitre que de nombreux compatriotes -comme moi- ont décidé de combattre Abdoulaye Wade et sa famille, partout et par tous les moyens, quoi qu’il puisse nous couter. Adolescent, j’ai été un Wadiste invétéré et c’est lui qui nous a appris à revendiquer nos droits, à ne pas avoir peur des courtisans de princes comme des policiers, à les frapper s’ils nous tabassent. C’est lui qui nous a appris à dire non à l’injustice; au prix de nos vies s’il le faut. On lui doit nos classes de révolutionnaires. Et c’est par obligation et par devoir patriotique que nous avons décidé de retourner ces techniques d’insubordination contre celui qui nous les a apprises. À beau vouloir le ménager, cacher ses errements, l’ignorer, par respect pour son rang et son âge, on finit toujours par l’avoir dans ses basques tellement ce vieux se mêle, et nous mêle, de tout et de rien, compromet nos relations avec nos voisins, fait peser de graves menaces sur la sécurité de nos compatriotes et enlaidie l’image de ce pays qui a vécu avant lui et qui lui survivra.
Il s’est lié d’amitié avec tous ceux qui comptaient en 2000, ceux qu’il considérait comme ses rivaux –Tabo Mbeki, Oléségun Obansanjo, Ignas Lula Dasilva pour ne citer que ceux-là - ont quitté le pouvoir avec les éloges de leurs semblables. Lui, «l’homme le plus diplômé d’Afrique», risque de partir sous les jets de pierres et voir les visiteurs de sa tombe se faire aussi rares que ceux de Nicolae et Helena Ceausescu. Il n’a maintenant que ses petits fils en face de lui et ceux qui, parmi ses dirigeants, ont le souci de rester dans l’histoire lui ont tous tourné le dos. Les autres, tous les autres, qui ont continué de voir en lui un ami, un père, un confident, un parrain, ont fini soit déchiqueté par une bombe ou bien chassé du pouvoir comme un crasseux : Nino Viera, Kumba Yalla, Maouhiya Sid’Ahmed Taya, Marc Ravalomana de Madagascar et tout dernièrement Moussa Dadis Camara de la Guinée.
Quand Yaya Jammeh a compris que Wade porte la poisse, il a pris ses distances avec lui, refusant même de le prendre, parfois, au téléphone. Pour se venger du «guérisseur de Kanilay» qui raconte partout qu’il a perdu la tête, il s’est payé les services de Samba Ndour Thiam pour tuer Yaya Jammeh. Et depuis le fiasco du coup monté par ce colonel, l’ex-chef d’Etat major gambien vit en exil forcé dans le nord du Sénégal, devenant, avec Kukoi Samba Sagna, des hôtes gênants et des boulets trop lourds dans la marche pour le rapprochement des peuples gambiens et sénégalais. Comble de paradoxes, c’est pourtant à ce conspirateur multirécidiviste qu’Abdou Diouf et Henry Konan Bédié ont décerné le Prix Houphouët Boigny pour «ses efforts au service de la paix».
Alassane a toujours été présenté dans ce qu’il appelle «mon pays» comme un étranger qui veut brûler la Côte d’Ivoire. En s’affichant avec ce vieux pyromane étranger -même des Sénégalais- et qui, de surcroit, ne s’est jamais caché de vouloir chasser Gbagbo du fauteuil présidentiel, il donne raison à tous ceux qui se sont toujours méfiés de lui. A beau être un faiseur de pluie, Nzuéba qui n’a été que troisième, lors des dernières joutes, a peu de chance de rallier ses partisans sous la bannière d’Alassane. Car pour si peu que l’on connait la Côte d’Ivoire, on sait que ceux qui ont voté pour le PDCI ne sont pas des suiveurs moutonniers de Henry Konan Bédié. Autrement, ils ne l’auraient jamais laissé chasser du pouvoir par les jeunes gens en 1999. Ce sont eux qui ont dansé le «Gueï merci» dans les rues d’Abidjan, ce sont eux qui ont, avec les militants du FPI, «djafoule» -violenté- les partisans d’ADO qui demandaient la reprise des élections le 24 octobre 2000 et la participation d’Alassane, recalé par Tia Koné, le président de la Cour Constitutionnelle. Aussi, je ne sais pas si Alassane a mesuré toute la gravité de son acte, mais il risque de l’apprendre à ses dépends.
