Il est 10h 36 au marché Gueule Tapée des Parcelles Assainies. Les vendeurs très joviaux attirent l’attention des clients avec des chants, accompagnés tantôt d’applaudissement ou de pas de danse. Ils veulent tous écouler leurs marchandises dans la gaîté. La ruelle qui mène chez les vendeurs de « madd » est devenue très étroite à cause des marchands ambulants qui étalent leurs articles par terre, de part et d’autre. Difficilement, nous parvenons à y accéder. Vêtu d’un t-shirt bleu et d’un pantalon noir, la taille très élancée, un homme s’active à sortir ses paniers de « madd » du magasin. Il vient de s’installer. « D’habitude, je viens plus tôt mais ce matin, je suis trop en retard », explique Tapha, le vendeur de « madd », l’air embarrassé. Sans répondre à la provocation de ses voisins, Tapha, la trentaine dépassée, finit d’installer sa marchandise. Entouré de plusieurs paniers, le commerçant surveille calmement son gagne-pain. « Je me fais des affaires avec ce fruit, les clients viennent acheter à tout moment », poursuit Tapha. Seulement, ce jeune homme n’a pas que les femmes comme clientèle. Des hommes aussi sollicitent ses « madd », dit-il. Les rares hommes qui « s’aventurent » à venir acheter du « madd » le font en... cachette. « Les hommes ne veulent pas acheter le « madd ». Ils le trouvent trop féminin. Cependant, quand ils viennent en acheter, je prends le soin de le mettre dans un sachet », ajoute-t-il. Une façon de leur faciliter la tâche.
« La majorité des hommes consomment ce fruit, seulement, ils ne se promènent pas avec un « madd » à la main comme le font souvent les dames », précise le commerçant voisin de Tapha. A son avis, « il est plus élégant pour un homme de manger le « madd » loin de tous les regards indiscrets ». Contrairement à ceux qui se cachent pour manger le « madd », ce jeune commerçant de légumes savoure tranquillement dans son coin ce fruit sauvage bien mûr. Son argument pour déguster son « madd » au vu et au su de tout le monde est simple : c’est un fruit comme les autres. « Je le mange quand j’en ai envie. Il contient de la vitamine C tout comme l’orange », ajoute le commerçant comme explication. De l’autre côté du marché, des tables remplies de « madd » se suivent. La propriétaire, Alimatou, vendeuse de cacahuètes en même tant, trouve que c’est par complexe seulement que les hommes n’achètent pas ce fruit. Et pourtant, poursuit-elle, « ce n’est pas l’envie qui leur manque. Mais, par crainte de se faire taxer d’avoir un goût de femme, ils ne le mangent pas », a-t-elle ajouté. Alimatou compte parmi ses clients des hommes. Ismaël, occasionnellement, vient se procurer un ou deux fruits. « Il m’arrive de savourer ce fruit », ajoute-t-il. Cependant, notre interlocuteur ne manque pas de préciser qu’il le fait uniquement une fois chez lui. Avec l’ambiance qui règne dans le marché et les activités qui vont bon train, il est difficile de voire un homme tenant le « madd » dans la main comme on le voit souvent avec les femmes.
Sur le chemin du retour, nous apercevons un monsieur de taille moyenne s’arrêtant devant un vendeur de « madd ». Habillé en tenue traditionnelle, Habib de son nom, marchande le fruit. Il veut acheter deux kilos. Le vieux monsieur compte transformer le « madd » en jus une fois chez lui. « J’aime beaucoup cette période de l’année car c’est le moment pendant lequel je peux boire le jus de « madd » comme je le veux », explique Habib. Très satisfait de la quantité et du bon prix, il lance un dernier mot avant d’entrer dans sa voiture « le jus de « madd » allège ma fatigue ».
Un produit qui rapporte gros
Le « madd » est un fruit très commercialisé à Dakar. A chaque coin de rue de Dakar, on voit des tables remplies de « madd ». Le prix unitaire varie de 50 à 200 francs Cfa. Un montant modique qui rapporte gros aux commerçants.
C’est dans une atmosphère épanouie que nous avons trouvée, sur l’avenue Bourguiba, une femme avec un enfant dans le dos en train de marchander avec une vendeuse de « madd ». Epanouie dans sa tâche quotidienne, Mariama la commerçante se dit satisfaite du bénéfice qu’elle tire tous les jours de son activité. Ce qu’elle brasse comme bénéfice dans la vente de « madd » varie entre 2 000 et 3 000 francs par jour. « Je viens tous les jours à 9h et, avant de rentrer vers 20h, j’ai de quoi assurer la dépense quotidienne de demain » assure-t-elle. Fervente dans son travail, Mariama précise qu’elle défalque de ses recettes tous les soirs le prix du sel et du sucre utilisés pour agrémenter le goût du « madd ».
