Entretien avec "Sud Quotidien": Que vous inspire cette nouvelle méthode de dénonciation des pratiques de certains Sénégalais sur la base de la collecte et diffusion des données à caractère personnel ?
Plus d’un Sénégalais est été assez ému en voyant les images volées de citoyens sénégalais partagées dans l’espace public. De mon point de vue personnel et non en tant que porte-parole de la majorité, je pense que c’est inquiétant, ce n’est pas comme ça que nous concevons les règles du débat public, qui doivent certes être marquées du sceau de la liberté parce que nous sommes quand même la première démocratie du continent (sic) à tout point de vue : nous avons une culture démocratique, nos rues sont démocratiques et nous avons également une longue culture de dialogue fondée sur l’éthique.
Quand on voit donc, des images de cette nature où on filme des gens à leur insu pour les diffuser, c’est un véritable problème. Je fais partie de ceux qui pensent que le débat public ne peut pas être fondé sur tout et n’importe quoi. Donc, les autorités publiques doivent utiliser tous les moyens disponibles pour l’encadrer.
En décidant d’ouvrir une information judiciaire à la suite de la diffusion des vidéos incriminant Kilifa et Simon, aujourd’hui en détention préventive, le procureur de la République n’est-il pas en train de cautionner cette diffusion illégale des données à caractère personnel ?
Personnellement, je ne sais pas sur quoi le procureur s’est fondé pour ouvrir son enquête. Peut-être vous mais pas moi. Ceci étant, j’ai effectivement vu les vidéos comme bon nombre de Sénégalais mais encore, je ne peux pas dire que c’est sur ça que le procureur s’est fondé pour ouvrir son enquête, même si les images diffusées concernent effectivement cette affaire.
Et si tel était le cas ?
Si réellement, il s’est fondé sur ces images, on pourrait se poser des questions mais, il faut d’abord établir le lien, ce qui n’est pas le cas pour le moment.
Plus d’un mois que l’affaire du trafic des passeports diplomatiques a éclaté, mais aucune procédure de lever de l’immunité parlementaire des députés mis en cause n’a été enclenchée. N’est-ce pas là, une preuve d’une justice à deux vitesses ?
Je dois préciser que notre système judiciaire n’a pas été construit pour les hommes et les femmes politiques. Il faut se rendre compte de cela. D’ailleurs, je crois même que c’est une erreur de penser ainsi. Il faut donc que ceux qui pensent ainsi, arrêtent de juger la justice sénégalaise à l’aune de leurs intérêts et de leur propre turpitude judiciaire. La justice s’occupe tous les jours de faire en sorte que les enfants de ce pays puissent circuler en homme libre. On circule librement parce qu’il y a un système d’état de droit au Sénégal, qui fait que lorsque quelqu’un porte plainte, il sait que s’il a été accroché, volé ou agressé, il peut avoir justice.
C’est ça la justice, avoir confiance que lorsqu’on se lève le matin et qu’on sort de chez nous, on est sûr qu’on a des règles qui garantissent qu’on peut marcher librement. C’est un peu trop facile et irresponsable à la fois, de pointer le doigt, à chaque fois qu’on a des problèmes avec la justice, le procureur de la République ou le Président Macky Sall. En plus, nous avons tous entendu les autorités de l’Assemblée nationale dire que lorsqu’on demandera la levée de l’immunité des députés cités dans cette affaire, ils voteront dans ce sens.
Dans le même temps, les deux principaux mise en cause dans cette affaire, se sont également engagés à répondre à toute convocation concernant cette affaire, bien qu’ils n'en soient pas obligés. Je rappelle aussi qu’on a eu trois situations à l’Assemblée nationale, dont la première concernait notre camarade Seydina Fall dit Bougazeli. Il a eu le courage de démissionner immédiatement de l’Assemblée nationale, pour se mettre totalement à la disposition de la justice. Il a bénéficié d’une liberté provisoire mais la procédure est toujours en cours.
Le deuxième cas de l’Assemblée nationale concernait un député qui est accusé de viol (Ousmane Sonko, Ndlr) par une Sénégalaise (Adji Raby Sarr, Ndlr). On le convoque pour audition, il refuse de répondre et provoque la mort de 14 personnes. Le troisième cas concerne cette affaire en cours de trafic présumé de passeports diplomatiques. Et les autorités de l’Assemblée nationale, tout comme les mis en cause, ont déjà donné des assurances fortes qu’ils vont collaborer avec la justice. Je ne vois pas de raison de sentir un poids deux mesures dans le traitement de ces différents cas.