Ces militants du PDCI ne l’ont jamais aimé depuis son départ du parti du père fondateur, ne l’aiment pas aujourd’hui et je ne crois pas que quelque chose puisse y changer quoi que se soit, surtout après son affichage avec cet incendiaire de Wade. Que l’on soit PDCI, UDPC, PIT ou FPI, Bédié, Gbagbo et les autres ont fait ancré dans la tête de leurs compatriotes que «ce Mossi-là ne doit jamais diriger ce pays». Il faut trois générations et un bon travail psychanalytique pour faire oublier à l’Ivoirien sa phobie de l’étranger. Ils ne voudront pour rien au monde voir un étranger ou un proche des parrains de l’internationale de la subversion vouloir les diriger.
A Abidjan, et avec ce deuxième tour, se joue aussi l’avenir du Sénégal. Wade est en train de tester sa capacité d’installer des présidents même s’ils sont mal aimés ; les peuples doivent réagir à la mesure de l’affront, en rejetant tout ce qui s’apparente à lui. Tant pis pour Alassane. C’est une question de fierté nationale, d’honneur et de dignité. Et je sais le peuple ivoirien apte à réparer cette humiliation. Ils seront prêts à tout pour barrer la route au copain du diable. «Lorsque l’avenir ne présage rien de bon et que le salut ne semble se trouver que dans l’esclavage, il faut préférer la mort au déshonneur», a enseigné mon ancêtre l’Almamy Samory Touré aux Eburnéens venus à sa rencontre à Bolibana. Le diable est un mauvais conseiller, il faut s’en éloigner. À Wade comme à ses amis, avec les Ivoiriens, nous leur montrerons «qui a mis de l’eau dans coco». Ah, j’allais oublier çà ; savez-vous ce que Abdoulaye Wade et Alassane Ouattara ont en commun? Ils se disent tous deux fervents musulmans et profitent de la solidarité qui règne dans cette religion pour se faire un électorat, alors que leurs épouses respectives –Vivianne et Dominique- comme leurs enfants sont des juifs !
Babacar Touré
«Le pouvoir se gagne dans la rue, c’est dans la rue qu’il faut aller le chercher pour s’y installer», a-t-on coutume de dire ici. Et le fils de Dramane est mieux placé que quiconque pour savoir combien ses compatriotes ont la fierté à fleur de peau, le caractère, trop, bien trempé, sont têtus dans l’adversité, teigneux dans la palabre, jaloux de leur indépendance, rancuniers et sans pitié envers leurs ennemis. Friands de colportages et de rumeurs, les Ivoiriens le sont aussi. Djéni Kobéna Georges, le fondateur du RDR, l’a expérimenté à ses dépends, lui qui a été insulté, conspué et dénigré toute sa vie. Aussi, même après son départ de ce monde, Adja Nabintou Cissé, la mère d’Alassane, n’a pas échappé à l’outrage suprême de ses compatriotes. Pour mémoire, pour avoir donné naissance à un «mossi», Adja a été insultée toute sa vie. Morte et enterrée, les ivoiriens l’ont poursuivi jusque dans sa tombe, ont déterré son corps de sa tombe du cimetière mixte de Williamsville et l’ont livré aux intempéries; pour se venger de son fils «coupable d’avoir pactisé avec les porteurs de boubou et financé la rébellion des Forces Nouvelles.»
