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Pourquoi Macky a rappelé ABC et Mimi Touré

En rappelant à ses côtés Alioune Badara Cissé et Aminata Touré lors de l’Université républicaine de la Cojer, Macky Sall n’a pas agi sur un coup de tête. Le chef de l’Apr a mûrement réfléchi avant de demander à ses compagnons de revenir dans le parti.


Rédigé par leral.net le Lundi 3 Novembre 2014 à 16:02 | | 4 commentaire(s)|

Pourquoi Macky a rappelé ABC et Mimi Touré
Du haut de la tribune de l’Université républicaine à Mbodiène, le 25 octobre dernier, le Président Macky Sall invitait publiquement ses anciens collaborateurs, Me Alioune Badara Cissé et Aminata Mimi Touré, à reprendre du service au sein de l’Apr. Un appel qui en a surpris plus d’un. L’on se rappelle que Me Cissé, qui n’a cessé de se prévaloir de son statut de cofondateur de l’Apr, a été mis à l’écart pour actes et comportements jugés contraires à la discipline du parti. Quant à Mimi Touré, sa défaite aux élections locales et son limogeage de son poste de Premier ministre l’ont mise en froid avec le chef de l’Apr, la poussant à geler ses activités dans le parti présidentiel. Faisant fi de tout cela, Macky Sall a invité ses deux camarades de parti à revenir au bercail. Une décision qui n’a pas été prise impulsivement, encore moins individuellement, si l’on en croit nos sources. «Le contexte de redynamisation de la coalition majoritaire Benno Bokk Yaakaar avec des alliés, quel que soit leur engagement, la volonté d’un vaste rassemblement autour du Président, l’exécution des grands chantiers du quinquennat qui appellent de bonnes ressources humaines, et tant d’autres paramètres politiques y ont beaucoup joué», nous informe ce proche du Cabinet présidentiel. Poursuivant son propos, notre interlocuteur de nous apprendre que dans sa toge de chef de parti, Macky Sall s’en est d’abord ouvert à quelques-uns de ses proches pour recueillir leur avis sur la question, spécifiquement pour ce qu’il a été convenu d’appeler le cas ABC, que le Directoire de l’Apr avait démis de son poste de Coordonateur du parti, le reléguant au rang de simple militant.

Inquiétudes. Pourtant, ceux consultés par Macky Sall n’étaient pas tous favorables à ce rappel des «bannis». Certains proches du leader de l’Apr auraient opposé à cette décision le désaveu des instances régulières du parti. Pour ces cadres de l’Apr, «il aurait été préférable d’inviter diplomatiquement ABC à rédiger une lettre d’excuses au chef du parti pour une reconsidération des sanctions prononcées à son endroit». Mais l’idée fut vite abandonnée du fait d’appréhensions négatives nourries relativement à la forte tête du «fautif», nous dit-on. Sans oublier le cercle d’amis de l’avocat regroupés dans le mouvement «Les Abécédaires», qui se positionne en bouclier. D’autres se sont inquiétés du fait que la proximité du chef de l’Etat avec le très décrié Mahmout Saleh ne plombe certaines actions entre ABC et Macky Sall, si l’on sait que, dans un passé récent, de violentes piques ont été échangées par presse interposée entre le ministre conseiller Saleh et Me Cissé. Dans le même ordre d’idée, les échanges aigres-doux entre Mimi Touré et le ministre conseiller Mbaye Ndiaye, qui déniait à cette dernière le titre de numéro deux de l’Apr, ont été rappelés.

Même si son cas a été relativement plus simple dans l’abord, il n’en demeure pas moins que quelques appréhensions ont été également soulevées pour le cas de Mimi Touré. Il a été remis sur la table ses fréquents accrochages avec quelques cadres de l’Apr alors membres de son gouvernement ou conseillers du Président Sall, sans éluder son différend avec la responsable des femmes de l’Apr, Marième Badiane. De mauvaises langues augurent déjà d’une prochaine reprise des hostilités entre hauts responsables de la gent féminine des apéristes, illustrant leurs propos par le dernier clash, dans l’étape du Fouta de la tournée économique du chef de l’Etat, entre Marième Badiane et Farba Ngom, connu pour ses accointances avec l’ancien Premier ministre Mimi Touré.

Avis favorable. D’un autre côté, des leaders de Bby, craignant un éventuel renforcement de l’opposition, auraient attiré l’attention du Président Sall sur les conséquences négatives que pourrait avoir un probable ralliement de ses anciens collaborateurs à l’opposition. Et pour couper l’herbe sous les pieds de leurs concurrents politiques, ils auraient conseillé à Macky Sall d’initier le rapprochement avec ces pions somme toute importants dans son dispositif. Les conseillers politiques à la Présidence n’ont pas non plus été en reste dans les consultations quasi informelles du chef de l’Etat, participant à convaincre le Président Sall de se prononcer publiquement sur ce qui ressemble fort bien, du moins pour le moment, au scellement d’une paix des braves. Parallèlement aux retrouvailles ainsi scellées, des proches d’ABC soulignent que l’homme est connu pour ses convictions et qu’il ne manquerait de formuler des suggestions de nouvelles formes de gouvernance pour le reste du mandat présidentiel, une fois devant le chef de l’Etat. «Ce ne seront pas des exigences pour son retour, mais des conseils sincères entre amis de longue date qui s’apprécient mutuellement et portant sur la restructuration du parti, la formation des militants et le respect des promesses faites aux Sénégalais en 2012. Tout militant honnête sait que ABC ne souhaite que la réussite au Président Sall», affirme ce proche de l’ancien candidat à la mairie de Saint-Louis.

C’est fort de tous ces paramètres et du fruit de ses analyses et sensations personnelles sans nul doute, que le Président Sall a finalement opté pour un rappel de ses collaborateurs. Un groupe de modérés, saluant la décision du Président Sall, estime néanmoins que c’était à lui tout seul d’éviter cette situation. «Ses relations avec ABC sont légendaires, il pouvait donc lui parler directement lors des dérapages médiatiques de notre frère, sa résolution à sanctionner négativement nos responsables défaits lors des dernières élections locales a été une grosse bourde.» Mais les deux revenants se sont-ils entièrement départis de leurs frustrations au sein de l’Apr et du gouvernement ? Dieu seul sait.

L'Observateur