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Vendredi 2 Mars 2018

Un Sénégalais sur quatre est exposé à la corruption, qu’il en soit l’initiateur ou qu’il l’accepte (Etude)




Selon Étude sur la Perception et le Coût de la Corruption au Sénégal de l’Office National de Lutte contre la Fraude et la corruption financé par le PNUD (Programme des nations Unies pour le développement) parcouru par Leral.net, un Sénégalais sur quatre est exposé à la corruption, qu’il en soit l’initiateur ou qu’il l’accepte.
 
Dans le secteur public comme dans celui du privé, les résultats de l’étude montrent que les usagers sont plus prompts à faire des propositions de corruption que les agents. Le taux de tentative de corruption ou proportion d’individus susceptibles de faire une tentative de corruption, est globalement de 25,6% des personnes interrogées. Une ventilation des résultats dans des cibles choisies montre quelques disparités.
 
Ainsi, le taux de tentative de corruption est de 25,7% dans le grand public. Il est plus important en milieu urbain (27,7%) qu’en milieu rural (23,4%). Il ressort aussi de cette étude que les hommes (33,1%) font plus de tentatives de corruption que les femmes (19,2%). Ils sont aussi plus approchés pour être corrompus. Dans le secteur informel, le taux de tentative de corruption est de 28,6%.
 
En moyenne, un Sénégalais sur quatre est exposé à la corruption, qu’il en soit l’initiateur ou qu’il l’accepte. Cependant, même si toutes les tentatives de corruption ne se concrétisent pas par un succès, le taux d’acceptation des tentatives de corruption est de 55,2%.
 
Par ailleurs, le taux de corruption est de 14,1% pour l’ensemble des composantes du Grand public. Il est de 9,9% chez les professionnels, avec une variation selon qu’on se trouve dans le public (9,9%) ou dans le privé (13%). Les femmes dans le Grand public sont moins corrompues que les hommes, les moins de 20 ans et les plus de 50 ans moins corrompus que les personnes d’un âge compris entre 20 et 50 ans.
 
De même, le taux de corruption dans le monde rural est plus important que celui des villes. La région de Diourbel (19,4%) enregistre le plus fort taux de corruption, tandis que celle de Saint-Louis affiche le plus faible taux (6,5%). De même, les personnes les plus instruites sont aussi celles qui paient le moins de pots-de-vin comparées aux analphabètes. Les personnes issues des ménages dont le revenu mensuel est compris entre 200 000 et 500 000 F CFA, sont considérées comme plus corrompues que les personnes dont les ménages ont un revenu mensuel inférieur ou supérieur à cette fourchette. Dans le privé, 80% des tentatives de corruption sont acceptées.
 
Les Sénégalais qui acceptent la corruption sont plus nombreux (21%) que ceux qui l’initient (6%). 30% de ceux qui ont déjà accepté la corruption et 70% de ceux qui l’ont déjà initiée, sont de potentiels récidivistes. Les personnes qui n’ont jamais fait l’expérience de la corruption ne seraient que 9% à céder à une tentative de corruption.

Les propositions de corruption sont, dans 85% des cas, formulées en numéraires. Les Sénégalais dénoncent peu les auteurs de corruption. Les intentions de dénonciation des pratiques de corruption ne dépassent pas 6%.
 
Coût de la corruption
 
Le montant moyen de pots-de-vin demandé au cours des 12 derniers mois s’élève à 95 406 F CFA. Celui concernant les personnes ayant cédé est de 100 877 F CFA par an. Le montant global de pots-de-vin payés est estimé à 118,44 milliards de F CFA durant les 12 derniers mois.
 
Si nous prenons la variable âge, les jeunes et les personnes âgées sont moins invités à payer des pots-de-vin par rapport aux autres classes d’âge. L’analyse des coûts dans la variable sexe révèle des différences entre les montants demandés aux femmes et ceux demandés aux hommes, ainsi que les montants payés par ces derniers. Nous constatons que les montants qu’on demande aux femmes sont plus élevés que ceux demandés aux hommes, mais celles-ci finissent généralement par payer des montants supérieurs à ceux versés par les hommes.
 
En outre, dans l’ensemble, les personnes issues de ménages ayant un revenu élevé, payent en moyenne beaucoup plus en pots-de-vin que celles qui proviennent de ménages à faible revenu.

Globalement, cette étude livre une cartographie de la corruption au Sénégal. Elle se veut une étude de référence à partir de laquelle tous les indicateurs qui ont été mesurés pourront être suivis et analysés en fonction des changements qui vont s’opérer dans le temps.

Les résultats ici exposés sont censés connaître des évolutions, elles-mêmes tributaires d’autres facteurs exogènes qui ne sont pas toujours maîtrisés à l’avance. Des études ultérieures, améliorées sur la base des acquis de la présente étude, aideront à mettre en place un baromètre, annuel ou biannuel, dont l’utilité sera de faire l’état de la corruption au Sénégal et d’en apprécier les évolutions.
 






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