Dans le département de Saint-Louis, le renforcement du dispositif sécuritaire de surveillance des côtes a eu un effet très positif. Depuis l'installation de la base navale de la Marine nationale à l’Hydrobase et la multiplication des patrouilles mixtes dans les zones stratégiques d'embarquement, le nombre de départs de candidats à l'émigration clandestine a considérablement baissé.
Toutefois, les séquelles laissées par les premières vagues de départ, sont toujours palpables dans les familles des disparus.
À Saint-Louis, Pikine est l'un des quartiers qui a payé le plus lourd tribut de sa jeunesse dans le phénomène “Barça ou Barsakh”. D’ailleurs, il y a quarante-huit heures, les jeunes de cette localité ont organisé un récital de Coran en mémoire de leurs nombreux camarades morts en mer.
Il est 11 h passées de quelques minutes, dans les ruelles du populeux quartier de Pikine, dans le faubourg de Sor. Nous sommes à la recherche du domicile de la famille Niang, dont quelques membres sont portés disparus en mer depuis plus d'une année. Après quelques indications de voisins, nous arrivons sur les lieux, où règne un calme plat. Aucun bruit dans la maison, à part les pleurs d'un petit garçon de moins de 3 ans, assis sur un banc près de sa maman, au seuil de la cuisine.
Après les salutations et le but de notre visite, notre interlocutrice nous oriente vers le chef de famille, assis sur un fauteuil dans le salon, les yeux rivés sur un téléviseur aux dimensions moyennes. D’une voix basse, le vieux M. Niang nous accueille avec un petit sourire pour nous mettre à l'aise. Mais visiblement, il ne s'est pas encore remis du choc. Pour lui, la famille Niang n'est pas à sa première perte dans l'océan, puisque le fils aîné de la famille a perdu la vie par noyade, dans les eaux maritimes de la Mauritanie, en 2018.
"C'est dur. Mais c'est la volonté divine. Personne ne peut échapper à son destin. Il y a six ans, leur grand frère disparaissait à Nouadhibou, sur la route de l'Europe. Il y a juste un an, jour pour jour, que la famille subissait une autre catastrophe avec la disparition, au large de Saint-Louis, de ses deux frères cadets. Ces derniers m'ont laissé deux épouses et cinq petits-enfants, dont le plus âgé a moins de 14 ans. Comme je n'y peux rien, je m'en remets au bon Dieu et prie pour le repos de leurs âmes. Mais j'avoue que je suis très profondément meurtri", a signalé le vieux Niang.
Veuves et orphelins inconsolables
Revenant sur ses enfants restés en mer, le père de famille n'a pas tari d'éloges sur leur exemplarité.
"Malgré leur jeunesse, ils étaient de braves travailleurs et très obéissants à leurs parents. Des mois après la catastrophe, je ne parviens toujours pas à expliquer les réelles motivations de leur voyage. Ils gagnaient décemment leur vie et n’enviaient pas leurs camarades. Donc, ils ne se plaignaient pas du tout. Leur disparition a vraiment laissé un grand vide dans la maison, car ils étaient les espoirs de la famille. Mais Dieu en a décidé autrement.
ND. Niang a laissé derrière lui une épouse et trois enfants, son frère D. Niang, une épouse et deux enfants. C'est pourquoi nous demandons aux autorités nationales, une vigilance accrue, pour réduire davantage les départs, car la mer a anéanti beaucoup d'espoirs de famille. Aujourd'hui, l'émigration irrégulière a décimé entièrement ma famille. Il ne me reste plus sur terre qu’une fille qui vit très loin de moi à Vélingara auprès de son mari", s'est désolé le vieux Niang, presque au bord des larmes.
Les tentatives pour faire parler les autres membres de la famille, sont restées vaines. À chaque fois que l'une des deux veuves a essayé, l'interview est interrompue par des sanglots. Néanmoins, la veuve de ND. Niang est parvenue à placer quelques mots, entre deux sanglots.
Pour la jeune M. Loum, sa vie est brisée à jamais. "Je ne crois pas pouvoir surmonter un jour la mort tragique de mon mari. Je ne peux rester un instant sans penser à lui. Je ne peux me défaire de son visage et de ses éclats de rire. Ce qui est survenu à la famille est terrible. Pour vous dire que Ndiaga ne verra jamais son dernier fils, né quatre mois après sa disparition", a expliqué M. Loum.