Mais, il faut reconnaître que cette affaire est quand même très problématique, surtout pour l’image de l’Assemblée nationale et du Sénégal.
Il faut qu’on revienne à de meilleurs sentiments. Un député bénéficie du mandat des Sénégalais, à ce titre, il y a une exigence morale qui s’impose à lui tout comme aussi aux magistrats, aux forces de défense et de sécurité, voire à tout serviteur public. Cela dit, tout citoyen sénégalais peut potentiellement commettre un délit ou un crime. Nul n’est à l’abri de cela. La question est maintenant de savoir si on respecte l’état de droit ou pas dans ces cas. Je n’ai pas vu quelque part ou on a bafoué fondamentalement les droits d’un citoyen sénégalais. L’état de droit fonctionne sur la base des règles de droits et non sur la base de la rumeur ou des émotions des uns et des autres.
Il y en a qui pensent que pour éviter d’autres affaires de ce genre, on devrait inclure une procédure d’enquête de moralité pour tous les candidats et candidates à la députation. Quel est votre avis ?
Je ne partage pas cette idée. Je ne suis pour une quelconque enquête de moralité des candidats à la députation. Nous sommes tous des Sénégalais et c’est le même peuple. Donc, pas de différence et c’est bien d’avoir une Assemblée nationale plurielle, où chaque catégorie sociale et professionnelle se reconnaît. En plus, si la loi prévoit la procédure de levée de l’immunité parlementaire d’un député, c’est parce qu’on sait que potentiellement, les députés peuvent commettre des délits ou des crimes. Donc, il n’y a pas de quoi à fouetter un chat. Ce n’est pas parce qu’on est député qu’on est une puissance morale.
Malgré l’appel du chef de l’Etat, des responsables de la majoritaire continuent à faire des déclarations de candidature pour les Locales. N’est-ce pas là une défiance claire à l’autorité, du patron de votre coalition ?
Nous avons plus de 500 collectivités territoriales dirigées par des membres de notre coalition. Partant de cet aspect, nous pouvons dire que globalement, la consigne a été respectée parce que si dans toutes les localités, les gens se mettaient à faire leur déclaration de candidature, on aurait du mal à nous en sortir. Il faut donc saluer la discipline des camarades. Maintenant, que des bases s’activent pour sponsoriser des candidatures, il y en a partout y compris chez moi à Yoff, où des camardes ont sponsorisé ma candidature. On ne peut pas empêcher cela puisque ce sont les bases politiques qui ont la légitimité, par ailleurs, de faire ce travail qui, à mon avis, montre qu’il y a une vitalité politique très forte dans notre coalition.
Êtes-vous disposé à répondre favorablement à ces camarades qui demandent votre candidature à Yoff ?
Vous ne pouvez pas me dire une chose et me demander de faire son contraire.
Vous venez de dire que ce sont les bases qui ont la légitimité de demander la candidature d’un leader ?
Oui, mais vous venez de me rappeler que le président de la coalition demande qu’on n’exprime pas nos ambitions. Je ne peux donc donner de réponse à votre question.
Vos camarades de l’Apr ne sont-ils pas en train de fragiliser le BBY en voulant s’accaparer des mairies dirigées par vos alliés, notamment à Golf Sud, à Kaffrine, etc. ?
Il y a même des camarades de l’Apr qui visent les mairies dirigées par leurs camarades de parti. Je pense que cela montre tout simplement qu’il y a des ambitions, une chose qui est tout à fait normale au niveau local et c’est bien pour ça que le président a demandé qu’on attende son arbitrage. Il a compris que ces élections vont susciter plusieurs ambitions mais globalement, on est rassurés, on a confiance parce que nous avons la coalition la plus large et la plus durable.
Pensez-vous que Dakar soit maintenant à la portée de votre coalition ?
Je rappelle seulement qu’en sept ans, l’opposition n’a gagné Dakar qu’en 2014.
Oui, mais c’est parce que le régime a fragilisé Khalifa Sall avec cette affaire de caisse d’avance...
Je vous rappelle qu’il n’était pas fragilisé lors du référendum de 2016. Il a participé activement à la campagne pour le «Non ». Au final, il a été battu même dans son propre bureau de vote à Grand-Yoff. Les Sénégalais sont libres et très intelligents, ils regardent ceux qui ont des projets cohérents et votent pour ces derniers.
Certains de vos camarades pensent que le président devrait dans son arbitrage, designer les maires sortant candidats dans leur localité pour éviter des frustrations. Qu’en pensez-vous ?
Ce serait une bonne approche mais chaque situation politique avec également sa réalité. La conférence des leaders fera le bon choix en fonction de chaque situation. Ce que vous avez dit a priori, c’est du bon sens, mais la réalité du terrain peut être autre.
