Envoyé spécial) - Au-delà de l'aspect religieux qui a fait la réputation légendaire de la ville fondée par Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké en 1888, Touba, la capitale du mouridisme, présente, aujourd'hui, sur le plan économique des signes visibles d'un dynamisme économique reconnu. Cet essor économique fulgurant se traduit, de nos jours, par des signes extérieurs de richesse comme les grandes maisons luxueuses à la devanture desquelles sont garées de grosses cylindrées, souvent de marques allemande ou japonaise. A tous les coins de rue, des centres commerciaux qui imposent par leur stature ont surgi de terre donnant à la ville sainte un air de modernité. Le décor de Touba, ce sont, également, les succursales de certaines banques qui ont pignon sur rue partout. Les marchés fleurissent presque à chaque coin de rue. Le plus grand de tous est, sans conteste, le marché Occass, un haut lieu de rendez-vous de l'offre et de la demande.
Cette réussite économique de la ville sainte de Touba profite, non sans fierté, à ses habitants, en ce sens qu'elle remet en cause plusieurs idées reçues dans le domaine de l'économie. D'un petit village perdu quelque part dans l'environnement hostile du Baol, actuelle région de Diourbel, la capitale du mouridisme est parvenue, en moins de cent ans, à se hisser au deuxième rang des villes du Sénégal, après Dakar, aussi bien en termes économiques que sur le plan démographique. Environ 10 % de la population du Sénégal y vit. Soit un peu plus d'un million cinq cent mille habitants. Malgré tout, sur le plan administratif, Touba reste une communauté rurale, la plus riche du pays sans doute. C'est la raison pour laquelle, certains de ses habitants considèrent que le 'modèle économique de Touba', pour ne pas dire 'mouride' est 'unique au monde'. En effet, celui-ci est profondément ancré dans la mystique du travail prônée par le fondateur de la confrérie, Serigne Touba lui-même. Puis, il se nourrit de divers apports comme le foncier, la forte population mais surtout l'émigration. 'C'est le propre des villes religieuses que de connaître une vitalité économique qui tourne autour du pèlerinage. A partir de ces retombées économiques, les habitants réalisent des profits qui leur permettent de vivre plus ou moins correctement et de manière décente', analyse Karim Fofana, un opérateur économique. Toutefois, il reconnaît qu'il n'y a pas de moyens de production dignes de nom à Touba. Une absence qui, à son avis, est comblée par les multitudes de services offerts par la population qui ne rechigne pas à effectuer tous les boulots, imaginables et inimaginables. Ce qui fait dire à ce jeune commerçant formé en gestion en Europe que 'Touba n'est pas un lieu de production industrielle, mais de produits provenant de l'agriculture et de l'élevage'.
Nazirou Bankolé, économiste et par ailleurs chargé de la communication du Mouvement 'Beugue Touba', est d'avis que le modèle économique de Touba est 'particulier' dans le monde entier. 'Le miracle de Touba, dit-il, c'est le foncier qui a acquis une forte valeur marchande et qui peut permettre à quelqu'un, rien qu'en vendant ou en mettant en bail sa maison, d'avoir de l'argent pour démarrer une activité économique lucrative', indique-t-il. 'Si Touba est devenu une réussite économique en dépit de l'environnement hostile, c'est parce que les mourides sont des gens fondamentalement libéraux. Mais, le libéralisme mouride est différent du libéralisme occidental qui est proche de l'individualisme. Le libéralisme mouride est fondé sur la mystique du travail qui est un enseignement de Serigne Touba. C'est différent aussi du marxisme qui brime l'initiative personnelle. L'exemple le plus patent du libéralisme mouride, c'est Khelcom qui est un modèle de développement endogène mis en œuvre par feu Serigne Saliou Mbacké', souligne, fort à propos, Nazirou Bankolé.
Il serait réducteur de ne pas citer parmi les atouts de la réussite économique de Touba l'apport des émigrés dont les envois financiers se chiffrent à près de 500 milliards par an. Une somme ré-investie dans le circuit économique à travers la consommation et dans l'investissement immobilier ou le commerce. 'Dans chaque famille, il y a un émigré, au moins, qui envoie de l'argent à la maison pour la consommation, mais aussi il investit souvent à côté dans le commerce, l'agriculture ou l'élevage. Et les émigrés rentrent pour deux mois, le temps du Magal, pour consommer', explique Karim Fofana. C'est pourquoi, cette réussite économique ne peut pas ne pas avoir d'impact sur le vécu quotidien des populations de Touba, comme nous l'explique Karim Fofana, homme d'affaires. 'Sur dix camions qui quittent Dakar, les huit viennent décharger à Touba. Cette abondance de produits fait que les prix baissent', explique-t-il. Selon lui, c'est ce qui fait que la cherté de la vie est moins ressentie à Touba qu'ailleurs.
Les signes d'essoufflement
Si le modèle économique frappe les esprits, il reste qu'il est en train d'émettre des signes avant-coureurs d'essoufflement. Ceci, à cause de la concentration des investissements dans deux branches : l'immobilier et le commerce. L'exode rural de villages entiers vers Touba dans les régions de Louga, Fatick et Dioubel n'est pas pour arranger les choses. 'A Touba, on n'a jamais connu le phénomène des bidonvilles. Maintenant, du fait de l'exode rural de villages entiers aujourd'hui rayés de la carte, Touba voit autour de sa périphérie des quartiers flottants', constatent Karim Fofana et Nazirou Bankolé. D'où, selon eux, l'impérieuse nécessité de mettre sur pied des unités industrielles de production à Touba en vue de lutter contre le chômage des jeunes. La création d'une structure bancaire exclusivement destinée à canaliser l'épargne mouride est aussi suggérée par nos deux interlocuteurs. La structure créée pourrait servir de moyen de financement à ceux qui veulent se lancer dans les affaires.
