Deux poids, deux visas : la France veut dialoguer avec notre jeunesse, mais la bloque à ses frontières. Par Dénango Sarré Maïssa Gaye

Depuis quelques semaines, l’ambassadrice de France au Sénégal affiche sa volonté de dialoguer avec la jeunesse sénégalaise. Elle visite des sites sportifs, échange avec des artistes, parle d’innovation et de culture. Mais ce ballet diplomatique cache mal une vérité que chaque jeune Sénégalais connaît trop bien : la liberté de circuler ne va que dans un sens.

Les jeunes Français n’ont besoin d’aucun visa pour entrer au Sénégal. Ils viennent y faire des stages, du volontariat, du tourisme, de la coopération. Et ils sont les bienvenus.

Les jeunes Sénégalais, eux, doivent payer des frais de visa élevés, non remboursables, et se voient trop souvent refuser l’entrée en France sans aucune explication. Parfois même après avoir été invités officiellement à des conférences, des formations, ou des événements culturels. Cette inégalité ne relève pas du hasard. Elle est institutionnalisée, assumée, justifiée par des peurs injustes et des politiques migratoires déséquilibrées. Et pendant que nos jeunes se battent pour exister au niveau international, la France tente de regagner de l’influence par une diplomatie de façade.

Nous lançons ici un appel solennel aux autorités sénégalaises :

Soyez vigilantes. Ne vous laissez pas séduire par des initiatives superficielles qui ne corrigent en rien les injustices structurelles subies par notre jeunesse. Et surtout, dans un esprit de diplomatie équilibrée et de réciprocité, instruisez l’ambassade du Sénégal en France d’entamer à son tour une série de dialogues avec la jeunesse française. Qu’elle parle de migration, de mémoire coloniale, de coopération culturelle, de mobilité. Qu’on voit si le message passe dans l’autre sens.

Un vrai partenariat ne peut être à sens unique. Si la France veut parler à notre jeunesse, qu’elle commence par la respecter, en rendant la circulation équitable, les démarches transparentes, les coûts justes, et les décisions explicables.

Parce qu’un dialogue sans équité est une manœuvre. Et une diplomatie sans réciprocité n’est que domination.

Dénango Sarré Maïssa Gaye

daon@live.fr