L’ONG canadienne, Grain qui est fait de la manœuvre, indique que le groupe financier Saoudien Foras Investment Company, qui serait à la base de cette opèration, aurait déjà des acquisitions de terres en Mauritanie, au Mali, dans la région de l’Office du Niger et aurait pris des options au Sénégal, plus précisèment dans la région du fleuve, pour 5 000 ha.
Appât du gain, intérêt national mal compris ? Quoi qu’il en soit, des services de l’Etat étudient avec sérieux la possibilité de céder une bonne partie des terres de la vallée du fleuve Sénégal à des investisseurs saoudiens intéressés par la production du riz pour leur pays. Cela, avec semble-t-il, la bénédiction des autorités à de très hauts niveaux. Et en dépit de tout bon sens. Les investisseurs saoudiens sont à l’affut de terres de la vallée du fleuve Sénégal. Avec l’appui de l’Etat, ils s’apprêtent à passer des achats massifs de terres agricoles dans la zone entre Dagana et Podor. L’Ong canadienne Grain, qui dévoile la manœuvre, indique que le groupe financier Saoudien Foras investment company, qui est à la base de cette opération, a déjà fait des acquisitions de terres en Mauritanie, au Mali, dans la région de l’Office du Niger, et a pris des options au Sénégal, dans la région du fleuve, pour 5 000 ha. Ces acquisitions sont destinées à la culture du riz, pour la consommation des Saoudiens dans leur pays.
Le projet de Foras s’appelle AgroGlobe, et il a pour but de produire 7 millions de tonnes de riz sur 700 000 ha de terres, dans les 7 années à venir. Les Saoudiens, selon nos sources disposeraient d’une ferme de 2 000 ha en Mauritanie, et d’un bail de 5 000 ha au Mali. Au Sénégal, l’idée serait d’acquérir en fin de compte, environ 120 000 ha de terres dans la zone de la vallée du fleuve Sénégal. L’option ne serait toujours pas concrétisée parce qu’alors que le directeur des investissements de Foras, M. Saad bin Ahmad, dit à Grain qu’il attend que l’Etat du Sénégal concrétise l’option, les dirigeants du pays semblent s’être tournés vers d’autres investisseurs saoudiens, qui offriraient sans doute plus et dans des conditions encore moins transparentes.
Et pour ce projet, sur lequel Grain affirme être tombé par hasard, il serait planifié dans un document intitulé : Projet de production industrielle d’un million de tonnes de riz paddy dans la vallée du fleuve Sénégal, élaboré par un cabinet de consultance dakarois, African life science consulting (Als consulting). Il met trait en œuvre un groupe d’investisseurs saoudiens non-identifiés, à la différence du projet mené par Foras investment. Ces Arabes, associés à des Sénégalais tout aussi anonymes, mais dont on sait qu’ils ont des appuis au plus haut niveau de l’appareil de l’Etat, prévoiraient à
terme, d’acquérir près de 100 000 ha de terres de la Vallée, pour y planter du riz pour l’Arabie saoudite. Et pour concrétiser ce projet, ils compteraient investir un peu plus de 50 milliards de francs Cfa dans les 5 années à venir.
Ces achats comprendraient, outre les terres actuellement exploitées, d’autres surfaces supplémentaires, qui seraient mises en valeur, entre le département de Dagana, jusqu’à la région de Bakel. Ce qui permettrait aux Canadiens de Grain de constater : «Avec ce projet, les investisseurs saoudiens prendraient pour ainsi dire le contrôle de toute la production de riz de la vallée du Sénégal, car ils obtiendraient les quelques 50 000 ha qui sont actuellement cultivés et 14 207 ha irrigués supplémentaires qui doivent être réhabilités. Ils acquerraient de plus 52 228 ha dans les districts de Dagana, Podor, Matam et Bakel pour étendre l’irrigation. Toutes ces terres seraient regroupées dans de grosses parcelles d’un «minimum» de 500 à 2 000 ha («afin de tenir compte des économies d’échelle», selon le projet). Et ce n’est pas du riz africain qui y serait semé, mais comme le spécifie la proposition, de nouvelles variétés asiatiques, en particulier des hybrides».
Les investisseurs voudraient prendre possession de ces terres immédiatement, mais la proposition indique qu’ils seraient prêts à considérer une production sous contrat «si besoin est, sur les terres où les paysans produisent déjà du riz». Une société mixte sénégalo-saoudienne serait montée, pour piloter le projet. Contrôlée à 90% par les Saoudiens, elle va exporter 70% de sa production, pour n’en vendre sur le marché local, que les 30%.
Ces investisseurs que l’Etat semble préférer à Foras, ne chercheraient pas seulement à assurer l’approvisionnement de l’Arabie saoudite en riz, mais surtout, à faire du profit. Leur projet indique, selon Grain, qu’ils compteraient «sur le gouvernement du Sénégal pour leur accorder toute une série de subventions, grâce au programme Goana du Président Abdoulaye Wade. Selon la proposition, l’entreprise aurait droit à quelque 10 millions de dollars (5 milliards de francs Cfa environ, Ndlr) de subventions au cours de ses cinq premières années de fonctionnement».