L’ivoirien aime Bang-bang –les histoires- et Abdoulaye Wade ne l’ignore pas. Mais, le vieil homme qu’on a élu à la tête de notre cher pays n’a rien à cirer de ce que peuvent ressentir les Ivoiriens; ni lui ni ses enfants n’ont besoin de ce pays frère pour mener leur vie de nouba avec l’argent du contribuable sénégalais. Cette vérité est tellement ancrée en lui, qu’il s’est permis, après avoir dénigré Gbagbo en déclarant :«le burkinabé subit en Côte d’Ivoire ce qu’un Africain ne subit en Europe», d’avoir l’ubuesque idée de croire qu’il avait le pouvoir de le dégager loin des lambris du palais. Ayant été à ce moment-là à Abidjan –d’où j’ai vécu cette crise dans mon cœur et dans ma chair-, je puis vous assurer que, pour cette simple phrase, les Sénégalais, partout où ils se trouvaient sur le territoire ivoirien, ont pendant plus d’une semaine vécu terrorisés et terrés comme des termites. L’ambassadeur Ousmane Camara, en poste à l’immeuble Nabil de la rue du Commerce, s’était, lui aussi, calfeutré chez lui, des jours durant. En représailles, le marché du plateau, fief des commerçants Sénégalais, est parti en flammes et les propriétaires n’ont, à ma connaissance, jamais été dédommagés. Gbagbo n’a jamais pardonné à Wade d’avoir fait du kpakpatoya –fumisterie- sur son dos au moment où lui, «l’élu dans des conditions calamiteuses», avait besoin d’une tribune internationale pour se faire accepter par ses pairs. Après avoir «gâté le nom de la Côte d’Ivoire», le vieux s’est fait le parrain des rebelles ivoiriens, a fait venir Guillaume Soro et sa cohorte à Dakar et les a habillés chez Amy Boutique.
À en croire les autorités d’Abidjan comme le doyen Ahmath Dansokho, il les a aidés à blanchir, dans la capitale sénégalaise, l’argent volé à la BCEAO de Bouaké et leur a fourgué des passeports diplomatiques sénégalais. En réponse, le Boulanger –nom donné par Gueï Robert à Gbagbo, parce qu’il ne respecte jamais ses engagements et cherche toujours à rouler tout le monde dans la farine- a armé Abiboullah Touré, un jeune compatriote originaire de la Sicap Liberté 6, pour monter une armée qui devait liquider notre Gorgui national. L’apprenti putschiste a raté son coup. Il vit depuis lors à Abidjan; c’est l’un des nombreux exilés politiques du régime Wade. «L’ivoirien est doux et amer», et il ne faut jamais chercher son coté pimenté. Koudou Laurent Gbagbo ne s’est pas arrêté en si bon chemin, suite à l’échec du boy-town, il a fait appel à Salif Sadio, le guérilléro du MFDC. Et jusqu’aujourd’hui personne ne sait ce qu’il a réellement donné à «ce rebelle de chez Wade.»
Ce n’est pas par simple méchanceté, par mécontentement ou par envie de paraitre que de nombreux compatriotes -comme moi- ont décidé de combattre Abdoulaye Wade et sa famille, partout et par tous les moyens, quoi qu’il puisse nous couter. Adolescent, j’ai été un Wadiste invétéré et c’est lui qui nous a appris à revendiquer nos droits, à ne pas avoir peur des courtisans de princes comme des policiers, à les frapper s’ils nous tabassent. C’est lui qui nous a appris à dire non à l’injustice; au prix de nos vies s’il le faut. On lui doit nos classes de révolutionnaires. Et c’est par obligation et par devoir patriotique que nous avons décidé de retourner ces techniques d’insubordination contre celui qui nous les a apprises. À beau vouloir le ménager, cacher ses errements, l’ignorer, par respect pour son rang et son âge, on finit toujours par l’avoir dans ses basques tellement ce vieux se mêle, et nous mêle, de tout et de rien, compromet nos relations avec nos voisins, fait peser de graves menaces sur la sécurité de nos compatriotes et enlaidie l’image de ce pays qui a vécu avant lui et qui lui survivra.
Il s’est lié d’amitié avec tous ceux qui comptaient en 2000, ceux qu’il considérait comme ses rivaux –Tabo Mbeki, Oléségun Obansanjo, Ignas Lula Dasilva pour ne citer que ceux-là - ont quitté le pouvoir avec les éloges de leurs semblables. Lui, «l’homme le plus diplômé d’Afrique», risque de partir sous les jets de pierres et voir les visiteurs de sa tombe se faire aussi rares que ceux de Nicolae et Helena Ceausescu. Il n’a maintenant que ses petits fils en face de lui et ceux qui, parmi ses dirigeants, ont le souci de rester dans l’histoire lui ont tous tourné le dos. Les autres, tous les autres, qui ont continué de voir en lui un ami, un père, un confident, un parrain, ont fini soit déchiqueté par une bombe ou bien chassé du pouvoir comme un crasseux : Nino Viera, Kumba Yalla, Maouhiya Sid’Ahmed Taya, Marc Ravalomana de Madagascar et tout dernièrement Moussa Dadis Camara de la Guinée.
