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Une campagne électorale à géométrie variable

Si tout va bien, le Sénégal et les Sénégalais vivront le 26 février prochain une journée électorale qui sera loin d’être ordinaire. Si exceptionnelle, l’élection présidentielle le sera, la campagne électorale qui la précède l’est tout également. En effet, contrairement à ce qui se passe dans d’autres pays, au Sénégal, la campagne électorale ne se ramène pas uniquement à la rencontre entre un candidat et des électeurs, par le biais d’un programme de société.Reflets de la crise politique que traverse le pays, la campagne électorale se déroule sur deux fronts : une campagne ordinaire et une autre essentiellement bâtie contre de la candidature du président Abdoulaye Wade. Et c’est cette seconde dimension qui confère à la campagne en cours des moments de tensions et même de violence gratuite...


Rédigé par leral.net le Jeudi 16 Février 2012 à 01:11 | | 0 commentaire(s)|

Une campagne électorale à géométrie variable
Il suffit d’observer le champ politique sénégalais de ces derniers jours pour comprendre que dans le bras de fer entre l’opposition et le camp présidentiel, personne ne semble l’emporter. Une sorte de match nul que l’on perçoit à travers les manifestations constitutionnellement reconnues et autorisées aux candidats à l’élection présidentielle du 26 février, mais aussi celles exclusivement destinées à refuser au président sénégalais un nouveau septennat. C’est justement cette neutralisation entre le camp Wade et l’opposition sénégalaise qui fait que la campagne électorale a quelque chose de particulier.

C’est ce qui fait qu’on n’assiste pas qu’à ces longues caravanes joyeuses et empreintes de liesse populaire autour des principaux candidats... Comme cela s’est passé hier encore, cette campagne électorale version 2012 se caractérise aussi par des altercations sporadiques entre forces de l’ordre et membres du M23. Parce qu’il faut bien dire que tous ceux qui sont aujourd’hui dans l’arène politique, ne cherchent pas à se faire élire. Quelques-uns se battent inversement pour empêcher que le président sénégalais ne se fasse réélire.
Ce qui fait qu’au sein de l’opposition sénégalaise, on est en face de deux groupes d’opposants. D’un côté, on a une opposition politique qui, bien que se caressant l’idée que le président sénégalais ne puisse point rempiler pour un nouveau mandat, n’oublient pas pour autant que l’essentiel se passera dans les urnes dans dix jours. De l’autre côté, il y a un groupe d’opposants moins politiques qui, déçus par les douze ans de la gestion du président Abdoulaye Wade, et pour lesquels, la victoire ultime et exclusive réside dans le fait de réussir le retrait d'Abdoulaye Wade.
A objectifs légèrement différents, campagnes électorales nécessairement différentes. C’est ainsi que contrairement à ce qui avait été énoncé au départ, les principaux leaders de l’opposition ont bien fini par se séparer et par mener campagne de manière quelque peu individuelle. A l’occasion, on essaie tant soit peu de mettre en avant un programme de société.

En face, le pouvoir sénégalais s’évertue à répondre sur les deux fronts. Abdoulaye Wade et son état major politique se chargent du volet démocratique de la bataille. Ils envahissent le pays et battent campagne comme si de rien n’était. Jouant à la politique de l’autruche, ils font mine de défendre un bilan.
En ce qui concerne le sale boulot qui consiste à étouffer l’opposition à la nouvelle candidature d’Abdoulaye Wade, il revient au ministre de l’intérieur, avec à ses côtés toute l’armada des forces de l’ordre. Comme si le mélange des deux nuirait au président sortant, Abdoulaye Wade semble ne pas vouloir se mêler du débat autour de sa candidature. C’est comme si en entrant dans la polémique, il accréditerait davantage la thèse de ses adversaires.

Boubacar Sanso Barry pour GuineeConakry.info

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