L’histoire s’est encore répétée : quand le journaliste Abdou Latif Coulibaly avait publié « Wade un opposant au pouvoir : l’alternance piégée », les « faucons du palais » avait accusé l’ancien Premier ministre et numéro 2 du parti démocratique sénégalais de l’époque, Idrissa Seck, de lui avoir offert encrier et plume. Avec son récent ouvrage, « Contes et mécomptes de l’Anoci », ils accusent, sous cape, le ministre de l’Economie et des Finances, Abdoulaye Diop d’être son informateur. Une coïncidence : Abdoulaye Diop est Thiessois, tout comme Idrissa Seck qui l’a introduit dans le gouvernement libéral.... Tous deux sont du même quartier. M. Diop est le « coupable » idéal. Dans un passé récent, il avait laissé entendre dans les colonnes du journal « Le Quotidien » qu’il faisait l’objet de menaces de mort. Depuis, ajoutait-il, il dormait avec un pistolet ; comme s’il ne se fie pas aux forces de sécurité qui lui sont affectées. D’ailleurs, l’accusation dont il est victime de la part des prétendus proches du président et de son fils, amènent à se poser la question de savoir l’efficacité tant vantée des services de renseignements généraux. Abdoulaye Diop indiquera même que ceux qui le menaçaient étaient tapis à la présidence ; sans citer leurs noms. Mais les « faucons de la présidence » qui ne s’en cachent pas ne lui apporteront pas la réplique ; ni le sémillant Farba Senghor, ni le très assuré Pape Samba Mboup, ministre et chef de cabinet du président de la République. Tous feront semblant de n’avoir rien entendu, de n’avoir rien lu. Mieux, avec l’avènement du gouvernement Souleymane Ndéné Ndiaye, Abdoulaye Diop, qui menaçait de quitter l’attelage du fait du morcellement de son département au profit du ministre d’Etat Karim Wade, obtiendra gain de cause. Il est craint pour tout ce qu’il sait en tant qu’argentier du gouvernement depuis plus d’une demie décennie. On le touche avec un long bâton, encore, pour son appartenance au puissant mouvement religieux dénommé « moustarchidine wal moustarchidati ». C’est un protégé du très respecté guide Serigne Cheikh Tidiane Sy. Abdoulaye Diop se refuse à des courbettes pour conserver son poste. Mais, on l’y maintient, parce qu’il est utile. Les bailleurs lui font confiance, il sait plaider ses dossiers et dispose d’un carnet d’adresses très touffu. Ainsi l’un dans l’autre, même si ses services ont « trop informé » Latif, M. Diop ne sera pas inquiété. Il est pour le régime libéral ce que Senghor appelait « un mal nécessaire ». Il ne sera pas donc une surprise de voir un autre expier le délit d’indicateur de l’auteur de « Contes et mécomptes de l’Anoci ». C’est le fils du président de la République qui est accusé, sa cour gesticulera pour lui « démontrer » qu’elle est prête à tout pour son « prince ». Mais, entre Abdoulaye Diop et les Wade, ce sera la « co-existence pacifique » même si c’est « la guerre froide ».
La Redaction
XIBAR.NET
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