Quand Yaya Jammeh a compris que Wade porte la poisse, il a pris ses distances avec lui, refusant même de le prendre, parfois, au téléphone. Pour se venger du «guérisseur de Kanilay» qui raconte partout qu’il a perdu la tête, il s’est payé les services de Samba Ndour Thiam pour tuer Yaya Jammeh. Et depuis le fiasco du coup monté par ce colonel, l’ex-chef d’Etat major gambien vit en exil forcé dans le nord du Sénégal, devenant, avec Kukoi Samba Sagna, des hôtes gênants et des boulets trop lourds dans la marche pour le rapprochement des peuples gambiens et sénégalais. Comble de paradoxes, c’est pourtant à ce conspirateur multirécidiviste qu’Abdou Diouf et Henry Konan Bédié ont décerné le Prix Houphouët Boigny pour «ses efforts au service de la paix».
Alassane a toujours été présenté dans ce qu’il appelle «mon pays» comme un étranger qui veut brûler la Côte d’Ivoire. En s’affichant avec ce vieux pyromane étranger -même des Sénégalais- et qui, de surcroit, ne s’est jamais caché de vouloir chasser Gbagbo du fauteuil présidentiel, il donne raison à tous ceux qui se sont toujours méfiés de lui. A beau être un faiseur de pluie, Nzuéba qui n’a été que troisième, lors des dernières joutes, a peu de chance de rallier ses partisans sous la bannière d’Alassane. Car pour si peu que l’on connait la Côte d’Ivoire, on sait que ceux qui ont voté pour le PDCI ne sont pas des suiveurs moutonniers de Henry Konan Bédié. Autrement, ils ne l’auraient jamais laissé chasser du pouvoir par les jeunes gens en 1999. Ce sont eux qui ont dansé le «Gueï merci» dans les rues d’Abidjan, ce sont eux qui ont, avec les militants du FPI, «djafoule» -violenté- les partisans d’ADO qui demandaient la reprise des élections le 24 octobre 2000 et la participation d’Alassane, recalé par Tia Koné, le président de la Cour Constitutionnelle. Aussi, je ne sais pas si Alassane a mesuré toute la gravité de son acte, mais il risque de l’apprendre à ses dépends.
Ces militants du PDCI ne l’ont jamais aimé depuis son départ du parti du père fondateur, ne l’aiment pas aujourd’hui et je ne crois pas que quelque chose puisse y changer quoi que se soit, surtout après son affichage avec cet incendiaire de Wade. Que l’on soit PDCI, UDPC, PIT ou FPI, Bédié, Gbagbo et les autres ont fait ancré dans la tête de leurs compatriotes que «ce Mossi-là ne doit jamais diriger ce pays». Il faut trois générations et un bon travail psychanalytique pour faire oublier à l’Ivoirien sa phobie de l’étranger. Ils ne voudront pour rien au monde voir un étranger ou un proche des parrains de l’internationale de la subversion vouloir les diriger.
A Abidjan, et avec ce deuxième tour, se joue aussi l’avenir du Sénégal. Wade est en train de tester sa capacité d’installer des présidents même s’ils sont mal aimés ; les peuples doivent réagir à la mesure de l’affront, en rejetant tout ce qui s’apparente à lui. Tant pis pour Alassane. C’est une question de fierté nationale, d’honneur et de dignité. Et je sais le peuple ivoirien apte à réparer cette humiliation. Ils seront prêts à tout pour barrer la route au copain du diable. «Lorsque l’avenir ne présage rien de bon et que le salut ne semble se trouver que dans l’esclavage, il faut préférer la mort au déshonneur», a enseigné mon ancêtre l’Almamy Samory Touré aux Eburnéens venus à sa rencontre à Bolibana. Le diable est un mauvais conseiller, il faut s’en éloigner. À Wade comme à ses amis, avec les Ivoiriens, nous leur montrerons «qui a mis de l’eau dans coco». Ah, j’allais oublier çà ; savez-vous ce que Abdoulaye Wade et Alassane Ouattara ont en commun? Ils se disent tous deux fervents musulmans et profitent de la solidarité qui règne dans cette religion pour se faire un électorat, alors que leurs épouses respectives –Vivianne et Dominique- comme leurs enfants sont des juifs !
Babacar Touré