USA-SENEGAL : Pourquoi Obama a zappé Wade

L’inquiétude a été à son comble lorsque le Président Wade a appris l’audience que Barack Obama a accordée à 4 chefs d`Etat d`Afrique noire francophone. Il s’agit des Présidents béninois Yayi Boni, guinéen Alpha Condé, nigérien Mahamadou Issoufou et ivoirien Alassane Ouattara. Cette rencontre s’inscrit dans le cadre du soutien de l`administration américaine à des démocraties en développement et la mise en valeur d’un partenariat avec ces pays. Pourquoi le Sénégal qui se targue toujours d’être un pays démocratique est désormais absent de ces grandes rencontres ? C’est parce que plusieurs griefs lui sont faits, ce qui pousse les Etats-Unis à ne plus impliquer Me Wade dans certaines discussions.

Affaire de corruption
En septembre 2009, la Banque Mondiale avait épinglé Me Wade dans une affaire de 200 000 dollars américains, soient 100 millions de Fcfa, remis au représentant du Fmi à Dakar. « Ce cadeau », comme le disait Wade, est perçu comme une corruption de haut niveau pour que ledit représentant fasse un rapport complaisant sur le Sénégal. Heureusement, le deal a été éventré. Dans la même rubrique, il a été fait cas des détournements de deniers publics et de fonds étrangers pour financer des programmes clés. La corruption, a constaté le département d’Etat américain, est courante sous l’alternance. Dans un rapport de la Banque Mondiale, il est mentionné qu’entre 2003 et 2008, le Sénégal a occupé le bas de l’échelle de la corruption. Sur 178 pays évalués, il en est le 105ème. C’est décevant !

Président de tous les pouvoirs
Il y a aussi la centralisation des pouvoirs entre les mains de Wade. Selon le département d’Etat américain, Me Wade a pris des mesures pour concentrer les pouvoirs dans un système qui lui confère le privilège de faire ce qu’il veut. Il a le pouvoir de nommer les juges de la Cour d’Appel et du Conseil constitutionnel, tout comme le pouvoir de nommer un Premier ministre et de le révoquer suivant ses humeurs. A ce sujet, le cas du Premier ministre Idrissa Seck a été ressassé. Les Américains ont rappelé avec regret le licenciement en 2004 de l’ex-PM, suivi de son accusation et de son emprisonnement pendant 6 mois sans le moindre procès. Avec cette forfaiture, Me Wade a été pris en flagrant délit de violation des droits de l’Homme.

Tripatouillage de la Constitution
Les Américains se sont également penché sur le tripatouillage des textes de la Constitution. Ils disent avoir du mal à comprendre le jeu de Wade sur les retouches infinies de la Constitution. En 2001, une nouvelle Constitution a été approuvée par référendum réduisant le mandat présidentiel de 7 à 5 ans. Contre toute attente, en 2008, Me Wade modifie encore la Constitution, ramenant le mandat de 5 à 12 ans à partir de 2012. A quoi joue-t-il ? Les Américains pensent que Wade est sénile au point de jouer avec la Constitution de son pays. Le fait qu’il ait déclaré ne pas se présenter une troisième fois et de se dédire a inquiété les Américain qui se sont finalement dit que ce vieux n’inspire plus confiance. Voilà autant de motifs valables qui expliquent que Wade ait perdu sa crédibilité sur le plan international. Plus personne ne lui fait confiance. A commencer par Barack Obama qui l’a snobé au moment où il invitait Yayi Boni, Alpha Condé, Mahamadou Issoufou et Alassane Ouattara à la Maison Blanche. Par conséquent, Me Wade n’a pas à se tordre de douleur pour avoir été zappé. Il est simplement rattrapé par son passé et a payé ses erreurs cash.
Pape Matar NDIAYE : leral.net