Debout sur l’un des trottoirs de l’avenue Malick Sy, près du quartier de la Médina, un homme scrute le ballet incessant des véhicules qui arpentent la chaussée.
Tous les jours, dès le lever du soleil, il exécute les mêmes gestes. Il exhibe les tabloïds, les ‘’soleils’’, appellation générique que lui et ses collègues donnent à tous les tabloïds dakarois. Une habitude qui remonte à l’époque où le quotidien national ”Le Soleil”, était pratiquement le seul quotidien à paraître au Sénégal et qui est demeurée depuis lors, chez beaucoup de vendeurs de journaux.
L’homme serre sous son bras, une pile de journaux et tient un petit lot qu’il exhibe dans sa main, pour attirer la curiosité des passants et des automobilistes.
Sans arrêt, le vieil homme scande : ‘’Lisez les infos, il faut lire’’.
Mais ici, c’est au petit bonheur la chance. Car si certains automobilistes s’arrêtent parfois pour s’acheter des journaux, d’autres par contre, font souvent la sourde oreille, sans même le moindre regard, continuent leur route.
‘’La vente de journaux est réduite maintenant à une affaire de clients. Seuls les habitués achètent’’, lâche-t-il, l’air dépité.
Actuellement, renchérit-il, ‘’il n’y a que les amoureux de la presse écrite qui achètent les journaux. Ces jeunes que je vois là, ne lisent plus. La lecture est une question d’habitude. Et la plupart d’entre eux n’ont pas cette habitude. Si ce n’est qu’avec eux, le déclin de la presse écrite est garanti’’.
Le coronavirus, facteur aggravant
Le vieux marchand de journaux indique que c’est la période de la crise sanitaire liée au coronavirus, qui a aggravé la situation, dont les symptômes n’ont cessé d’empirer avec l’essor sans précédent des nouvelles technologies de l’information et de la communication. Contraints au confinement, des lecteurs assidus avaient déserté les kiosques, pour se rabattre sur la presse en ligne et les réseaux sociaux.
Avec l’explosion des sites d’information en ligne, la presse papier a vu une bonne partie de ses lecteurs, changer d’habitude.
Mais tous n’ont pas succombé à cette nouvelle tendance. Selon Samba Watt, certains d’entre eux demeurent encore de fidèles lecteurs et continuent à acheter les quotidiens, comme au bon vieux temps.
Khalifa Dramé appartient à cette catégorie de lecteurs restés assidus. Se targuant d’être de l’ancienne génération, il dit ‘’ne pas se retrouver avec le digital’’.
‘’Ce qui est digital peut être bon, mais ça ne me donne pas le feeling de la lecture. Avec le papier, je retiens ce que je lis, ma concentration s’accroît. Je suis très nostalgique de tout ça, je ne veux pas que cela disparaisse’’, fait-il valoir, tenant une dizaine de quotidiens dans l’une de ses mains.
Selon lui, le danger du digital est que les choses sont fugaces, compte non tenu de la disparition des emplois.
Chute drastique des ventes quotidiennes
Vendeur de journaux, Ndongo Ndiaye confie que ses ventes quotidiennes ont ‘’touché le fond’’.
‘’Il n’y a plus qu’une clientèle composée de personnes âgées. Le reste a trouvé la solution dans les applications’’, tente-t-il d’expliquer.
Surnommé Papi à cause de son âge avancé, ce vendeur de journaux considère le désintérêt du public pour les médias imprimés, comme une sérieuse alerte.
C’est une ‘’alerte sur la stricte nécessité de réinventer et de réconcilier la presse écrite avec le public’’, estime Papi, établi au rond-point de Keur Massar, dans la banlieue dakaroise.
Mais c’est aussi une ‘’alerte sur l’urgence de quitter cette vie miséreuse de marchand malheureux, avant de périr avec "Le Soleil" que j’ai promu pendant des lustres’’, s’alarme presque le vieux vendeur, les cheveux en bataille, conséquence du vent qui souffle presque sans arrêt.
Yves Ndong, ancien agent municipal devenu vendeur de journaux, confie que sa clientèle s’est rétrécie comme peau de chagrin. Seuls les fidèles parmi les plus fidèles, sont restés. Il s’agit des clients auxquels il livre la presse chaque jour, à l’aube, précise-t-il.
‘’En dehors de ces derniers, je ne gagne pas grand-chose dans la rue ou dans les kiosques que je fréquente’’, confesse le bientôt sexagénaire.
‘’Quelques fois, Dieu m’est témoin, on est contraint de retourner les journaux aux fournisseurs, qui y voient une stratégie de notre part pour leur soutirer des sous, alors que ceci n’est que la résultante des mauvaises performances de vente’’, se désole-t-il.
Si elle constate cette évolution, Mai Saliou, une jeune étudiante rencontrée près de l’université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar, ne semble guère s’en émouvoir. Maï Saliou ne cache guère son penchant pour la presse digitale, dont elle loue le caractère pratique et la simplicité.
De l’avis d’un journaliste qui a requis l’anonymat, un certain nombre de facteurs peuvent expliquer cette chute des ventes des journaux.
Il cite, en premier lieu, l’apparition des sites d’information et le taux d’analphabétisme. S’y ajoutent, dit-il, un désintérêt pour la lecture, le penchant sensationnel de certains titres et le déficit de qualité.