Quid des paysans ? Sur ce point, très important, les apprentis sorciers qui sont dans le ministère des Mines et de l’Industrie, maîtres d’œuvre dudit projet, ne semblent pas nourrir d’appréhension. «La main-d’œuvre productive sera exclusivement locale, afin d’améliorer les conditions de vie et de dégager ainsi des options de développement économique et social», indique la proposition. Et pour ce qui est des éleveurs de la région, qui seront privés d’accès à la terre et à l’eau dont ils ont besoin pour leurs troupeaux, l’entreprise déclare qu’ils pourront acheter des aliments dans les usines de fabrication que le projet prévoit de construire dans la région. De cette façon, se vante l’entreprise, les animaux seront nourris «plus facilement et à moindre coût».
Le ministère des Mines, de l’Industrie, de l’Agro-industrie et des Pme serait impliqué dans ce projet par le biais d’un conseiller spécial du ministre, M. Amadou kiffa Guèye, qui serait le coordonnateur du projet. Interrogé par Grain, il aurait déclaré aux Canadiens que la famille royale saoudienne y était associée à de riches hommes d’affaires sénégalais. Le gouvernement aurait eu à développer le projet à la requête desdits hommes d’affaires.
Des voix se seraient vite dépêchées de faire le rapport avec la dernière visite du Président Wade en Arabie Saoudite, au cours de laquelle il aurait pris part au Forum Golfe-Afrique. Or, il se dit que l’un des points des débats a justement serait la volonté de l’Arabie saoudite de délocaliser dans certains pays sa production alimentaire, notamment agricole. Et les propos du chef de l’Etat, au cours du Conseil des ministres du 9 décembre, qui a suivi son retour, n’ont pas été des plus rassurants. On se rappelle que le Président Wade a demandé qu’il soit étudié les modalités de mettre en place un passeport d’affaires afro-arabe, pour faciliter la circulation des hommes d’affaires dans l’espace économique afro-arabe. Et l’on sait que les Arabes ont plus de facilités financières de voyager et d’investir que nos hommes d’affaires à nous. Le chef de l’Etat a demandé encore, selon le communiqué du Conseil des ministres, La mise en place d’une Agence afro-arabe de développement chargée de la conception et de l’exécution des projets afro-arabes. Comme pour justifier déjà ce qui se prépare dans la Vallée…
Le Président Wade pourrait pourtant s’inspirer des propos de spécialistes, comme Jacques Diouf, le Directeur général de la Fao, qui ne cesse de répéter qu’aucun pays au monde n’a intérêt à vendre sa terre à des étrangers. Quoi qu’il en soit, il semble que l’on n’a pas fini d’entendre parler de cette affaire.
Bakary NDIAYE, leral.net
Appât du gain, intérêt national mal compris ? Quoi qu’il en soit, des services de l’Etat étudient avec sérieux la possibilité de céder une bonne partie des terres de la vallée du fleuve Sénégal à des investisseurs saoudiens intéressés par la production du riz pour leur pays. Cela, avec semble-t-il, la bénédiction des autorités à de très hauts niveaux. Et en dépit de tout bon sens. Les investisseurs saoudiens sont à l’affut de terres de la vallée du fleuve Sénégal. Avec l’appui de l’Etat, ils s’apprêtent à passer des achats massifs de terres agricoles dans la zone entre Dagana et Podor. L’Ong canadienne Grain, qui dévoile la manœuvre, indique que le groupe financier Saoudien Foras investment company, qui est à la base de cette opération, a déjà fait des acquisitions de terres en Mauritanie, au Mali, dans la région de l’Office du Niger, et a pris des options au Sénégal, dans la région du fleuve, pour 5 000 ha. Ces acquisitions sont destinées à la culture du riz, pour la consommation des Saoudiens dans leur pays.
Le projet de Foras s’appelle AgroGlobe, et il a pour but de produire 7 millions de tonnes de riz sur 700 000 ha de terres, dans les 7 années à venir. Les Saoudiens, selon nos sources disposeraient d’une ferme de 2 000 ha en Mauritanie, et d’un bail de 5 000 ha au Mali. Au Sénégal, l’idée serait d’acquérir en fin de compte, environ 120 000 ha de terres dans la zone de la vallée du fleuve Sénégal. L’option ne serait toujours pas concrétisée parce qu’alors que le directeur des investissements de Foras, M. Saad bin Ahmad, dit à Grain qu’il attend que l’Etat du Sénégal concrétise l’option, les dirigeants du pays semblent s’être tournés vers d’autres investisseurs saoudiens, qui offriraient sans doute plus et dans des conditions encore moins transparentes.
Et pour ce projet, sur lequel Grain affirme être tombé par hasard, il serait planifié dans un document intitulé : Projet de production industrielle d’un million de tonnes de riz paddy dans la vallée du fleuve Sénégal, élaboré par un cabinet de consultance dakarois, African life science consulting (Als consulting). Il met trait en œuvre un groupe d’investisseurs saoudiens non-identifiés, à la différence du projet mené par Foras investment. Ces Arabes, associés à des Sénégalais tout aussi anonymes, mais dont on sait qu’ils ont des appuis au plus haut niveau de l’appareil de l’Etat, prévoiraient à
terme, d’acquérir près de 100 000 ha de terres de la Vallée, pour y planter du riz pour l’Arabie saoudite. Et pour concrétiser ce projet, ils compteraient investir un peu plus de 50 milliards de francs Cfa dans les 5 années à venir.
