Une nouvelle mission pour cet homme «hors du commun» qui a su jouer les premiers rôles aux côtés du maître, malgré un Cv pas assez glorieux. Ancien ministre des Transports terrestres et des Transports aériens, il est diplômé de l’Ecole Nationale d’Administration d’Italie (Rome 1993 avec mention exceptionnelle) – titulaire du Certificat en gestion financière (Eib) – Talence à Bordeaux (mention Bien et diplômé de l’Enam à Dakar (option Economie et Finances). Il a eu à occuper les fonctions d’inspecteur du Contrôle économique, de chef du Bureau des études et enquêtes économiques (ministère de l’Economie et des Finances), de Chargé de mission à la présidence de la République, avant d’être ministre de la Solidarité Nationale et ministre chargé de l’Agriculture.
L’homme doit cette percée à son courage et à son engagement. Avant 2000, il marchait à pieds des Parcelles assainies au Point E pour servir son mentor. Celui-ci sous les verrous, Farba Senghor quittait toujours le Point E pour apporter de la nourriture. Il sillonnait également les rédactions pour acheminer les communiqués de presse du Parti démocratique sénégalais. Les témoins de ces temps déduisent : il est fidèle et loyal.
Le Pds arrivé au pouvoir, Farba Senghor n’a pas dérogé à sa réputation d’homme loyal vis-à-vis du président de la République. Il ne rate aucune occasion de le défendre. En fait-il trop ? Oui, disent nombre de citoyens sénégalais. Ceux-ci ne manquent pas d’arguments pour étayer leur position. A la veille de l’élection présidentielle de 2007, il n’avait pas hésité à rappeler à l’ordre «les petits marabouts» qui s’en prenaient à son chef. Récemment, au plus fort de la crise entre le président de la République et l’Eglise, Farba Senghor a mis les pieds dans les plats. Fouillant dans les poubelles, il a fait état de l’appartenance politique de certains religieux catholiques, auteurs de propos salés à l’endroit du chef de l’Etat au moment où nombre de Sénégalais appelaient au calme.
La liste des «frasques» n’est pas exhaustive. Le ministre Farba Senghor a été cité comme étant l’instigateur du saccage des journaux l’As et 24 heures chrono, le 17 août 2008. Le seul tort de ces journaux a été d’écrire «contre la politique du président de la République».
Traversée du désert
Ce problème lui a valu une traversée du désert. Il a été limogé de la tête du ministère des Transports aériens après une forte pression de l’opinion publique. La mesure avait pour but, «de faciliter le travail de la justice en toute indépendance et en toute liberté», selon le ministre de l’Information et porte-parole du gouvernement de l’époque, Abdou Aziz Sow. M. Senghor a été entendu par le Procureur de la République le 1er septembre de la même année. Les Sénégalais attendent toujours la suite…
Des observateurs pressés misaient déjà sur la fin de la carrière du natif de Nguélou, un village du Saloum. Ils se sont trompés. Farba Senghor va sortir de la pénombre pour se projeter encore dans la lumière. Il est revenu en force. Le président de la République lui a confié la coordination du Parti démocratique sénégalais libéral (Pds-L), la formation politique qui remplace le Parti démocratique sénégalais (Pds). «Mon seul interlocuteur dans cette opération est Farba Senghor», a lancé le leader du Pds devant tous les dignitaires du parti au pouvoir lors de la réunion portant création de la nouvelle formation politique des libéraux. L’homme du président semble bien mesurer la tâche pour ne pas perdre cette confiance que d’aucuns considèrent comme « son point fort». «Je n’ai pas d’amis dans ma mission. Je ferai tout pour exécuter à la lettre les directives du président», a averti M. Senghor comme pour mieux rassurer son patron. L’ancien ministre ajoute : «parmi les missions que le Secrétaire général national m’a confiées, il y a la restauration des valeurs de fraternité, de justice et de dignité. Pour cela, il faut la transparence et l’équidistance. Je dois donc être équidistant et impartial à l’égard des tous les responsables et militants du parti. Mon seul ami est celui qui respectera les instructions du frère Secrétaire général national concernant le mode de fonctionnement du parti et les règles érigées pour le renouvellement des instances».
Pour M. Senghor, la restructuration est une nécessité. «Aujourd’hui, après plus de trente ans d’existence, notre Secrétaire général national veut redynamiser notre parti, lui donner un nouvel élan pour disposer de toutes les cartes afin de remporter haut la main les prochaines élections présidentielles de 2012».