Non loin d’elle, au rond-point Jet d’eau de la Sicap, un vieil homme assis sous un arbre est entouré d’une dizaine de tas de « madd ». Habillé en grand boubou avec un bonnet sur la tête, il veille sur sa marchandise. Communément appelé Serigne-bi par ses pairs, il dit se frotter les mains grâce à la vente de « madd ». Très ravi, Serigne-bi soutient qu’il rentre tous les soirs avec 10 000 francs de bénéfice au minimum. « Les tas de madd sont vendus à 500 et 1 000 francs, et j’ai mes propres clients qui viennent les ramasser avant le crépuscule », explique le commerçant. Tout en séparant les fruits pourris dans un panier, le vieil homme poursuit : « c’est tellement rentable que j’ai incité ma femme à cette activité. Elle est à Niary Tally ». Le fruit amer semble nourrir son homme, ce qui pousse sans doute Serigne-bi à aller à la gare tous les matins pour s’approvisionner. « Le panier de madd est vendu à 3 000 ou 4 000 francs. Après vente, nous empochons un grand profit », poursuit-il.
Mais ce ne sont pas tous les vendeurs de ce fruit qui parviennent à faire des affaires au quotidien. Seynabou est assise sous un immeuble depuis tôt le matin. La mine triste, la jeune fille regarde impuissante son stock de marchandise. Interpellée, elle affirme avec un air désintéressé : « je n’ai vendu que deux madd à 175 francs ». La petite Seynabou est aussi accablée par l’état des « madd ». « Ils pourrissent de jour en jour parce que je ne parviens plus à les écouler à temps », se plaint-elle. La jeune fille garde espoir de voir les clients acheter ses produits d’ici la tombée de la nuit.
Sokhna DIOM
Source : Le Soleil
Sur le chemin du retour, nous apercevons un monsieur de taille moyenne s’arrêtant devant un vendeur de « madd ». Habillé en tenue traditionnelle, Habib de son nom, marchande le fruit. Il veut acheter deux kilos. Le vieux monsieur compte transformer le « madd » en jus une fois chez lui. « J’aime beaucoup cette période de l’année car c’est le moment pendant lequel je peux boire le jus de « madd » comme je le veux », explique Habib. Très satisfait de la quantité et du bon prix, il lance un dernier mot avant d’entrer dans sa voiture « le jus de « madd » allège ma fatigue ».
Un produit qui rapporte gros
Le « madd » est un fruit très commercialisé à Dakar. A chaque coin de rue de Dakar, on voit des tables remplies de « madd ». Le prix unitaire varie de 50 à 200 francs Cfa. Un montant modique qui rapporte gros aux commerçants.
C’est dans une atmosphère épanouie que nous avons trouvée, sur l’avenue Bourguiba, une femme avec un enfant dans le dos en train de marchander avec une vendeuse de « madd ». Epanouie dans sa tâche quotidienne, Mariama la commerçante se dit satisfaite du bénéfice qu’elle tire tous les jours de son activité. Ce qu’elle brasse comme bénéfice dans la vente de « madd » varie entre 2 000 et 3 000 francs par jour. « Je viens tous les jours à 9h et, avant de rentrer vers 20h, j’ai de quoi assurer la dépense quotidienne de demain » assure-t-elle. Fervente dans son travail, Mariama précise qu’elle défalque de ses recettes tous les soirs le prix du sel et du sucre utilisés pour agrémenter le goût du « madd ».
Non loin d’elle, au rond-point Jet d’eau de la Sicap, un vieil homme assis sous un arbre est entouré d’une dizaine de tas de « madd ». Habillé en grand boubou avec un bonnet sur la tête, il veille sur sa marchandise. Communément appelé Serigne-bi par ses pairs, il dit se frotter les mains grâce à la vente de « madd ». Très ravi, Serigne-bi soutient qu’il rentre tous les soirs avec 10 000 francs de bénéfice au minimum. « Les tas de madd sont vendus à 500 et 1 000 francs, et j’ai mes propres clients qui viennent les ramasser avant le crépuscule », explique le commerçant. Tout en séparant les fruits pourris dans un panier, le vieil homme poursuit : « c’est tellement rentable que j’ai incité ma femme à cette activité. Elle est à Niary Tally ». Le fruit amer semble nourrir son homme, ce qui pousse sans doute Serigne-bi à aller à la gare tous les matins pour s’approvisionner. « Le panier de madd est vendu à 3 000 ou 4 000 francs. Après vente, nous empochons un grand profit », poursuit-il.
Mais ce ne sont pas tous les vendeurs de ce fruit qui parviennent à faire des affaires au quotidien. Seynabou est assise sous un immeuble depuis tôt le matin. La mine triste, la jeune fille regarde impuissante son stock de marchandise. Interpellée, elle affirme avec un air désintéressé : « je n’ai vendu que deux madd à 175 francs ». La petite Seynabou est aussi accablée par l’état des « madd ». « Ils pourrissent de jour en jour parce que je ne parviens plus à les écouler à temps », se plaint-elle. La jeune fille garde espoir de voir les clients acheter ses produits d’ici la tombée de la nuit.
Sokhna DIOM
Source : Le Soleil