Plus d’un Sénégalais est été assez ému en voyant les images volées de citoyens sénégalais partagées dans l’espace public. De mon point de vue personnel et non en tant que porte-parole de la majorité, je pense que c’est inquiétant, ce n’est pas comme ça que nous concevons les règles du débat public, qui doivent certes être marquées du sceau de la liberté parce que nous sommes quand même la première démocratie du continent (sic) à tout point de vue : nous avons une culture démocratique, nos rues sont démocratiques et nous avons également une longue culture de dialogue fondée sur l’éthique.
Quand on voit donc, des images de cette nature où on filme des gens à leur insu pour les diffuser, c’est un véritable problème. Je fais partie de ceux qui pensent que le débat public ne peut pas être fondé sur tout et n’importe quoi. Donc, les autorités publiques doivent utiliser tous les moyens disponibles pour l’encadrer.
En décidant d’ouvrir une information judiciaire à la suite de la diffusion des vidéos incriminant Kilifa et Simon, aujourd’hui en détention préventive, le procureur de la République n’est-il pas en train de cautionner cette diffusion illégale des données à caractère personnel ?
Personnellement, je ne sais pas sur quoi le procureur s’est fondé pour ouvrir son enquête. Peut-être vous mais pas moi. Ceci étant, j’ai effectivement vu les vidéos comme bon nombre de Sénégalais mais encore, je ne peux pas dire que c’est sur ça que le procureur s’est fondé pour ouvrir son enquête, même si les images diffusées concernent effectivement cette affaire.
Et si tel était le cas ?
Si réellement, il s’est fondé sur ces images, on pourrait se poser des questions mais, il faut d’abord établir le lien, ce qui n’est pas le cas pour le moment.
Plus d’un mois que l’affaire du trafic des passeports diplomatiques a éclaté, mais aucune procédure de lever de l’immunité parlementaire des députés mis en cause n’a été enclenchée. N’est-ce pas là, une preuve d’une justice à deux vitesses ?
Je dois préciser que notre système judiciaire n’a pas été construit pour les hommes et les femmes politiques. Il faut se rendre compte de cela. D’ailleurs, je crois même que c’est une erreur de penser ainsi. Il faut donc que ceux qui pensent ainsi, arrêtent de juger la justice sénégalaise à l’aune de leurs intérêts et de leur propre turpitude judiciaire. La justice s’occupe tous les jours de faire en sorte que les enfants de ce pays puissent circuler en homme libre. On circule librement parce qu’il y a un système d’état de droit au Sénégal, qui fait que lorsque quelqu’un porte plainte, il sait que s’il a été accroché, volé ou agressé, il peut avoir justice.
C’est ça la justice, avoir confiance que lorsqu’on se lève le matin et qu’on sort de chez nous, on est sûr qu’on a des règles qui garantissent qu’on peut marcher librement. C’est un peu trop facile et irresponsable à la fois, de pointer le doigt, à chaque fois qu’on a des problèmes avec la justice, le procureur de la République ou le Président Macky Sall. En plus, nous avons tous entendu les autorités de l’Assemblée nationale dire que lorsqu’on demandera la levée de l’immunité des députés cités dans cette affaire, ils voteront dans ce sens.
Dans le même temps, les deux principaux mise en cause dans cette affaire, se sont également engagés à répondre à toute convocation concernant cette affaire, bien qu’ils n'en soient pas obligés. Je rappelle aussi qu’on a eu trois situations à l’Assemblée nationale, dont la première concernait notre camarade Seydina Fall dit Bougazeli. Il a eu le courage de démissionner immédiatement de l’Assemblée nationale, pour se mettre totalement à la disposition de la justice. Il a bénéficié d’une liberté provisoire mais la procédure est toujours en cours.
Le deuxième cas de l’Assemblée nationale concernait un député qui est accusé de viol (Ousmane Sonko, Ndlr) par une Sénégalaise (Adji Raby Sarr, Ndlr). On le convoque pour audition, il refuse de répondre et provoque la mort de 14 personnes. Le troisième cas concerne cette affaire en cours de trafic présumé de passeports diplomatiques. Et les autorités de l’Assemblée nationale, tout comme les mis en cause, ont déjà donné des assurances fortes qu’ils vont collaborer avec la justice. Je ne vois pas de raison de sentir un poids deux mesures dans le traitement de ces différents cas.
Mais, il faut reconnaître que cette affaire est quand même très problématique, surtout pour l’image de l’Assemblée nationale et du Sénégal.