Pourtant, certains ténors du Pds estiment en coulisses que M. Senghor n’est point l’homme de la situation. «Farba ne cesse de mélanger les choses. Je trouve même que la restructuration est mal partie avec le choix porté sur sa personne», souffle un responsable libéral sous le couvert de l’anonymat. Invité de l’émission «Remue-ménage» de nos confrères de la RFM, le politologue, Abdou Kahdr Lô, se dit «scandalisé par la promotion de Farba Senghor comme Coordonnateur du PDSL». «Quand je vois que Farba Senghor est promu coordonnateur du nouveau parti (PDSL), je suis désolé, c’est une insulte à tout le monde», assène-t-il.
Pour M. Lô, la place de Farba Senghor serait derrière «les barreaux si on avait laissé la Justice faire son travail». «Aujourd’hui, si la justice avait les moyens de faire son travail comme il le fallait, Farba Senghor ne serait pas là en train de parler de violence. Il serait derrière les barreaux, parce que le monsieur est concerné par des affaires de violence».
M. Lô s’émeut même de voir Farba Senghor représenter son parti dans des débats de violence. «Quand j’ai vu, dans une télévision de la place, Farba Senghor débattre de violence, je me suis demandé ce qui se passe au parti démocratique sénégalais au point de ne pas pouvoir envoyer un autre dans ce débat. Il y a des gens plus légitimes au PDS pour en parler», se désole-t-il.
Des cadres libéraux pensent le contraire. «Il a la confiance du président, nous devons le soutenir dans cette mission. Nous ne ménagerons aucun effort pour l’accompagner», estiment des responsables de la Coordination nationale des cadres libéraux (Cncl).
En tout cas, le nouvel homme fort du Pds ne badine pas avec ses nouvelles tâches. Il ne crache pas sur l’étiquette de N°2 du Pds-l que d’aucuns lui collent. «Je seconde le Secrétaire général national dans la reprise en mains et dans la gestion de son parti. Il a été clair : je suis le principal interlocuteur du Secrétaire général en ce qui concerne la restructuration, le renouvellement des instances. Donc, je ne rends compte qu’à lui. De ce fait, les superviseurs ainsi que les commissaires sont placés sous mon autorité, bien qu’ils aient été choisis par le Secrétaire général national», clarifie-t-il. Menace ou pas à l’endroit des potentiels «récalcitrants» ? Les barons libéraux jugeront.
Samba Ndiaye
Icône/Xalimasn.com
L’homme doit cette percée à son courage et à son engagement. Avant 2000, il marchait à pieds des Parcelles assainies au Point E pour servir son mentor. Celui-ci sous les verrous, Farba Senghor quittait toujours le Point E pour apporter de la nourriture. Il sillonnait également les rédactions pour acheminer les communiqués de presse du Parti démocratique sénégalais. Les témoins de ces temps déduisent : il est fidèle et loyal.
Le Pds arrivé au pouvoir, Farba Senghor n’a pas dérogé à sa réputation d’homme loyal vis-à-vis du président de la République. Il ne rate aucune occasion de le défendre. En fait-il trop ? Oui, disent nombre de citoyens sénégalais. Ceux-ci ne manquent pas d’arguments pour étayer leur position. A la veille de l’élection présidentielle de 2007, il n’avait pas hésité à rappeler à l’ordre «les petits marabouts» qui s’en prenaient à son chef. Récemment, au plus fort de la crise entre le président de la République et l’Eglise, Farba Senghor a mis les pieds dans les plats. Fouillant dans les poubelles, il a fait état de l’appartenance politique de certains religieux catholiques, auteurs de propos salés à l’endroit du chef de l’Etat au moment où nombre de Sénégalais appelaient au calme.
La liste des «frasques» n’est pas exhaustive. Le ministre Farba Senghor a été cité comme étant l’instigateur du saccage des journaux l’As et 24 heures chrono, le 17 août 2008. Le seul tort de ces journaux a été d’écrire «contre la politique du président de la République».
