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Dimanche 23 Juin 2019

VIDEO - Ciment: Les Cimenteries veulent donner des pots-de-vin aux Commissions pour valider l'augmentation du prix initial


Comment les cimentiers ont tordu la main aux Commissions.

Le prix de la tonne de ciment devrait bien augmenter de 5000 francs CFA. Une mesure surprenante annoncée par le ministère du Commerce, en début de semaine, alors que ‘Etat du Sénégal avait jusque-là maintenu son véto à toute augmentation du prix du ciment.



Dans une note de la Direction du Commerce intérieur, rendue publique en début juin 2019, il est expliqué pourquoi la hausse du prix du ciment est désormais inévitable.

Dans sa note, le ministère du Commerce explique qu’un « comité technique multipartite a été mis en place à l’effet d’examiner la structure du prix du ciment, suite aux perturbations que le secteur de la cimenterie a connues depuis 2018 ». Et de noter : « au terme des travaux, il a été relevé une augmentation du coût de certains facteurs de production comme la houille, le clinker, les laitiers granulés, le carburant et le fuel dont l’impact sur le cout de revient est assez significatif, de l’ordre de 2400 à 3600 FCFA/Tonne ».

Toujours dans ses explications, le ministère du Commerce note qu’il s’y ajoute que « la taxe sur le ciment de 3000 HT/T, intervenue en 2017, a fortement grevé la marge des unités de production de ciment, de l’ordre de 16,6 milliards FCfa, avec les mesures de blocage des prix prises par le Gouvernement. Ces facteurs cumulés ont fortement impacté l’équilibre des différentes cimenteries, avec une baisse des résultats de l’activité ordinaire allant de -38 à -222% suivants les différentes cimenteries ».

Et de conclure : « Le comité a conclu de la nécessité de procéder à un réajustement des prix du ciment, pour un retour à l’équilibre dans ce secteur. A cet égard, la proposition d'augmentation de 3540 FCFA par tonne, faite par le département, a été jugée insuffisante par les cimentiers, qui demandent un réajustement minimum de 5000 FCFA/Tonne pour un retour à l’équilibre, en tenant compte du gap cumulé à combler, qui est évalué entre 6400 et 7900 FCFA/Tonne ». Le prix de revient d'un sac de ciment.

Une décision qui tranche, en tout cas, de manière très nette, d’avec la position de l’Etat du Sénégal, qui a toujours considéré le ciment comme un produit de grande consommation, avec les nombreux chantiers dans ce pays, aussi bien du côté de l’Etat que pour les particuliers.

Rappelons à ce titre que durant cette année en cours, à deux reprises, l’Etat du Sénégal a dû intervenir, à coup d’arrêtés, pour bloquer toute hausse du prix du ciment.

La dernière est intervenue le 13 mars dernier, avec la décision unilatérale de la Sococim d’augmenter le prix de la tonne de ciment de 3500 francs. Les deux autres cimenteries que sont les Ciments du Sahel et Dangote Cement, lui avaient automatiquement emboîté le pas, obligeant l’Etat du Sénégal à sortir un arrêté, dès le 14 mars, pour bloquer cette hausse.
« l’idée c’est de maintenir les prix, pour avoir un prix qui ne soit pas spéculatif, mais qui puisse rémunérer les usines privées et maintenir l’activité économique », avait d’ailleurs expliqué Directeur du Commerce, Ousmane Mbaye.

« Les prix plafond du ciment ex usine, sont fixés aux prix antérieurs pratiqués au 1er janvier 2019 », précisait ledit arrêté, en deux articles. Qui soulignait : « est considéré comme prix illicite, tout prix supérieur aux plafonds à l’article premier ».

Et depuis le mois de mars dernier, aucune charge supplémentaire ne s’est greffée dans la production de ciment au Sénégal. Puisqu’avant cette date, l’Etat du Sénégal prélevait déjà une taxe de 5% sur le prix de la tonne et 3 francs sur chaque kilo de ciment vendu, au titre de la contribution spéciale sur les mines et carrières.

L’on s’explique donc difficilement cette hausse subite qui semble, en tout cas, déjà acquise.

Mais il faut le dire, les cimenteries sont enfin arrivées à leur but, qui est d’augmenter coûte que coûte le prix du ciment. Un travail de sape qui a fini par faire plier les commissions chargées de statuer sur le prix du ciment. En tout cas, des sources de leral.net, très au fait de ce sujet, sont formelles : un fort parfum de corruption empeste dans ce dossier.

Si les 5000 francs ajoutés sur le prix de la tonne de ciment, la portant à 65 000, ont été enlevés depuis les injonctions des autorités pour ramener le prix de la tonne à son prix initial, il n’en reste pas moins que les difficultés persistent pour se procurer du ciment actuellement dans le pays. Les différents revendeurs affirment que les livraisons sont devenues très lentes et une situation de manque du produit est ainsi créée sur le marché.

Pour Momar Ndao, « ce sont les quotataires qui achètent et revendent le ciment, qui créent cette situation et favorisent ainsi un marché noir pour revendre le ciment beaucoup plus cher ». Le consumériste est formel, « il y a une mafia dans le secteur du ciment et le ministère du Commerce sait ce qui se passe ». Et de déplorer, « ils ont sorti un arrêté pour faire revenir les choses à la normale, mais il n’y a pas d’application, ils doivent donc faire en sorte que la mesure ainsi prise, soit appliquée ».

Dans tous les cas, martèle Momar Ndao, une augmentation du prix du ciment ne se justifie pas au Sénégal. « Ils sont exonérés de taxes et il y a une baisse des prix des intrants comme le carburant et l’électricité, donc il est inadmissible que l’on augment le prix du ciment au Sénégal ».

Surtout que, fait encore remarquer Momar Ndao, « c’est la troisième fois qu’on essaie d’augmenter le ciment, qui est un produit essentiel au Sénégal, parce le souci de chaque Sénégalais est de se construire une maison. Dans chaque quartier où vous allez, il y a des chantiers. En plus, le Sénégal est en train de construire une ville nouvelle à Diamniadio. Pour vous dire que la demande est très forte ».
Ndèye Fatou Kébé






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