Illustration supplémentaire du niveau de traumatisme atteint par la majorité présidentielle, la casquette de chef de Parti, a été mieux vissée sur la tête d’Abdoulaye Wade que le couvre-chef de Président de la république. Résultat amphibologique : un discours de chef de secte servi à la secte et… à la nation via la courroie de transmission que sont les Pcr. Le tout dans un format bâtard qui tient à la fois de la grand’messe politique et du séminaire studieux.
Mais pour une majorité (présidentielle) rescapée des chaudes journées des 23 et 27 juin, toute tribune a valeur de planche de salut. Et le renard politique Abdoulaye Wade y est opportunément monté, pour réfléchir à haute voix sur les récents évènements ; notamment sur « les mécontentements divers qui ont conduit ses compatriotes sur le chemin de la violence » selon ses propres mots. Une portion du discours qui dévoile (théoriquement) un Président apôtre de l’écoute patiente de nombreux interlocuteurs et visiteurs. Ce qui l’a conduit à prendre la mesure du mal des délestages. Lesquels périclitent les petites et moyennes entreprises.
Bien entendu, une telle ébauche d’autocritique rassure à priori. Toutefois, cette lucidité jaillissante est vite endiguée par la myopie qu’inoculent l’esprit et le réflexe partisans. Et là, c’est le chef de parti qui reprend l’offensive, en déclinant – par une série de mots sur les jeunes, les femmes, les anciens et les paysans – tout le catalogue des réalisations de l’Alternance.
Bien normal qu’il porte au pinacle les performances des (innombrables) gouvernements engloutis par ses deux mandats. Mais, un décryptage sérieux renvoie à la toile de fond (la malgouvernance) de toutes les poussées de fièvre sociale ayant culminé avec les bourrasques des 23 et 27 juin qui ont failli jeter l’exception sénégalaise dans le fossé. Or donc, Wade doit se convaincre que les Sénégalais ont été tirés de leur torpeur par une inversion insupportable des priorités qui a fait passer l’achat de l’avion de Sarkozy, avant l’achat du combustible, pour la Senelec. Qu’ils ont été secoués par une énième et extrême réforme constitutionnelle qui leur programmait un Président élu contre la volonté de 75 % du corps électoral. Autant constitutionnaliser l’autocratie et la ploutocratie. Et enterrer la démocratie.
Ici, les dénégations appuyées et les professions de foi démocratiques du Président Wade ne pèsent pas devant les faits et les propos gravés dans les mémoires. Qui a nommé dans le gouvernement un ministre chargé de Tout et de Partout ? Pourquoi a-t-on promis d’aller dire à la maman d’un ministre que son fils a bien travaillé ? Pareil vocabulaire est tellement aux antipodes des terminologies républicaines, qu’il fonde tous les soupçons de dévolution monarchique du pouvoir.
Cependant, la quintessence du discours très attendu du Président, reste le défi lancé à l’opposition. Et, in fine au peuple. Car il faut vraiment avoir la berlue ou être l’otage d’un groupe de radicaux, pour être sûr d’être plébiscité par un peuple furieux, dans quarante jours. A moins qu’on ne possède une botte secrète parfaitement camouflée dans un fichier ou dans les entrailles des découpages électoralement administratifs.
Ici, le dialogue politique qui a mobilisé le groupe des six, est dégradé en faculté ou simple gage de bonne volonté. Ce n’est plus un credo.
En vérité, Wade n’a pas servi une réponse aux évènements de juin, il a déclenché la contre-offensive de juillet.
Babacar Justin Ndiaye
Mais pour une majorité (présidentielle) rescapée des chaudes journées des 23 et 27 juin, toute tribune a valeur de planche de salut. Et le renard politique Abdoulaye Wade y est opportunément monté, pour réfléchir à haute voix sur les récents évènements ; notamment sur « les mécontentements divers qui ont conduit ses compatriotes sur le chemin de la violence » selon ses propres mots. Une portion du discours qui dévoile (théoriquement) un Président apôtre de l’écoute patiente de nombreux interlocuteurs et visiteurs. Ce qui l’a conduit à prendre la mesure du mal des délestages. Lesquels périclitent les petites et moyennes entreprises.
Bien entendu, une telle ébauche d’autocritique rassure à priori. Toutefois, cette lucidité jaillissante est vite endiguée par la myopie qu’inoculent l’esprit et le réflexe partisans. Et là, c’est le chef de parti qui reprend l’offensive, en déclinant – par une série de mots sur les jeunes, les femmes, les anciens et les paysans – tout le catalogue des réalisations de l’Alternance.
Bien normal qu’il porte au pinacle les performances des (innombrables) gouvernements engloutis par ses deux mandats. Mais, un décryptage sérieux renvoie à la toile de fond (la malgouvernance) de toutes les poussées de fièvre sociale ayant culminé avec les bourrasques des 23 et 27 juin qui ont failli jeter l’exception sénégalaise dans le fossé. Or donc, Wade doit se convaincre que les Sénégalais ont été tirés de leur torpeur par une inversion insupportable des priorités qui a fait passer l’achat de l’avion de Sarkozy, avant l’achat du combustible, pour la Senelec. Qu’ils ont été secoués par une énième et extrême réforme constitutionnelle qui leur programmait un Président élu contre la volonté de 75 % du corps électoral. Autant constitutionnaliser l’autocratie et la ploutocratie. Et enterrer la démocratie.
Ici, les dénégations appuyées et les professions de foi démocratiques du Président Wade ne pèsent pas devant les faits et les propos gravés dans les mémoires. Qui a nommé dans le gouvernement un ministre chargé de Tout et de Partout ? Pourquoi a-t-on promis d’aller dire à la maman d’un ministre que son fils a bien travaillé ? Pareil vocabulaire est tellement aux antipodes des terminologies républicaines, qu’il fonde tous les soupçons de dévolution monarchique du pouvoir.
Cependant, la quintessence du discours très attendu du Président, reste le défi lancé à l’opposition. Et, in fine au peuple. Car il faut vraiment avoir la berlue ou être l’otage d’un groupe de radicaux, pour être sûr d’être plébiscité par un peuple furieux, dans quarante jours. A moins qu’on ne possède une botte secrète parfaitement camouflée dans un fichier ou dans les entrailles des découpages électoralement administratifs.
Ici, le dialogue politique qui a mobilisé le groupe des six, est dégradé en faculté ou simple gage de bonne volonté. Ce n’est plus un credo.
En vérité, Wade n’a pas servi une réponse aux évènements de juin, il a déclenché la contre-offensive de juillet.
Babacar Justin Ndiaye