Traversée du désert
Ce problème lui a valu une traversée du désert. Il a été limogé de la tête du ministère des Transports aériens après une forte pression de l’opinion publique. La mesure avait pour but, «de faciliter le travail de la justice en toute indépendance et en toute liberté», selon le ministre de l’Information et porte-parole du gouvernement de l’époque, Abdou Aziz Sow. M. Senghor a été entendu par le Procureur de la République le 1er septembre de la même année. Les Sénégalais attendent toujours la suite…
Des observateurs pressés misaient déjà sur la fin de la carrière du natif de Nguélou, un village du Saloum. Ils se sont trompés. Farba Senghor va sortir de la pénombre pour se projeter encore dans la lumière. Il est revenu en force. Le président de la République lui a confié la coordination du Parti démocratique sénégalais libéral (Pds-L), la formation politique qui remplace le Parti démocratique sénégalais (Pds). «Mon seul interlocuteur dans cette opération est Farba Senghor», a lancé le leader du Pds devant tous les dignitaires du parti au pouvoir lors de la réunion portant création de la nouvelle formation politique des libéraux. L’homme du président semble bien mesurer la tâche pour ne pas perdre cette confiance que d’aucuns considèrent comme « son point fort». «Je n’ai pas d’amis dans ma mission. Je ferai tout pour exécuter à la lettre les directives du président», a averti M. Senghor comme pour mieux rassurer son patron. L’ancien ministre ajoute : «parmi les missions que le Secrétaire général national m’a confiées, il y a la restauration des valeurs de fraternité, de justice et de dignité. Pour cela, il faut la transparence et l’équidistance. Je dois donc être équidistant et impartial à l’égard des tous les responsables et militants du parti. Mon seul ami est celui qui respectera les instructions du frère Secrétaire général national concernant le mode de fonctionnement du parti et les règles érigées pour le renouvellement des instances».
Pour M. Senghor, la restructuration est une nécessité. «Aujourd’hui, après plus de trente ans d’existence, notre Secrétaire général national veut redynamiser notre parti, lui donner un nouvel élan pour disposer de toutes les cartes afin de remporter haut la main les prochaines élections présidentielles de 2012».
Pourtant, certains ténors du Pds estiment en coulisses que M. Senghor n’est point l’homme de la situation. «Farba ne cesse de mélanger les choses. Je trouve même que la restructuration est mal partie avec le choix porté sur sa personne», souffle un responsable libéral sous le couvert de l’anonymat. Invité de l’émission «Remue-ménage» de nos confrères de la RFM, le politologue, Abdou Kahdr Lô, se dit «scandalisé par la promotion de Farba Senghor comme Coordonnateur du PDSL». «Quand je vois que Farba Senghor est promu coordonnateur du nouveau parti (PDSL), je suis désolé, c’est une insulte à tout le monde», assène-t-il.
Pour M. Lô, la place de Farba Senghor serait derrière «les barreaux si on avait laissé la Justice faire son travail». «Aujourd’hui, si la justice avait les moyens de faire son travail comme il le fallait, Farba Senghor ne serait pas là en train de parler de violence. Il serait derrière les barreaux, parce que le monsieur est concerné par des affaires de violence».
M. Lô s’émeut même de voir Farba Senghor représenter son parti dans des débats de violence. «Quand j’ai vu, dans une télévision de la place, Farba Senghor débattre de violence, je me suis demandé ce qui se passe au parti démocratique sénégalais au point de ne pas pouvoir envoyer un autre dans ce débat. Il y a des gens plus légitimes au PDS pour en parler», se désole-t-il.
Des cadres libéraux pensent le contraire. «Il a la confiance du président, nous devons le soutenir dans cette mission. Nous ne ménagerons aucun effort pour l’accompagner», estiment des responsables de la Coordination nationale des cadres libéraux (Cncl).
En tout cas, le nouvel homme fort du Pds ne badine pas avec ses nouvelles tâches. Il ne crache pas sur l’étiquette de N°2 du Pds-l que d’aucuns lui collent. «Je seconde le Secrétaire général national dans la reprise en mains et dans la gestion de son parti. Il a été clair : je suis le principal interlocuteur du Secrétaire général en ce qui concerne la restructuration, le renouvellement des instances. Donc, je ne rends compte qu’à lui. De ce fait, les superviseurs ainsi que les commissaires sont placés sous mon autorité, bien qu’ils aient été choisis par le Secrétaire général national», clarifie-t-il. Menace ou pas à l’endroit des potentiels «récalcitrants» ? Les barons libéraux jugeront.
Samba Ndiaye
Icône/Xalimasn.com