Il faut qu’on revienne à de meilleurs sentiments. Un député bénéficie du mandat des Sénégalais, à ce titre, il y a une exigence morale qui s’impose à lui tout comme aussi aux magistrats, aux forces de défense et de sécurité, voire à tout serviteur public. Cela dit, tout citoyen sénégalais peut potentiellement commettre un délit ou un crime. Nul n’est à l’abri de cela. La question est maintenant de savoir si on respecte l’état de droit ou pas dans ces cas. Je n’ai pas vu quelque part ou on a bafoué fondamentalement les droits d’un citoyen sénégalais. L’état de droit fonctionne sur la base des règles de droits et non sur la base de la rumeur ou des émotions des uns et des autres.
Il y en a qui pensent que pour éviter d’autres affaires de ce genre, on devrait inclure une procédure d’enquête de moralité pour tous les candidats et candidates à la députation. Quel est votre avis ?
Je ne partage pas cette idée. Je ne suis pour une quelconque enquête de moralité des candidats à la députation. Nous sommes tous des Sénégalais et c’est le même peuple. Donc, pas de différence et c’est bien d’avoir une Assemblée nationale plurielle, où chaque catégorie sociale et professionnelle se reconnaît. En plus, si la loi prévoit la procédure de levée de l’immunité parlementaire d’un député, c’est parce qu’on sait que potentiellement, les députés peuvent commettre des délits ou des crimes. Donc, il n’y a pas de quoi à fouetter un chat. Ce n’est pas parce qu’on est député qu’on est une puissance morale.
Malgré l’appel du chef de l’Etat, des responsables de la majoritaire continuent à faire des déclarations de candidature pour les Locales. N’est-ce pas là une défiance claire à l’autorité, du patron de votre coalition ?
Nous avons plus de 500 collectivités territoriales dirigées par des membres de notre coalition. Partant de cet aspect, nous pouvons dire que globalement, la consigne a été respectée parce que si dans toutes les localités, les gens se mettaient à faire leur déclaration de candidature, on aurait du mal à nous en sortir. Il faut donc saluer la discipline des camarades. Maintenant, que des bases s’activent pour sponsoriser des candidatures, il y en a partout y compris chez moi à Yoff, où des camardes ont sponsorisé ma candidature. On ne peut pas empêcher cela puisque ce sont les bases politiques qui ont la légitimité, par ailleurs, de faire ce travail qui, à mon avis, montre qu’il y a une vitalité politique très forte dans notre coalition.
Êtes-vous disposé à répondre favorablement à ces camarades qui demandent votre candidature à Yoff ?
Vous ne pouvez pas me dire une chose et me demander de faire son contraire.
Vous venez de dire que ce sont les bases qui ont la légitimité de demander la candidature d’un leader ?
Oui, mais vous venez de me rappeler que le président de la coalition demande qu’on n’exprime pas nos ambitions. Je ne peux donc donner de réponse à votre question.
Vos camarades de l’Apr ne sont-ils pas en train de fragiliser le BBY en voulant s’accaparer des mairies dirigées par vos alliés, notamment à Golf Sud, à Kaffrine, etc. ?
Il y a même des camarades de l’Apr qui visent les mairies dirigées par leurs camarades de parti. Je pense que cela montre tout simplement qu’il y a des ambitions, une chose qui est tout à fait normale au niveau local et c’est bien pour ça que le président a demandé qu’on attende son arbitrage. Il a compris que ces élections vont susciter plusieurs ambitions mais globalement, on est rassurés, on a confiance parce que nous avons la coalition la plus large et la plus durable.
Pensez-vous que Dakar soit maintenant à la portée de votre coalition ?
Je rappelle seulement qu’en sept ans, l’opposition n’a gagné Dakar qu’en 2014.
Oui, mais c’est parce que le régime a fragilisé Khalifa Sall avec cette affaire de caisse d’avance...
Je vous rappelle qu’il n’était pas fragilisé lors du référendum de 2016. Il a participé activement à la campagne pour le «Non ». Au final, il a été battu même dans son propre bureau de vote à Grand-Yoff. Les Sénégalais sont libres et très intelligents, ils regardent ceux qui ont des projets cohérents et votent pour ces derniers.
Certains de vos camarades pensent que le président devrait dans son arbitrage, designer les maires sortant candidats dans leur localité pour éviter des frustrations. Qu’en pensez-vous ?
Ce serait une bonne approche mais chaque situation politique avec également sa réalité. La conférence des leaders fera le bon choix en fonction de chaque situation. Ce que vous avez dit a priori, c’est du bon sens, mais la réalité du terrain peut être autre.