Il pointe aussi un système de distribution très peu efficace ou encore, un lectorat concentré en milieu urbain.
Tous les jours, dès le lever du soleil, il exécute les mêmes gestes. Il exhibe les tabloïds, les ‘’soleils’’, appellation générique que lui et ses collègues donnent à tous les tabloïds dakarois. Une habitude qui remonte à l’époque où le quotidien national ”Le Soleil”, était pratiquement le seul quotidien à paraître au Sénégal et qui est demeurée depuis lors, chez beaucoup de vendeurs de journaux.
L’homme serre sous son bras, une pile de journaux et tient un petit lot qu’il exhibe dans sa main, pour attirer la curiosité des passants et des automobilistes.
Sans arrêt, le vieil homme scande : ‘’Lisez les infos, il faut lire’’.
Mais ici, c’est au petit bonheur la chance. Car si certains automobilistes s’arrêtent parfois pour s’acheter des journaux, d’autres par contre, font souvent la sourde oreille, sans même le moindre regard, continuent leur route.
‘’La vente de journaux est réduite maintenant à une affaire de clients. Seuls les habitués achètent’’, lâche-t-il, l’air dépité.
Actuellement, renchérit-il, ‘’il n’y a que les amoureux de la presse écrite qui achètent les journaux. Ces jeunes que je vois là, ne lisent plus. La lecture est une question d’habitude. Et la plupart d’entre eux n’ont pas cette habitude. Si ce n’est qu’avec eux, le déclin de la presse écrite est garanti’’.
Le coronavirus, facteur aggravant
Le vieux marchand de journaux indique que c’est la période de la crise sanitaire liée au coronavirus, qui a aggravé la situation, dont les symptômes n’ont cessé d’empirer avec l’essor sans précédent des nouvelles technologies de l’information et de la communication. Contraints au confinement, des lecteurs assidus avaient déserté les kiosques, pour se rabattre sur la presse en ligne et les réseaux sociaux.
Avec l’explosion des sites d’information en ligne, la presse papier a vu une bonne partie de ses lecteurs, changer d’habitude.
Mais tous n’ont pas succombé à cette nouvelle tendance. Selon Samba Watt, certains d’entre eux demeurent encore de fidèles lecteurs et continuent à acheter les quotidiens, comme au bon vieux temps.
Khalifa Dramé appartient à cette catégorie de lecteurs restés assidus. Se targuant d’être de l’ancienne génération, il dit ‘’ne pas se retrouver avec le digital’’.
‘’Ce qui est digital peut être bon, mais ça ne me donne pas le feeling de la lecture. Avec le papier, je retiens ce que je lis, ma concentration s’accroît. Je suis très nostalgique de tout ça, je ne veux pas que cela disparaisse’’, fait-il valoir, tenant une dizaine de quotidiens dans l’une de ses mains.
Selon lui, le danger du digital est que les choses sont fugaces, compte non tenu de la disparition des emplois.
Chute drastique des ventes quotidiennes
Vendeur de journaux, Ndongo Ndiaye confie que ses ventes quotidiennes ont ‘’touché le fond’’.
‘’Il n’y a plus qu’une clientèle composée de personnes âgées. Le reste a trouvé la solution dans les applications’’, tente-t-il d’expliquer.
Surnommé Papi à cause de son âge avancé, ce vendeur de journaux considère le désintérêt du public pour les médias imprimés, comme une sérieuse alerte.
C’est une ‘’alerte sur la stricte nécessité de réinventer et de réconcilier la presse écrite avec le public’’, estime Papi, établi au rond-point de Keur Massar, dans la banlieue dakaroise.
Mais c’est aussi une ‘’alerte sur l’urgence de quitter cette vie miséreuse de marchand malheureux, avant de périr avec "Le Soleil" que j’ai promu pendant des lustres’’, s’alarme presque le vieux vendeur, les cheveux en bataille, conséquence du vent qui souffle presque sans arrêt.
Yves Ndong, ancien agent municipal devenu vendeur de journaux, confie que sa clientèle s’est rétrécie comme peau de chagrin. Seuls les fidèles parmi les plus fidèles, sont restés. Il s’agit des clients auxquels il livre la presse chaque jour, à l’aube, précise-t-il.
‘’En dehors de ces derniers, je ne gagne pas grand-chose dans la rue ou dans les kiosques que je fréquente’’, confesse le bientôt sexagénaire.
‘’Quelques fois, Dieu m’est témoin, on est contraint de retourner les journaux aux fournisseurs, qui y voient une stratégie de notre part pour leur soutirer des sous, alors que ceci n’est que la résultante des mauvaises performances de vente’’, se désole-t-il.
Si elle constate cette évolution, Mai Saliou, une jeune étudiante rencontrée près de l’université Cheikh Anta Diop (UCAD) de Dakar, ne semble guère s’en émouvoir. Maï Saliou ne cache guère son penchant pour la presse digitale, dont elle loue le caractère pratique et la simplicité.
De l’avis d’un journaliste qui a requis l’anonymat, un certain nombre de facteurs peuvent expliquer cette chute des ventes des journaux.
Il cite, en premier lieu, l’apparition des sites d’information et le taux d’analphabétisme. S’y ajoutent, dit-il, un désintérêt pour la lecture, le penchant sensationnel de certains titres et le déficit de qualité.
Il pointe aussi un système de distribution très peu efficace ou encore, un lectorat concentré en milieu urbain.