Ces achats comprendraient, outre les terres actuellement exploitées, d’autres surfaces supplémentaires, qui seraient mises en valeur, entre le département de Dagana, jusqu’à la région de Bakel. Ce qui permettrait aux Canadiens de Grain de constater : «Avec ce projet, les investisseurs saoudiens prendraient pour ainsi dire le contrôle de toute la production de riz de la vallée du Sénégal, car ils obtiendraient les quelques 50 000 ha qui sont actuellement cultivés et 14 207 ha irrigués supplémentaires qui doivent être réhabilités. Ils acquerraient de plus 52 228 ha dans les districts de Dagana, Podor, Matam et Bakel pour étendre l’irrigation. Toutes ces terres seraient regroupées dans de grosses parcelles d’un «minimum» de 500 à 2 000 ha («afin de tenir compte des économies d’échelle», selon le projet). Et ce n’est pas du riz africain qui y serait semé, mais comme le spécifie la proposition, de nouvelles variétés asiatiques, en particulier des hybrides».
Les investisseurs voudraient prendre possession de ces terres immédiatement, mais la proposition indique qu’ils seraient prêts à considérer une production sous contrat «si besoin est, sur les terres où les paysans produisent déjà du riz». Une société mixte sénégalo-saoudienne serait montée, pour piloter le projet. Contrôlée à 90% par les Saoudiens, elle va exporter 70% de sa production, pour n’en vendre sur le marché local, que les 30%.
Ces investisseurs que l’Etat semble préférer à Foras, ne chercheraient pas seulement à assurer l’approvisionnement de l’Arabie saoudite en riz, mais surtout, à faire du profit. Leur projet indique, selon Grain, qu’ils compteraient «sur le gouvernement du Sénégal pour leur accorder toute une série de subventions, grâce au programme Goana du Président Abdoulaye Wade. Selon la proposition, l’entreprise aurait droit à quelque 10 millions de dollars (5 milliards de francs Cfa environ, Ndlr) de subventions au cours de ses cinq premières années de fonctionnement».
Quid des paysans ? Sur ce point, très important, les apprentis sorciers qui sont dans le ministère des Mines et de l’Industrie, maîtres d’œuvre dudit projet, ne semblent pas nourrir d’appréhension. «La main-d’œuvre productive sera exclusivement locale, afin d’améliorer les conditions de vie et de dégager ainsi des options de développement économique et social», indique la proposition. Et pour ce qui est des éleveurs de la région, qui seront privés d’accès à la terre et à l’eau dont ils ont besoin pour leurs troupeaux, l’entreprise déclare qu’ils pourront acheter des aliments dans les usines de fabrication que le projet prévoit de construire dans la région. De cette façon, se vante l’entreprise, les animaux seront nourris «plus facilement et à moindre coût».
Le ministère des Mines, de l’Industrie, de l’Agro-industrie et des Pme serait impliqué dans ce projet par le biais d’un conseiller spécial du ministre, M. Amadou kiffa Guèye, qui serait le coordonnateur du projet. Interrogé par Grain, il aurait déclaré aux Canadiens que la famille royale saoudienne y était associée à de riches hommes d’affaires sénégalais. Le gouvernement aurait eu à développer le projet à la requête desdits hommes d’affaires.
Des voix se seraient vite dépêchées de faire le rapport avec la dernière visite du Président Wade en Arabie Saoudite, au cours de laquelle il aurait pris part au Forum Golfe-Afrique. Or, il se dit que l’un des points des débats a justement serait la volonté de l’Arabie saoudite de délocaliser dans certains pays sa production alimentaire, notamment agricole. Et les propos du chef de l’Etat, au cours du Conseil des ministres du 9 décembre, qui a suivi son retour, n’ont pas été des plus rassurants. On se rappelle que le Président Wade a demandé qu’il soit étudié les modalités de mettre en place un passeport d’affaires afro-arabe, pour faciliter la circulation des hommes d’affaires dans l’espace économique afro-arabe. Et l’on sait que les Arabes ont plus de facilités financières de voyager et d’investir que nos hommes d’affaires à nous. Le chef de l’Etat a demandé encore, selon le communiqué du Conseil des ministres, La mise en place d’une Agence afro-arabe de développement chargée de la conception et de l’exécution des projets afro-arabes. Comme pour justifier déjà ce qui se prépare dans la Vallée…
Le Président Wade pourrait pourtant s’inspirer des propos de spécialistes, comme Jacques Diouf, le Directeur général de la Fao, qui ne cesse de répéter qu’aucun pays au monde n’a intérêt à vendre sa terre à des étrangers. Quoi qu’il en soit, il semble que l’on n’a pas fini d’entendre parler de cette affaire.
Bakary NDIAYE, leral.net