Toutefois, les séquelles laissées par les premières vagues de départ, sont toujours palpables dans les familles des disparus.
À Saint-Louis, Pikine est l'un des quartiers qui a payé le plus lourd tribut de sa jeunesse dans le phénomène “Barça ou Barsakh”. D’ailleurs, il y a quarante-huit heures, les jeunes de cette localité ont organisé un récital de Coran en mémoire de leurs nombreux camarades morts en mer.
Il est 11 h passées de quelques minutes, dans les ruelles du populeux quartier de Pikine, dans le faubourg de Sor. Nous sommes à la recherche du domicile de la famille Niang, dont quelques membres sont portés disparus en mer depuis plus d'une année. Après quelques indications de voisins, nous arrivons sur les lieux, où règne un calme plat. Aucun bruit dans la maison, à part les pleurs d'un petit garçon de moins de 3 ans, assis sur un banc près de sa maman, au seuil de la cuisine.
Après les salutations et le but de notre visite, notre interlocutrice nous oriente vers le chef de famille, assis sur un fauteuil dans le salon, les yeux rivés sur un téléviseur aux dimensions moyennes. D’une voix basse, le vieux M. Niang nous accueille avec un petit sourire pour nous mettre à l'aise. Mais visiblement, il ne s'est pas encore remis du choc. Pour lui, la famille Niang n'est pas à sa première perte dans l'océan, puisque le fils aîné de la famille a perdu la vie par noyade, dans les eaux maritimes de la Mauritanie, en 2018.
"C'est dur. Mais c'est la volonté divine. Personne ne peut échapper à son destin. Il y a six ans, leur grand frère disparaissait à Nouadhibou, sur la route de l'Europe. Il y a juste un an, jour pour jour, que la famille subissait une autre catastrophe avec la disparition, au large de Saint-Louis, de ses deux frères cadets. Ces derniers m'ont laissé deux épouses et cinq petits-enfants, dont le plus âgé a moins de 14 ans. Comme je n'y peux rien, je m'en remets au bon Dieu et prie pour le repos de leurs âmes. Mais j'avoue que je suis très profondément meurtri", a signalé le vieux Niang.
Veuves et orphelins inconsolables
Revenant sur ses enfants restés en mer, le père de famille n'a pas tari d'éloges sur leur exemplarité.
"Malgré leur jeunesse, ils étaient de braves travailleurs et très obéissants à leurs parents. Des mois après la catastrophe, je ne parviens toujours pas à expliquer les réelles motivations de leur voyage. Ils gagnaient décemment leur vie et n’enviaient pas leurs camarades. Donc, ils ne se plaignaient pas du tout. Leur disparition a vraiment laissé un grand vide dans la maison, car ils étaient les espoirs de la famille. Mais Dieu en a décidé autrement.
ND. Niang a laissé derrière lui une épouse et trois enfants, son frère D. Niang, une épouse et deux enfants. C'est pourquoi nous demandons aux autorités nationales, une vigilance accrue, pour réduire davantage les départs, car la mer a anéanti beaucoup d'espoirs de famille. Aujourd'hui, l'émigration irrégulière a décimé entièrement ma famille. Il ne me reste plus sur terre qu’une fille qui vit très loin de moi à Vélingara auprès de son mari", s'est désolé le vieux Niang, presque au bord des larmes.
Les tentatives pour faire parler les autres membres de la famille, sont restées vaines. À chaque fois que l'une des deux veuves a essayé, l'interview est interrompue par des sanglots. Néanmoins, la veuve de ND. Niang est parvenue à placer quelques mots, entre deux sanglots.
Pour la jeune M. Loum, sa vie est brisée à jamais. "Je ne crois pas pouvoir surmonter un jour la mort tragique de mon mari. Je ne peux rester un instant sans penser à lui. Je ne peux me défaire de son visage et de ses éclats de rire. Ce qui est survenu à la famille est terrible. Pour vous dire que Ndiaga ne verra jamais son dernier fils, né quatre mois après sa disparition", a expliqué M. Loum.