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Urgence énergétique et ambitions du Sénégal : West African Energy, un projet sous tension au cœur des priorités de l’État

Face à l’urgence énergétique et aux ambitions du Sénégal en matière de transition énergétique, le Premier ministre Ousmane Sonko a clairement affiché la volonté de l’État de jouer un rôle plus actif dans le projet West African Energy (WAE). Ce projet, présenté comme un pilier de la stratégie « Gas-to-Power », suscite depuis quelques mois, de vives tensions internes et un débat public autour de sa gouvernance. S "lesoleil.sn"


Rédigé par leral.net le Mardi 15 Avril 2025 à 15:07 | | 0 commentaire(s)|

Lors de son passage à l’Assemblée nationale, Ousmane Sonko a annoncé une gouvernance renforcée de l’État dans l’énergie

« On ne peut laisser notre gaz sortir comme ça. On a un objectif de mettre toutes nos centrales au gaz. L’objectif en 2050, est 10.000 KWh, on en produit 1.800 aujourd’hui. Le solaire ne pourra pas tout combler. C’est pourquoi notre projet de gazoduc, c’est notre priorité. L’énergie est une question de sécurité nationale », a déclaré le chef du gouvernement, soulignant à quel point l’indépendance énergétique du pays est une priorité politique autant qu’économique.

Des tensions internes fragilisent le projet

La centrale West African Energy, implantée à Cap des Biches, est la plus grande centrale à cycle combiné au gaz du Sénégal. Avec une capacité de 366 MW, elle représente près de 25 % de la puissance installée du pays. Financée à hauteur de 283 milliards de francs Cfa, elle est portée par un consortium de capitaux privés sénégalais, sans participation directe de l’État dans le capital, mais avec une garantie souveraine.

« Ce projet bénéficie d’avantages majeurs : une garantie d’achat intégral de l’électricité produite par la Senelec, des incitations fiscales liées au contenu local et une couverture souveraine de l’Etat en cas de défaut de paiement de la Senelec. On ne peut donc pas dire que c’est un projet strictement privé », a martelé Ousmane Sonko, avant d’annoncer que dés son arrivée à la Primature, il avait demandé au chef de l’État de prendre en main ce projet.

Le Premier ministre a affirmé avoir reçu l’ensemble des parties prenantes – bailleurs, société de construction, actionnaires – pour éviter tout blocage : « Nous allons sauver ce projet, nous allons sauver tous les autres projets », a-t-il assuré.

Cette prise de position marque un tournant : si les partenariats public-privé restent essentiels pour combler le déficit d’investissement, l’État souhaite désormais reprendre la main sur les infrastructures jugées sensibles. Il s’agit de garantir la pérennité, la transparence et la soutenabilité des projets structurants, dans un contexte où l’énergie pèse lourdement sur le budget des ménages et constitue un enjeu de souveraineté, selon Ousmane Sonko.

La stabilité du consortium West African Energy (WAE) a été mise à mal par des dissensions internes, notamment une plainte déposée par l’un de ses actionnaires, Moustapha Ndiaye (importateur de riz), contre Samuel Sarr, également actionnaire et Directeur général de WAE, pour abus de biens sociaux portant sur 8 milliards de francs Cfa. Cette affaire a conduit à l’incarcération de l’ancien ministre de l’Energie sous Abdoulaye Wade.

Parmi les autres actionnaires, figurent plusieurs figures majeures du secteur privé sénégalais : Harouna Dia, Abdoulaye Dia (PDG de Senico), Khadim Bâ (Locafrique) Ce conglomérat de poids lourds économiques, bien qu’influent, montre aujourd’hui des signes de tension, fragilisant la cohésion du consortium.