Source Walfadjri
Cette réussite économique de la ville sainte de Touba profite, non sans fierté, à ses habitants, en ce sens qu'elle remet en cause plusieurs idées reçues dans le domaine de l'économie. D'un petit village perdu quelque part dans l'environnement hostile du Baol, actuelle région de Diourbel, la capitale du mouridisme est parvenue, en moins de cent ans, à se hisser au deuxième rang des villes du Sénégal, après Dakar, aussi bien en termes économiques que sur le plan démographique. Environ 10 % de la population du Sénégal y vit. Soit un peu plus d'un million cinq cent mille habitants. Malgré tout, sur le plan administratif, Touba reste une communauté rurale, la plus riche du pays sans doute. C'est la raison pour laquelle, certains de ses habitants considèrent que le 'modèle économique de Touba', pour ne pas dire 'mouride' est 'unique au monde'. En effet, celui-ci est profondément ancré dans la mystique du travail prônée par le fondateur de la confrérie, Serigne Touba lui-même. Puis, il se nourrit de divers apports comme le foncier, la forte population mais surtout l'émigration. 'C'est le propre des villes religieuses que de connaître une vitalité économique qui tourne autour du pèlerinage. A partir de ces retombées économiques, les habitants réalisent des profits qui leur permettent de vivre plus ou moins correctement et de manière décente', analyse Karim Fofana, un opérateur économique. Toutefois, il reconnaît qu'il n'y a pas de moyens de production dignes de nom à Touba. Une absence qui, à son avis, est comblée par les multitudes de services offerts par la population qui ne rechigne pas à effectuer tous les boulots, imaginables et inimaginables. Ce qui fait dire à ce jeune commerçant formé en gestion en Europe que 'Touba n'est pas un lieu de production industrielle, mais de produits provenant de l'agriculture et de l'élevage'.
Nazirou Bankolé, économiste et par ailleurs chargé de la communication du Mouvement 'Beugue Touba', est d'avis que le modèle économique de Touba est 'particulier' dans le monde entier. 'Le miracle de Touba, dit-il, c'est le foncier qui a acquis une forte valeur marchande et qui peut permettre à quelqu'un, rien qu'en vendant ou en mettant en bail sa maison, d'avoir de l'argent pour démarrer une activité économique lucrative', indique-t-il. 'Si Touba est devenu une réussite économique en dépit de l'environnement hostile, c'est parce que les mourides sont des gens fondamentalement libéraux. Mais, le libéralisme mouride est différent du libéralisme occidental qui est proche de l'individualisme. Le libéralisme mouride est fondé sur la mystique du travail qui est un enseignement de Serigne Touba. C'est différent aussi du marxisme qui brime l'initiative personnelle. L'exemple le plus patent du libéralisme mouride, c'est Khelcom qui est un modèle de développement endogène mis en œuvre par feu Serigne Saliou Mbacké', souligne, fort à propos, Nazirou Bankolé.
Il serait réducteur de ne pas citer parmi les atouts de la réussite économique de Touba l'apport des émigrés dont les envois financiers se chiffrent à près de 500 milliards par an. Une somme ré-investie dans le circuit économique à travers la consommation et dans l'investissement immobilier ou le commerce. 'Dans chaque famille, il y a un émigré, au moins, qui envoie de l'argent à la maison pour la consommation, mais aussi il investit souvent à côté dans le commerce, l'agriculture ou l'élevage. Et les émigrés rentrent pour deux mois, le temps du Magal, pour consommer', explique Karim Fofana. C'est pourquoi, cette réussite économique ne peut pas ne pas avoir d'impact sur le vécu quotidien des populations de Touba, comme nous l'explique Karim Fofana, homme d'affaires. 'Sur dix camions qui quittent Dakar, les huit viennent décharger à Touba. Cette abondance de produits fait que les prix baissent', explique-t-il. Selon lui, c'est ce qui fait que la cherté de la vie est moins ressentie à Touba qu'ailleurs.
Les signes d'essoufflement
Si le modèle économique frappe les esprits, il reste qu'il est en train d'émettre des signes avant-coureurs d'essoufflement. Ceci, à cause de la concentration des investissements dans deux branches : l'immobilier et le commerce. L'exode rural de villages entiers vers Touba dans les régions de Louga, Fatick et Dioubel n'est pas pour arranger les choses. 'A Touba, on n'a jamais connu le phénomène des bidonvilles. Maintenant, du fait de l'exode rural de villages entiers aujourd'hui rayés de la carte, Touba voit autour de sa périphérie des quartiers flottants', constatent Karim Fofana et Nazirou Bankolé. D'où, selon eux, l'impérieuse nécessité de mettre sur pied des unités industrielles de production à Touba en vue de lutter contre le chômage des jeunes. La création d'une structure bancaire exclusivement destinée à canaliser l'épargne mouride est aussi suggérée par nos deux interlocuteurs. La structure créée pourrait servir de moyen de financement à ceux qui veulent se lancer dans les affaires.
Source Walfadjri