La dépression est une maladie difficile à vivre d’abord d’un point de vue personnel mais aussi parce que les gens ne comprennent pas toujours de quoi il s’agit. Si vous avez un-e proche atteint-e de dépression, voilà quelques phrases à éviter, même si vous pensez bien faire.
1. «Si tu sortais plus souvent aussi…»
Est-ce que vous conseilleriez à une personne avec la jambe dans le plâtre d’aller courir un 100 mètres haies? Eh bien là, c’est pareil. Une personne dépressive est souvent physiquement incapable de sortir et le fait de se retrouver dans un contexte social «normal» peut même empirer son état.
2. «Ça te ferait du bien de voir des gens!»
Non, parce que je vais devoir faire bonne figure alors que j’arrive à peine à enfiler mes chaussettes le matin et que je vais devoir répondre aux «Ça va? Quoi de neuf? Tu fais quoi en ce moment?» qui me ramèneront systématiquement à mes échecs.
3. «Tu te prends trop la tête.»
Je ne me cherche pas des problèmes, j’ai juste un énorme démon sur l’épaule qui me répète à longueur de journée que je suis bonne à rien et qui m’empêche de fonctionner. J’aimerais bien sortir de ma tête de temps en temps, on n’y est pas très à l’aise.
4. «Arrête de t’apitoyer sur ton sort!»
Même s’il est tentant d’adopter la technique de l’amour vache dans l’espoir de secouer ses proches, ça ne fonctionne pas vraiment chez les dépressifs qui se rajoutent déjà une bonne dose de culpabilité par-dessus le reste.
5. «Mais pourtant tu as tout pour être heureux-se!»
La dépression ne discrimine pas en fonction de la classe sociale et du niveau de popularité de la personne atteinte.
6. «Y a plus malheureux que toi tu sais!»
Le truc c’est que je ne cherche pas à concurrencer les autres sur l’échelle du malheur, donc savoir que le voisin va plus mal que moi ne peut pas m’aider à guérir d’une maladie qui me paralyse depuis des années.
7. «Pourquoi t’appelles pas quand ça va pas?»
Parce que j’en suis incapable. Si on vient pas me chercher, je suis physiquement incapable d’aller chercher de l’aide, du soutien et de la compagnie ailleurs parce que je suis persuadé-e que je vais juste vous embêter et que vous en avez sûrement marre de m’entendre chouiner.
8. «Tu devrais faire des efforts, c’est pas compliqué!»
Pour moi, mettre moins d’une heure à sortir de mon lit (avant midi) c’est un exploit alors que pour le reste du monde c’est de la flemme. Donc c’est compliqué parce que mes efforts ne sont pas les mêmes que les vôtres, et que la dépression est physiquement handicapante dans ses pires moments.
9. «Secoue-toi un peu!»
Tu vois quand tu touches les yeux d’un escargot et qu’il file se carapater dans sa coquille? Ça me fait le même effet.
10. «C’est confortable la déprime, c’est pour ça que t’en sors pas.»
Il y a effectivement une notion lointaine de «confort» (plutôt de familiarité en réalité) mais je t’assure que je payerais très cher pour ne plus me sentir aussi mal au quotidien et savoir ce que ça fait d’être heureux plus de deux jours d’affilée.
11. «Le bonheur c’est un choix, tu sais.»
Ah! AAAH! C’était ça le secret depuis le début en fait? Ah ben merci, pfiou, si j’avais su, j’en serais sorti-e depuis longtemps, merci mille fois!
12. «Tu en fais des caisses, arrête d’exagérer!»
Et après tu te plains parce que je ne te parle jamais de mes problèmes? Si tu ne passais pas ton temps à invalider mes émotions et mon état, peut-être qu’on pourrait communiquer plus facilement.
13. «Tout le monde est déprimé, y a pas que toi.»
Tout le monde a des périodes où ça ne va pas, bien sûr, mais il ne faut pas confondre les contrariétés de la vie ou même les coups de déprime avec la dépression qui est une maladie réelle et vraiment, vraiment débilitante.
14. «Ça ira mieux demain.»
Malheureusement, il y a peu de chances, parce que la dépression n’a pas obtenu la garde alternée de mon cerveau, elle est là constamment, sans arrêt, et quand je suis au plus bas, elle ne me lâche pas après une bonne nuit de sommeil.
Et un truc qu’on aimerait entendre plus souvent?
«Je suis là pour toi», «Je t’écoute»… En fait on n’attend pas que vous nous apportiez une solution, parce que si c’était aussi simple ça fait longtemps qu’on serait guéris.
En étant là, présent-e pour quelqu’un atteint de dépression, même quand cette personne ne vous appelle pas, et en ne minimisant pas sa douleur, vous pouvez offrir une soupape de décompression et une oreille attentive (sans chercher à répondre à chaque plainte par une solution magique).
Vous ne comprendrez jamais vraiment ce qui se trame dans notre tête mais votre présence et votre réconfort nous sont néanmoins précieux, même quand l’effet ne se fait pas sentir immédiatement. Et si vous remarquez des efforts même petits, réjouissez-vous et montrez que vous les voyez et que vous comprenez que c’est un pas en avant de notre part, c’est une marque de soutien qui fait vraiment du bien.
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