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L'Ohio 'profond' : l'Amérique en accord avec les valeurs du républicain John McCain

L'Ohio en voiture, c'est un peu s'inviter sans frapper dans l'Amérique profonde, celle des petites gens, des fermiers, des cols bleus et des paroissiens. Tous ceux qui, dans leur écrasante majorité, ont permis à George Bush de l'emporter de justesse ici dans la course à l'élection présidentielle en 2004. C'est l'Amérique des villes petites et moyennes, des excroissances urbaines ou "community gates", cités closes et protégées, pour qui le rêve américain n'a pas fini de briller malgré la crise. Une Amérique du bas contre celle du haut, celle de Washington, de Wall Street et d'Hollywood, toujours trop libérale, trop interventionniste et cosmopolite, trop peu vertueuse. C'est l'Amérique à laquelle s'adressait John McCain en campagne.



L'Ohio 'profond' : l'Amérique en accord avec les valeurs du républicain John McCain
Maggy Nicewonder est une retraitée heureuse. Née et grandie à Findlay, 40 000 habitants et plus d'une centaine de lieux de culte. Mère au foyer - "ingénieure domestique", dit-elle en souriant -, cette femme de 69 ans était venue donner, à la veille du scrutin du 4 novembre, un peu de son temps au quartier général du républicain John McCain. Entre deux coups de téléphone aux électeurs, à 70 % républicains, elle dit avoir une maison et une voiture, un mari et trois enfants, "une vie bien remplie". Bref, elle est parvenue à " atteindre ce rêve accessible à tous les Américains, s'ils le veulent".

Si Barack Obama gagne l'élection présidentielle, spéculait-elle, anxieuse, "mon fils, un petit entrepreneur du Michigan, aura des problèmes. Obama augmentera les impôts, ce qui freinera l'initiative individuelle et empêchera le pays de remonter la pente". Le programme "socialiste" du candidat démocrate, disait-elle, lui "fait peur" : "Prenez la couverture médicale : j'ai vécu au Canada et vu qu'il fallait attendre six mois pour se faire opérer de la hanche. Ici, on pousse la porte de l'hôpital et on se fait soigner immédiatement."

Pour Josh Slough, 26 ans, le système américain fonctionne pour tout le monde, " il suffit d'essayer et de travailler pour". Militant républicain "tendance dure" et père d'une fillette de 6 ans qu'il élève seul, il ne veut pas entendre parler des 47 millions de personnes non couvertes par l'assurance-maladie. "D'abord, il faut enlever la dizaine de millions de sans-papiers, dit-il. Les autres sont tous ceux qui ne veulent pas travailler." Mais sa véritable inquiétude, à quelques heures des élections, est ailleurs. "Les démocrates veulent répartir les richesses et moi je ne travaille pas pour ceux qui ne font rien." Pour s'en sortir, il faut, selon lui, baisser l'imposition des entreprises américaines, "sinon comment voulez-vous être compétitif avec des pays comme le Mexique et la Chine qui ne taxent pas leurs sociétés et paient leur main-d'oeuvre des cacahuètes".

Argument repris par Sarah, cadre trentenaire d'une manufacture située plus au Sud, dans une banlieue cossue de Columbus. Enregistrée chez les républicains "depuis toujours", celle qui dit être "opposée à Obama sur tout" ne supporte plus de voir "les Etats-Unis manger dans la main de la Chine". A terme, pense-t-elle, les produits américains "feront la preuve de leurs qualités et renverseront la tendance", mais elle n'est pas hostile à " plus de protectionnisme, plus de contrôles douaniers ; même si cela peut contrevenir à mes convictions et faire sourire quelques amis démocrates".

Plus à l'est, à Glenford, au coeur de l'Ohio rural, Jim Vatter, 55 ans, charpentier, explique son engouement pour M. McCain par mille raisons. Il ne dit pas que la couleur de la peau du candidat démocrate l'a dissuadé de voter pour lui. Il dit juste que Colombus est devenue "une ville du crime et de la pollution". Or, "la criminalité, c'est beaucoup les Noirs..." Il dit aussi que M. Obama s'est présenté comme un adversaire de la NRA, l'association de défense du port d'armes libre. L'idée que quelqu'un imagine lui interdire de posséder les siennes, fort nombreuses, l'a mis dans tous ses états : "Ce qu'il faut, c'est retirer leurs armes aux gens dangereux, pas à ceux qui veulent seulement se protéger !"

ANTI-WASHINGTON

La révérende Kathryn Clausen, qui dirige la Saint James Episcopal Church, à Zanesville, connaît bien ses ouailles. Il y a, parmi eux, "une énorme colère. Ils estiment que l'Etat paye des fonctionnaires pour faire des stupidités et qu'ils payent les pots cassés". L'état d'esprit "anti-Washington" est aussi répandu que l'hostilité à l'avortement. "Sarah Palin plaît parce qu'il y a énormément de gens qui récusent l'avortement. Philosophiquement, moi aussi. Mais il y a dans cette ville des pasteurs qui ont refusé la communion à des candidats "pro-choice" favorables au droit à l'avortement. Je trouve cela scandaleux."

John Hribal est du même avis. Lui a beaucoup voyagé. Vécu à Londres, à New York. C'est ici qu'il a pris sa retraite, dans une ancienne ferme avenante. Ces fermiers qui l'entourent, il les connaît bien. S'il partage peu leurs idées, il éprouve pour eux de la sympathie. " Dans cette région, les gens sont généreux. Si vous n'avez pas de chien à la ferme, les visiteurs vous laissent un chiot en repartant. Mais il y a cinquante ans, les ouvriers ignorants et racistes étaient démocrates, les gens qui pensent républicains. Aujourd'hui, c'est l'inverse. Dans le coin, les hommes disent : "Obama est noir et Palin a un beau c..."." Il dépeint avec férocité le poids de la religion. "Les nouvelles églises évangéliques ésotériques qui attirent les jeunes sont encore plus fondamentalistes que les traditionnelles" ; les cultes presbytérien, méthodiste, luthérien, les plus nombreux.

Sur les ondes radio, depuis vendredi 31 octobre, les leaders évangéliques de l'Ohio ont prié Dieu pour qu'il aide les électeurs à réaliser "des miracles le jour du vote". Plus explicite, une émission religieuse diffusée dans la ville de Findlay a évoqué, lundi matin, le gospel en ces termes : "Pas besoin d'aller en Afrique ou en Indonésie pour le sentir." Le père de M. Obama était kényan et son beau-père indonésien.
Nicolas Bourcier et Sylvain Cypel


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